J’ai honte pour mon pays (2)

Petit texte qui vient de m’être envoyé par Brind’paille. Une histoire vraie. A lire jusqu’au bout.

Je m´appelle Patrick Mohr. Je suis né le 18 septembre 1962 à Genève. Je suis acteur, metteur en scène et auteur. A Genève je dirige une compagnie, le théâtre Spirale, je co-dirige le théâtre de la Parfumerie et m´occupe également du festival « De bouche à oreille ».

Dans le cadre de mes activités artistiques, je viens régulièrement au festival d´Avignon pour y découvrir des spectacles du « in » et du «off ». Notre compagnie s´y est d´ailleurs produite à trois reprises. Cette année, je suis arrivé dans la région depuis le 10 juillet et j´ai assisté à de nombreux spectacles.

Le Lundi 21 juillet, je sors avec mon amie, ma fille et trois de ses camarades d´une représentation d´une pièce très dure sur la guerre en ex-Yougoslavie et nous prenons le frais à l´ombre du Palais des Papes, en assistant avec plaisir à un spectacle donné par un couple d´acrobates.

A la fin de leur numéro, je m´avance pour mettre une pièce dans leur chapeau lorsque j´entends le son d´un Djembé (tambour africain) derrière moi. Etant passionné par la culture africaine. (J´y ai monté plusieurs spectacles et ai eu l´occasion d´y faire des tournées.) Je m´apprête à écouter les musiciens. Le percussionniste est rejoint par un joueur de Kamele Ngoni. (Sorte de contrebasse surtout utilisée par les chasseurs en Afrique de l´Ouest.)

A peine commencent-ils à jouer qu´un groupe de C.R.S se dirige vers eux pour les interrompre et contrôler leur identité. Contrarié, je me décide à intervenir. Ayant déjà subit des violences policières dans le même type de circonstances il y a une vingtaine d´année à Paris, je me suis adressé à eux avec calme et politesse. Le souvenir de ma précédente mésaventure bien en tête. Mais je me suis dit que j´étais plus âgé, que l´on se trouvait dans un haut lieu culturel et touristique, dans une démocratie et que j´avais le droit de m´exprimer face à ce qui me semblait une injustice. J´aborde donc un des C.R.S et lui demande : « Pourquoi contrôler vous ces artistes en particulier et pas tous ceux qui se trouvent sur la place? » Réponse immédiate.

« Ta gueule, mêle-toi de ce qui te regardes!

« Justement ça me regarde. Je trouve votre attitude discriminatoire. »

Regard incrédule. « Tes papiers ! »

« Je ne les ai pas sur moi, mais on peut aller les chercher dans la voiture. »

« Mets-lui les menottes ! »

« Mais vous n´avez pas le droit de… »

Ces mots semblent avoir mis le feu aux poudres.

« Tu vas voir si on n´a pas le droit.»

Et brusquement la scène a dérapé.

Ils se sont jetés sur moi avec une sauvagerie inouïe. Mon amie, ma fille, ses camarades et les curieux qui assistaient à la scène ont reculé choqués alors qu´ils me projetaient au sol, me plaquaient la tête contre les pavés, me tiraient de toutes leurs forces les bras en arrière comme un poulet désarticulé et m´enfilaient des menottes. Les bras dans le dos, ils m´ont relevé et m´ont jeté en avant en me retenant par la chaîne. La menotte gauche m´a tordu le poignet et a pénétré profondément mes chairs. J´ai hurlé :

« Vous n´avez pas le droit, arrêtez, vous me cassez le bras ! »

« Tu vas voir ce que tu vas voir espèce de tapette. Sur le dos ! Sur le ventre ! Sur le dos je te dis, plus vite, arrête de gémir ! »

Et ils me frottent la tête contre les pavés me tordent et me frappent, me traînent, me re-plaquent à terre. La foule horrifiée s’écarte sur notre passage. Mon amie essaie de me venir en aide et se fait violemment repousser. Des gens s’indignent, sifflent, mais personne n’ose interrompre cette interpellation d’une violence inouïe. Je suis traîné au sol et malmené jusqu’à leur fourgonnette qui se trouve à la place de l’horloge 500 m plus bas. Là. Ils me jettent dans le véhicule, je tente de m’asseoir et le plus grand de mes agresseurs (je ne peux pas les appeler autrement), me donne un coup pour me faire tomber entre les sièges, face contre terre, il me plaque un pied sur les côtes et l’autre sur la cheville il appuie de tout son poids contre une barre de fer.

