L’Échasse blanche (suite)

Poursuite de mes articles sur l’échasse, série qui avait commencé par une devinette.

On ne le dira jamais assez : le parc de Pont de Gau (60 ha, 7 km de sentiers) est un lieu extraordinaire dans lequel il n’y a plus un seul oiseau en captivité et où toutes les espèces qu’on y observe sont en complète liberté. Et c’est aussi un lieu qui présente des milieux naturels typiques de la Camargue (encore faut-il avoir envie de marcher car peu de gens font la totalité du parcours).

L’échasse blanche est une bonne représentante des espèces qui nichent là, partent hiverner en Afrique et reviennent se reproduire chaque année dans le parc …


… au milieu des centaines de personnes qui sont là quotidiennement (plus de 100 000 personnes par an) et qui sans doute ne voient même pas les échasses, n’ayant d’yeux que pour les flamants roses.

En faisant le tour de l’étang principal du parc de Pont de Gau, là où passent le maximum de personnes, j’ai été attiré par des cris d’échasse. Très vite, j’ai compris qu’elles étaient avec leurs jeunes. Effectivement, un couple d’échasses était sur le bord de l’étang avec ses trois poussins.

Ces échasses n’étaient pas farouches et la famille a déambulé devant les curieux qui observaient cette scène très touchante, moi bien évidemment au premier plan, assis au sol (c’est une chose facile à faire pour moi, c’est pour me relever que c’est plus dur !!!).

Comme pour bon nombre d’autres espèces de limicoles, ainsi que je l’avais raconté dans mes articles sur l’avocette photographiée en Mer du Nord à Texel, les jeunes viennent régulièrement se mettre au chaud sous le ventre des adultes, ceux-ci s’accroupissant pour inviter les poussins à venir.

… et l’on voit alors de curieuses échasses qui semblent avoir 4 pattes, parfois plus.

A bout d’un bon quart d’heure, le mâle a emmené deux jeunes sur l’îlot au milieu de l’étang, c’est sans doute là que les poussins étaient nés. L’étang ayant une très faible profondeur, la traversée fut facile mais on sentait le mâle très inquiet.

Il restait donc la femelle et un poussin devant moi. Leurs cris continus ont attiré un héron qui semblait très intéressé par le festin potentiel que représentait le poussin de l’échasse (l’avant-veille, j’avais vu un héron capturer une petite poule d’eau, la dernière survivante de la famille, peut-être que ce héron était le prédateur qui avait décimé tous les autres). Signe que le héron cendré est un prédateur de poussins, le mâle d’échasse qui avait mis deux jeunes à l’abri est venu à la rescousse du dernier poussin resté sur la rive en attaquant violemment le héron. La seule photo que j’ai faite de cette scène est mauvaise (floue) mais c’est le seul témoignage qu’il me reste de cette scène très rapide.

Pendant une dizaine de minutes, la femelle est restée seule devant moi avec le poussin (c’est à ce moment-là que j’ai fait la série de photos que j’ai mise dans mes deux précédents articles).


Après l’attaque sur le héron, le mâle était reparti en face sur l’îlot vers ses deux premiers jeunes. Et puis finalement il est revenu devant moi rejoindre sa femelle et son dernier poussin.


Ce dernier poussin a pu enfin regagner l’îlot en traversant l’étang, accompagné par ses deux parents qui poussaient constamment des cris d’alarme.

La famille était donc définitivement à l’abri mais il s’en est fallu de peu !

Je suis parti avec le sentiment d’avoir assisté à une scène exceptionnelle.

Le poussin de l’Échasse blanche

Merci à tous d’avoir participé à cette petite devinette.

Il s’agissait du poussin d’un oiseau dont j’ai déjà parlé sur ce blog : l’échasse blanche.

Lisette avait deviné qu’il s’agissait d’un oiseau de la famille des limicoles. Jérôme a donné un indice montrant qu’il avait trouvé la réponse mais qu’il laissait le jeu continuer, … Christophe n’était pas bien loin, Béatrice (qui m’a envoyé un mail) n’était pas bien loin non plus. En fait toutes les réponses fausses donnaient malgré tout un oiseau de la famille des limicoles, donc ce n’était pas bien loin, l’échasse appartenant à cette famille.

Mon prochain article sera consacré aux mésaventures qu’a connues ce petit poussin. En attendant, juste quelques images de ce petit oiseau photographié la semaine dernière en Camargue.

