S’inspirer de l’Islande ?

Octobre 2008, vous vous souvenez ?
On nous disait que l’Islande était foutue et ce petit pays faisait alors la Une de nos journaux. On la montrait du doigt comme on montre du doigt tous les vilains petits canards.
Mais depuis, chape de plomb ! Plus personne ne nous dit un mot sur ce pays …
Est-ce à dire que ce pays s’est enfoncé dans sa misère et que cela nous indiffère, comme chaque fois qu’une actualité nouvelle chasse la précédente et la relègue aux oubliettes ?
Hé bien non, ce pays va plutôt bien.
Alors, pourquoi ce silence ?
Simplement, parce qu’il ne faudrait pas que l’exemple de l’Islande qui a osé dire « merde » aux banquiers contamine l’Europe.

Petit rappel de ce qui s’est passé depuis 2008, informations auxquelles vous n’avez pas eu accès en général, les médias, dans leur grande majorité, ayant décrété le black-out sur ce pays :

  • gouvernement contraint à le démission par pression populaire ;
  • nationalisation des banques du pays ;
  • gel de la dette après référendum ;
  • assemblée constituante de 25 citoyens lambda élus par leurs pairs pour réécrire une nouvelle constitution ;
  • ex-premier ministre jugé pour sa gestion de crise et mise en détention de plusieurs banquiers jugés responsables de la banqueroute (du moins ceux qui n’ont pas réussi à s’enfuir du pays) ;
  • et au bout du compte, une situation économique et financière rétablie en cinq ans !

L’agence de notation Fitch vient même de relever d’un cran la note de l’Islande. Sa croissance devrait afficher cette année plus de 3 %, le taux de chômage est retombé à 7 %, l’endettement des ménages s’est contracté et la balance commerciale est positive (source : journal Le Point).

Ce qui est possible dans un pays de 300 000 habitants ne le serait-il pas dans un pays de 65 millions habitants ?
Est-ce que ça ne vaut pas le coup que les Etats refusent de rembourser l’argent aux banques pour la simple raison que cet argent était virtuel, qu’elles ne le possédaient pas et qu’il y a eu tromperie sur la marchandise ?
Et l’exemple de la Grèce, dont la situation se détériore alors qu’on lui avait promis qu’avec une politique d’austérité (on en est à 9 plans successifs) elle s’en sortirait, ne devrait-il pas nous conduire à nous pencher vers d’autres solutions en nous inspirant en partie de ce qui se passe en Islande (mais aussi en Argentine dont on nous avait aussi annoncé la mort il y a 10 ans et qui devrait faire l’objet d’un prochain article sur ce blog) ?

34 réflexions au sujet de “S’inspirer de l’Islande ?”

  1. Ah, bien content qu’il y ait ce lien amenant des arguments contradictoires.
    Mais cet article de Rue 89 montre aussi que le pays n’est pas foutu et que la reprise, même si elle plus timide que je ne le dis dans mon article, est bien au rendez-vous.

  2. Une situation plus mitigée que l’espoir porté aux débuts de cette petite révolution.
    Mais je pense que les Islandais nous ont tout de même donné une leçon et ont ouvert une voie intéressante, même si leur progression sur ce chemin inhabituel est freiné sans doute par l’ambition européenne. Le FMI là-dedans, ce n’est pas non plus une victoire.
    Il reste malgré tout de bonnes choses, l’ouverture d’une constituante va dans le sens de ce que préconise Etienne Chouart, la maîtrise de la monnaie, relative, n’aurait pas été possible dans le cadre du traité de Lisbonne… de quoi remettre en cause tout de même le soi-disant traité constitutionnel.
    Le manque de participation aux votes montre malheureusement que l’engagement citoyen fait défaut et que la timidité des mesures est grandement imputable, je crois, à la désinformation massive provenant de la finance et des médias.
    Cela reste un pas conséquent vers une nouvelle voie, et je suis sûr que ceux qui détiennent le pouvoir financier, la City et Wall Street en tête avec leurs cortèges de vautours, doivent un peu s’inquiéter. Ça, c’est plaisant ! :smile:
    Qui a regardé la vidéo postée par Brind’paille ?

  3. islande, argentine et canada sont de bons exemples ! ok pour dire merde aux banquiers !

    mais pour cela, il va falloir aussi se serrer la ceinture, accepter de travailler dans des conditions plus difficiles et subir un effritement des services publiques …

  4. Moi qui suis fonctionnaire, je veux bien m’friter avec les banquiers !

  5. Je suis allée en Argentine 4 ans après la faillite de ce pays. Ce n’était pas vraiment réjouissant. Dans Buenos-Aires, des quartiers commerçants entiers étaient à l’abandon. C’était par endroits comme une ville morte. Les enfants mendiaient dans la rue ou travaillaient (comme par exemple décollaient les autocollants des vitrines) et tous les jours il y avait de grandes queues (bien disciplinées) de gens qui fouillaient dans les poubelles. Les « petites gens » ont énormément souffert, ont tout perdu, se sont retrouvés à la rue, ont eu faim et je ne souhaite à aucun pays d’en passer par là.

