Voilà, c’est fait. Après plusieurs dizaines d’années à améliorer ma pratique en matière de culture des tomates en essayant de mettre à profit les changements climatiques, ma première tomate d’avril est enfin là, bien mûre (en pleine terre, en plein jardin, pas sous serre !). Semis le 26 décembre, variété Stupice, culture « à la dure » de manière à endurcir les plants, repiquage en pleine terre le 8 avril. On reparle de tout ça dans les commentaires. Photo faite ce matin.
La tomate
Tout savoir sur la tomate
Tomatofifou
J’avais consacré il y a deux ans un article sur Vertiloom (association belge) qui diffuse des variétés de tomates récentes obtenues par des amateurs du monde entier.
J’ai découvert depuis l’association Tomatofifou. Enfin, je la connaissais depuis longtemps et j’allais souvent sur leur site pour me renseigner sur telle ou telle variété de tomates (il y a largement plus de 1000 variétés qui sont décrites sur leur site et en plus on sent qu’il y a du vécu derrière tout ça car la plupart des variétés décrites semblent avoir été testées en culture), mais je ne m’étais pas rendu compte qu’il y avait une boutique Tomatofifou qui diffusait une partie de ces variétés.
Voir ici leur catalogue de vente (vous allez voir, c’est impressionnant !). 2,00 € le sachet de graines à l’unité, pas cher donc.
L’association est très pro, j’ai commandé des graines dimanche soir à 21H, je les ai reçues mardi matin. Service incroyablement efficace donc.
Pour celles et ceux qui aimeraient cultiver des variétés très orignales (autres que rouges) de très bonne qualité, je conseille tout particulièrement leurs packs « découvertes ».
Comme vous l’avez deviné, j’ai déjà la tête dans mes prochains semis !
Problèmes d’hybridation au jardin (1)
Nana a lancé une discussion sur les risques d’hybridation chez la tomate, l’aubergine et le haricot.
On est persuadé que ces trois plantes sont autogames, c’est à dire en autofécondation et qu’elles s’autopollinisent (au contraire d’autres plantes, notamment les cucurbitacées, qui sont allogames et qui sont en mode de fécondation croisée, c’est à dire qu’elles se fécondent avec du pollen venant d’une autre plante).
La réalité n’est pas si simple que ça, chez les plantes dites autogames, l’autofécondation n’est pas certaine à 100%, il y a un pourcentage faible (de l’ordre de 1 à 5% selon les espèces) de plantes qui sont néanmoins fécondées par du pollen extérieur (amené par les insectes pollinisateurs ou parfois par le vent). Et chez les autres plantes, dites allogames, il arrive souvent que la fleur soit pollinisée par du pollen venant d’une fleur du même pied.
Je vais prendre pour ce premier article l’exemple de la tomate, celui que je connais le mieux.
Le risque d’hybridation chez la tomate est très faible, et jusqu’à présent je ne constatais rien d’anormal dans mon jardin, même pour des variétés que je cultive depuis 40 ans. Mais depuis deux ou trois ans, certaines variétés ne sont plus conformes au type et sont même devenues d’un seul coup franchement différentes de ce qu’elles étaient. Tous mes amis jardiniers constatent ce problème, alors que jusqu’à présent il n’y avait aucun problème.
Voici un essai d’explication.
Si les tomates son considérées comme autogames, c’est parce que la fleur s’autoféconde avant qu’elle ne s’ouvre. Des insectes chargés de pollen auront beau venir visiter ensuite la fleur, ils arrivent presque toujours trop tard. Mais on assiste à un phénomène nouveau lié aux changements climatiques : la chaleur excessive stérilise le pollen, en général lorsqu’il fait 35°C. Et cette température de 35°C, on l’atteint maintenant très souvent. La fleur s’ouvre alors qu’elle n’a pas pu être fécondée par son propre pollen.
Deux cas de figure se présentent alors.
Premier cas de figure : la fleur non fécondée avorte et on voit bien que c’est souvent le cas car il arrive maintenant souvent qu’un bouquet de 7-8 fleurs ne donne au final que 2 ou 3 fruits maximum.
Deuxième cas de figure : la fleur non fécondée s’ouvre et des insectes arrivent à y déposer du pollen extérieur, pollen qui vient de fleurs qui étaient en situation plus protégée (plus fraîche, par exemple du côté nord d’un pied de tomate) et dont le pollen n’a pas été stérilisé par la chaleur. Il y a donc alors fécondation croisée et si l’année suivante on sème les graines des fruits hybridés, on constate de grosses surprises.