Le chevalier arlequin

L’an passé, mes amis m’ont offert un super cadeau lors de mes 70 ans (eh oui, tout arrive … !) : un objectif Canon de 800 mm qui a la particularité de n’avoir qu’une seule ouverture possible (F11), ce qui en fait un objectif d’une maniabilité extraordinaire car il est très léger (1,260 kg). Et une super qualité d’optique ajoutée à un stabilisateur d’image très performant (qui s’ajoute au stabilisateur d’image qui est sur le boîtier) ! Comme l’objectif n’ouvre qu’à F11, il faut par contre l’utiliser dans de bonnes conditions lumineuses (ensoleillé), il ne peut donc être qu’un objectif d’appoint.

Quelques jours seulement après mon anniversaire et ce superbe cadeau, je suis allé faire mes premières photos en Camargue (j’avais cependant déjà testé l’objectif car Jérôme m’avait prêté une fois le sien). Le temps était très venteux (comme bien souvent dans cette région) mais la lumière était au rendez-vous.

Parmi les nombreuses photos ramenées de ce voyage éclair (une seule journée pleine en Camargue), celles du Chevalier arlequin. C’est un oiseau que je connais assez bien (je l’avais déjà observé quelques dizaines de fois) mais c’était la première fois de ma vie que je le voyais dans d’aussi bonnes conditions (très près).

Je n’avais jamais parlé de cet oiseau sur ce blog.

Comme le chevalier arlequin ne niche pas en France, on ne peut le voir qu’en période de migration. Ici, c’était en avril et les oiseaux remontaient par petits groupes vers leurs lieux de nidification situés dans le nord de l’Europe.

A cette époque de l’année, les chevaliers arlequins avaient déjà leur plumage sombre très caractéristique et qui empêche toute confusion avec d’autres espèces. Quelques images (parmi une bonne centaine de photos de cette espèce ramenée de notre court séjour) :

Dans son livre « Guide d’identification des Limicoles d’Europe » (livre dont je vous parlerai un jour), Lars Gejl nous dit quelque chose d’étonnant à propos de la nidification du chevalier arlequin dans les marais de la toundra et de la taïga : « La couvaison des quatre œufs et l’éducation des petits est principalement l’affaire du mâle, la plupart des femelles quittant la zone de nidification dès la première quinzaine de juin, avant l’éclosion ».

Un petit séjour en Camargue dans les temps prochains devrait me permettre de ramener de nouvelles images de ce magnifique oiseau.

Une manière de gérer ses plantations de tomates

Comme chaque année, je prends le risque de mettre mes tomates en pleine terre un mois avant « les saints de glace ». Cette année, elles ont été plantées en plein champ le 13 avril, il y a donc pile poil un mois. La météo n’a pas été très clémente, plutôt venteuse (bise très forte par moments) et températures fraîches (mais ne descendant pas en dessous de 8°C la nuit). Les tomates se sont endurcies et se sont bien développées malgré tout. Les premières ont été mûres le 8 mai. Cette photo a été prise hier soir.

J’ai souvent parlé sur ce blog, notamment dans les commentaires, de l’échelonnement des semis de tomates mais je n’en ai jamais fait un article spécifique. Voici donc une présentation de la méthode que j’ai affinée au fil des années (cela fait maintenant 15 ans que je consomme mes premières tomates en mai).

Le constat qui m’a amené à développer cette méthode est très simple : les changements climatiques (peu de gel au printemps, automnes plutôt ensoleillés), pour peu qu’on les mette à profit, permettent d’étaler largement la période de récolte des tomates de part et d’autre de la période habituelle (qui est globalement située en Franche-Comté entre le 15 juillet et le 15 septembre) mais les plants de tomates, pris individuellement, n’ont pas la possibilité de donner des fruits sur une trop longue période car ils finissent par s’épuiser. Je considère en effet qu’un pied de tomates qui a donné des fruits pendant deux mois a largement fait sa vie, la production de fruits a épuisé le pied et les plants sont alors très sensibles au mildiou (notamment les variétés modernes qui sont plus productives et qui épuisent d’autant plus vite les plants). A contrario, un plant qui n’a pas encore donné de fruits en fin d’été est en super forme (car il n’est pas encore épuisé par la production) et peut donc mieux résister au mildiou, d’où ses meilleurs performances à l’automne.  De ce constat est né un mode de culture (qui au début n’était qu’une expérimentation) basé sur l’échelonnement systématique des semis et plantations.

Aujourd’hui, je sème mes premières tomates le jour de Noël (enfin, plutôt le 26 car le lendemain du Réveillon je ne suis pas très frais), je sème ensuite une deuxième série au début février, une troisième au début mars, une quatrième au début avril, une cinquième au début mai et une sixième et dernière série au début juin. Les années où j’ai besoin de faire des sauces tomates (parce que le stock qui est à la cave tire à sa fin), je sème une série intermédiaire au 15 mars (j’en reparlerai plus bas dans mon article).

