« Another side of Bob Dylan » (2)

TRADUCTION LIBRE DE LA CHANSON “IT AIN’T ME BABE”

Nouvelle traduction d’une chanson de Dylan par notre ami Jean-Louis.

La chanson de ce mois, extraite donc du disque Another side of Bob Dylan s’appelle It ain’t me Babe. Elle est l’une des plus connues de Dylan.

Voir le texte original en anglais et écouter 30 secondes de la chanson.

Je n’ fais pas l’affaire, ma chérie

Ote-toi de mon soleil,
Va-t-en à l’allure qui te plaira
Je ne suis pas celui que tu veux, chérie
Je ne suis pas celui dont tu as besoin.
Tu prétends que tu cherches quelqu’un
Qui n’est jamais faible mais toujours fort
Qui te protégera et te défendra
Que tu aies raison ou que tu aies tort
Quelqu’un qui t’ouvrira n’importe quelle porte
Mais chérie, ce n’est pas moi,
Non, non, non, ce n’est pas moi, chérie,
Je n’ fais pas l’affaire, ma chérie !

Descends avec légèreté de ton piédestal, chérie,
Reviens avec légèreté sur la terre ferme.
Je ne suis pas celui que tu veux, chérie,
Je vais certainement te laisser tomber.
Tu prétends que tu cherches quelqu’un
Qui promettra de ne jamais se séparer de toi,
Quelqu’un qui ira en aveugle dans ton jeu,
Quelqu’un qui fermerait même son cœur.
Quelqu’un qui mourrait pour toi et même pire,
Mais chérie, ce n’est pas moi,
Non, non, non, ce n’est pas moi, chérie,
Je n’ fais pas l’affaire, ma chérie !

Va t’évanouir dans la nuit, chérie,
Ici les remparts sont faits de bonnes pierres
Rien ne me fera changer d’avis
Et de toute façon, je ne souffre pas de solitude
Tu prétends que tu cherches quelqu’un
Qui te rattrapera à chaque faux-pas,
Qui te cueillera sans arrêt des bouquets
Et qui accourra au moindre coup de sifflet
Un amant de ta vie, autant dire un esclave,
Mais chérie, ce n’est pas moi,
Non, non, non, ce n’est pas moi, chérie,
Je n’ fais pas l’affaire, ma chérie !

Interprétation : Jean-Louis Dubois
3 et 4 mai 2006
à Cris

PS – Dylan a des tas de belles chansons d’amour malheureuses comme celle-ci…
Il a dû en briser des cœurs !

10 réflexions au sujet de “« Another side of Bob Dylan » (2)”

  1. J’ai lu ça dans le dictionnaire du rock dont je t’ai déjà parlé. Aïe, aïe, aïe, tu ne vas plus avoir confiance ! La phrase exacte est « … et le merveilleux « It Ain’t Me, Babe » destiné, paraît-il, à Joan Baez. »
    Tu remarqueras le « paraît-il » et le conditionnel de mon commentaire.
    Je suis allée voir sur le lien dont tu parles et ça me paraît vraisemblable qu’il y ait plusieurs niveaux de lecture (histoire amoureuse, rapport de Dylan avec le public, voire même avec la patrie).
    J’ai essayé de faire d’autres recherches sur la toile… J’ai trouvé des traductions de la chanson dans un peu toutes les langues, les partitions, les différents interprètes ( il semblerait qu’il existe une version duo Dylan/ Janis Joplin que j’aimerais vraiment bien écouter). J’ai appris que le titre étais celui du deuxième album de The Turtles et qu’il existe un mouvement artistique féminin au Etats-Unis qui a repris ce nom. Mais pas une info de plus concernant le message délivré par Dylan.

  2. Et si le mystère de Dylan était d’être… sans mystère, je veux dire sans « double sens » ou « second degré », allez j’ose le mot sans « intelligence » (cette maladie qui prétend arraisonner le monde) ?

    Il le dit lui-même d’ailleurs (« Je ne suis qu’un simple chanteur ») et c’est peut-être cette « simplicité » (une forme rare d’intégrité finalement) qui le rend mystérieux. Comme une énigme dont la solution serait… qu’elle n’a pas de solution (et serait donc pour le coup doublement énigmatique).

