Bettye Lavette chante Dylan

Dans son livre « Dylanographie » consacré à la discographie de Bob Dylan, Nicolas Livecchi dit que « ce sont majoritairement des chanteuses et chanteurs noirs qui ont su le mieux s’approprier ses chansons … ». Le disque qu’a proposé Bettye Lavette en 2018 en est un magifique exemple. Livecchi nous raconte une petite histoire savoureuse « un disque aussi sensuel que sa première rencontre avec Dylan : celui-ci, interpellé par la chanteuse lors d’un festival en Italie, se serait approché d’elle et l’aurait spontanément embrassée sur la bouche… »

Je vous propose quelques vidéos des chansons interprétées sur cet album (avec une pensée émue pour Anne, aujourd’hui décédée, qui venait sur ce blog ; Bettye Lavette était sa chanteuse préférée, elle adorait Dylan et je crois qu’elle a eu le temps de connaître ce disque) :

 

Bonne écoute à tous et bon week-end !

Variations autour de « Things Have Changed »

« People are crazy and times are strange … »
(« Les gens sont dingues et les temps sont bizzares … »)
Voir ici les paroles et une traduction de la chanson.

J’ai découvert cette chanson tardivement, très récemment même, alors qu’elle était très connue à cause de sa nomination comme meilleure chanson originale à l’Academy Award et au Golden Gloge Award. En fait, elle ne figure sur aucun album, c’est la musique du film Wonder Boys, d’où le fait que je sois passé à côté en 2000 lors de sa sortie, contrairement sans doute aux cinéphiles de ce blog. Je me suis rattrapé depuis !

Voici quelques versions, dont 3 de Dylan au total dans cet article, la première étant la version officielle du clip :

Lors de la remise des Oscars, Dylan n’était pas là (décidément, c’est coutumier …) et l’a interprétée en direct depuis Sidney où il était en tournée.

Parmi les autres interprétations, j’adore celle de Bettye Lavette :

Puis successivement Thannos

Margo Price

et Danny Michel & Super Spreader :

Je garde le pire pour la fin. Pour moi, c’est un très bon exemple de ce qu’est Dylan sur scène. Je dis « le pire » car bien des détracteurs de Dylan n’aiment pas sa manière de déstructurer ses compositions sur scène. Moi moi, c’est l’inverse, j’adore, c’est rugeux comme j’aime … et je vous parlerai bientôt des bootlegs de Dylan. La vidéo, qui date de 2011 à Glasgow, est vraisemblablement filmée par un amateur mais le son est très correct.

Bonne écoute à tous !

 

Happy birthday Bob !

80 piges aujourd’hui, c’est quand même kèk’chose !!!

Je n’ai pas pris le temps d’écrire quelque chose, tout a déjà tellement été dit et redit sur Dylan …

Au départ, je voulais proposer 6 vidéos, une par décennie. Mais finalement, je suis resté « accroché » aux vidéos de la tournée Rolling Thunder Revue, tournée assez délirante comprenant près de 50 concerts entre l’automne 75 et le printemps 76 à travers les Etats-Unis et le Canada. Le Dylan de ces années-là n’était pas le même que le Dylan des années 60, ni le même que les nombreux Dylan qui suivront, année après année, disque après disque, jusqu’à ce moment extraordinaire du confinement 2020 où un nouveau Dylan nous a abreuvé d’un disque crépusculaire, intemporel. Sans doute que depuis, il est reparti dans son univers intérieur, pour de nouveaux chemins de traverse, et que dans quelques années il nous amènera encore, comme à chaque fois, dans son nouveau monde, toujours là où personne ne l’attend.

Mais pour l’instant, retour sur cette fin d’année 1975.

Bonne écoute à tous.