« S´il vous plait, n´appuyez pas comme ça, vous me coupez la circulation. »

« C´est pour ma sécurité. »

Et toute leur compagnie de rire de ce bon mot. Jusqu’au commissariat de St Roch. Le trajet est court mais il me semble interminable. Tout mon corps est meurtri, j´ai l’impression d’avoir le poignet brisé, les épaules démises, je mange la poussière. On m’extrait du fourgon toujours avec autant de délicatesse. Je vous passe les détails de l´interrogatoire que j´ai subi dans un état lamentable. Je me souviens seulement du maquillage bleu sur les paupières de la femme qui posait les questions.

« Vous êtes de quelle nationalité ? » « Suisse. »

« Vous êtes un sacré fouteur de merde »

« Vous n´avez pas le droit de m´insulter »

« C´est pas une insulte, la merde » (Petit rire.)

C´est fou comme la mémoire fonctionne bien quand on subit de pareilles agressions. Toutes les paroles, tout les détails de cette arrestation et de ma garde à vue resterons gravés à vie dans mes souvenirs, comme la douleur des coups subits dans ma chair. Je remarque que l’on me vouvoie depuis que je ne suis plus entre les griffes des CRS. Mais la violence physique a seulement fait place au mépris et à une forme d’inhumanité plus sournoise. Je demande que l’on m´ôte les menottes qui m´ont douloureusement entaillé les poignets et que l’on appelle un docteur. On me dit de cesser de pleurnicher et que j´aurais mieux fait de réfléchir avant de faire un scandale. Je tente de protester, on me coupe immédiatement la parole. Je comprends qu’ici on ne peut pas s´exprimer librement. Ils font volontairement traîner avant de m’enlever les menottes. Font semblant de ne pas trouver les clés. Je ne sens plus ma main droite.
Fouille intégrale. On me retire ce que j’ai, bref inventaire, le tout est mis dans une petite boîte.

« Enlevez vos vêtements ! »

J´ai tellement mal que je n´y arrive presque pas.

« Dépêchez-vous, on n’a pas que ça à faire. La boucle d’oreille ! »

J´essaye de l’ôter sans y parvenir.

« Je ne l´ai pas enlevée depuis des années. Elle n´a plus de fermoir. »

« Ma patience à des limites vous vous débrouillez pour l´enlever, c´est tout ! »

Je force en tirant sur le lobe de l´oreille, la boucle lâche.

« Baissez la culotte ! »

Je m´exécute. Après la fouille ils m´amènent dans une petite cellule de garde à vue. 4m de long par 2m de large. Une petite couchette beige vissée au mur. Les parois sont taguées, grattées par les inscriptions griffonnées à la hâte par les détenus de passage. Au briquet ou gravé avec les ongles dans le crépis. Momo de Monclar, Ibrahim, Rachid, chacun laisse sa marque.

L´attente commence. Pas d´eau, pas de nourriture. Je réclame en vain de la glace pour faire désenfler mon bras. Les murs et le sol sont souillés de tâches de sang, d´urine et d´excréments. Un méchant néon est allumé en permanence. Le temps s´étire. Rien ici qui permette de distinguer le jour de la nuit. La douleur lancinante m´empêche de dormir.