La tomate considérée jusqu’à maintenant comme plante autogame (autofécondation) est donc en train de devenir partiellement allogame (fécondation croisée).
Il y a peut-être une autre raison, plus compliquée. J’en parlerai dans un autre article.
Passion tomates
Ce blog est en congés pour tout l’été, le prochain article paraîtra le samedi 18 septembre.
Pour ce dernier article de la saison, encore une histoire de tomates !
Le projet couvait depuis plusieurs mois, il est opérationnel depuis ce matin.
Au cours des 6 années qui viennent, je présenterai sur le terre-plein qui est en face de la maison mes 400 variétés de tomates avec comme but de donner des graines à tous ceux qui le désirent (en espérant que je pourrai suivre le rythme, car la réalisation de graines et leur mise en sachet demandent beaucoup de temps).
C’est ma toute petite contribution à la défense et la promotion de la biodiversité cultivée.
L’idée m’est venue en voyant les tas de promeneurs pédestres qui passent sur la route et avec qui je discute parfois « jardinage ».
Et comme les abords de la route va être sécurisé en raison du nombre de promeneurs, je sais par avance que le nombre de personnes qui s’arrêteront au stand va être en augmentation.
Le petit texte de présentation explique la démarche.
Tout est installé depuis ce matin. Ça se passe au 18 route de Boulot (70190 BUSSIÈRES). Mon stand est tout petit, mais il est entièrement renouvelé toutes les semaines, soit 80 mini-expos au total.
Et, bien évidemment, si un habitué de ce blog venait voir l’une de ces expos, il suffit juste d’aller sonner à la maison en face pour se faire payer une petite bière !
Bel été à vous !
Passion tomates avec « Vertiloom »
C’est fou, dès qu’on s’intéresse à quelque chose de précis, on a l’impression qu’on va s’enfermer dans quelque chose de très réduit, un monde minuscule, mais c’est le contraire qui se passe et à chaque fois on se rend compte qu’on pénètre dans un monde infini. Celui qui déciderait par exemple de s’intéresser à la musique italienne du 17ème siècle pourrait y passer sa vie tellement le sujet est vaste, celui qui déciderait d’aborder le monde des papillons nocturnes ne verra jamais le bout de son sujet … Mais ça, vous le savez tous …
Lorsqu’on parle de biodiversité, on pense aussitôt aux espèces sauvages. Et on pense plus rarement à la diversité des plantes cultivées (ou des animaux élevés). C’est un sujet qui m’intéresse énormément. Ainsi, par exemple, je me penche depuis un an sur la diversité des houblons (je vous laisse deviner pourquoi …) et on a décidé, avec Christophe (d’Etuz) et Jacques, de mettre en place un mini-conservatoire sur le sujet (pour notre usage personnel, bien évidemment !) Déjà une quinzaine de variétés ! Et là, même chose, dès qu’on est entré dans ce monde-là, tout est devenu immense. Je savais qu’il existait plusieurs dizaines de variétés de houblons et je pensais que ça allait être dur de s’y retrouver ! Mais voilà-t-y pas qu’un site internet vient de naître et décrit, non pas vingt ou trente variétés mais 316 ! Bon, c’est pas grave, je prends d’ores et déjà l’option de vivre jusqu’à 150 ans pour avoir le temps de défricher un peu le sujet !
Autre exemple, et j’en arrive au sujet d’aujourd’hui : les tomates. Ce thème a déjà été traité de 1000 manières sur ce blog et on est loin d’avoir tout dit sur le sujet. Là aussi c’est un domaine inépuisable. La plupart des gens pense que les variétés anciennes ont été remplacées par des variétés modernes. C’est vrai pour les tomates achetées dans le commerce (sauf chez des tous petits producteurs) mais ce n’est pas vrai pour les variétés proposées aux jardiniers amateurs. L’offre est immense (plus de 16 000 variétés recensées) et ne fait qu’augmenter au fil des années. Pourquoi augmente-t-elle ? Tout simplement parce que partout dans le monde il y a des passionnés qui consacrent leur temps à obtenir de nouvelles variétés (en croisant d’abord deux variétés entre elles, puis souvent en recroisant avec une troisième, voire une quatrième). Et ces variétés ne sont proposées ensuite aux jardiniers que lorsqu’elles sont stabilisées (il faut au minimum 7 générations de tomates pour y arriver, d’où un travail immense). Ces variétés sont donc dites « reproductibles » (contrairement aux hybrides F1 vendues par les semenciers).
