Le pic mar

LES OISEAUX DE L’HIVER (4)
J’ai vécu jusqu’à l’âge de 22 ans sans quasiment voir un oiseau. Fils de paysan, j’ai pourtant habité toute mon enfance à la campagne et passé énormément de temps dans les champs. Mais je n’ai pas souvenir de la moindre espèce. Où avais-je les yeux à cette époque-là ? Et puis il y eut « la révélation » avec Claude-Roland, dans le cadre de mes études, lors de deux séjours nature, l’un à Luc-sur-Mer, l’autre dans la Dombes. C’est l’époque de mon premier oiseau, une rousserolle turdoïde que je cherchais dans les roseaux, ma première paire de jumelles et mes premières sorties naturalistes en solitaire. Depuis, pas une seule fois la mésange charbonnière ou le rouge-gorge ne m’ont déçu. Je les regarde comme au premier jour ! Comme un vrai miracle !

Dès mes premières semaines d’ornitho, une famille d’oiseaux m’a particulièrement attiré : les PICS. J’ai toujours aimé ces oiseaux montés sur ressort qui se propulsent le long des troncs et leur manie de jouer à cache-cache avec l’observateur. C’est au plus profond de la forêt que j’ai fait connaissance avec le pic mar. Je m’étais amusé à l’exciter avec un magnétophone qui diffusait un enregistrement du chant de cette espèce. Je me souviens avoir ainsi attiré simultanément quatre pics mars dans la forêt de Bussières. C’était en avril 77. J’ai toujours associé le pic mar à la forêt profonde, aux vieux tronc crevassés des chênes. Et c’est dans la forêt que pendant de nombreux hivers j’ai installé un poste de nourrissage à son intention. Il ne lui fallait en général que quelques semaines pour trouver le mélange spécial Dupdup (non encore breveté) dont je badigeonnais les troncs (il est vrai que cet oiseau fait parfois partie des bandes de mésanges, aux yeux affûtés, qui explorent sans cesse le territoire et à qui rien n’échappe !).

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Plus tard, je me suis rendu compte qu’en installant des mangeoires en dehors de la forêt, mais pas trop loin du couvert forestier, on pouvait aussi l’avoir à sa table chaque hiver ou presque. Habitant en lisière de forêt depuis 2001, j’ai maintenant l’habitude de le voir régulièrement entre décembre et mars. En avril, le pic mar a déserté le poste de nourrissage, il a rejoint l’intérieur des forêts pour toute la durée de la période de reproduction. Là il va mener une existence discrète, caché par le feuillage des arbres. Car, comme l’accenteur mouchet dont j’ai parlé dans le précédent article de cette rubrique, le pic mar est un modèle de discrétion, sans aucun doute le plus discret des pics. C’est pourtant un oiseau très fréquent dans les forêts de la vallée de l’Ognon. Je me demande d’ailleurs si, localement, il n’est pas parfois plus abondant que le pic épeiche, son proche cousin.

Je propose aux photographes intéressés par cet oiseau de prendre contact avec moi pour une éventuelle séance d’affût cet hiver.

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26 réflexions au sujet de “Le pic mar”

  1. Et si on n’est pas photographe, on peut aussi venir à l’affût ?
    Je n’ai jamais vu le Pic mar. Ça te vaudra une bonne bouteille…

  2. Ouah, si trois nanas arrivent en même temps, avec ou sans bouteilles elles seront les bienvenues !

  3. C’est curieux, en te lisant, je me suis retrouvé complettement dans la description que tu as fais au sujet de tes premières approches tardives du monde ornitho, du fait que quelqu’un du métier t’a mis le pied à l’étrier…….
    Je ne peux m’empêcher d’en profiter pour rendre à César ce qui appartient à césar et à Dupdup ce qui appartient à Dupdup ….. :
    C’est grâce à toi et à tes innombrables plans photo-ornitho, à tes connaissances que tu m’as transmises avec passion, ton accueil toujours aussi chaleureux chez toi pour parler nature, oiseaux et les photographier, bref c’est grâce à tout ça que petit à petit j’ai pu approfondir mes connaissances ornitho et renforcer ma passion de la photo et des oiseaux.

    Je réponds donc à ton invitation avec joie et également avec une certaine excitation à l’idée d’observer et photographier le pic mar (ou épeiche) en affût ! Merci Bernard !!
    (Pour la date, tu diras ?…… il faudra que je trouve un moment de libre….je ne sais pas encore trop quand……mais je ferai le nécessaire, ça c’est sur ! :D )

  4. Merci pour le compliment. On a tous fait des rencontres de cet ordre et celles-ci sont extrêmement précieuses.
    Pour le pic mar (en espérant qu’il viendra cet hiver, il est venu cinq hivers sur six), l’idéal sera en janvier/février. Je vais réaménager mon affût ce week-end. Dan m’a fait savoir, par mail interposé, qu’il était également interessé.

