850 000 emplois à la clé !

Je voulais écrire aujourd’hui un article sur l’agriculture mais il n’est pas encore prêt, ce sera pour la fin de la semaine. Mais mon article d’aujourd’hui sera bien plus alléchant. Car je vais jouer au Père Noël et vous distribuer des milliards. Si si ! Mais en rêve seulement …

C’est le dossier La (vraie) France des a$$istés qui est paru le mois dernier dans Fakir (merci Christophe de m’avoir fait connaître ce journal) qui m’a donné une partie des éléments de cet article.

Je vais vous parler du CICE, le fameux Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi mis en place en 2012. Tout laisse à penser que ce machin qui coûte 22,7 milliards par an ne sert pas à grand chose. Deux rapports d’évaluation ont des conclusions différentes, l’un établi par France Stratégie conclut à la création ou le maintien de 45 000 à 115 000 emplois, l’autre établi par la LIEPP conclut qu’il n’y a pas d’effet positif sur les salaires et l’emploi.

Mais bon, ne soyons pas chien, prenons le rapport le plus optimiste, celui qui dit qu’il y aurait eu la création ou le maintien de 45 000 à 115 000 emplois. Vous noterez tout de suite qu’on parle de « création ou de maintien ». Il n’est donc pas certain qu’il y ait eu création d’emploi mais peut-être seulement leur sauvegarde.  Mais le pire, c’est que ces chiffres sont lamentables car avec 22,7 milliards, à raison d’un coût annuel de poste au Smic de 26 640 € l’Etat aurait pu créer (et non pas seulement maintenir) 850 000 emplois. Oui, vous avez bien lu ! 850 000 ! Je vous dirai dans les commentaires à quoi ont bien pu servir les 22 milliards …

Mais puisque je vous ai annoncé que dans mes articles je serais autant dans le positif que dans la critique, on va se livrer à un petit exercice qui va vous faire rêver.

Imaginons que vous venez d’être élu(e) Président(e) de la République et que vous supprimez ce CICE (car vous vous étiez engagé dans votre campagne électorale à transformer en 850 000 emplois cette somme qui était jusque-là dépensée inutilement ou presque).

Alors, vous les mettez où ces 850 000 emplois ?

Vous allez voir, qu’avec le blogadupdup nouvelle mouture on va refaire complètement la société ! Car rien n’est inéluctable et nous sommes dans un pays bien plus riche qu’on ne le dit !

35 réflexions au sujet de “850 000 emplois à la clé !”

  1. -des enseignants pour qu’il n’y ait pas plus de 20 élèves par classe en maternelle, primaire, collège et lycée
    -des éducateurs de prévention dans les villes et en campagne
    -des personnels en centre d’accueil des réfugiés pour accompagner les demandeurs d’asile
    -des instructeurs de dossiers des demandeurs d’asile dans l’administration ad hoc pour raccourcir les délais des réponses
    -des auxiliaire de vie pour les personnes âgées et/ou handicapées
    -des personnels pour la justice qui est bien trop démunie dans notre pays
    -des personnels à l’hôpital et dans les maisons de retraite…

    Je crois qu’il ne me serait aucunement difficile d’octroyer ces 850 000 postes. Il y ades besoins dans beaucoup de domaines. Mais pour le moment, je vais m’arrêter là.

  2. je fais simple et un brin caricatural (quoique) : tous dans le travail aux champs, manuel..
    Nous rentrons dans un monde post pétrole, donc fini les calculs de coins de table, prenez les manches et en avant..

  3. Un travail pour tous… ceux qui le peuvent et le veulent. Ce serait l’inverse du choix actuel : rendre le travail inaccessible mais indispensable, soumettre la dignité.

    L’argent du CICE avec celui de l’évasion fiscale, entre autres cadeaux (Bernard dira à qui), cela suffit à changer la situation de chacun du tout au tout, d’augmenter la qualité des services publics comme le dit Maïvon fort justement (là où d’autres cultivent encore la stigmatisation du fonctionnaire), d’investir dans la transition énergétique, une autre agriculture, d’éliminer la pauvreté, les scélérats : nos médias dominants, n’en parlent pas. Presque aucun candidat politique ne le dit, le discours est forcément creux.
    Retour au plein emploi ! Pis c’est tout, on pourra alors changer de crèmerie, et envoyer paître les manipulateurs.
    Dignité pour les pauvres, les vieux, les fracassés, les pas beaux, les malades, ceux qui ne gagnent pas le 100 mètres, sont nuls au foot ou ratent leurs photos : ils sont des nôtres.