J´ai l´impression d´avoir le coeur qui pulse dans ma main. D´ailleurs alors que j´écris ces lignes une semaine plus tard, je ne parviens toujours pas à dormir normalement. J´écris tout cela en détails, non pas pour me lamenter sur mon sort. Je suis malheureusement bien conscient que ce qui m´est arrivé est tristement banal, que plusieurs fois par jours et par nuits dans chaque ville de France des dizaines de personnes subissent des traitements bien pires que ce que j´ai enduré. Je sais aussi que si j´étais noir ou arabe je me serais fait cogner avec encore moins de retenue. C´est pour cela que j´écris et porte plainte. Car j´estime que dans la police française et dans les CRS en particulier il existe de dangereux individus qui sous le couvert de l´uniforme laissent libre cour à leurs plus bas instincts. (Evidement il y a aussi des arrestations justifiées, et la police ne fait pas que des interventions abusives. Mais je parle des dérapages qui me semblent beaucoup trop fréquents.) Que ces dangers publics sévissent en toute impunité au sein d´un service public qui serait censé protéger les citoyens est inadmissible dans un état de droit. J´ai un casier judiciaire vierge et suis quelqu´un de profondément non violent, par conviction, ce type de mésaventure me renforce encore dans mes convictions, mais si je ne disposais pas des outils pour analyser la situation je pourrais aisément basculer dans la violence et l´envie de vengeance. Je suis persuadé que ce type d´action de la police nationale visant à instaurer la peur ne fait qu´augmenter l´insécurité en France et stimuler la suspicion et la haine d´une partie de la population (Des jeunes en particulier.) face à la Police. En polarisant ainsi la population on crée une tension perpétuelle extrêmement perverse. Comme je suis un homme de culture et de communication je réponds à cette violence avec mes armes. L´écriture et la parole. Durant les 16h qu´a duré ma détention. (Avec les nouvelles lois, on aurait même pu me garder 48h en garde à vue.) Je n´ai vu dans les cellules que des gens d´origine africaine et des gitans. Nous étions tous traité avec un mépris hallucinant. Un exemple, mon voisin de cellule avait besoin d´aller aux toilettes. Il appelait sans relâche depuis près d´une demi heure, personne ne venait. Il c´est mit à taper contre la porte pour se faire entendre, personne. Il cognait de plus en plus fort, finalement un gardien exaspéré surgit.

« Qu´est ce qu´il y a ? »

« J´ai besoin d´aller aux chiottes. »

« Y a une coupure d´eau. »

« Mais j´ai besoin. »

« Y a pas d´eau dans tout le commissariat, alors tu te la coince pigé. »

Mon voisin qui n´est pas seul dans sa cellule continue de se plaindre, disant qu´il est malade, qu´il va faire ses besoins dans la cellule.

« Si tu fais ça on te fait essuyer avec ton t-shirt. »

Les coups redoublent. Une voix féminine lance d´un air moqueur. « Vas-y avec la tête pendant que tu y es. Ca nous en fera un de moins. »

Eclats de rire dans le couloir comme si elle avait fait une bonne plaisanterie. Après une nuit blanche vers 9h du matin on vient me chercher pour prendre mon empreinte et faire ma photo. Face, profil, avec un petit écriteau, comme dans les films. La dame qui s´occupe de cela est la première personne qui me parle avec humanité et un peu de compassion depuis le début de ce cauchemar. « Hee bien, ils vous ont pas raté. C´est les CRS, ha bien sur. Faut dire qu´on a aussi des sacrés cas sociaux chez nous. Mais ils sont pas tous comme ça. »

J´aimerais la croire. Un officier vient me chercher pour que je dépose ma version des faits et me faire connaître celle de ceux qui m´ont interpellé. J´apprends que je suis poursuivi pour : outrage, incitation à l´émeute et violence envers des dépositaires de l´autorité publique. C´est vraiment le comble. Je les aurais soi disant agressés verbalement et physiquement. Comment ces fonctionnaires assermentés peuvent ils mentir aussi éhontément ? Je raconte ma version des faits à l´officier. Je sens que sans vouloir l´admettre devant moi, il se rend compte qu´ils ont commis une gaffe. Ma déposition est transmise au procureur et vers midi je suis finalement libéré. J’erre dans la ville comme un boxeur sonné. Je marche péniblement. Un mistral à décorner les boeufs souffle sur la ville. Je trouve un avocat qui me dit d´aller tout de suite à l´hôpital faire un constat médical. Je marche longuement pour parvenir aux urgences ou je patiente plus de 4 heures pour recevoir des soins hâtifs. Dans la salle d´attente, je lis un journal qui m´apprend que le gouvernement veut supprimer 200 hôpitaux dans le pays, on parle de couper 6000 emplois dans l´éducation. Sur la façade du commissariat de St Roch, j´ai pu lire qu´il allait être rénové pour 19 millions d´Euros. Les budgets de la sécurité sont à la hausse, on diminue la santé, le social et l´éducation. Pas de commentaires. Je n´écris pas ces lignes pour me faire mousser, mais pour clamer mon indignation face à un système qui tolère ce type de violence. Sans doute suis-je naïf de m´indigner. La plupart des Français auxquels j´ai raconté cette histoire ne semblaient pas du tout surpris, et avaient connaissance de nombreuses anecdotes du genre. Cela me semble d´autant plus choquant. Ma naïveté, je la revendique, comme je revendique le droit de m´indigner face à l´injustice.