Le chef de file de ces « hybrideurs-développeurs-créateurs » (je ne sais pas quel nom utiliser) est Tom Wagner (USA) qui a obtenu en 1985 la première tomate verte (Green zebra) et avec qui j’ai fait un stage en 2008 au château de la Bourdaisière dans la vallée de la Loire. Mais d’autres noms sont devenus célèbres dans ce domaine : Brad Gates, Anna Kozula, Luc Fichot, Pascal Moreau …
A noter également que l’arrivée de tomates vertes dans les années 80 puis des tomates bleues dans les années 2000 a permis de démultiplier les possibilités de croisement et donc de combinaisons génétiques. D’où l’importance, dans les nouvelles variétés obtenues récemment, des tomates striées et des tomates bicolores. On pourrait croire que ces nouvelles variétés sont surtout obtenues pour leur aspect esthétique. On aurait tort de le croire, car les mélanges de couleurs correspondent à des pigments différents, et donc à des composés aromatiques différents. On a souvent de belles complexités d’arômes dans ces tomates-là.
Par cet article, je voudrais faire connaître le site belge Vertilom qui diffuse bon nombre de variétés très récentes, celles obtenues justement par tous ces passionnés du monde entier, et celà à un prix assez bas (2€ le sachet, frais de port gratuit à partir de 25€) . J’ai déjà effectué quatre commandes et j’ai toujours reçu mes commandes en quelques jours seulement. Vertiloom, c’est le top du top ! A noter que Vertiloom est également diffuseur de variétés de piments récemment obtenues.
Allez cliquer sur l’image ci-dessous, vous accéderez directement au site de Vertiloom (vous pouvez choisir la langue si le français ne s’affiche pas directement). Passez ensuite avec la souris sur le mot « tomates » sur le bandeau du haut et faites ensuite votre choix en fonction de la couleur, de la taille, de l’obtenteur … On peut ensuite cliquer sur chacune des photos pour avoir une description précise de la variété et son histoire.
Vous allez voir, vous pénétrez dans un nouveau monde !
Tomates et changements climatiques
La tomate est de culture très simple. Sans doute est-ce même le légume le plus facile à cultiver.
Jusqu’à présent, la seule difficulté était liée au mildiou qui, certaines années, peut anéantir l’ensemble de la production dès la fin de l’été, parfois même dès le mois d’août. Mais, dans la dernière décennie, on a remarqué que d’autres problèmes sont apparus. Ces différents problèmes semblent tous liés aux modifications climatiques en cours. Sans doute que la plupart des jardiniers qui consultent ce blog ont remarqué ces impacts. J’en ai recensé six concernant la tomate (mais sans doute en existe t-il d’autres) :
- La nécrose apicale (appelée « cul noir) est due à un stress hydrique provoqué par l’irrégularité des précipitations, ce stress hydrique entraînant un problème d’assimilation des ions calcium par les racines de la plante. A noter que, comme ces ions calcium ont du mal à atteindre les extrémités de la plante, ce sont les tomates allongées, comme les cornues des Andes, qui sont les plus atteintes.
- Les coups de soleil sont aujourd’hui devenus fréquents, ils se manifestent par l’apparition d’une grosse plaque blanchâtre, qui reste dure même lorsque le fruit murit, sur la face la plus exposée au soleil.
- Une certaine dureté de la peau de la tomate se manifeste lors des étés très secs, la texture de la tomate en devient assez désagréable sous la dent. Cette dureté de la peau à une justification : c’est un mode de résistance de la tomate à la sécheresse.
- L’arrêt du développement du plant de tomate est manifeste pendant les périodes les plus chaudes, la plante ne pousse plus (ou quasiment plus) au-delà d’une température de 29°C (dès 10H du matin on est parfois déjà au-dessus de cette température). Ce bloquage du développement est particulièrement net au niveau du fruit, la chaleur provoquant un arrêt de la production des carotènes et des lycopènes nécessaires à la formation et la transformation du fruit.
- Le mûrissement des fruits est perturbé par les vents et très peu de jardiniers le savent. En effet, les tomates produisent autour d’elles un petit nuage d’éthylène favorisant leur murissement (cette technique est d’ailleurs mise à profit pour les tomates industrielles qui mûrissent en chambre froide dans une atmosphère artificielle d’éthylène et d’azote). Or, ce petit coussin gazeux qui entoure les tomates de nos jardins est souvent dispersé par les vents, de plus en plus forts au fil des années.