  4. Ce qui est assez ahurissant dans ce CICE, c’est qu’il aurait dû être évalué. Dans la mesure où les sommes mises en jeu sont énormes et correspondent potentiellement à la création de 850 000 emplois, la moindre des choses aurait été d’embaucher 10 000 fonctionnaires (guère plus de 1% du dispositif donc c’est à dire une goutte d’eau) pour les affecter à la seule mission de vérifier que le dispositif allait à des entreprises créant bien des emplois. Or, il n’en a rien été.

    Et, plus surprenant encore, c’est que le taux d’exonération du CICE est passé de 4% de la masse salariale comprise entre 1 et 2,5 SMIC à 6% juste un an après la mise en place du dispositif alors que rien ne montrait que le dispositif était efficace. On savait même déjà que le dispositif avait des effets pervers car le gouvernement s’était rendu compte, quelques mois seulement après la mise en place du CICE que certaines grandes entreprises avaient exigé de leurs fournisseurs de baisser leurs tarifs au motif qu’ils étaient bénéficiaires du CICE.

    Peut-être que certains d’entre vous se rappelleront qu’en juillet 2014, Rue89 a révèlé que le rapporteur de la mission d’information parlementaire sur le CICE, était un membre de la famille Mulliez, ce qui pouvait poser un problème de conflit d’intérêts dans la mesure où le groupe Mulliez a largement bénéficié de ce dispositif (44 millions d’euros en 2013). Le Fakir du mois dernier a justement révélé que le groupe Auchan avait reversé 200 millions d’euros à la famille Mulliez, soit une augmentation de 12,5% de la rémunération des dirigeants. On a donc (et je vous en dirai plus dans d’autres commentaires) une idée précise de l’utilisation et du dévoiement des sommes du CICE.

  5. Deux petites précisions :

    Je suis parti du chiffre de 850 000 emplois alors que le journal Le Fakir est parti d’un million. C’est parce qu’en fait le journal s’est trompé, il parle du coût annuel d’un poste de 22 000 euros. Or, le smic brut est de 1480,30. Lorsqu’on enlève 25% de charges salariales et qu’on ajoute l’ensemble des charges payées par l’employeur, on arrive sensiblement à 26 600 euros de coût annuel.

    Par ailleurs, il faut en fait parler d’un million de poste car je viens de lire dans l’Huma que le budget 2017 qui vient d’être adopté a porté à 7% (au lieu de 6) le taux de la mesure soit 4 milliards de plus pour les employeurs … qui vont ainsi pouvoir augmenter leurs marges et donc leurs dividendes. Elle est pas belle la vie ?

  6. 850 000 postes?
    dans la police
    la gendarmerie
    le social
    la santé
    l’environnement

    et pour aider les jeunes surtout!

  7. Bien entendu, comme chaque fois, il y a l’esprit de la loi, tel que le législateur l’a voulue, et puis ce qu’on en fait concrètement par la suite. Et si j’en juge par ce qu’en dit wikipedia, c’est pas triste !

    « D’après la loi, les entreprises doivent utiliser le CICE pour investir, embaucher ou conquérir de nouveaux marchés et ne doivent pas l’utiliser pour augmenter les salaires des dirigeants ou les dividendes des actionnaires. Néanmoins, les instructions transmises à l’administration fiscale en juillet 2013 stipulent que le report de l’utilisation du CICE dans les comptes annuels de l’entreprise est une possibilité et non une obligation et que l’utilisation du CICE ne sera pas contrôlée par l’administration fiscale »

    Voilà, tout s’explique !

  8. Ok , mais il y a un hic là-dedans ! C’est qu’on ne trouve plus grand monde qui veut travailler pour simplement gagner un SMIC !

  9. Oui je sais, merci d’avoir soulever la question, mais on peut imaginer qu’une bonne partie des postes créés le soit à hauteur d’un smic, à charge pour l’employeur d’amener un complément de financement. Et dans plein de domaines, que ce soit dans les secteurs de la santé, du social ou de l’environnement (pour prendre quelques exemples cités ci-dessus) le fait de créer un poste génère des recettes supplémentaires.