Même si cela peut paraître de petites injustices. C´est la somme de nos petits silences et de nos petites lâchetés qui peut conduire à une démission collective et en dernier recours aux pires systèmes totalitaires. (Nous n´en sommes bien évidement heureusement pas encore là.) Depuis ma sortie, nous sommes retournés sur la place de papes et nous avons réussi à trouver une douzaine de témoins qui ont accepté d´écrire leur version des faits qui corroborent tous ce que j´ai dis. Ils certifient tous que je n´ai proféré aucunes insultes ni n´ai commis aucune violence. Les témoignages soulignent l´incroyable brutalité de l´intervention des CRS et la totale disproportion de leur réaction face à mon intervention. J´ai essayé de retrouver des images des faits, mais malheureusement les caméras qui surveillent la place sont gérées par la police et, comme par hasard elles sont en panne depuis début juillet. Il y avait des centaines de personnes sur la place qui auraient pu témoigner, mais le temps de sortir de garde à vue, de me faire soigner et de récupérer suffisamment d´énergie pour pouvoir tenter de les retrouver. Je n´ai pu en rassembler qu´une douzaine. J´espère toujours que peut être quelqu´un ait photographié ou même filmé la scène et que je parvienne à récupérer ces images qui prouveraient de manière définitive ce qui c´est passé.

Après 5 jours soudain, un monsieur africain m´a abordé, c´était l´un des musiciens qui avait été interpellé. Il était tout content de me retrouver car il me cherchait depuis plusieurs jours. Il se sentait mal de n´avoir rien pu faire et de ne pas avoir pu me remercier d´être intervenu en leur faveur. Il était profondément touché et surpris par mon intervention et m´a dit qu´il habitait Grenoble, qu´il avait 3 enfants et qu´il était français. Qu´il viendrait témoigner pour moi. Qu´il s´appelait Moussa Sanou. « Sanou , c´est un nom de l´ethnie Bobo. Vous êtes de Bobo-Dioulasso ? »

« Oui. » Nous nous sommes sourit et je l´ai salué dans sa langue en Dioula. Il se trouve que je vais justement créer un spectacle prochainement à Bobo-Dioulasso au Burkina-faso. La pièce qui est une adaptation de nouvelles de l´auteur Mozambicain Mia Couto s´appellera « Chaque homme est une race » et un des artistes avec lequel je vais collaborer se nomme justement Sanou. Coïncidence ? Je ne crois pas. Je suis content d´avoir défendu un ami, même si je ne le connaissais pas encore.

La pièce commence par ce dialogue prémonitoire. Quand on lui demanda de quelle race il était, il répondit : « Ma race c´est moi. » Invité à s´expliquer il ajouta « Ma race c´est celui que je suis. Toute personne est à elle seule une humanité. Chaque homme est une race, monsieur le policier. »

Patrick Mohr, 28 juillet 2008

34 réflexions au sujet de “J’ai honte pour mon pays (2)”

  1. Bernard, tu as bien fait de relayer ce récit.
    Après un tel témoignage, peut-on encore au royaume du Grand Lui se sentir bien dans ses chaussettes ?
    Patrick Mhor écrit :
    « C´est la somme de nos petits silences et de nos petites lâchetés qui peut conduire à une démission collective et en dernier recours aux pires systèmes totalitaires. »
    Alors, tu la signes la pétition contre Edvige-Cristina ?