Series Of Dreams

Chaque fois que Dylan sort un disque d’inédits, ces fameux « bootlegs », on sait par avance que chacun de ces disques va contenir de véritables pépites. Ce sont souvent des « chutes de studios » que Dylan avait jeté au rebut, des versions alternatives ou des versions captées en live.
Quand Dylan sort sa première série de Bootlegs, il en sort trois d’un coup, ce sont les bootlegs series 1-3 parues en 1991. A la fin du disque 3, petit miracle : Series Of Dreams, un morceau qui a une telle force qu’on se demande bien pourquoi il avait été éliminé deux ans plus tôt du disque Oh Mercy.
Voir ici une analyse du texte de cette chanson.
Il n’existe aucune vidéo de Dylan chantant cette chanson (elle n’a quasiment jamais fait partie de son répertoire sur scène), juste un clip que voici.

La chèvre ventriloque

Les Inrockuptibles viennent de sortir un numéro spécial consacré à Bob Dylan qu’ils n’hésitent d’ailleurs pas à qualifier de « premier artiste total ». Il y a de très belles choses dans ce 100 pages, comme par exemple l’article introductif de Francis Dordor sur Dylan surnommé « le roi des voleurs ». Voici par exemple une phrase de Dordor : « Dylan, c’est Arlequin en costume arc-en-ciel, une mirror ball qui tourne au plafond du mystère du monde, distribuant mille et un scintillement dont au moins un nous concerne ou nous éclaire. C’est encore un funambule, une éponge, un caméléon, un comédien et bien sûr un charlatan ».

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Mais ce qui m’a énormément plu dans ce numéro, c’est un article anonyme intitulé « J’aime pas Dylan » qui s’en prend à la voix tant décriée du chanteur. Bien qu’aimant énormément la voix de Dylan, j’ai été plié de rire en lisant l’article, Joëlle aussi. Voici de larges extraits de cet article :

« Cet article ne sera pas signé. Je suis un lâche. Je ne veux pas finir couvert de goudron

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Tribute to Bob Dylan (2)

Poursuite de notre petite incursion chez les interprètes des chansons de Bob Dylan avec aujourd’hui une magnifique reprise de Masters of War par Pearl Jam, enregistrée en 2004. La chanson originale est sur le deuxième disque de Dylan Freewheelin’ Bob Dylan paru en mai 1963.

Tribute to Bob Dylan (1)

Je n’ai pas abandonné mon projet de chroniquer l’ensemble de la discographie de Dylan. Mais je n’ai pas mesuré l’ampleur du travail au départ et le rythme d’un album par mois était trop difficile à tenir. Mon projet n’est donc qu’en stand-by, il repartira peut-être dans les mois qui viennent ou plus tard.

En attendant, pour ne pas perdre le contact avec notre troubadour américain, j’ai décidé de mettre en ligne une série de vidéos montrant des interprètes des chansons de Bob Dylan. Toutes les chansons que je vais présenter ont été écrites par Dylan pendant cette période mythique des années 60. Les chansons originales se trouvent toutes dans les neuf premiers albums dont j’ai parlé sur ce blog et sont toutes issues des années 1961 – 1969. Cette mise en ligne est en quelque sorte une manière de faire un flash-back sur cette période mythique en attendant que je reprenne l’écriture de la saga Dylan.

Commençons par une vidéo de Tracy Chapman enregistrée en 1991. La chanson s’appelle The times they are a-changin’ et a été enregistrée par Dylan en 1964 sur l’album du même nom.

Nashville Skyline (2)

TRADUCTION LIBRE DE LA CHANSON “ONE MORE NIGHT”

Merci encore à Jean-Louis qui nous accompagne toujours dans cette saga Dylan avec ce mois-ci une nouvelle traduction de l’une des chansons du disque NASVILLE SKYLINE :
Il s’agit de la chanson ONE MORE NIGHT.

Voir le texte en anglais et écouter 30 secondes de la chanson.

Une nuit encore

Cette nuit encore, on peut voir les étoiles
Mais cette nuit je suis aussi esseulé qu’on peut l’être !
Oh, la lune est si brillante

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Nashville Skyline

DISCOGRAPHIE DE BOB DYLAN (9)
La saga Dylan continue. Nous sommes en 68 et Dylan vient donc de sortir un disque apaisé, fortement teinté de folk et de country : John Wesley Harding. Depuis deux ans, il n’est plus vraiment dans son époque, se désintéresse des mouvements musicaux pop qui foisonnent et soigne sa vie privée, avec Sarah et ses deux enfants, loin de la foule.