- A noter également la stérilisation du pollen par la chaleur, ce qui explique que certaines fleurs ne sont pas fécondées et que les grappes de tomates contiennent parfois moins de fruits.
Alors, quel mode de culture pour tenter de remédier à ces inconvénients liés au climat ?
Voici quelques pistes (liste non exhaustive) :
1 – Le choix des variétés
Le choix des variétés est important. D’un point de vue de la croissance de la tomate, il faut distinguer deux types de variétés : celles à croissance indéterminée qui constituent la base de nos variétés traditionnelles et celles à croissance déterminée qui sont développées depuis un siècle. Les variétés anciennes, outre qu’elles sont plus adaptées à lutter contre le mildiou (ce que j’avais expliqué dans un autre article), sont mieux armées pour lutter contre la sécheresse. L’explication est très simple : elles grandissent constamment, sont donc plus vigoureuses et ont par conséquent un système plus développé qui leur permet de puiser loin en profondeur l’humidité dont elles ont besoin. On a par ailleurs intérêt à diversifier les variétés que l’on met en terre. On a actuellement un choix énorme de variétés, de toutes les formes, de toutes les couleurs. Chaque variété réagit différemment des autres aux différents stress, différentes attaques … On aura donc intérêt, pour limiter les risques, à planter deux pieds de dix variétés différentes plutôt que vingt pieds d’une seule variété. Il y aura toujours des variétés qui s’en sortiront bien. Et quand on a pris goût à la biodiversité, on la recherche constamment …
2 – Tailler ou ne pas tailler ?
Je suis partisan du fait de ne pas tailler ou de très peu tailler les pieds de tomate et j’avais expliqué cela également dans mon article sur le mildiou. Le fait de laisser beaucoup de feuillage est intéressant également pour limiter les coups de soleil sur les fruits, les tomates étant protégées de temps en temps au cours de la journée par l’ombre du feuillage.
3 – Arroser ou non ?
Cela fait 40 ans que je cultive des tomates et je ne les arrose jamais. Ici, en plein champ, personne ne les arrose non plus et ça marche. L’arrosage maintient une humidité en surface mais ce n’est qu’une illusion, car l’arrosage incite les racines à rester en surface alors qu’elles devraient au contraire aller en profondeur pour y trouver un peu d’humidité et des nutriments. Il faut absolument que les fines radicelles des plants de tomates descendent le plus loin possible, ce qui permettra à la tomate de s’affranchir (relativement) des conditions météo et de passer les périodes difficiles sans trop de problèmes. Mais il faut tout de même relativiser mon propos, le non-arrosage n’est pas forcément signe de réussite assurée, car si cette technique marche bien dans les sols profonds, humifères, avec une certaine teneur en argile (tels qu’on les trouve dans ma vallée franc-comtoise), cela est plus compliqué dans les sols peu profonds ou les terres sablonneuses qui ne retiennent pas l’eau.
4 – Bien commencer sa vie de tomate !
Il faut que les pieds de tomates aient bien commencé leur vie. Je m’explique. Un pied qui a été stressé au départ sera moins bien armé pour développer ses propres défenses, notamment face aux aléas climatiques de notre époque. Il faut donc mieux avoir semé ses tomates soi-même plutôt que d’acheter des plants dont les racines « tournent autour du pot » car manquant déjà d’espace pour se développer. Et on aura soin de repiquer plusieurs fois ses jeunes plants en les transplantant dans des godets chaque fois un peu plus gros (deux repiquages minimum, trois étant sans doute l’idéal). Attention aussi à tout autre type de stress des jeunes pieds de tomates (excès de chaleur dans une serre, godets de repiquage desséchés en manque d’eau …) qui nuirait à la croissance future du plant de tomates. Pas de stress donc, mais paradoxalement, il faut quand même élever ses tomates « à la dure » pour fortifier les plants (j’en parlerai dans un autre article)
5 – Echelonner ses semis
Voici le point le plus important de mon article. L’ancienne méthode qui consistait à semer toutes ses tomates en mars (méthode qui fonctionnait) ne marche plus vraiment aujourd’hui. Trop de contraintes climatiques. L’échelonnement des semis est donc devenu la règle, règle basée sur l’adage très connu « il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». Il faut savoir qu’un pied de tomate qui a donné des fruits pendant deux mois a fait son boulot. On peut certes prolonger un peu artificiellement sa vie par des moyens de lutte (contre le mildiou notamment) mais le mieux est encore d’étaler la production de ses tomates en échelonnant ses semis. Un pied de tomate qui n’a été semé qu’au mois de mai, c’est-à-dire deux mois après la période la plus habituelle, ne donnera sans doute des fruits qu’à partir de la fin août, mais comme le pied n’a pas encore été épuisé par la production de fruits (vu qu’il commence seulement à en donner), il résistera infiniment mieux aux maladies et aux brouillards de l’automne.
