Le lent travail de sélection des variétés de tomates

Lorsqu’on croise deux variétés de tomates (je parlerai un jour de la technique employée pour cela), on obtient un hybride F1, c’est à dire un hybride de première génération. Tous les fruits issus de ces graines F1 sont homogènes, ils se ressemblent tous et ont des caractéristiques nouvelles que n’avaient pas leurs deux parents.

On a l’habitude de dire qu’on ne peut pas resemer les graines issues des fruits F1. Rien n’est plus faux. Simplement, si on resème ces graines F2 (de deuxième génération), on obtient n’importe quoi car les caractéristiques des deux parents d’origine se trouvent alors mélangées de manière aléatoire. Les fruits obtenus à partir d’une graine F2 ne ressemblent pas aux fruits issus d’une autre graine F2. Les fruits de certains plants peuvent alors être petits, jaunes à la peau dure et à la saveur acide alors que les fruits des plants d’à-côté pourront être plus gros, oranges, à le peau plus fine et d’un très bon goût.
La génération F2, c’est celle que j’appelle « la génération bordel », tant la variabilité des fruits est grande !

Mais c’est là que ça devient intéressant car si vous repérez que certains fruits ont des caractéristiques intéressantes que vous voulez conserver, chacun de ces fruits peut être le point de départ d’une nouvelle sélection. Vous allez alors les resemer et ne garder chaque année que les plants dont les fruits présenteront les caractéristiques désirées. Vous passez ainsi à la génération F3, F4, F5 … Il semblerait qu’au bout de 6 ou 7 générations, vous n’obteniez que des fruits conformes au type que vous recherchez. On dit alors que la variété est « fixée », c’est à dire qu’elle est génétiquement stable. Par prudence, certains hybrideurs disent qu’il faut aller jusqu’à la génération F10.

La sélection variétale est donc un travail de longue haleine. Mais le jardinier n’est-il pas, par définition, quelqu’un de patient qui inscrit son action dans la durée ?

Je tenais à expliquer ce processus de sélection en préalable à mon article qui paraîtra mercredi matin et qui me permettra de vous relater une expérimentation que je suis en train de réaliser.

33 réflexions au sujet de “Le lent travail de sélection des variétés de tomates”

  1. Enfin ! oserais-je dire ! Ca fait longtemps que je l’attends cet article, vivement mercredi pour la suite.
    J’ai tendance à être tout à fait d’accord pour affirmer qu’il faut dix ans pour être sûr qu’une variété est vraiment fixée, avant entre 7 et 9 ans on a encore des surprises, enfin, c’est mon expérience personnelle ! :wub: :wub:

  2. Merci Bernard, moi qui ne connaissait que les Formule 1 pour dormir et mes collègues la F1 du dimanche a. midi, genre canapé/télé/bière. Je ne savais pas que l’on incrémentait le chiffre pour les génération de légumes/fruits. A mercredi

  3. Il est sans doute très important de rappeler qu’il est d’usage que les tomates hybrides F1 à F10 (F10 étant l’ultime sécurité pour une fixation optimum), ne doivent pas être dispersées auprès d’autres jardiniers afin que l’on ne se retrouve pas dans un bordel monstre de variétés « inconnues » forcément non fixées, qui inonderaient notre espace. 12634 variétés de tomates sont déjà répertoriées, identifiées. Par contre il est judicieux qu’une sélection acharnée d’une dizaine d’année reçoive la récompense et la reconnaissance qu’elle mérite et vienne rejoindre la liste déjà impressionnante de nos chères tomates.

  4. Tout à fait d’accord avec toi, on aurait vite fait d’inonder les jardins d’amateurs en diffusant des variétés non fixées et cela n’est pas souhaitable. Cela dit – et j’en parlerai mercredi – j’aimerais diffuser certaines graines F3 à certaines personnes « sures » qui souhaiteraient se joindre à moi pour continuer l’expérimentation.

  5. Il faut qu’elles soient vraiment sûres pour un tel challenge, c’est délicat, et demande beaucoup d’attention, c’est un travail de longue haleine (au moins sept ans à ce stade)qui demande un investissement temps important. Il faut aussi un minimum de connaissances, de la rigueur et de la minutie. Je ne suis pas sûre que cela soit à la portée de chacun de nous ! C’est une lourde responsabilité que tu souhaites confier là ! Faire partie de l’expérimentation est une chose, avoir la capacité d’aller jusqu’aux sept ans, cela en est une autre ! Faut bien réfléchir avant de s’engager, même si on a très envie de te seconder ! Echouer ce serait ruiner tes trois années de labeur ! Lourd à porter quand même ! :wub:

  6. L’important est que les gens s’engagent à ne pas diffuser leurs graines et de ne pas en parler autour de soi (pour ne pas tenter les autres) tant que la sélection n’est pas terminée. Oui, je sais, pour une fille c’est dur de ne pas parler ! :tongue:

  7. C’est effectivement très important de garder secrète cette expérimentation, il y a des petits malins qui pourraient te subtiliser ton « bébé » pour le mettre à leur profit !

    Mais il n’y a pas que ça, il faut aussi emmailloter les fleurs jusqu’à la nouaison pour éviter les pollinisations croisées, c’est du boulot Bernard, crois-en mon expérience. C’est la méthode que j’utilise déjà pour protéger les tomates qui me serviront de porte-graines. Cette pratique qui garantit la pureté de la variété est indispensable pour moi, je la pratique depuis de nombreuses années avec succès, mais emmailloter, réétiquetage de chaque bouquet de fleurs choisi sur chaque variété, demande minutie, rigueur et beaucoup de temps.