  2. Il y a à peine quelques jours, on comptait 100 000 signataires.
    Aujourd’hui, je viens de vérifier, nous sommes 152 732 !
    Sur 65 millions de français, ça ne fait pas lourd quand même.
    Et les autres, quoi, ils dorment ?
    Il faut tout faire pour qu’il soit retiré ce pétard de fichier !

  3. Ce récit est bouleversant et ne peut que nous révolter.
    Il est vrai que si vous avez la peau un tant soit peu trop foncée, à tout moment, on vous demande vos papiers, voir plus.
    Et ce n’est pas d’aujourd’hui ça non plus (Je sais, Robert va encore râler parce que je dis ça !).
    Une de mes cousine a eu un enfant avec un noir, lequel enfant a maintenant une trentaine d’année.
    Le nombre de fois où il a été contrôlé !
    Et comme par miracle, lorsqu’on se rendait compte qu’il était de mère blanche, tout s’arrangeait.

  4. Tu commences à me connaître.
    Je te confirme que jusqu’à ce jour honni où tu arriverais à me convaincre que tu resteras toujours ainsi figée sur des positions réactionnaires, je n’exclus pas de parvenir à ce que tu acceptes enfin de considérer que les choses ayant souvent et depuis longtemps été ainsi nous devions refuser qu’elles le demeurent plus longtemps.
    A ce compte-là, on en serait encore à la lettre de cachet et à l’embastillement, que diable !
    L’abolition de l’esclavage n’a pas supprimé le racisme, c’est vrai.
    Faut-il pour autant refuser de le combattre ?
    Tu vois, j’ai littéralement honte, en mémoire de ta cousine et de son fils, que la couleur de sa peau lui ait, au soi-disant pays des droits de l’homme, tant couté.
    NB. Patrick Mohr est blanc de blanc et il prend partie pour des noirs pas parce qu’ils sont noirs mais parce qu’ils sont des hommes.
    C’est simplement à l’humain en toi, Etincelle que je fais appel.

  5. Ce qui me fait marrer c’est de les voir faire dans leur pantalon ces CRS devant les marins en colère , là ce ne sont plus les mêmes qui ont des bleus au corps !!!

  6.  » Abêtir pour asservir  » petite phrase de Normand Baillargeon. Un aspect de notre décadence actuelle. J’espère pour cette personne gagnera largement son procès et que ces imbéciles heureux de CRS seront punis a la hauteur de leurs QI

  7. Je suis atterrée par ce récit,je ne pensais pas quand même qu’ils pouvaient aller jusque là mais si je sais que les dérapages sont monnaie courante…

    Deux faits divers entendus hier à France-inter:
    – Des policiers pourris mis en examens pour une forme de racket (ils proposaient aux gens de faire sauter leurs amendes en échange de 75€…
    – Le même jour, un policier qui écrase une personne et part : il était en service mais complètement saoul…

    Ca, c’est sûr, avec une police comme ça, on fait reculer l’insécurité!!! Quel odieux mensonge!!! On veut nous fliquer et nous réduire à néant… à néant, pour qu’on n’ose plus rien dire, mais j’espère que dans le pays de la révolution, de la résistance, de mai 68 et des droits de l’homme, il y a encore quelqu’un de vivant!

  8. S’ils sont punis à la hauteur de leur QI , on ne va pas pouvoir leur donner une grosse punition !!! :tongue:

  9. Ces flics ne pourraient pas avoir ce comportement s’ils ne se sentaient pas couverts par leur hiérarchie et c’est aussi en cela que ce témoignage est terrifiant.

  10. Dans un pays qui produit autant de textes (souvent sans décrets d’application), ce qui m’inquiète aussi, c’est la capacité de certains documents à disparaître. C’est aussi bien exprimé dans ce témoignage au sujet de la vidéo-surveillance.

    Là se trouve un des instruments de la hiérarchie : la maîtrise de l’information.
    Patrick Mohr montre bien aussi que la grande frousse d’un pouvoir tient à l’expression possible des artistes, capables sans armes d’anéantir sa puissance.

  11. Au fait, car j’ai oublié de le formuler, je dois dire que je n’ai absolument pas compris ta réaction Robert, lorsque tu accuses Oetincello d’être réactionnaire à la suite de son témoignage somme toute « malheureusement ordinaire ». Pourrais-tu rendre plus lisible cet accès d’agressivité ?
    Il peut m’arriver d’être « réac » ou disons trop réactif, mais là je suis un peu perdu et je ne sais plus qui est quoi !

