Travailler plus … ?

Je ne rate jamais « le courrier des lecteurs » de Télérama. C’est encore ce qu’il y a de plus intéressant dans ce journal et c’est surtout la seule rubrique qui échappe à un certain parisiannisme. La semaine dernière, le courrier de Laurent, habitant de Marsac, m’a bien fait rire : « Travaillez plus pour perdre sa femme ? Non merci ! ».

Evidemment, dans le contexte politique actuel, ça fait sourire. Mais je ne voudrais pas insister trop sur cet aspect là. Il me semble que, d’une manière plus générale, l’activisme lié à notre époque, y compris sur le plan professionnel, n’est pas de nature à favoriser la durabilité des couples. Sujet délicat qui n’est pas du tout le genre de sujet habituellement abordé sur ce blog. Tant pis, c’est lancé !

La roquette, herbe piquante

Voici le premier article d’une série consacrée à des plantes précieuses pour le cuisinier : les aromatiques. Sans elles, la table serait plus terne. Difficile d’imaginer un potage sans une feuille de céleri-branche ou quelques brins de cerfeuil, une salade sans échalote ou feuille de basilic, un lapin sans un petit brin de romarin …

Je ne sais pas trop si la roquette fait habituellement partie des plantes aromatiques. A priori non, elle est plutôt classée dans les salades. Mais sa saveur piquante en fait un aromate idéal pour les crudités et justifie sa présence dans cette nouvelle série d’articles. Depuis quelques mois, elle est l’une de mes plantes fétiches et j’en utilise de plus en plus souvent, notamment dans les salades.

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On considère que la roquette est arrivée d’Asie en même temps que les premières céréales dont elle était la compagne dans les cultures. Depuis cette époque, elle se rencontre à l’état spontané dans les cultures et les terrains vagues du sud de la France (ainsi qu’environ 35 espèces sauvages qui peuvent être consommées comme salades).

La roquette a d’abord été récoltée dans la nature à l’état sauvage. Les Romains en ajoutaient toujours quelques feuilles à la laitue afin d’en relever le goût. Plus tard, Charlemagne inclut la roquette dans la liste des denrées que doit produire, selon lui, une villa carolingienne, ce qui est un véritable honneur car au Moyen Age, en France, les légumes ne sont guère considérés. Aujourd’hui, il n’existe toujours qu’une seule variété de roquette, extrêmement proche de l’espèce sauvage.

Comme pour le cresson ou la moutarde, la roquette doit sa saveur piquante à des composés souffrés. Beaucoup d’auteurs grecs et latins ont rapporté ses vertus toniques, apéritives, digestives, diurétiques, antiscorbutiques et surtout excitantes, la roquette étant considérée comme aphrodisiaque. Pour cette dernière raison, Hildegarde l’avait proscrite des jardins monastiques mais je ne pense pas que cela ait empêché nos braves moines de faire le mur chaque nuit en direction du couvent d’en face (comme l’a si bien rapporté Brassens dans sa chanson Le Moyenâgeux). Et puis, ces braves moines ne se faisaient-ils pas envoyer en douce, par-dessus le mur du monastère, d’importantes quantités de cette salade grâce aux premiers lances-roquettes inventés pour cette si belle occasion !

Petit dimanche musical

Voici un petit patchwork musical réalisé à partir des artistes que vous avez cités dans vos listes de disques préférés. J’ai essayé de tenir compte de la diversité de vos choix.

D’abord une vidéo d’Arno (interprétant une chanson des Rolling Stones) cité par Anne.

Mais aussi Jean Ferrat chante Aragon (proposition de Vincent), Nirvana (Nico), Mayra Andrade (Serenense), Prince (Oups), Jacques Brel (Joëlle), U2 (Fred), David Russell (Stéph), Anne Sylvestre (Nanou) et Archie Shepp (moi-même).

Bon dimanche en musiques.

Le syndrome de l’île déserte

A peine arrivé de Belgique en fin de matinée, je suis vite allé lire les commentaires sur mon dernier article, intrigué d’avance par les réponses au petit jeu (qui n’en est pas vraiment un) lancé avant de partir. Heureuse surprise d’abord d’y voir de nouveaux arrivés … et j’espère bientôt d’autres encore. Beaucoup de diversité dans les musiques écoutées par les un(e)s et les autres (je vais d’ailleurs essayer de trouver l’occasion d’écouter les artistes cités qui me sont inconnus). Très peu de musique classique citée, pas trop de jazz mais Mag va, j’espère, nous faire un plaisir de nous sortir une petite liste de derrière les fagots dès son retour de Texel. Beaucoup de diversité mais aussi quelques recoupements entre les différentes listes (Louis & Ella, Stan Getz, Brassens, Bernard Haillant). J’aurais pu mettre dans ma propre liste « le double blanc » des Beatles choisi par Anne, « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans » de Ferré cité par Vincent, peut-être même Tryo (proposé par Nico) que j’écoute souvent mais qui n’est pas encore à mon Top10…

Hier soir, Stéphane me disait qu’il fallait faire la différence entre les disques qu’on écoute le plus souvent et « les » disques qu’on emmènerait sur une île déserte. Effectivement, ce n’est pas tout à fait la même chose. Ce qui m’a amené à me poser la question : « Qu’est-ce que j’amènerais vraiment comme musique sur une île déserte ? ». Une vraie île déserte, une dont on n’est pas sûr de revenir. Et bien, au risque de déconcerter ceux qui pensent que la musique est vitale pour moi (ce qui a été vrai pour toute ma vie jusqu’à présent), je crois que je n’emmènerais rien du tout. Aucun disque. Je pense que je pourrais me contenter du silence, du bruit des vagues, du cri des mouettes et de ma petite voix intérieure (si j’arrive à la trouver). Dylan, Ferré ou Miles Davis me sembleraient incongrus dans une telle situation. Je me demande si Bach lui-même ne viendrait pas rompre cette harmonie de l’homme face à l’immensité de la nature … et/ou du vide.

Mais peut-être emmènerais-je quand même avec moi ma guitare et les partitions de Brassens. Histoire de garder un tant soit peu le contact avec la parole et notre langue … au cas où il me serait permis de retrouver un jour la civilisation. Et puis je m’imagine assez bien en train de chanter face à l’océan. Mouettes et goélands qui ne brillent pas par leur voix mélodieuse (c’est le moins qu’on puisse dire) accepteraient facilement je crois mes fausses notes et – qui sait – me prendrait peut-être pour un des leurs.

Je pense aussi qu’arrivé à une certaine étape de sa vie, l’Homme placé dans ce genre de situation trouverait peut-être dans cette solitude (imposée, acceptée ou même voulue) ce qui lui manque le plus dans notre vie moderne : silence, écoute de soi, lenteur, sobriété, vie au rythme du temps et des saisons … et frôlerait peut-être ainsi le vrai sens de la vie.