Bien que menant une vie presque recluse, entrecoupée de musique avec les musiciens du groupe The Band, Dylan entretient des relations très étroites cette année là avec Johnny Cash, le géant de la country. Cash vient de traverser de sombres années, il est en complète renaissance. Dylan aussi. Les deux hommes se voient très souvent.

Lorsque Dylan entre en studio en février 69 pour enregistrer Nashville Skyline (dont on peut écouter ici 30 secondes de chaque chanson) avec des musiciens country de Nashville, Johhny Cash fait naturellement partie des musiciens qui l’accompagnent. Plus tard Robert Shelton dira que « Nashville Skyline est le reflet public de la relation privée existant alors entre Cash et Dylan ». Les deux hommes chanteront ensemble sur la première chanson du disque Girl of a north country (que Dylan avait déjà chantée en 63 et qui sera popularisée en France par Hugues Aufray sous le nom de La fille du Nord).

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Le disque contient le célèbre Lay Lady Lay qui deviendra un tube (j’avais quinze ans et c’était le premier morceau de Dylan que j’entendais, je me rappelle plus tard m’être exercé à jouer la très belle suite d’accords de ce morceau). La plupart des chansons du disque sont très country, le deuxième morceau est d’ailleurs un instrumental – le seul instrumental, je crois, de la carrière de Dylan – et ce disque fait parfois un peu « cow-boy ».

La voix de Dylan est inhabituelle, elle ne ressemble plus du tout à ce qu’elle était, elle lui est presque supérieure d’un octave. Beaucoup de gens qui n’aimaient pas autrefois la voix éraillée et nasillarde de Dylan ont aimé ce disque. C’est presque une voix de musique de variétés. Mais que les fans se rassurent, la voix d’origine reviendra ultérieurement (chez Dylan, chassez le nasillard, il revient au galop !).

Les paroles ne sont pas engagées, il s’agit plutôt de chansons d’amour gentillettes qui désorientèrent le public à la sortie du disque. La première réaction très répandue fut « Comment peut-il nous laisser tomber ainsi ? A déverser tout son amour sirupeux pendant qu’on s’amène défoncés vers « son » Woodstock ? ». Les critiques soulignèrent « ce qui manque à l’album : la constestation, l’amertume, la drogue, le ton branché. Comment peut-il nous faire ça ? ». Plus tard, Dylan avouera dans ses mémoires que le coup était calculé pour se « débarasser d’une réputation trop envahissante et des fans qui vont avec » (source : Robert Shelton). Les fans déçus avaient donc raison, il s’agissait bien d’un bras d’honneur de la part de Dylan.

Chose étonnante : six semaines après sa parution, le disque était classé numéro un des ventes.

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Autre surprise : c’est à la suite du succès de ce disque que des tas de musiciens venus du monde de la Pop sont venus enregistrés dans les studios de Nashville (qui étaient jusque là réservés aux seuls musiciens country).

C’est en grande partie grâce à Dylan qui avait fait de Woodstock son lieu de résidence, que cette petite ville fut choisie pour le grand festival qui eut lieu en juillet 69 (se reporter à l’article que j’ai écrit il y a une dizaine de jours). Mais Dylan en fut le grand absent, il n’y eut que son ombre qui plana pendant toute la durée du festival. Il ne se sentait plus vraiment citoyen de Woodstock, il était devenu depuis quelques temps « citoyen d’honneur de Nashville ».

Ce que le public n’a pas su à l’époque, c’est que le soir même de la fin de l’enregistrement de Nashville Skyline, Bob Dylan et Johnny Cash sont restés en studio, à jouer juste pour le plaisir et qu’ils enregistrèrent ensemble une quinzaine de chansons (ces raretés circulent actuellement sur le net et je peux prêter l’intégralité des enregistrements). Par ailleurs, tous deux ont réalisé une petite prestation de sept duos devant les caméras, dont un seul (One too many mornings) sera autorisé par Dylan à la diffusion.