J’avais 400 variétés de tomates, j’en ai éliminé une centaine (je commence à lever un peu le pied). Je les sème en pratiquant un roulement, chaque variété ne revenant que tous les 6 ans (les graines se conservent bien sur cette durée).

Même si les variétés semées sont complètement différentes d’une année à l’autre, chaque année est organisée exactement de la même manière et j’ai mis en place un planning rigoureux que je respecte scrupuleusement (je le suis « à la lettre » car au départ il ne s’agissait que d’une expérimentation et il me fallait donc suivre le même protocole, année après année, afin d’en tirer des conclusions).

à Noël, je sème une variété précoce ou assez précoce, réputée pour supporter des températures assez fraîches, en général une variété venant des pays de l’Est (exemples : Stupice, Bloody butcher, Matina …).

au début février, je sème 8 variétés : une moyenne rouge, une moyenne rose, une moyenne jaune, une moyenne orange, une moyenne rayée, deux cerises rayées, une petite bicolore, une cerise bicolore.

au début mars, je sème 10 variétés : deux très grosses rouges, deux très grosses roses, une très grosse orange, une grosse jaune, une cerise blanche, une petite verte, une tomate bleue, une grosse bicolore.

au début avril, je sème 8 variétés : une moyenne rouge, une cerise rouge, une moyenne noire, une cerise orange, une cerise jaune, une grosse blanche, une cerise verte, une très grosse bicolore.

au début mai, je sème 8 variétés : une moyenne rouge, une cerise rouge, une grosse rose, une petite noire, une cerise jaune, une moyenne blanche, une moyenne verte, une moyenne rayée.

au début juin, je sème 6 variétés : une moyenne rouge, une cerise rose, une moyenne orange, une grosse rayée, une grosse bicolore, une cerise bicolore. Et pour la deuxième année consécutive, pour ce semis très tardif, je teste aussi une variété hybride F1, sensée résistante au mildiou et pouvant aller donc jusqu’en novembre si la météo le permet.

Ce planning de plantation, qui tient compte des tailles et des couleurs (afin d’avoir en permanence des salades multicolores qui soient aussi un régal pour les yeux), revient à l’identique tous les ans. Seules les variétés changent chaque année.

Il y a donc 40 variétés semées par an X 6 ans = 240 variétés + les 60 variétés de très grosses tomates que je sème certaines années pour faire de la sauce = 300 variétés.

Concernant les variétés de tomates destinées à faire des sauces les années où j’ai besoin d’en faire, je fais toujours mon semis autour du 15 mars, en une seule fois, ceci afin d’avoir ensuite une récolte groupée en été. Pour cela, je réserve uniquement les très grosses variétés (parfois plus d’un kg) qui sont rouges ou roses. Car c’est une très mauvaise idée de faire des sauces avec des tomates de toutes les couleurs, on obtient au final une sauce d’une drôle de couleur (type « caca d’oie ») peu flatteuse à la vue (j’en ai fait l’expérience).

A noter que je ne plante toujours qu’un seul pied par variété, ce qui fait qu’au final je n’ai pas une très grande plantation (40 pieds seulement les années où je ne fais pas de sauce).

Les avantages de cette méthode d’échelonnement des semis sont importants :

– la période de production des fruits, qui était jusqu’à présent de 2 mois (3 mois les années favorables) passe à 6 mois en année normale (la récolte s’échelonnant du 15 mai au 15 novembre), 5 mois seulement les années difficiles comme 2024. On double donc la période habituelle de récolte des tomates.

– le problème du mildiou n’a plus à être traité car dès qu’un pied est atteint, on ne cherche pas à prolonger sa vie artificiellement, on l’arrache tout simplement (et sans scrupules car on sait qu’arrivent derrière d’autres séries de tomates en meilleure forme).

– en échelonnant les semis et en ne mettant donc pas « toutes les tomates dans le même panier », on s’affranchit assez bien des aléas météorologiques, certaines séries de tomates s’en sortent toujours (à noter que la diversité des tomates aide aussi à surmonter les variations météos, il y a toujours quelques variétés dans le tas qui sont mieux adaptées au sec, à la chaleur, au froid, à l’humidité …).

Parmi les inconvénients de la méthode, il y a surtout la difficulté à gérer les deux premiers semis (c’est à dire ceux de Noël et de février) car le mois d’avril (date à laquelle je mets les plants en pleine terre) est encore loin à cette époque et il faut que je jongle entre le salon, les rebords de fenêtre ensoleillés, ma petite serre et mon sous-sol. Et le jardinier doit avant tout apprendre à ce que ses petites plantules ne « filent » pas à l’intérieur de la maison (j’en parlerai dans un autre article).