  12. Je viens de recevoir le même article par mail, envoyé par ATTAC.
    L’info circule, donc. Par contre, mes recherches sur le net sont infructueuses ( on retrouve l’article, mais jamais d’information sur les suites).
    L’incident relaté, est odieusement banal, mais le fait que la personne qui en a été la victime donne des suites en portant plainte l’est sans doute moins. D’autant que Patrick Mohr a l’air de jouir d’une certaine notoriété (du moins, d’après ce que mes recherches sur la toile m’ont permis de voir).
    Je suis d’accord avec Bernard sur le fait que la hiérarchie policière semble couvrir et que c’est sans doute le plus grave. Après des années d’une politique qui a mis en première ligne les problèmes de l’insécurité, puis les quotas à respecter pour l’expulsion des sans papiers, la police a vu grossir dans ses rangs un état d’esprit tel que celui relaté ici. Comme un chef d’entreprise, ou un responsable de service, insuffle auprès de ses collaborateurs un esprit d’entreprise.

  13. Entièrement d’accord avec toi, Anne.
    Et c’est pourquoi, à l’exemple de ce citoyen suisse, nous ne devons rien laisser passer de ces agissements pré-dictatoriaux-là.
    Hiérarchie policière, dis-tu. Oui, certes. Mais ne faut-il pas remonter un peu plus haut et combattre aussi cette politique de droite, que les policiers ne font qu’appliquer sur ordre, et qui tend à se durcir de mois en mois ?
    A mon avis, en première urgence il faut mettre un coup d’arrêt au fichier Edvige qui, sous sa forme actuelle, représente une atteinte frontale aux libertés publiques. Il faut signaler à nos proches la pétition ouverte à ce sujet. Il convient également de dénoncer l’entreprise de banalisation mensongère conduite par MAM et relayée par la presse (ça a toujours existé, donc…).
    Le nombre ceux qui ne sont pas encore convaincus de la quasi main-mise du pouvoir sur l’information me donnent beaucoup de souci.
    J’ai l’impression que les capacités d’esprit critique s’amenuisent, qu’on ne peut pas aborder certains sujets sans soulever un tollé, tellement certaines choses paraissent tellement acquises que leur abord est devenu carrément tabou.

  14. Christophe, je n’ai lu ton précédent commentaire après avoir répondu à celui d’Anne qui le suit. Je faisais valoir à Etincelle qu’accepter certaines réalités présentes au fait qu’il en a toujours été ainsi est est une position réactionnaire (par définition).
    C’est ainsi, PAR EXEMPLE, que l’abolition de privilèges a constitué un progrès par rapport à ce qui se passait jusque-là. La réaction à l’époque a mené une attaque contre cet acte politique. Celle-ci a aboutit à son abrogation lors de la Restauration de 1815. a noblesse et l’église ont été rétablies dans la situation antérieure à la révolution.
    Je ne croyais pas avoir été en quoi que ce soit agressif à l’égard de notre amie et je voudrais bien qu’on arrête avec cette propension à déplacer sans cesse le curseur de la critique des idées à l’atteinte aux personnes.
    Faute de quoi, de crainte de permanente de froisser les susceptibilités on se limiterait à ne plus rien dire de sensé, ne crois-tu pas ?

  15. Après être allé manger un morceau, je relis mon dernier commentaire et suis consterné par le nombre d’erreurs qui y figurent. Mes plus plates excuses !
    . 1ère ligne :
    je n’ai lu ton précédent commentaire QU’après avoir répondu à celui d’Anne qui le suit.
    . 7ème ligne :
    celle-ci a abouti (et non : a aboutit)
    . 8ème ligne :
    la noblesse (et non : a noblesse)
    . 13ème ligne :
    de crainte permanente (et non : de crainte de permanente)

    Voila que j’ai explosé mon record de coquilles.
    Le Général disait que la vieillesse est un naufrage. Je commence à vérifier qu’il n’avait pas tort.
    Allez, encore un effort, me dis-je.
    Il sera toujours assez tôt pour se contraindre au silence…

  16. C’est plus clair.
    Sur le coup, j’ai pensé que les calamités que tu fustigeais (embastillement, esclavage) étaient causées par Oetincello.
    Du coup je me demande si le fait de dresser un simple et triste constat revient à l’entériner… fatalisme peut-être, mais je n’y ai pas lu la dimension réactionnaire ou le refus du progrès : l’ensemble des commentaires d’Oetincello sur ce blog ne permet pas à mon sens de le soupçonner.