Au cours de trois dernières années, j’ai affiné ma méthode qui me permet non seulement de faire face aux aléas climatiques, mais aussi de consommer des fruits sur une période minimale de cinq mois (six mois les années exceptionnelles).
Je sème doranavant mes tomates sur une longue période de six mois, à six reprises différentes : début janvier, début février, début mars, début avril, début mai et début juin. Il y a évidemment une part de risque dans cette méthode. Car il est possible que les semis extrêmes (ceux de janvier et de juin) ne donnent rien certaines années mais les quatre autres réussiront sans problème. A noter que la prise de risque concerne surtout le fait de mettre au printemps en pleine terre ses plants de très bonne heure. Mais cette stratégie, qui marche 4 années sur 5, s’avère au final très payante. Cette année par exemple, la dernière journée de gel a été le 4 avril sur le secteur de Besançon, soit cinq semaines avant les saints de glace. Ceux qui ont mis leurs plants de tomates en pleine terre dès le 5 avril (quitte à les protéger la nuit en cas de temps très froid), ont consommé ce printemps des tomates dès le 20 mai.
Mon premier et mon dernier semis sont un peu particuliers : pour celui de début janvier, je ne sème que deux ou trois variétés très précoces (dont Stupice). Pour le dernier semis de juin, dont les réulstats peuvent être aléatoires, je ne sème que des variétés qui ont moins d’importance pour moi : ce sont soit, dans la plupart des cas, des variétés dont j’ignore les noms (et que j’ai appelées « petite jaune », « grosse rouge »…), soit des variétés que je teste, par exemple des variétés qu’on m’a remenées d’autres pays (et qui sont en général très décevantes car dans la plupart des cas il s’agit de variétés industrielles … l’uniformisation de la biodiversité cultivée est en marche partout !).
Et je répartis toutes mes autres variétés (60 par an), de manière à peu près équilibrée entre les semis de février, de mars, d’avril et de mai (16 variétés en février, 16 en mars, 16 en avril et 12 en mai … le chiffre de 16 est pratique pour moi, il correspond pile-poil au nombre de godets que je mets sur un plateau). A noter que mes très grosses variétés destinées à faire du jus sont toutes semées dans la série de mars, ça permet ensuite en été de concentrer la période de fabrication de coulis sur une courte période (parce que sinon, ça s’éternise sur tout l’été !).
A noter également, même si cela n’a rien à voir avec mon sujet de départ (les changements climatiques), que mes 360 variétés de tomates correspondent à 60 variétés par an avec un roulement de six ans (une variété donnée ne revient que tous les six ans, ce chiffre correspondant à la durée moyenne de germination des graines) et que j’ai équilibré les différentes années entre elles, à savoir que chaque année je cultive le même nombre de rouges, d’orange, de rayées, … et que dans chaque catégorie de couleur je cultive le même nombre de grosses, de moyennes, de cerises … cela afin d’éviter de me retrouver certaines années avec trop de tomates jaunes, trop de petites …
EN CONCLUSION :
La culture de la tomate, qui était quelque chose d’assez simple, excepté le problème du mildiou, est devenue bien plus problématique aujourd’hui en raison des modifications climatiques en cours. Parmi les manières de s’adapter (pour l’instant, car tout est évolutif …!), il faut en retenir trois principales : la diversité des variétés que l’on met, l’échelonnement des semis sur une période très longue et un mode de culture le plus naturel possible (pas ou peu d’arrosage, pas ou peu de taille, faire ses propres semis).