A noter que celui qui voudrait adopter ma méthode mais en la commençant seulement en février (au lieu de Noël) aura une production de fruits qui durera 5 mois (au lieu de 6), ce qui reste malgré tout très intéressant.

Si certains d’entre vous sont intéressés, je ferai une série d’animations dans mon jardin fin juin/début juillet sur ce thème de la tomate. J’ai d’ailleurs organisé cette année mon jardin en conséquence afin de passer progressivement d’une série de tomates à l’autre, dans l’ordre exact de plantation.

Les tondues de la Libération

Aujourd’hui, 8 mai 2025, on fête les 80 ans de la Libération, moment important de l’histoire de notre pays.

Peu de gens avaient été résistants pendant la guerre mais beaucoup se sont découverts des âmes de héros à la Libération. « Les glorieux héros de la 25ème heure ! »

Et quelle âme héroïque fallait-il avoir pour se joindre à la foule en liesse assistant  au spectacle des femmes tondues … ces femmes qui avaient couché avec les envahisseurs !

C’est un triste épisode de la Libération dont on parle peu.

Je n’envisageais pas de faire un article sur le sujet mais je suis tombé sur une vidéo de Jean Rochefort qui en parle de manière très émouvante.

Bien entendu il y a la chanson de Brassens, peut-être la seule chanson française à avoir abordé le sujet :

Joyeux 8 mai quand même !

Le loriquet arc-en-ciel

On aurait pu croire que les zoos allaient disparaître progressivement au fil des années, le public acceptant de moins en moins le côté exigu des cages, la capture d’animaux dans la nature …

Mais qu’on aime ou pas les zoos, force est de reconnaître que des progrès considérables ont été effectués, que cela a réhaussé considérablement l’image qu’on se faisait de ce type d’établissements et que le public est globalement enthousiaste. 22 parcs français accueillent plus de 200 000 personnes chacun, ce qui est considérable (la palme revenant au zooparc de Beauval qui a atteint 2 millions de visiteurs en 2022, parfois plus de 35 000 visiteurs sur une seule journée).

Au nombre des grandes avancées au fil des décennies, je cite :
– des enclos de plus en plus spacieux (on ne parle d’ailleurs plus de cages), exemple à Beauval d’une volière de 1,6 ha avec une hauteur de 36 m dans un parc de 44 hectares ;
– des animaux qui sont issus, pour la plupart, de reproduction en captivité, sans capture dans le milieu naturel ;
– des reconstitutions (de plus en plus réussies) de milieux naturels ;
– des implications de tous les parcs zoologiques dans des mesures de conservation de certaines espèces au niveau de la planète ;
– un vrai souci de pédagogie (qualité de l’information donnée, animations du genre « deviens soigneur pour une journée », zones d’immersion …) ;
– des spectacles qui magnifient les possibilités techniques des animaux, et notamment des oiseaux
– des équipes passionnées et très compétentes.
– une vraie force économique (70 millions d’euros de recettes annuelles pour le zooparc de Beauval, 660 personnes qui y travaillent en permanence, effectif à multiplier par deux en pleine saison).

Je ne vais pas me faire le défenseur des zoos (qu’on n’appelle d’ailleurs plus souvent ainsi mais plutôt « parcs » : parcs zoologiques, parcs animaliers, zooparcs, bioparcs, parcs ornithologiques…) et je comprends évidemment très bien qu’on déteste ce genre d’endroits (pour la raison principale de la captivité je pense). J’ai d’ailleurs détesté ce genre d’endroits. Mais ce n’est plus mon cas, j’ai appris finalement à aimer ces lieux, ou tout du moins quelques lieux, même si évidemment une observation dans la nature vaut mille fois plus !

Parmi les avancées citées ci-dessus, il y a les zones d’immersion qui créent un contact direct et un lien affectif entre l’animal et l’enfant et dont bon nombre d’adultes se prêtent aussi au jeu du contact.

Les loriquets, espèces consommatrices de nectar, sont régulièrement utilisés dans ces zones d’immersion.


Deux espèces reviennent régulièrement dans les parcs : le Grand Eclectus …

… et le Loriquet arc-en-ciel.

Le loriquet arc-en-ciel est la plus sociable des deux espèces (aussi bien avec ses congénères qu’avec les gens). Exemples de photos prises lors de mes dernières visites au parc de l’Auxois et au parc ornithologique de Villars-les-Dombes.

L’une des prochaines fois, je vous parlerai des lémuriens.