  5. Le Pic mar est aussi une espèce que j’aime bien et Anne a raison sur un point, mais peut-être sans le savoir : c’est un très beau pic et malgré la qualité des images de Bernard, et en regardant celles que j’ai faites grâce à lui, il est comme bien des beautés de cette nature : difficile d’en montrer toute la réalité !
    Il est chaque hiver à la mangeoire au boulot, souvent beaucoup plus longuement que le Pic épeiche et sa coloration est beaucoup plus « classe » je trouve. Bref, tous les pics ont leur charme (ou leur chêne) mais je vous conseille d’accepter l’invitation !
    Détail : pas encore vu cet hiver… RAS pour le chauffage Serenense ! Je me souviens d’un affût gelé dpendant 11 heures pour le Héron cendré grâce à Dupdup : ce mec est un sadique !

  6. Je crois que je n’en ai jamais vu… Ou alors je ne les ai ni repérés ni reconnus. Ils sont aussi gros que les Pics épeiche ?

  7. heu…. mais ça veut dire ne pas bouger ne pas parler pendant des heures ??? et, alors, si y a des bouteilles : on les boit, non ? Et si on les boit et qu’on n’a pas le droit de bouger, comment qu’on fait pour faire pipi ???? (d’ailleurs, vu les commentaires de Serenense, j’imagine qu’il est bienvenu de se pisser dessus pour se réchauffer, c’est ça ?)

  8. 11h d’affût d’affilée, sans bouger ???? Wahou ! Même après 10 ans de zazen, je ne suis pas sûr qu’un moine puisse tenir le coup aussi longtemps ! En tout cas, ça me bluffe ! Chapeau !
    (Jamais j’oserai vous accompagner, j’suis pas « au niveau »… Dans une autre vie peut-être ?)

  9. J’ai des réponses passionnantes à ces questions décidément très pertinentes… mais je ne voudrais pas trahir des secrets partagés : vous savez de ceux que l’on est pas toujours fier de raconter ! Hein Bernard ?

    Je peux simplement vous dire que j’ai véritablement fait la connaissance de Dupdup à cette occasion et qu’il avait mis au point deux techniques bien personnelles, une pour la vessie (remarquable… la technique bien sûr), l’autre pour le froid… enfin disons que sa préparation n’était pas au top sur ce point !

    Je pense tout de même qu’éprouver au moins une fois dans sa vie la faim, la soif ou le froid est important… et à part un début de tonsure sommitale bien incontrôlée je n’ai en commun avec les moines que le calendos et la bière.

  10. la technique vessiaire de Bernard, elle est adaptable aux foufounettes ? ou c’est réservé à l’usage des zigounettes ?
    (dire que je viens de m’enfuir en douce d’un cocktail barbant pour écrire des conneries pareilles en faisant semblant d’avoir un mail à envoyer !…)

  11. Je ne pense pas qu’il ait breveté… mais le prototype disponible au XXème siècle était exclusivement exploitable par des zigounettes.

    Pour info, une fille motivée est apte à pisser dans un urinoir sans en mettre une goutte par terre.
    Remarque 1 : vous imaginez bien que je connais une personne capable d’une telle prouesse, c’est assez stupéfiant mais pas disponible sur you tube.
    Remarque 2 : ça doit laisser rêveur certains garçons…
    Remarque 3 : à certaines températures, je ne pense pas qu’il y ait de différences considérables entre une zigounette et une foufounette.

    Là encore, l’appui d’un biologiste voire d’un ergothérapeuthe pourrait s’avérer utile…

  12. ouh laaaaa… Bernard-Christophe, ça a l’air caliente, caliente….
    ouais oh, pas la peine de frimer avec ta foufounette : moi j’ai pissé dans une bouteille d’évian (par le goulot), à l’arrière d’un bus en mouvement : c’est du sport aussi !

  13. « Si tu ne veux pas qu’il te jette de mauvais sorts, n’embête pas trop cet oiseau, ne mets surtout jamais le pic mar à bout ! »

  14. OOOOOOOOOOOh, j’peux v’nir ? j’peux v’nir ??? moi je sais où trouver un truc brèveté pour les pipis des filles : les eurockéennes ont lancé ça il y a deux ans pour qu’on puisse faire pipi debout comme les garçons. Vous voulez que je vous en ramène ? Je vous jure que je peux me taire plusieurs heures (mais peut-être pas 10… surtout sans bouger)

  15. S’il te plait, Bernard, est-ce que tu pourrais, un jour, écrire un article avec des photos de pic épeiche et de pic mar et expliquer les différences entre les deux ?

  16. chanceux ! Jamais vu le nourrissage des jeunes alors qu’ici cet oiseau est très fréquent … mais les forêts si vastes … !

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