Elections régionales (2)

Les élections régionales seront à l’honneur de ce blog pendant toute cette semaine, actualité politique oblige. Les articles ne seront pas très politiques, au sens partisan du terme (je pense qu’il est inutile d’en rajouter).

Je voudrais commencer cette série d’articles par une réflexion personnelle sur l’abstention. On cite souvent, parmi les raisons de cette abstention, le fait que la politique se résume souvent à des mots, des promesses, et qu’il n’y a pas beaucoup de mesures concrètes derrière. En deux mots, les gens en auraient marre du politique et de leurs paroles en l’air. Or, dans le cas présent, les trois compétences des conseils régionaux sont très concrètes et bien identifiées (le développement économique, l’aménagement du territoire et les transports, la formation professionnelle et les lycées). Il suffit de s’intéresser un minimum à la vie de la région (lire la presse régionale par exemple) pour comprendre que les choix qui sont faits au conseil régional interviennent de manière importante dans nos vies quotidiennes.

Il y a aujourd’hui, dans notre pays, de plus en plus de gens qui se désintéressent de plein de sujets et notamment de ceux qui relèvent des compétences des Régions (mais aussi des Départements, des Communautés de communes …). Le problème n’est pas, à mon sens, que les gens ne s’intéressent pas aux élections régionales mais plutôt qu’une majorité d’entre eux n’en a rien à foutre de la politique en matière de lycées, de formation professionnelle, de transport, d’économie …

Non, le problème le plus grave à mes yeux n’est pas forcément le manque de confiance dans le politique, mais bel et bien ce désintérêt de « la chose publique » qui affecte un nombre grandissant de nos concitoyens.

Ce qui m’a le plus gonflé, dans la presse (de gauche surtout) de la semaine dernière, ce sont ces « abstentionnistes décomplexés » qui s’expriment à découvert et qui donnent aujourd’hui leurs multiples raisons de ne pas aller voter. L’abstention était jusqu’à maintenant une maladie honteuse que personne ne revendiquait, aujourd’hui c’est plutôt « branché ». Evidemment, je comprends les raisons de chacun. Sauf que ne pas voter, ce n’est pas faire de l’abstention un acte politique à part entière comme on essaie de nous le faire croire depuis la semaine dernière (y compris dans un journal sérieux comme le Monde), mais aller se mélanger à la cohorte des gens qui n’ont rien à foutre de l’intérêt général.

En Afghanistan, chacun va voter sous les bombes. Ici, on reste chez soi. Nous vivons dans un monde de gavés, non ?

26 réflexions au sujet de “Elections régionales (2)”

  1. Tu as raison. Cela me fait penser au résultat du TCE. A ce moment-là j’ai entendu l’extrême gauche et l’extrême droite prononcer le mot de « peuple ». Le peuple a dit ceci, le peuple a dit cela. J’ai l’impression qu’aujourd’hui on emploie des mots qui n’ont plus aucun sens ou qui ont perdu leur sens. Je suis de gauche, pas de problème. Mais quand j’entends parler de « peuple de gauche », je saute sur ma chaise ! Ensuite il y a le mot de démocratie. Là encore, on se trompe. Il faudra parler de démocratie représentative à chaque fois. La démocratie c’est la représentative + participative. Et celle-ci n’existe pas. Et quand on s’intéresse à l’étymologie de démocratie ça dit bien l’objectif que nous devrions atteindre. Le Petit Robert dit « Doctrine politique d’après laquelle la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens; organisation politique (souvent, la république) dans laquelle les citoyens exercent cette souveraineté », on peut se rendre compte que le concept de démocratie n’est pas abouti. Et pour moi, il est là le problème de l’abstention. A force de déléguer, le peuple s’est éloigné de ses représentants.

  2. Les gens se désintéressent de la chose publique tant qu’ils ne sont pas directement concernés. Ils étaient une majorité à applaudir (53%) la promesse réduction drastique de la dépense publique. Ils se réjouissent qu’on arrête de « payer à ne rien foutre des légions de fonctionnaires ». Mais quand le poste de feignasse qu’on supprime c’est celui de l’instituteur de la classe de sa progéniture, aïe ! Le non-remplacement d’un départ en retraite sur 2 dans les écoles, les hôpitaux ou les tribunaux, chacun en subira les conséquences, tôt ou tard.
    Voter, c’est choisir. Il ne s’agit pas de déléguer ce choix mais de bien réfléchir à ce qu’on fait et à toutes les conséquences. D’aucuns renoncent à choisir. Ils n’ont que le droit et le devoir de se taire dans un monde de gavés !