    Or, autant on peut être « laxiste » sur les variétés déjà fixées, autant la rigueur est indispensable sur la création d’une nouvelle variété ! Il est indispensable de le savoir quand même, on ne se lance pas dans une telle aventure comme ça !

    Trop « puriste » Francisca, peut-être, mais c’est comme ça que je fonctionne ! C’est déjà difficile d’élever ses propres bébés, alors… les bébés des autres… lourde responsabilité ! :wub:

  8. Francisca, impossible de mettre une légende aux tomates, je ne connais pas le nom de ces variétés, j’ai oublié de noter leur nom lors de la prise de vue.

  9. C’est pas sérieux, tu me déçois grave ! Si j’avais pu imaginer une telle erreur de ta part ! J’en suis toute « chose » :wub: :w00t:

  10. Tu vois, pour une fille, c’est difficile de ne pas dire ce qu’elle pense :whistle:

    Tu vas finir par regretter mon retour ! :tongue:

  11. Ahh , vous en avez de biens bonnes en disant qu’il ne faut pas dévoiler à tout le monde cette expérience !!!
    Maintenant que c’est sur le blogàDupdup … Le monde entier est au courant !!!!
    :lol:
    Alors , je veux dire tout de suite aux espions pro-F10 que je n’ai ramené de mon séjour en Franche-comté aucune graine de tomates , que je n’ai rien à voir avec cette expérience … Alors ….. Laissez mon potager tranquille !!!!!
    :tongue:
    C’est vrai que c’est tentant mais ça s’étend sur sept ans et de notre temps c’est long sept ans faut avoir l’temps c’est embêtant que ça dure autant de temps …
    Pffff … J’suis fou d’écrire une phrase comme ça j’ai bien failli m’étouffer en la relisant !!!!

  12. Il faut un bon apprentissage pour pouvoir espérer  » Fixer  » un jour une variété de tomates … Et pour ça il faut être sur le terrain avec le professeur pour les conseils .
    Internet seul , ne peut pas suffire pour ce genre d’expérience .

  13. Pas arnaque (quoique ?) mais gadget, au moins pour l’instant. Le système est signalé dans d’anciens livres de culture. Pourquoi le procédé ne s’est pas développé ? Quelques connaissances et pratiques permettent peut être de mieux réaliser la greffe aujourd’hui, mais quel est l’avantage et quelle assurance ? Beaucoup de facteurs à faire coïncider : maturité, traitements…..
    Moi cela m’intéressera quand en plus les feuilles seront des feuilles de batavia.

  14. … et quand on pourra utiliser ces feuilles de batavia comme le houblon pour faire de la bière ! :whistle:

    Plus sérieusement : j’ai animé un atelier éco-citoyen mardi soir à Besançon sur le thème des graines de légumes. J’ai été surpris de voir le nombre important de jardiniers qui n’ont que leur balcon comme jardin. Sans doute que ce type de plante mixte peut leur convenir. Cela dit, même si ce n’est que relativement intéressant, c’est quand même curieux.

  15. « Il ne paraîtra pas déplacé que nous notions ici que la tomate se greffe parfaitement en herbe sur les tiges de la pomme de terre, ce qui produit une double récolte dans le même espace de temps et de terrain ; car, quand les fruits de la tomate sont récoltés, on fait dans la terre une autre récolte de pomme de terre »

    Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris, J. G. Moreau et J.J. Daverne, 1845, page 256.

    Quoi de neuf sous le soleil ????

  16. J’ai oublié de vous dire. Je viens d’inventer un fil pour couper le beurre.
    Demain j’invente le beurre.

  17. Pour ceux et celles qui regardent la télé , une émission ce soir à 20h35 sur France 5 qui a pour titre :
    « Tomate, à la recherche du goût perdu . »

  18. En fait, leur stratégie est simple, c’est de dire que les grands groupes semenciers travaillent à retrouver le goût de la tomate alors qu’en fait ce goût n’a pas disparu puisqu’on l’a toujours eu dans les variétés anciennes. Mais les variétés anciennes échappent aux grands groupes.

  19. je regarde TV 5 chers jardiniers amateurs de tomates, vous cueillez les vôtres quand elles ont quel numéro de couleur.
    Jacqueline

  20. Ça fait 15 ans que je n’ai pas lé télé…
    Mais à l’époque, il y avait déjà la couleur. :smile:

    Plus sérieusement, en ce qui me concerne : vision (important selon les variétés et leur apparence à maturité) et le test décisif, c’est la palpation délicate. En gros, ça mollit. Que ce drôle de numéro d’humeur grivoise nous épargne une saillie à ce sujet. :blush:
    On corrige le tir à la dégustation pour affiner la cueillette suivante.

  21. Bonjour papa Bernard, bonjour tonton Claude,
    ici en Terre-Sainte nous allons bien et grandissons gentiment. Parrain Jean et marraine Jacqueline s’occupent bien de nous, et nous les remercions en leur montrant quelques fleurs. Certes, ce n’est pas la terre de Franche Comté, mais on fera avec. On espère bien, quand vous viendrez nous voir, vous montrer nos petits bébés.
    A bientôt.
    vos triplées. :wink:

  22. Bonjour amis jardiniers,

    Est-ce-que les limaces s’attaquent aux plantes de tomates ?

  23. Oh que oui !!! la semaine dernière j’ai eu un plant complètement rectifié … même plus un bourgeon pour faire repartir le pied !!! :devil:

  24. En général les limaces n’aiment pas trop les tomates mais, comme le dit Jérôme, ça arrive sur les jeunes plants. Pffhh, les jardiniers en bavent autant que les limaces ! (les premiers à cause des seconds)

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