  10. Je n’y connais pas grand chose, mais, j’ai envie de participer, à mon niveau à cette discussion. Plus de recettes supplémentaires, pour moi, c’est donc moins de chomeurs, (demandeurs d’emploi, je préfère)donc moins à verser, et plus de cotisations pour la sécu, par exemple, plus de consommation, moins de gens dans la misère qui ne peuvent pas se soigner, donc moins de gens malades, moins de petites délinquances (la grande délinquance n’est-elle pas là où on devrait donner l’exemple!!). La liste est longue
    Je vous laisse le soin de poursuivre ou de me dire si je fais fausse route.

  11. oui, c’est évident que celui à qui on permet d’avoir un emploi entre ensuite dans le circuit économique, ne se marginalise pas (cf. ton commentaire sur la petite délinquance) et participe (entre autres) au financement de la sécu et à plein d’autres choses.

  12. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les commentaires des uns et des autres.

    Christophe a parlé de l’évasion fiscale, j’essaierai de faire un article sur le sujet. Mais, pour faire le lien entre ce qu’il a dit et mon article qui propose de créer des centaines de milliers de postes, je propose que la première chose à créer c’est 10 000 ou 20 000 postes d’inspecteurs des impôts spécialement affectés à l’évasion fiscale, ça coûtera très peu au regard des sommes qu’ils pourront rapatrier. Et les dizaines de milliards qu’ils ramèneront permettront de financer un million de postes en plus. On sait que tout ça est possible, techniquement c’est très faisable, mais seule la volonté politique de résoudre les choses manque.

    Otto lilienthal a parlé de l’agriculture, ou plutôt que chacun se remette à travailler la terre (je partage son analyse sur l’ère post-pétrole). On parlera de tout ça dans le prochain article consacré à ce sujet.

    Quand à Maïvon, oui et mille fois oui au fait de créer des postes pour que les élèves et les enseignants travaillent dans de meilleures conditions. Idem pour les hôpitaux, les centres d’accueils pour réfugiés, toutes les actions de prévention … Et financer tout ça, c’est aussi faire baisser le taux de souffrance au travail de tous ces gens qui sont en effectifs réduits un peu partout. Cela fait plus de dix ans qu’on supprime partout des postes pour soit-disant équilibrer les comptes. Et le bilan c’est quoi ? L’équilibre financier est atteint ? non … La société va mieux ? non … Donc tous ces serrages de ceinture n’ont servi à rien, si ce n’est à provoquer de la souffrance à tous les niveaux de la société. Donc, comme ça n’a servi à rien, bien au contraire, changeons complètement d’orientation. Remettons tout à plat.

  13. Nous sommes bien d’accord …
    S’il n’y avait pas tous ces gaspillages, mauvais choix, détournements, etc … on pourrait en faire de belles et bonnes choses.
    Avec des « si » ….

  14. J’ai lu ce matin dans la presse régionale , qu’il était fortement possible que les entreprises aient voulu maintenir leurs salariés sous 2,5 Smic afin de continuer à percevoir le CICE … Ou ne pas les augmenter , pour ceux rémunérés juste au-dessus , afin de les faire basculer dans la plage d’éligibilité au CICE .

  15. Même si ça ne concerne pas tant de monde que ça, c’est en effet-là un des effets pervers de la loi et qui tire irrémédiablement vers le bas.

  16. J’ai fait ce matin un petit tour de table au boulot pour savoir ce que pensait les collègues du CICE … 99% des gars ne savaient même pas ce que c’était que ce truc !!

