Ces vieux qui nous gouvernent

Devient-on un peu plus con, ou un peu moins con en vieillissant ? Brassens a donné son point de vue dans une chanson écrite à l’époque où il balançait entre deux âges : « le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con … ». Vous la connaissez peut-être !

Aujourd’hui, je n’ai pas un avis définitif et tranché sur la question, je pense qu’il n’y a aucun mérite, ni à être jeune, ni à être vieux (ni évidemment à être con !). Pourtant, il n’y a pas si longtemps encore, j’étais tenté de penser qu’en vieillissant on devait acquérir un peu de hauteur de vue, un peu de sagesse – le mot est un peu grand, disons « de bon sens » – mais quand j’écoute ou quand je lis les propos de vieux qui sont sous le feu de l’actualité, souvent des politiques, mais aussi des scientifiques, des responsables syndicaux, des journalistes, des hommes ou femmes du show-bizz … je me dis que Brassens devait avoir un peu raison quelque part, ces gens ne semblent pas s’être spécialement bonifiés en vieillissant, le temps ne fait effectivement rien à l’affaire.

Je n’ai évidemment rien contre les vieux (d’autant plus que j’y arrive à grandes enjambées !) mais je pense qu’actuellement ils sont beaucoup trop présents dans la vie publique (notamment dans la vie politique), qu’il pourrait y avoir un rééquilibrage en faisant une grosse place pour des gens nouveaux. J’aimerais entendre des gens différents à l’antenne, pendant les campagnes politiques, pendant les journaux télévisés (je dis ça, mais c’est un peu hypocrite, car de toute façon je ne regarde jamais). Vous n’avez pas envie d’un peu de fraîcheur, vous ?

Le journal « les Inrockuptibles » n° 537 du 14 mars dernier nous donne une info intéressante : en vingt ans, l’âge moyen d’un homme politique ou d’un responsable syndical est passé de 45 ans à 59 ans. Pendant le même laps de temps, le nombre de députés de moins de 45 ans est passé de 38% à 15%.

Ca vous inspire quoi ces chiffres ?

8 réflexions au sujet de “Ces vieux qui nous gouvernent”

  1. Ben… moi ça ne me choque pas plus que ça d’autant plus que la population vieillissant elle-même, c’est finalement presque normal que ses réprésentants suivent le mouvement !

    La « fraîcheur » dont tu parles (et qui peut nous manquer) n’est en plus, comme l’exprimait si bien Brassens, pas une question d’âge mais bien d’état d’esprit : la jeunesse ne garantie rien sur ce point-là (bien au contraire !!!!).

    Je ne m’avancerais toutefois pas trop loin dans le reproche fait à ceux qui font profession de présenter (journalistes), décrire (scientifiques) ou diriger (politiciens) le monde. N’est-ce pas en fin de compte ce dernier, plutôt qu’eux, qui manque surtout de fantaisie, de poésie et de « fraîcheur » et qui leur impose ses règles ?

    En même temps tu as raison, on a beau être adulte (ou faire semblant de l’être), on a du mal à empêcher le « principe de plaisir » de vouloir reprendre le dessus sur le « principe de réalité ». Et c’est peut-être justement ce mouvement (vouloir à nouveau prendre ses désirs pour la réalité), la « fraîcheur » dont tu parles.

    Mais l’accepterait-on vraiment de leur part, cette insouciance forcément puérile ? Au fond de nous je me demande si on ne trouve pas quelque part « juste » que la contrepartie du pouvoir qu’ils demandent, exercent et/ou accaparent soit justement cette condamnation à l’esprit de sérieux et de pesanteur ! Bien fait pour eux ! Et nous en face, on est peut-être à leur merci, mais on peut rire, chanter, danser, se moquer d’eux (de leur sérieux entre autre) et surtout… dire sans trop de souci n’importe quoi (…la preuve !) !

    Post Scriptum (qui va faire bondir) : pour les artistes, c’est tout le contraire… on trouve quelque part juste que la contrepartie du privilège qu’on leur accorde de pouvoir vivre (pour nous) le « principe de plaisir » soit… une difficulté à vivre dans le monde « réel » !