Les vidéos de Dylan auxquelles vous aviez cru pouvoir échapper !

Comme à chaque premier week-end du mois, je m’apprête à présenter l’un des disques de Dylan. Je parlerai donc demain du 9ème disque Nashville Skyline.

Lorsque j’ai écrit les huit premiers articles, qui couvrent les années 61 à 67, je n’avais pas encore découvert le site Youtube qui permet de visionner toutes sortes de documents musicaux et je n’ai donc pas eu le loisir d’agrémenter mes textes de petits documents vidéos. Dommage diront les uns (ceux qui auraient apprécié d’avoir des témoignages filmés de ces années cultes), tant mieux diront les autres (ceux que je commence de gonfler avec ce Dylan qui ne chante même pas en Français et qui a une voix pourrave).

Et bien, c’est aussi à l’intention de ces derniers, qui avaient crû pouvoir échapper au pire, que je présente ici un petit florilège des vidéos disponibles sur les premières années Dylan. Attention, il s’agit de documents d’époque, la qualité technique n’est pas au rendez-vous :

Blowin’ in the wind filmé en 63 (+ un document de Joan Baez interprétant la même chanson).
Ballad of Hollis Brown (filmé en 63).
Man of a constant sorrow (filmé en 63).
With God on our side (filmé en 63).
Girl from the north country (filmé en 64).
The times, they are a-changin’ (filmé en 64).
All I really wanna do (live 64).
It’s all over now, Baby blue (64?).
Don’t think twice, it’s allright (filmé en 65).
To Ramona (live 65).
Maggie’s farm, lors du passage de Dylan à l’électrique au festival de Newport en 65.
One too many mornings (live 66).
Like a rolling stone (live 66).

A demain donc pour un nouvel article.

John Wesley Harding (2)

TRADUCTION LIBRE DE LA CHANSON “ABSOLUTELY SWEET MARY”

Nouvelle traduction de l’une des chansons du disque JOHN WESLEY HARDING que nous offre ce mois-ci Jean-Louis, qui nous accompagne toujours dans ce projet « Dylan ».
Il s’agit de la chanson I DREAMED I SAW ST AUGUSTINE.

Voir le texte original en anglais et écouter 30 secondes de la chanson.

Je rêvais que je voyais St Augustin

J’ai rêvé que je voyais St Augustin
Aussi vivant que vous et moi,
Se pressant à travers ces quartiers
Dans la pire des misères,

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John Wesley Harding

DISCOGRAPHIE DE BOB DYLAN (8)
L’accident ou la madadie sont souvent l’occasion de faire une pause et de faire le point sur sa propre vie. A la suite de son accident de moto qui avait laissé place pendant quelques mois aux rumeurs les plus folles (mort ? paralysé ? Amnésique ?), Dylan se retire du monde dans sa maison de Woodstock. Il en ressortira métamorphosé.

Les premières personnes à le revoir sont les musiciens de son groupe The Hawks que Dylan voit secrétement dans une cave aménagée en studio. C’est avec ce groupe qui prend alors le nom du célèbre the Band que Dylan enregistre les Basement Tapes qui ne paraîtront sous la forme d’un double disque que 7 ans plus tard … mais nous en parlerons ultérieurement !

Pendant que Dylan vit se retraite paisible, le monde change. Souvenons-nous de 1967, l’irruption de la contre-culture américaine et le célèbre Summer of love marqué par un rock psychédélique défoncé (qui vit au rythme du LSD) porté par le Jefferson Airplane et Grateful Dead. Dylan n’entretient alors aucune relation avec le mouvement hippie. Il ne reste volontairement qu’un observateur distancié des changements en cours. Cette période foisonnante est marquée également par l’arrivée sur la scène musicale des Doors, de Cream, de Jimi Hendrix et des Who. C’est à cette épôque que les Beatles sortent leur album concept, le célèbre « Sergent Pepper ».