  17. Ok pour le manque de personnel dans les hôpitaux … Mais là , on parle de la grippe , de la gastro ou du gros rhume !!! Des trucs qui se soignaient avant avec du paracétamol et qui maintenant font que les hôpitaux sont pris d’assaut ! Ça fait peur pour les années qui viennent …

  18. A propos d’hôpital : lors d’un séjour d’une semaine que j’ai fait cet été dans un hôpital, j’ai pu dire ce que je pensais de la qualité déplorable des repas. La dame à qui j’ai dit ça m’a fait une confidence (« je ne devrais pas vous le dire mais … ») en me disant que les sommes allouées aux repas allaient encore baisser et que les sommes ainsi économisées allaient être reportées … sur les compléments alimentaires !
    Et vive les labos pharmaceutiques ! :angry:

  19. Les collusions entre le milieu médical et les labos pharmaceutiques sont à l’origine de beaucoup de dépenses inutiles voire nocives.
    Quand je lis ce que Bernard vient d’écrire, ça attise ma colère. :devil:
    Quand on se nourrit correctement nul besoin de compléments alimentaires qui sont actuellement les vaches à lait des labos. Ce qui m’agace aussi, c’est la place que font les magasins bio sur leurs étalages pour ce commerce.
    On marche sur la tête ! :silly:

  20. le premier impôt perçu par l’état étant la tva, la seule manière d’équilibrer les comptes de l’état c’est d’augmenter le pouvoir d’achat des gens et non de faire une cure d’austérité comme on le fait depuis 10 ans

  21. J’aurai un autre article sur la fiscalité, je ne souhaite donc pas trop intervenir sur le sujet pour l’instant, mais il est clair que les gens se focalisent un peu trop sur l’impôt sur le revenu qui n’est qu’une petite partie de ce que l’on paie. Et comme les gens non-imposables que je connais aimeraient bien payer au contraire un impôt je me dis que ce n’est pas là le problème essentiel.

  22. Entre impôts et banquiers il s’entendent bien :

    Préfinancement du CICE:
    Pour améliorer sa trésorerie, l’entreprise peut céder sa créance de CICE à un établissement de crédit, qui en devient propriétaire.
    En outre, la créance « en germe », c’est-à-dire calculée l’année même du versement des rémunérations sur lesquelles est assis le crédit d’impôt et avant la liquidation de l’impôt en N+1, peut également être cédée.
    Une fois la créance future cédée, l’entreprise cédante ne peut imputer sur son impôt que la partie de la créance non cédée (soit la différence entre le montant cédé et le montant réellement constaté du crédit d’impôt, lors du dépôt de la déclaration).
    Il ne peut y avoir qu’une cession par année civile. Dans la majorité des cas, l’entreprise ne peut pas procéder à plusieurs cessions partielles au titre d’une même année.
    Par exception, dans le cadre du régime fiscal des groupes de sociétés, la société-mère du groupe peut procéder jusqu’à 4 cessions partielles de la créance en germe, sans pouvoir dépasser le nombre d’entités composant le groupe fiscal.
    Le préfinancement est adossé sur un dispositif de garantie partielle d’Oséo/BPI pour certaines PME. Il revient à l’établissement de crédit de solliciter cette garantie, sans que l’entreprise ait à effectuer elle-même de démarche particulière.

    Vous avez tout compris ?
    En cédant la créance CICE les petites PME enrichissent les banques qui ne prêtent jamais pour rien …

  23. J’ai relu deux fois ton commentaire parce que c’était un peu technique pour moi. Mais oui c’est assez clair … plus rien ne m’étonne sur la manière dont va ce monde. :angry:

  24. Ce matin, dans le Figaro, il y avait la question du jour, à savoir si Donald Trump avait raison de mettre en place le protectionnisme. Je suis tout à fait d’accord avec Donald Trump sur ce sujet (et idem pour le sujet de la Russie, pour le reste non !). Ce qui m’a semblé ahurissant c’est que les lecteurs du Figaro, que je croyais être de fervents adeptes du libre-échange, sont également d’accord avec Donald Trump (à 62%).
    Perso, je pense que tout le monde (gauche ou droite) regrette ce libre-échange à tout-va qui détruit la planète mais que plus personne ne sait comment s’en sortir.

  25. Pas plus tard qu’hier, j’ai entendu: « Mais quand même, certains ont bien choisi ce mode de vie, non? » Je crois que les gens ne sont absolument pas conscients de la descente aux enfers parfois très rapide pour certaines personnes SDF: perte de boulot, chômage, rupture familiale, pas d’argent pour avoir un logement, la rue… Ce n’est qu’une des trajectoires mais il y en a d’autres. J’en ai entendu des histoires de vie tragiques quand j’étais bénévole à la Croix-Rouge parisienne. Et non! non! non! et non! ces gens-là n’ont pas choisi d’être à la rue :devil: :devil: :devil:

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