L’histoire de la tomate
Reprendre un article ancien, cela ne m’arrive quasiment jamais. Je crois, sauf erreur de mémoire (possible, vu mon âge déjà avancé), que ça ne m’est arrivé qu’une seule fois en 12 ans. Il s’agissait de mon article sur le thème du mildiou de la tomate, que j’avais jugé incomplet et que j’avais repris quelques années plus tard de manière plus synthétique. Et cela m’avait été plutôt profitable, car ce deuxième article avait alors été vu des dizaines de milliers de fois, était bien référencé par les moteurs de recherche et tous les internautes qui tapaient comme mots clés « mildiou tomate » arrivaient d’une manière ou d’une autre sur mon blog.
Aujourd’hui, comme Jacqueline a abordé en début d’été sur ce blog le thème des sauces de salades et que dans les discussions on a parlé d’un thème qui m’est cher – celui du goût des tomates actuelles – j’ai été amené à me pencher de nouveau sur l’histoire de la tomate, à relire ce que j’avais écrit dans un premier article (il y a onze ans déjà), à me pencher sur d’autres écrits plus récents et au final j’ai jugé qu’il y avait suffisamment d’éléments nouveaux (mais aussi quelques petites inexactitudes dans mon premier texte) pour que je réécrive l’article (je l’ai fait d’autant plus volontiers que j’ai encadré cet été une petite animation sur le thème de la tomate et que j’avais décidé d’introduire la séance par l’histoire de ce fruit/légume).
Alors, revoici ce texte, réactualisé. Embarquons-nous des siècles en arrière pour une petite histoire qui me passionne.
A l’origine, les tomates sont sauvages et poussent dans
Tomates en pots
Elles ont de bien jolis noms polonais. Le catalogue Baumaux (la référence pour moi en matière de biodiversité cultivée) les présentait comme étant des variétés pouvant être cultivées en pots. Je dois dire que j’étais un peu sceptique, ne voyant pas vraiment l’avantage de mettre des pieds de tomates dans des récipients quand on a la possibilité de les repiquer en pleine terre (sauf quand on habite en ville bien entendu). Mais j’imaginais déjà bien l’avantage qu’on pouvait en retirer grâce à la possibilité de déplacer les pots (notamment à l’automne). Et puis, comme vous le savez, je suis plutôt curieux de nature et toutes les expériences en matière de jardinage me semblent intéressantes, qu’elles soient concluantes ou non, l’important étant pour moi de tirer de ces expériences-là quelques enseignements. Alors j’ai essayé. Et comme j’avais – sans doute à juste titre – un a priori concernant la petitesse de l’espace et donc le manque de matière organique, j’ai utilisé de gros pots et un mélange de terre/terreau très enrichi en fumier de vache composté (les vaches de mon frère produisant en hiver 5 tonnes de fumier par jour, ce n’est pas une ressource limitée pour moi).
J’ai cultivé trois variétés proposées par les graines Baumaux :
Maskotka …
Ola Polka …
et Pokusa.
Je dois dire que j’ai été très séduit, voire
Tomates : essai de classement
Les tomates sont diverses et variées. Il en existe des milliers de variétés. On cite souvent le nombre de 2000 dans la presse, mais il est évident qu’il en existe beaucoup plus (le chiffre de 15 082 est même avancé par le site ventmarin).
Ces différentes tomates diffèrent les unes des autres par la couleur, par la taille et par la forme pour les trois critères visuels principaux.
Et l’une des différences est aussi – et c’est ce qui va intéresser avant tout le jardinier – la qualité gustative.
Je m’attacherai dans cet article à parler de la couleur et le rapport qu’il peut y avoir avec la qualité gustative.
Les différents groupes de couleur ne sont pas uniformes d’un point de vue du goût. On peut par exemple trouver dans les tomates rouges des variétés excellentes alors que d’autres sont plutôt fades. Mais il me semble qu’il y a tout de même quelques tendances qui se dégagent, certains groupes de couleurs sortant un peu du lot.
S’il fallait mettre une note aux différents groupes de tomates en ne tenant compte que de leur qualité gustative, voici quel serait mon classement par ordre décroissant :
– 9/10 pour les tomates vertes (presque toutes ont un goût qui va de très bon à excellent).
– 8/10 pour les tomates rouges sombres (noire de Crimée, Black Prince, Black Ethiopian, Cherokee purple, …). Elle sont toutes très bonnes mais il n’y a pas, à mon avis, la même diversité de goût (notes épicées par exemple) que dans les tomates vertes, ce qui explique que je classe ce groupe à peine en-deça.
– 7/10 pour les tomates roses : bonnes tomates.