Dylan réapparait en studio en janvier 1968. De l’avis général, il n’est plus le même et semble heureux, relax, confiant et radicalement changé. A tel point que les musiciens s’interrogent quant aux séances d’enregistrement qui sont imminentes.

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Dans un contexte musical en pleine effervescence, Dylan sort un disque, JOHN WESLEY HARDING (dont des extraits peuvent être écoutés par exemple sur Amazon) qui semble anachronique, voire déplacé pour son époque. Ce n’est ni tout à fait du folk, ni de la country, encore moins du rock. Pourtant la qualité musicale est au rendez-vous, le public d’ailleurs ne s’y trompera pas et hissera ce disque en deuxième position des ventes (évidemment, quand une personne que l’on a cru morte sort un disque, on comprend que celui-ci se vende à 250 000 exemplaires dès la première semaine !).

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C’est l’un des disques de Dylan les plus sobres et des plus rigoureux (certains disent même « spartiate »). L’instrumentation est dépouillée, les chansons sont aérées et respirent, les phrases sont plutôt courtes et il n’y a plus cette urgence habituelle à dérouler le texte. C’est un Dylan apaisé et bien dans peau qui nous livre là son huitième opus, pouvant être considéré comme « un disque de rupture ». D’ailleurs, aucun texte du disque ne fait la moindre allusion au passé. Ce disque est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs albums du maître.

Comme Dylan étudie à cette époque la Bible avec autant d’assiduité que peut l’être un étudiant en théologie, les textes regorgent de métaphores religieuses. Robert Shelton dit que « cet album traite de la quête d’un homme pour le salut et des réponses… ». Dans ce disque, Dylan semble dépourvu de la moindre conscience politique.

Mis à part deux chansons qui m’inspirent peu (d’un point de vue musical), j’aime beaucoup ce disque de Dylan qui, à mes oreilles, « sonne assez folk ». J’ai un petit faible pour All along the whatchtower qui sera porté à un haut niveau d’interprétation par Jimi Hendrix, pour The ballad of Frankie Lee ans Judas Priest et I pity the poor immigrant qui sont, toutes deux, de très belles ballades, et pour la dernière chanson du disque I’ll be your baby tonight.

Dylan sort ce disque fortement teinté de folk au moment ou Woody Guthrie, qui peut être considéré comme son père spirituel, vient juste de mourir.

« Blonde on blonde » (2)

TRADUCTION LIBRE DE LA CHANSON “ABSOLUTELY SWEET MARY”

Nouvelle traduction d’une chanson de Dylan par notre ami Jean-Louis.

La chanson de ce mois, extraite donc du disque Blonde on Blonde s’appelle Absolutely Sweet Marie. Décidément, en ce moment, Jean-Louis donne dans le registre « amoureux » !

Voir le texte original en anglais et écouter 30 secondes de la chanson.

Marie absolument douce

Ouais, ta barrière de passage à niveau,
tu sais que je ne suis pas capable de la franchir.
Il y a des jours
où la visibilité est si mauvaise !
Alors, je reste là

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« Blonde on blonde »

DISCOGRAPHIE DE BOB DYLAN (7)
Depuis son concert mémorable de juillet 65, Dylan a entrepris une longue tournée avec les Hawks et pris l’habitude de se faire huer partout. En Angleterre, c’est pire, les spectateurs venus pour écouter Blowin’ in the wind et non de la musique électrique, sortent par centaines à chaque concert. Dylan n’en a cure, il est bien décidé à propager sa musique comme il l’entend. Au milieu de la tournée, Dylan épouse Sarah (qui n’est pas intéressée par le monde de la musique et qui l’accompagnera rarement dans sa vie publique, ce qui convient bien à Dylan, décidé à préserver à tout prix, et plus que jamais, sa vie privée).