    Je me suis déjà demandé plusieurs fois quel serait mon attitude si je détenais le pouvoir. Ma conclusion est la suivante : si vous deviez un jour voter pour moi, je vous en supplie, ne le faites pas !

  17. Christophe, je vais réfléchir à tout ce que tu me dis là. Promis.
    En tout cas, sois tranquille, j’étais déjà bien décidé à ne pas voter pour toi.

  18. Je t’avais dit, Christophe, que je réfléchirais avant de répondre à ta question sur fatalisme/réaction.
    A cette fin, j’ai consulté le CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales) et voici ;

    FATALISME

    Doctrine suivant laquelle le cours des événements échappe à l’intelligence et à la volonté humaine, de sorte que la destinée de chacun de nous serait fixée à l’avance par une puissance unique et surnaturelle.
    « En vérité, je suis tentée de croire au fatalisme, et de m’abandonner à ma destinée »
    (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1854) :
    « Si le hasard n’est pas, il faut admettre le fatalisme, ou la coordination forcée des choses soumises à un plan général. »
    Balzac, L. Lambert, 1832, p. 131.

    REACTION

    a. Attitude morale, intellectuelle d’une personne qui se soumet à l’événement.
    « Il y a là plus de fatalisme que de croyance en l’action »
    Barrès, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 152.
    « Il rêvait des heures, là-haut, triste et heureux. Il avait fini par acquérir une espèce de fatalisme »
    Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 239.

    1. Courant d’idées hostiles aux principes libéraux issus de la Révolution française de 1789; mouvement politique ayant pour but de rétablir l’état politique et social existant avant 1789.
    « Soyez le journal acceptant pleinement la Révolution, l’acceptant dans 1789, formule de ses principes, et dans 1830, formule de ses idées; combattant la réaction littéraire comme la réaction politique »
    Hugo, Corresp., 1868, p. 101) :
    2. « Les partis de réaction ont de trop puissantes racines dans ce que l’ancien régime nous a laissé d’oligarchies cléricales et militaires, pour s’accommoder sans de vives résistances au triomphe de l’impartiale justice sur la violence et sur l’arbitraire ».
    Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 208.

    b) Action, mouvement d’opinion qui tend à rétablir ou maintenir une situation jugée rétrograde (d’apr. Debb.-Daudet Pol. 1981). Forces, menées, parti de (la) réaction:

    3″. … la société bourgeoise et la propriété individuelle trouveront le moyen de vivre, de se défendre, de rallier peu à peu, dans le désordre même et le désarroi de la vie économique bouleversée, les forces de conservation et de réaction. »
    Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 114.

    Tout est dit. Je n’ai rien à ajouter.

  19. Je viens de relire ce que tu écrivais le 15 et notamment ceci :
    « Sur le coup, j’ai pensé que les calamités que tu fustigeais (embastillement, esclavage) étaient causées par Oetincello. »

    Voila exactement le type de raccourci qu’une lecture trop rapide peut produire. Ce que j’aime chez toi, c’est que tu es capable d’y revenir et d’en relever l’erreur.

    J’ai une véritable admiration pour certains esprits qui se passionnent pour les oiseaux et les insectes, par exemple. Et, comme il se trouve qu’ils sont aussi experts en jardinage, c’est avec entière humilité que je tire aussi profit de leurs leçons.