– 6/10 pour les tomates rouges : ce groupe est très variable allant du meilleur au nettement moins bon.
– 6/10 pour les tomates oranges : qualité souvent bonne mais rarement exceptionnelle.
– 4/10 pour les tomates jaunes : certaines variétés souffrent d’une texture qui est à mon avis trop farineuse. Je leur trouve aussi parfois un aspect fade. Mais il y a aussi quelques très bonnes variétés dans ce groupe.
– 2/10 pour les tomates blanches. Il manque à ces tomates un bon équilibre acide/sucré et leur goût est souvent assez doucereux avec un manque de caractère (mis à part quelques rares exceptions) et une chair que je trouve trop molle.
– 2/10 pour les tomates bleues. Manque de caractère certain.
J’ai réalisé ce classement en écartant toutes les variétés hybrides F1 qui ont souvent la peau trop épaisse (car sélectionnées pour le transport) pour être appréciées. J’ai éliminé également toutes les tomates cerises qui possèdent des tomates excellentes dans tous les groupes, y compris dans les tomates blanches (la meilleure tomate cerise que je connaisse est d’ailleurs blanche).
Et vous, amis jardiniers, vous en pensez quoi de mon essai de classement ? (classement évidemment très subjectif, l’important étant d’entamer une discussion sur le sujet).
Les tomates de l’extrême
Tomates du Nouvel An
En matière de jardinage, j’adore mener des expérimentations. Elles réussissent ou elles ne réussissent pas. Et comme je le disais il y a deux jours à Luc au téléphone, peu importe finalement, il y a pour moi la même satisfaction à voir ces expérimentations réussir ou échouer.
Cela dit, ce n’est pas tout à fait vrai, car c’est avec un vrai plaisir que j’ai pu goûter il y a tout juste deux jours le fruit de ma dernière expérimentation. En effet, j’avais semé au printemps dernier une tomate particulière qui s’appelle MADAGASCAR. Cette tomate est assez petite, elle fait partie des tomates cocktails, c’est à dire de la taille au-dessus des tomates cerise (environ 40 g). Elle vient du catalogue Baumaux (ma référence habituelle en matière de biodiversité, n’en déplaise aux kokopelliphiles) et elle est réputée pour se conserver jusqu’à Noël pour peu qu’on la conserve au grenier avec la tige.
L’automne ayant été exceptionnel, j’ai cueilli une dernière petite cagette de tomates Madagascar le 22 novembre dernier (voir la dernière photo de cet article) et je les ai simplement conservées au sous-sol. Je les ai surveillées de temps en temps et j’ai éliminé environ 1/4 des tomates qui se sont abîmées. Et quand j’ai vu qu’elles se conservaient effectivement jusqu’à Noël, je me suis dit « pourquoi pas jusqu’au nouvel an ?« . Et c’est ainsi que nous avons mangé samedi une belle salade de tomates. Et j’ai été très agréablement surpris par le goût. Un peu d’acidité certes mais un très bon goût.
Tout ça pour dire que je peux envoyer des graines de cette variété aux jardiniers habitués de ce blog.
Nouvelle expérimentation sur la tomate
Cette année, je vais mener le test suivant : supprimer le premier bouquet de fleurs sur certains plants de tomates et comparer leur développement par rapport aux plants témoins. Intuitivement, je suis certain que j’en tirerai des conclusions. Mon idée, c’est que ces plants amputés d’un premier bouquet de fleurs n’auront pas de fruits qui leur pompent la sève trop tôt et qu’ils iront plus loin dans la saison (car plus armés pour lutter contre le mildiou). Qui est tenté par cette expérimentation ? Et si plusieurs d’entre vous sont tentés par la chose, quel protocole commun mettre en place ?
Petit truc pour jardiniers
1,3 kg. Qui dit mieux ?
Le greffage des tomates au jardin amateur
Un article proposé par Francisca
L’intérêt de greffer des tomates c’est d’apporter une plus grande résistance aux maladies, viroses et bactéries. Le porte greffe est sélectionné pour sa résistance afin qu’il transmette ses qualités aux greffons. Il donne plus de vigueur, accroît la production et la grosseur des fruits.
Personnellement, jusqu’ici, j’ai
En complément à l’article de Francisca
En complément à l’article que vous a proposé Francisca, et dans l’attente de celui qu’elle écrira pour demain soir, je me permets juste de rappeler quelques articles parus il y a quelques mois sur ce blog sur le thème de la sélection des tomates. Les habitués du blog les ont lus il y a peu de temps. Mais de nouveaux lecteurs nous ont rejoint (1500 visites de plus ce mois de novembre) et il ne me semble pas inutile de rappeler l’existence de ces articles.