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Pendant la tournée, Dylan écrit de nouvelles bribes de chansons. En janvier 66, il entre en studio pour un nouvel album Blonde on blonde entouré de musiciens de Nashville (+ Robbie Robertson et Al Kooper qui étaient sur le dernier disque) ! Une fois de plus, tout aurait pu foirer dans cet album : le groupe n’avait pas répété avant d’entrer en studio, les musiciens étaient des vrais pros de la country mais ont été engagés pour faire un disque rock et Dylan, bourré d’amphétamines, les faisait poireauter des nuits entières… le temps de finir d’écrire les chansons. Pourtant le disque sera magique et sera considéré par beaucoup comme le meilleur album qu’il ait jamais écrit.

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Le disque, le premier double-album de l’histoire de la musique, sortira en mai. Il débute par un morceau très festif Rainy Day Women#12 & 35 qui échappe à toute classification (« en fond sonore s’agite un groupe éméché, des cuivres retentissent, des gens s’esclaffent et Dylan apprivoise le chaos ambiant », d’après Robert Santelli). Dylan y chante sa célèbre phrase « everybody must get stoned » (tout le monde doit se défoncer) mais se défend dans les interviews « Non, ce n’est pas une chanson sur la drogue, je n’en ai jamais écrit et je n’en écrirai jamais, je ne saurais même pas comment faire. C’est seulement une chanson vulgaire ».

Cette chanson sera un véritable succès (n°2 dans les charts alors qu’elle fut censurée par les stations de radio américaines et britanniques) ainsi que deux autres titres de l’album : New Morning au rythme enjoué et Just like a woman qui est peut-être ma chanson préférée de Dylan (pour des raisons essentiellement musicales d’ailleurs, j’adore le changement de ton au 3ème couplet).

J’aime aussi ce blues rageur qu’est Memphis Blues Again et le côté mélancolique du dernier morceau de l’album Sad Eyes Lady of the Lowlands (j’ai rencontré un jour quelqu’un qui m’a dit que ce morceau faisait fureur à l’époque car il s’agissait d’un slow de 11 minutes. Damned ! Un slow de 11 minutes ! C’est peut-être bien si on veut aller jusqu’à faire un bébé à la danseuse, mais on peut aussi s’y emmerder à mort !).

On peut écouter ici quelques extraits de 30 secondes des chansons du disque et lire quelques critiques d’internautes.

Dylan sort de ce disque épuisé. Il lance l’idée d’un film documentaire sur lui-même avec comme finalité de « déconstruire sa carrière en détruisant la mythologie qui s’est bâtie autour de sa personne, pour en créer une nouvelle ». « Un anti-documentaire pour forger une anti-mythologie ! » (Robert Santelli).

Epuisé donc, il prend sa moto pour rejoindre son épouse à Woodstock. L’accident le guette au milieu de la route. Dylan, finalement, s’en sortira bien. Il fait alors le choix délibéré de disparaître de la vie publique. Pendant longtemps, la rumeur enfle : Dylan aurait perdu la mémoire, serait paralysé, peut-être mort !

40 ans après, Dylan considère cet accident comme un point de rupture dans sa vie. Il est aujourd’hui convaincu que l’événement qui aurait pu lui coûter la vie l’a en fait probablement sauvé.

Le Dylan des années 60 a définitivement vécu ! Robert Santelli vient d’ailleurs d’écrire une biographie qui s’arrête à cette date fatidique de 1966.

Mais évidemment, un nouveau Dylan reviendra l’année suivante.

Highway 61 revisited (2)

Le projet Dylan se poursuit avec notre ami Jean-Louis qui nous offre ce mois-ci une cinquième traduction libre de l’une des chansons du chanteur. Il s’agit de la chanson Queen Jane approximately extraite du disque Highway 61 revisited que j’ai chroniqué hier. Vous pouvez cliquer pour découvrir le texte original et aller sur amazon pour en écouter un extrait de 30 secondes.

Presque aussi bornée que la reine Jeanne

Quand ta mère retournera toutes les invitations que tu reçois
Et que ton père expliquera à ta sœur

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Highway 61 revisited

DISCOGRAPHIE DE BOB DYLAN (6)
Me voilà arrivé à l’un de mes disques fétiches, encore un de ceux qui ont contribué à changer le cours de la musique.