  2. J’ai rien compris à ce commentaire, mais j’suis d’accord… Ou le contraire !!!

  3. Dis-moi Bernard, « Les Inrockuptibles », c’est pas ce magazine de vieux qui veulent faire semblant de rester jeunes ? Méfie-toi si tu le lis souvent : à mon sens t’en as pas besoin, mais bon…

  4. Bien sûr que la population vieillit. Mais il me semble quand-même que, selon les chiffres rapportés par Bernard, les politiciens vieillissent plus vite que les autres(?) Y aurait-il moins de jeunes qui s’engagent dans cette voie ? Ou bien serait-ce les vieux qui ne voudraient pas laisser leur place ?
    Je ne pense pas que les jeunes se sentent moins concernés que nous au même âge (cf la mobilisation contre le CPE), mais qu’ils se rendent mieux compte à quel point la marge de manoeuvre est faible. Comment croire aujourd’hui que l’on peut changer le monde par la voie politique ?
    En plus de l’âge de ces gens qui nous gouvernent, nous devrions nous pencher sur la durée cumulée de leurs mandats. D’une part, pour éviter la corruption et le fonctionnement par réseaux de connaissances, et d’autre par pour amener un regard neuf sur les choses de la politique.
    Quant à la sagesse soit-disant acquise par les plus anciens, je n’en vois pas beaucoup trace dans les différents discours.

  5. Anne a raison, je pense, en montrant du doigt la durée cumulée des mandats des élus. Peut-être que si on limitait à un seul mandat, ça obligerait le mec qui est élu à faire le maximum pour qu’il reste quelque chose de palpable et de constructif de son mandat, ça l’obligerait peut-être à se dépasser et à donner le maximum, car le temps dont il disposerait pour mener sa mission à bien lui serait compté.
    Autre sujet abordé par Anne qui dit : »comment croire aujourd’hui que l’on peut changer le monde par la voie politique? ». C’est un réel problème. J’ai l’impression aujourd’hui que les associations, malgré leur peu de moyens sont peut-être celles qui contribuent à faire changer, certes modestement, les choses, aussi bien dans le domaine du social, de la santé que de l’environnement. En tous les cas, c’est une autre voie – et me semble-t-il plus efficace- que la voie politique. Mais ça reste tellement modeste face à la masse des problèmes ! C’est un sujet un peu vaste qui pourrait faire l’objet d’un autre article dans les temps qui viennent.

  6. A l’intention de Humeur Badine : je ne connais pas du tout la revue inrokuptibles et je ne sais pas si c’est « un magazine de vieux qui veut faire semblant de rester jeune ». On m’a juste fait la copie d’un article d’où est issue la citation de mon article. L’article des Inrokuptibles parle de la situation des jeunes en général, pas seulement sur le plan de leur représentativité politique, mais aussi au niveau de l’emploi, de la formation, du niveau de vie et de la famille. C’est assez édifiant dans tous les domaines, la régression est totale à tous les niveaux et la crise du CPE n’est qu’un aspect d’une crise plus profonde. Les manifestations contre le CPE, c’est comme les incendies dans les banlieues, on croit que tout est rentré dans l’ordre mais tous les ingrédients sont là pour que ça nous revienne en pleine gueule dans les mois ou les années qui viennent.

  7. Tout à fait d’accord avec Anne également… Le fameux « cumul des mandats » on en parle toujours en terme « vertical » (ne pas avoir plusieurs mandats en même temps), jamais en terme « horizontal » (ne pas en avoir plus de… deux, je serai sur le point plus généreux que Bernard), alors que c’est là essentiellement qu’est le problème : quand la politique devient une « profession ». Le politicien n’est-il pas alors invitablement amené à confondre intérêt personnel et général, à chercher avant tout à se faire réélire, à faire croire que la politique est une affaire d’experts… ?

    Je proposerai volontiers d’en revenir à la méthode de désignation des Athéniens de la grande époque : par tirage au sort. Ce qui me plaît surtout dans l’idée c’est la réaction qu’elle suscite. Ca vous fait peur que n’importe que péquin puisse avoir du pouvoir ? Mais êtes-vous vraiment « démocrate » alors ? Oui… mais vous avez peur quand même ? Ben alors c’est qu’il faut vraiment repenser ensemble le projet éducatif.

    L’autre intérêt de cette mesure est que le combat contre l’ignorance et la bêtise (TF1 et Cie) deviendrait alors l’affaire de tous et une véritable nécessité… alors que dans « l’expertocratie » actuelle, elles arrangent tout le monde !

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