Francisca nous a parlé de la manière de croiser artificiellement deux variétés de tomates et d’obtenir un hybride F1. Elle nous a dit aussi qu’il fallait aller ensuite jusqu’à la dixième génération (F10) pour que la nouvelle variété obtenue soit définitivement fixée. Mais entre F1 et F10, comment procéder ? Les cinq articles que j’avais écrits sur le sujet vous donneront une idée sur la manière de faire, année après année (cliquer sur les liens pour accéder aux articles) : le lent travail de la sélection des tomates, « Amildia », un joli nom pour une tomate, Affranchissez-vous des semenciers, Amildia « tarabiscoto » et Tomates expérimentales, suite et fin.
Hybridation artificielle chez la tomate
Un article proposé par Francisca
Cet article est le premier d’un tryptique consacré à la tomate. Le deuxième volet sera rédigé par Bernard qui nous rappellera les principes essentiels de la sélection des variétés. Le troisième volet que j’écrirai sera consacré au greffage.
Je souhaite avec ce premier article vous faire
Tomates expérimentales (suite et fin)
Je vous ai déjà parlé des principes de la sélection des tomates et notamment de la variété que je me suis permis d’appeler Amildia et dont je suis en train de sélectionner plusieurs lignées (rouges, violettes, noires et tarabiscotée).
J’expérimente d’autres hybrides en cours de sélection, et notamment un croisement de la tomate Ananas noire et de la tomate Green zebra que je me suis permis d’appeler (afin que je m’y retrouve dans les noms) Ananas zebra (pas très original le dupdup !). Il s’agit d’hybrides F3 dont Tom Wagner m’avait donné quatre lignées différentes (une seule graine de chaque). J’ai cultivé cette année ces quelques graines et ai obtenu quatre tomates assez différentes l’une de l’autre, toutes très bonnes et toutes très belles. Voici deux de ces lignées en mélange.
Amildia « tarabiscoto »
Lors d’un stage réalisé cet été avec Kokopelli, j’ai appris quelques rudiments sur la sélection des tomates. Ainsi, si l’on veut conserver les caractéristiques d’une variété, il faut prendre les graines des tomates qui correspondent le plus au type de la variété que l’on souhaite conserver. On choisira donc pour cela des tomates de taille moyenne, ni trop précoce ni trop tardive …
Il est possible par contre d’influencer le devenir des variétés que l’on possède et de faire évoluer les différentes variétés dans le sens que l’on souhaite. Ainsi, si l’on voulait obtenir des tomates qui deviennent, au fil des années, de plus en plus grosses, ou de plus en plus précoces, ou de plus en plus résistantes au mildiou, il suffirait, en principe, de prélever, génération après génération, ses graines sur les tomates qui sont les plus grosses, ou les plus précoces, ou les plus résistantes au mildiou …
Cet été, sur l’un de mes plants d’Amildia (cliquer ici pour accéder à l’article qui parle de cette tomate), certains fruits présentaient des excroissances étonnantes (dont j’ai d’ailleurs déjà parlé).
Fort des principes énoncés plus haut, en ne récoltant au fil des années que les graines de ces tomates tarabiscotées, je devrais pouvoir diriger la sélection de cette lignée de tomate vers des fruits de plus en plus difformes. Je vais donc tenter l’expérimentation et essayer donc de sélectionner de telles tomates à partir uniquement des graines de la tomate représentée ci-dessus en photo (qui va donc constituer le point de départ d’une nouvelle lignée).
Vous allez sans doute me dire : « A quoi çà sert d’avoir des tomates tordues ? ». Effectivement, vu sous cet angle … ! Non, c’est juste pour le fun, histoire que je comprenne un peu mieux les principes mêmes de la sélection des plantes.
Affranchissez-vous des semenciers !
La sélection de variétés de tomates est un sujet passionnant qui offre sans doute beaucoup de perspectives intéressantes. L’une de ces perspectives est que l’on puisse s’approprier – j’emploierais même le terme de « détourner » – les variétés hybrides F1 du commerce. C’est ce que j’aimerais faire dans les années qui viennent (mais j’ai tellement de chantiers en cours !) avec une variété de tomate cerise que j’aime beaucoup : la Sungold F1.