Dylan est alors à son zénith : le célèbre film qui lui est consacré Don’t look back montre l’icône qu’il est devenu auprès du jeune public, des groupes s’emparent de ses chansons et en font des succès énormes : les Byrds avec Mr. Tambourine man, Sonny & Cher avec All I really want to do et les Turtles avec It ain’t me babe, les Beatles sortent successivement deux disques très influencés par Dylan : Rubber soul et Revolver.

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Lorsque Dylan revient en studio en juin 1965 pour une séance historique qui ne va durer que 5 jours, il y entre avec Mike Bloomfield, guitariste, et Al Kooper, pianiste. Dylan ne se soucie pas du tout de répéter avec le groupe avant d’entrer en studio et il lui importe peu qu’Al Kooper n’ait jamais touché un orgue de sa vie. C’est pourtant sur le premier morceau du disque Like a rolling stone qu’Al Kooper fera sa découverte de l’orgue et qu’il plaquera sur la chanson des notes incroyables devenues célèbres. Aussitôt enregistré, ce titre sort en single. La chanson est trop longue (6 minutes au lieu des 2′ 30″ habituelles) pour passer sur les ondes, les paroles sont opaques (une fois de plus) mais les appels téléphoniques aux radios sont incessants et celles-ci finissent par passer cette chanson qui deviendra « le » tube de Dylan, considéré encore aujourd’hui comme l’un des meilleurs singles de tous les temps. Cliquer ici pour écouter des extraits de chacune des chansons et lire les critiques d’internautes sur amazon.fr.

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Le disque révèle d’autres compositions toutes aussi remarquables les unes que les autres, parmi lesquelles Tombstone blues, Ballad of a thin man, Queen Jane approximately, Just like Tom Thumb’s blues et Desolation Row. Dans chacune de ces chansons, Dylan est habité par une grande force intérieure, il y a beaucoup de magie dans ce disque.

Alors que le disque n’est pas encore sorti et que le public connait à peine le single Like a rolling stone qui veint juste de sortir, Dylan se présente à l’incontournable festival folk de Newport. Il en est la vedette très attendue mais il en repartira dans la cacophonie générale.

Il est probable que Dylan, qui avait prévu de jouer en acoustique devant le public de folkeux, ait changé d’avis au début du festival. Il rencontre sur ce lieu Al Kooper qui se trouvait là et les musiciens du Butterfield Blues Band. Et c’est avec eux qu’il décide de se produire. Les puristes du monde folk sont alors interloqués de voir Dylan débouler sur scène avec une guitare électrique et le chaos éclate aussitôt. Huées, colère et protestations se mêlent à quelques applaudissements. Les gens fuient ou se bouchent les oreilles (d’autant que le son saturé est réglé extrêmement fort).

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Tous les musicologues considérent que ce dernier week-end de juillet 65 a été « un virage majeur pour l’ensemble de la musique populaire » (Robert Santelli) et que cette date marque la mort du folk et la mise sur orbite du folk rock.

Et Dylan persiste et signe. Dans les semaines qui suivront, il forme son nouveau groupe très éléctrique The Hawks (qui deviendra plus tard The Band) et part en tournée, repoussant sans cesse ses propres limites et celles de son groupe. « On a fait le tour du monde et partout, les gens nous ont sifflés ». « D’un endroit à l’autre, c’était pareil, on se faisait huer. On prenait nos cliques et nos claques pour gagner la ville suivante et là, rebelote ».

Cette tournée va parachever la mort du folk. Une grande page est tournée car la jeune génération, finalement, suivra Dylan et laissera les vieux folkeux de la gauche américaine en arrière sur le bord de la route.

« Bringing it all back home » (2)

Voici donc une quatrième traduction libre d’une chanson de Dylan, effectuée par notre ami Jean-Louis (qui nous accompagne toujours dans cette aventure insensée qui va durer quatre ans). Il s’agit de la très belle chanson Love Minus Zero/No limit extraite du disque Bringing it all back home que j’ai chroniqué hier. Vous pouvez cliquer ici pour découvrir le texte original et aller sur amazon pour en écouter un extrait de 30 secondes.