  6. Etincelle, tu nous parles de l’Argentine de la période de la crise, au cours de laquelle le taux de pauvreté était de 57%.
    Plus tard, en 2007, ce taux avait déjà diminué de moitié et à cette époque le taux de chômage était redescendu à 8%, inférieur donc à celui de la France.
    Ce serait super, toi qui connais bien l’Argentine, que tu nous parles de la situation de ce pays aujourd’hui … :wink:
    Et en retour, je te parlerai des gens qui font aussi les poubelles ici en France pour manger et qui meurent de froid sur les trottoirs. A Paris, cet hiver, le nombre de pauvres couchés au sol dans les rues de Paris était hallucinant …

  7. De toute façon, contrairement aux annonces faites en 2011 dans nos journaux occidentaux, et même si le pays reste encore très instable et relativement isolé, l’Argentine n’est pas foutue et c’est encore le pays ou le PIB par habitant est le plus haut d’Amérique latine. Et le taux de pauvreté est encore de 20% malgré ce PIB fort (pour l’Amérique latine, pas par rapport à nous). Un PIB fort, beaucoup de pauvres, ce qui veut dire que les riches se gavent, c’est bien ça le message que tu veux faire passer, Etincelle ? :wink:

  8. Voici ce qu’en dit notre diplomatie française :
    http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/argentine/presentation-de-l-argentine/
    On y voit qu’avec une espérance de vie de 75 ans et un taux d’alphabétisation de 97%, on est loin de la situation des autres pays pauvres. Globalement, ce que je lis sur l’Argentine depuis quelques temps montre qu’il y a une situation infiniment meilleure qu’avant la période de 2002 marquée par un régime totalitaire.

  9. je partage l’avis d’Etincelle, l’argentine est peut-être un exemple à suivre, mais les effets collatéraux ne sont pas négligeables.

  10. Non non, tu n’as pas lu, Etincelle ne parle pas du tout de la situation d’aujourd’hui mais de celle du chaos qui a suivi la crise de 2002.
    Evidemment qu’il y a des effets collatéraux (des effets collatéraux à quoi d’ailleurs ?), mais les chiffres cités par le ministère des affaires étrangères (voir le lien ci-dessus que tu n’as peut-être pas lu car on a mis nos commentaires à peu près en même temps) montre que pour certains chiffres sont enviables, même pour nous Français.

  11. Si la crise argentine date de 2001, la reprise en main par Nestor Kirchner (élu en 2003) ne date que de 2005 car c’est à cette époque seulement que la dette argentine a été renégociée.

  12. Cela dit, je n’ai pas dit que l’Argentine était un pays enviable, j’ai juste dit dans mon article que ce pays n’était pas foutu et que j’écrirais un article sur le sujet. Tout comme l’Islande, le destin de ces deux pays peut nous inspirer (je n’ai surtout pas dit, loin de là, qu’il fallait faire un copié-collé).

  13. Oui, c’est d’ailleurs cet article plus récent que j’ai lu (parmi quelques autres) avant d’écrire mon article et non celui plus ancien cité par Steph.

  14. A propos de l’annonce qui vient d’être faite par l’Islande de retirer sa candidature à l’Union Européenne, voici une phrase que j’ai trouvée sur un commentaire d’un blogueur (Bob) à un article du Monde :

    « L’Islande est un petit pays de 300 000 habitants qui a jugé les politiques responsables de la crise, rédigé une nouvelle constitution, régulé la finance, affirmé la primauté de l’économie réelle sur l’économie financière, opéré une révolution écologique, régulé l’urbanisme et le prix de l’immobilier, etc. Voilà un pays exemplaire qui démontre que ce que l’UE est devenue est en contradiction totale avec l’avant-garde de la pensée politique progressiste et humaniste. »

  15. Bien d’accord.
    Notre drame, hors Islande et quelques villages rarement gaulois, n’est malheureusement pas achevé : la tour de Babel est encore en construction.
    L’Islande a opté pour un cairn, respect, mais c’était plus facile à 300 000 qu’avec notre bazar.
    Une raison de plus pour refuser les grosses machines, les concentrations inhumaines, etc.

  16. Ce qui est dingue, c’est que la presse (ultra-libérale dans son ensemble) ne parle jamais des expériences de ce type menées dans d’autres pays.

  17. Et ailleurs en Europe, un pouvoir qui tombe avec fracas, ça réjouit mais ça fait peur aussi… L’Europe tremble, l’Islande est bien loin.

  18. C’est quand même scandaleux les salaires de la classe politique (d’une manière générale), sans compter tous les énormes avantages à côté. Le texte dont tu as mis le lien pourrait s’appliquer à plein d’autres hommes politiques : députés, sénateurs, ministres …

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