  3. C’est vrai que la plupart n’en ont rien à foutre de tout cela ( et pourtant , ils gueulent après les politiques au bar du coin … !!)
    Mais beaucoup aussi sont perdus avec la politique … Sont incapables de faire la différence entre la gauche , la droite , le centre …… Ils n’ont plus de relations avec le monde que par leur boulot ( quand ils en ont ) , la grande surface le samedi et la boîte à guignol ( La télévision ) tous les soirs entre Lagaffe sur TF1 et plus belle la vie sur France3 à l’heure du journal télé . Si en plus , comme tu le fais remarquer , dans les journaux , la presse locale et nationale on leurs dit que s’abstenir c’est « branché  » …. Alors , Ils s’enferment encore plus dans cet individualisme ambiant qui règne aujourd’hui sur nos pays occidentaux .

    Alors que faire pour raccourcir la distance qui ce creuse , entre le politique et la population ?

    Ma fille de bientôt 19 ans , élève studieuse qui passe son temps dans les bouquins , les mathématiques et les langues étrangère ( Je dis ça car , comme on caricature souvent dans les journaux que ceux qui ne vont pas voter , sont les jeunes majeurs des quartiers qui ne font rien à l’école ) …. Ne s’intéresse d’aucune manière que ce soit à la politique ( pourtant ce ne sont pas les moyens qui manquent à notre époque !!) . Elle a été voter pour la première fois lors de ces régionales .. Comme elle devait être fière !! Tu parles , elle n’a même pas ouvert les enveloppes des listes de candidats que l’on reçoit à la maison ( elles sont toujours cachetées sur son bureau )
    . J’ai donc tenté de discuter avec elle de politique …. Rien , le néant … Elle connait Sarkozy et Royal …. et , et , et … Ahh si , Frédéric Mitterrand , (Yes ), il est marrant ( ahh bon !!! )!!
    Mais alors Le Drian , Malgorn , Hascoët … Pfff , même pas cherchée à savoir qui c’est !!

    Je lui ai demandé s’ils en parlaient entre eux au lycée ou entre copine … Non .

    Alors elle m’a posé la fameuse question :  » Et toi ,tu vas voter pour qui ? »
    et aussi le  » Si tu votes pour celui-là je voterai comme toi …  »
    Non , non , non et non … ça ne se passe pas comme ça !! J’ai mes convictions , mes idées politiques , toi tu dois t’intéresser à cette politique pour avoir tes propres convictions sur le sujet et voter pour tes idées … Et pas parce que « machin » a dit que celui-là était mieux que l’autre …. Alors je l’ai traîné avec moi jusqu’au bureau de vote …. je ne sais pas qui a eu ses voix et je ne veux pas le savoir , mais j’espère qu’elle a compris mon message sur le droit qu’elle a de dire son mot avec ce petit bout de papier que l’on glisse dans une urne . Et que pour la suite …. ??

    Ps : Excusez si y’a des fautes … J’ai passé bien moins de temps le nez dans les bouquins que ma fille !!!
    :blush:
    Chez nous fallait travailler de bonne heure m’sieurs dames !!!
    :smile:

  4. Superbe balade en images dans le Jura sur le site de François !
    Chapeau l’artiste …
    :w00t:
    Les yeux dans les yeux avec un sanglier … Francisca va voir ça !!!

  5. Attention Yves… Tu parles bien de Lagaf à TF1 et pas Lagaffe Gaston en dessin animé sur France 3 ou en BD. Parce que entre l’un et l’autre il n’y a pas photo quand même… C’est pas les mêmes valeurs.

  6. Ahh pardon , ça s’écrit comme ça le nom de l’autre sur TF1 … Heureusement que tu es fan de l’émission Lurbeltz pour me reprendre !… Hé hé hé !!!
    :tongue:

  7. Une piste sur l’explication de l’abstentionnisme :
    http://www.strategie.gouv.fr/revue/article.php3?id_article=374

    Bien que me posant toujours des questions, je suis trop attachée aux principes de la démocratie et de la République pour me dispenser de voter.
    Comme beaucoup, je pense que nous avons beaucoup de chance, en France, de pouvoir nous exprimer librement.
    Par respect pour tous ceux qui ne peuvent exercer ce droit librement, qui ne peuvent non plus exprimer leur vote librement, je vais voter.
    Mais je vais voter sans illusion.
    Posons-nous la question : l’alternance droite-gauche a-t-elle changé quelque chose depuis 1981?
    Oui, bien sûr, il y a des divergences d’objectifs, et pas des moindres. Mais pour moi, on évolue toujours dans le même monde, celui des « gavés », pour reprendre l’expression de Bernard. Gavés de gauche et gavés de droite. Et qui ne sont pas près de lâcher le morceau, tant le pouvoir et l’argent scintillent de tous leurs feux.
    La vraie gouvernance, ce serait celle qui laisse la place à tous ceux qui veulent s’investir, qui n’autorise pas le cumul des mandats ni des mandats successifs aberrants (des maires qui « gouvernent » plus de deux mandats successifs, pour moi c’est déjà suspect).
    A la limite, exercer un mandat public devrait faire partie de tout devoir du citoyen au cours de sa vie.
    Mais encore faut-il le pouvoir … Quel politique aurait un tel programme?

  8. Absentéisme majoritaire qui peut s’expliquer aussi et surtout par la non-information réelle de l’utilité et des actions fondamentales des Conseils Généraux.

    Beaucoup de gens ont voté pour leur parti, et même très souvent contre leur parti parce qu’ils ne sont pas contents de la situation actuelle de notre pays, et n’ont pas compris la portée de ces élections.

    Reconnaissons que nous sommes une minorité à nous investir réellement dans un parti politique. Et, malgré tout, parfois, il y a de quoi en perdre son latin. Alors, n’allons pas nous étonner que pour les non-initiés ………

  9. Grrr attention je ne suis pas fan de Lagaf ! Pas de blague ! :cwy:
    Concernant le cumul des mandats, je pense à ce très cher Jean Lassalle ici dans les Pyrénées Atlantiques. Il est connu pour cumuler les postes de Président et d’élu. Il est député, conseiller général de son canton et maire de son village de Lourdios Ichère. Il vient de déclarer qu’il ne siègerait pas au Conseil Régional Aquitaine, parce que lui, ce qu’il voulait, c’était être président du conseil régional. :sick:

  10. Sans doute aussi que le projet de loi sur la réforme des collectivités a brouillé les cartes et notamment la perception qu’on peut avoir du rôle d’un conseil régional.

  11. Yves, je me souviens très bien que quand j’avais 18 ans, je ne m’intéressais pas du tout à « la politique ». Je devais savoir le nom du Président de la République et peut-être même pas du Premier Ministre si ça se trouve.
    Avec ses copines, ta fille a des sujets de conversation qu’elle trouve sans doute bien plus passionnants que tous ces messieurs dames qui nous dirigent …
    Les fringues, … et surtout les garçons ! :biggrin:

  12. J’aimerais bien que l’on donne le profil des gens qui ne sont pas allés voter. Je pense qu’une majorité des 18-30 ans n’y est pas allée.

  13. En même temps, contrairement à ce que dit Etincelle, je pense que beaucoup de personnes de notre génération était sensibilisées, voire engagées, politiquement, à 18 ans. Tous mes amis l’ont été. Beaucoup ont continué leur engagement d’une manière ou d’une autre, souvent en prenant la voie associative, parfois la voie politique. Quand je fais le tour des 50 personnes les plus proches de moi, je me rends compte qu’elles sont encore engagées, pour 90% d’entre elles, notamment dans le milieu associatif mais aussi en tant qu’élus.

  14. En ce qui me concerne, j’ai été sensiblisée à partir du moment où j’ai été en fac, après le bac. Au lycée, personne ne parlait de tout ça.

  15. Moi si, on avait une tribune politique au lycée qui se concrétisait par un journal (« chahut-bahut »). Il y a au beaucoup d’assemblées générales, de soirées-débats …
    Et c’était l’époque des lectures engagées, des livres de philo, des soirées où l’on « refaisait le monde », des participations à des festivals de soutien …
    A la fac, il y avait moins d’engagement, mais il y en avait encore.

  16. Le droit de vote à 18 ans ne sert à rien alors ?
    Pourquoi gaspiller autant de papiers ( mauvais pour l’environnement !!) s’ils n’en ont rien à foutre des élections ?

  17. Les jeunes ne vont pas voter mais si ceux qui veulent aller voter, on les en empêche ! …
    Voici une anecdocte, heureusement pas représentative (il faut espérer) :
    Une amie de mes enfants (qui doit avoir à peu près dans les 25 ans, comme mes fils), tenait à voter mais elle travaille à la saison en montagne, loin de chez elle. Elle est donc allée à la gendarmerie pour faire les démarches, afin de pouvoir voter à distance. On lui a fait faire plusieurs allers et retours entre deux gendarmeries (et en montagne, entre deux gendarmeries, il y a pas mal de kilomètres, pas sur routes en lignes droite en plus !), pour finalement ne pas arriver à finaliser les démarches.
    Bref, elle n’a pas pu voter. Elle n’était pas contente du tout !