Amour moins zéro /Pas de limite

Ma tendre amie me parle comme le silence,
Pas de grands concepts ni de violence
Elle n’a pas à me raconter qu’elle est fidèle,

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« Bringing it all back home »

DISCOGRAPHIE DE BOB DYLAN (5)
Après avoir changé le cours de la musique populaire américaine, avec les deux chefs-doeuvres que sont Freewheelin’ Bob Dylan et The times they are a-changin’ (suivis par Another side of Bob Dylan qui est un album de transition), Dylan se met en retrait et passe le plus clair de son temps à l’écart de New York. Il adopte alors une attitude destinée à se démarquer complètement du monde du folk qu’il a décidé de fuir : chemise à col anglais, lunettes et bottes noires… Robert Santelli écrit à propos de cette époque “Son visage n’exprime plus tant l’innocence juvénile qu’une certaine arrogance distante”.

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Le dernier disque de Dylan, Another side of Bob Dylan, ne s’était pas bien vendu sur le moment, éclipsé par l’irruption de la musique des Beatles aux Etats-Unis. Juste après la sortie du disque, en août 64, Dylan rencontre justement les Beatles qui avaient été sidérés par le disque Freewheelin’ de Dylan et l’avaient, d’après Georges Harrison, usé jusqu’au dernier sillon. Influences mutuelles à la suite de cette rencontre au sommet : les Beatles vont désormais écrire des paroles beaucoup plus profondes (c’est vrai que jusque-là …) et Dylan, influencé non seulement par les Beatles mais aussi par les Byrds et les Animals, va passer … à l’électricité !

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Cinq mois plus tard, en janvier 1965, alors que les Animals connaissent un succès phénoménal avec l’adaptation rock de la version de Dylan The house of the rising sun, Dylan entre en studio pour l’enregistrement de son cinquième disque : Bringing it all back home. Disque une nouvelle fois mythique, enregistré en quelques jours seulement. On peut écouter ici quelques extraits de 30 secondes de chacun des morceaux du disque.Coup de maître !

Dylan est un vrai rocker, ça se sent dès le début du disque. Robert Santelli écrit à ce propos “La question de savoir si Dylan peut passer sans encombres de l’acoustique à l’électrique, et du folk au rock est rendue caduque dès la première chanson de l’album, subterranean homesick blues, avec son feu rouge de paroles servies par un beat vigoureux et des riffs de guitare rageurs”. Beaucoup de morceaux sont de cette même veine rock (Maggie’s farm, Outlaw Blues, Bob Dylan’s 115th dream…). J’ai un petit faible pour la chanson Love Minus Zero / No limit pour sa très belle mélodie.

Le disque se termine par quatre morceaux acoustiques, qui sont tous devenus des classiques célèbres Mr. tambourine man, Gates of Eden, It’s alright Ma et It’s all over now, baby blue.

Du point de vue des paroles, presque toutes les chansons du disque ont un sens qui n’est pas évident, les textes que l’on peut qualifier parfois de torrentiels déjouent les règles de la composition traditionnelle. Robert Santelli affirme que “Dylan écrit désormais de façon trop obscure pour que quiconque puisse comprendre précisément le sens de ses chansons, ouvertes du coup à toutes sortes d’interprétations – exactement le but recherché par leur auteur”. Deux chansons échappent à ce schéma : The gates of Eden et It’s alright, Ma qui parlent d’un monde désemparé, ayant complétement perdu ses repères. On est à des années-lumière de l’innocence de l’utopie des précédentes chansons, telle Blowin’ in the wind !

Ce disque marque officiellement la naissance du folk-rock qui est, en quelque sorte, une réponse des musiciens américains au déferlement de la musique anglaise, Beatles en tête, sur les ondes. De nombreux musiciens et groupes vont alors s’engager sur cette nouvelle voie ouverte par Dylan. A ce titre, Bringing it all back home fait donc partie des disques dont on peut dire qu’ils ont fait l’histoire de la musique !