    Quand il s’agit de philosophie, d’anthropologie ou tout simplement de logique (enchainement des raisons), combien j’aimerais qu’ils manifestent eux aussi quelque réserve.
    On se serait alors aperçu…
    . que ma critique acerbe et argumentée des smileys n’interdisait aucunement à quiconque sur ce blog de les utiliser,
    . que mon refus d’une opprobre sommaire sur 68 et l’ensemble de ses rejetons ne signifiait pas davantage le refus a priori de l’analyse critique d’un moment historique dont on ne peut tirer la leçon qu’en le soumettant à examen,
    . que dire en toute franchise à Etincelle que ses positions sont fréquemment fatalistes-réactionnaires est davantage lui témoigner de l’amitié et de l’estime que d’en rire sous cape.

    On se serait évité ainsi de me faire ces mauvais procès fondés sur le malentendu.

  20. Bernard, afin de parvenir à un apaisement de nos échanges que, je l’espère, tu recherches aussi, je souhaiterais que tu répondes à mon précédent commentaire. Merci.

  21. D’accord Robert, mais comme beaucoup de spécialistes, je me demande si tu te rends compte de l’ignorance crasse de ceux qui, sans cette lecture profonde attribuent à des mots finalement usuels un sens plus général, peut être faussé.

    Etant moi-même spécialisé dans quelques domaines, je me rends compte que je pense évident des choses qui sautent à mes yeux déformés.

    Ce que tu clarifies au sujet d’un simple mot est intéressant, nécessaire, et si je comprends mieux ta réaction, je pense aussi que ce que tu voyais était invisible pour d’autres.
    Cela dit, l’œuvre de destruction du sens des mots, voire du remplacement du vocabulaire, ou du glissement sémantique est un sujet qui me préoccupe beaucoup. Tout citoyen plus ou moins à l’aise dans le langage a pour moi le devoir de rechercher le mot juste et de remettre en cause ce qu’il croit dire à travers lui. Il y donc un boulot de clarification, d’explicitation nécessaire, et bien des raccourcis peuvent s’avérer incompris sans que nous ayons fait cet effort. Merci pour celui que tu viens de faire, il est très intéressant pour moi, et finalement assez évident : l’ancrage judéo-chrétien est profond.

  22. D’accord à 100% avec toi, Christophe.
    Et les temps que nous vivons en rajoutent sur la confusion. Les mots sont de plus en plus perçus comme des images et cela est le signe d’une destruction en cours du langage. Les mots ne sont pas questionnés pour en saisir le sens mais proférés comme une évidence factice ouvrant à tous les déboires.
    Dès qu’on aborde une question un peu délicate, la panique se pointe.
    C’est terrible, parce que l’incompréhension entre les hommes est toujours le début de la guerre.

    J’aime bien aussi l’addition, et je crois même que je lui préfère la multiplication (des pains mais aussi des idées).

  23. La honte continue, merci à François Ruffin parmi d’autres de nous redonner de l’air.
    L’air de rien, l’air comprimé, mais le fond de l’air.

  24. En parlant de glissement sémantique, je t’en propose un que j’essayais de soumettre aux syndicats quand je travaillais en leur proposant de s’en méfier (sans succès) : l’absence au travail , qui est un phénomène objectif pouvant être du à de multiple raisons, est devenu l’absentéisme qui à l’origine était une position volontaire de sabotage du travail surtout inspiré par les anarchistes…..

  25. J’ai adoré l’une de ses dernières interventions à propos du CICE. Voir un homme politique utiliser Cyrano de Bergerac, fallait le faire tout de même, et il le fait avec brio :

    (à noter que je suis un fan de Cyrano, non seulement j’ai revu le film avec Depardieu récemment, mais en plus j’ai vu deux fois cette année la pièce jouée au théâtre et je viens de m’acheter le bouquin).

  26. A ne pas rater non plus, en plus calme et à l’écoute, son entretien passionnant dans un café citoyen, avec Pablo Servigné, intitulé « Derniere biere avant la fin du monde »

  27. C’est l’objet de mon prochain article et je me demande même si je ne vais pas le faire ces jours-ci, rompant ainsi avec ma période de congés, afin qu’il y ait une longue période de discussion sur le sujet.
    Les grands esprits se rencontrent hein ! :wink:

  28. Ôtes moi d’un doute, l’objet du prochain article c’est la bière ou la fin du monde ?
    :whistle:

  29. La faim du monde avec une belle bière ? :smile:

    La fin du monde pour une mise en bière ? :angry:

    Toutes les interprétations sont possibles …

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