  18. Si, évidemment, le droit de vote a 18 ans est un fabuleux acquis. Sûrement plus pour ceux de ma génération qui n’ont pas pu voter à 18 ans comme ils l’auraient souhaité (le droit de vote à 18 ans ne date que de 1974) que pour des gens beaucoup plus jeunes. Je remarque qu’autour de moi il y a peu de conscience politique chez les jeunes (au sens purement politique du terme) et encore moins d’intérêt pour la politique, au sens « vie de la cité » du terme (choix en matière d’aménagement du territoire, des transports, …). Mais ce n’est pas spécialement la faute à cette tranche d’âge. Quand on regarde l’histoire de l’humanité, on constate, au fil du temps, une perte du sens collectif au profit de l’individu et tout cela semble s’être accéléré les temps derniers, ce qui explique sans doute le comportement des nouvelles générations (à ne pas généraliser tout de même car je connais aussi, autour de moi, des jeunes qui s’impliquent à ce niveau, y compris en tant que candidats aux élections régionales).

  19. Donc , ce serait à nous parents d’avoir une discussion avec nos jeunes , bien avant la veille d’un vote comme je l’ai fait … Certainement .

    Ici non plus y’a pas beaucoup de gendarmeries …. Mais y’a beaucoup de gendarmes au bord des routes !!!
    Je sais bien qu’on a l’habitude de souffler dans le biniou et la bombarde en Bretagne … Mais quand même , en sortant du lit à 5 heures du matin en allant au boulot !!!! ppfff ….
    « Vous allez où comme ça à cette heure-ci monsieur ? »
    « Et ben , boire un bon coup de rouge … y’a pas un bistrot d’ouvert dans le coin ?  »
    :sick:
    Quelle belle réputation !!!!
    :blush:
    :smile:

  20. « une perte du sens collectif au profit de l’individu et tout cela semble s’être accéléré les temps derniers, ce qui explique sans doute le comportement des nouvelles générations »
    Crois-tu vraiment que ce soit l’apanage des jeunes générations? Je crois que c’est bien partagé par les générations plus âgées : les vieux qui ont peur de tout, les « bobos », les jeunes cadres dynamiques, les chasseurs, la classe moyenne qui aspire à sa part du gâteau …
    Au contraire, j’entends (parfois) chez les jeunes un certain désir de vivre simplement, de partager, de développer certaines valeurs comme le respect (des autres, de la nature), la joie de vivre. Simplement, ils ont une lecture lucide voire cynique de notre monde et surtout n’attendent plus rien des politiques.
    Ceux-là ne vont pas voter. C’est très grave, non pas parce que tel ou tel parti s’affaiblit ou risque de perdre l’élection, mais parce que cela veut dire que le monde que nous laissons à nos enfants n’a plus de sens pour eux.
    D’autre part, sur le lien que j’ai fourni concernant l’abstentionnisme, les auteurs ont pu mettre en évidence un certain nombre de postulat ou de causes.
    Les auteurs renouent ainsi avec le postulat – ancien – selon lequel « les propriétés des groupes et des milieux d’appartenance (cercles familiaux et amicaux, relations professionnelles et de voisinage) constituent des facteurs déterminants des comportements en général et des attitudes électorales en particulier ».
    Cela donnerait raison à Yves … :wink:
    Ensuite, dans les quartiers populaires (ici la banlieue parisienne), des facteurs jouent :
    – le fait d’être « mal inscrit » sur la liste électorale (qui ne réside pas dans le périmètre du bureau de vote), ce qui a apparemment une influence sur l’abstentionnisme
    – l’environnement immédiat : population étrangère, français non inscrits, mal inscrits et abstentionnistes constants (2/3 des adultes!)
    – l’absence de sanction au fait de ne pas voter
    – la diminution de l’encadrement social et politique (dans le quartier, la famille, le travail)
    – dégradation des conditions de vie et de travail rendant plus difficiles les processus de politisation (lien entre exclusion sociale et exclusion électorale)
    – le travail ne constitue un lieu d’apprentissage politique (fabrication de visions du monde social).
    Voilà un beau chantier pour nos élus!

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