    En tout cas, je pense que tenter de justifier la valeur de ses textes en y décelant d’hypothétiques et divers niveaux de lecture (bref faire de l’analyse « savante » de texte) est une fausse piste… comme de tenter d’expliquer la magie des papillons en les décortiquant.

    La meilleure chose à faire est peut-être avant tout de les écouter, voire les chanter… ou les traduire comme le proposent Bernard et Jean-Louis.

    C’est en effet, en fin de compte, donner bien de de valeur à une chanson que de laisser entendre qu’elle vaut pour ses seconds degrés. Il me semble en tout cas que considérer « It ain’t me Babe » simplement pour une chanson d’amour, abordant ce thème éternel par un point de vue inédit (qui n’a pas besoin d’être « biographique » pour avoir de l’intérêt) est largement suffisant. Admettons peut-être juste que ce point de vue – que l’on peut qualifier de lucide et individualiste – est bien symptomatique de ce qui naissait à cette époque… Et si Dylan fait partie de ceux qui ont peut-être le mieux « senti » l’esprit de cette époque c’est peut-être justement qu’il n’est rien d’autre qu’un artiste, une sorte de « medium » qui capte d’autant plus finement les courants d’une époque qu’il n’a au préalable aucun message à transmettre… qu’il n’a aucun second degré !

  3. Finalement, est-ce que ça veut dire que Bob Dylan, c’est un peu comme Léo Ferré ?
    Pour Ferré, nul besoin d’essayer de décortiquer et d’analyser les chansons, les milliers de mots qu’il a dans la tête s’entrechoquent et en sortent avec fulgurance. L’auditeur (ou le lecteur) ne doit pas chercher le sens caché du texte, que d’ailleurs Léo Ferré ignore peut-être lui-même. Il suffit juste de se laisser guider par la couleur des mots, le rythme des paroles, la magie du verbe.

    Voici le premier couplet de “la mémoire et la mer” :

    La marée je l’ai dans le cœur
    Qui me remonte comme un signe
    Je meurs de ma petite sœur
    De mon enfant et de mon cygne
    Un bateau ça dépend comment
    On l’arrime au port de justesse
    Il pleure de mon firmament
    Des années-lumière et j’en laisse
    Je suis le fantôme Jersey
    Celui qui vient les soirs de frime
    Te lancer la brume en baisers
    Et te ramasser dans ses rimes
    Comme le trémail de juillet
    Où luisait le loup solitaire
    Celui que je voyais briller
    Aux doigts du sable de la terre.

  4. C’est bizarre, la comparaison avec Ferré – qui a peut-ête atteint le meilleur avec « La mémoire et la mer », je suis d’accord avec toi – me paraît justifiée pour certaines chansons inspirées (marijuanalement enfumées ?) de Dylan, mais là, pour celle-là, je ne trouve pas trop. Pas trop de « paraboles obscures » ici, plutôt une chanson écrite « comme on marche ou comme on parle – sans y penser » (cf. ton dernier commentaire de l’article précédent)

  5. Coucou ! JL bouge encore !
    Je me sens assez proche de l’avis de Vincent. Je ne vois pas pourquoi chercher dans la poésie de qui que ce soit des seconds et des troisièmes sens.
    Mais je crois à la sincérité du premier sens, qui peut se croiser avec des symboles et, volontairement ou non, se croiser avec le contexte, l’actualité intime ou générale, l’environnement…
    Idem pour celui qui recoit la poésie/musique et qui peut y trouver – c’est magique ! – d’autres émotions que les intentions de départ de l’auteur !…
    Il me semble qu’il n’y a pas d’un côté un artiste (quelqu’un qui crée) et de l’autre des moutons qui écoutent/recoivent. L’auditeur, le « pékin qui recoit », est aussi créateur à son niveau : il recrée à partir de sa propre culture, de son histoire de sa capacité d’imagination, de son émotivité…
    Une chanson comme « It ain’t me, babe », peu m’importe pour qui BD l’a faite, elle rencontre une (ou des) rupture(s) personnelle(s). Et c’est pour ça qu’elle me plaît !

  6. Salut Bernard
    j’aime beaucoup B.Dylan et les années 70…(ça ne nous rajeunit pas!) et je voudrais partager cette interprétation de « Mr Tambourine man » par Mélanie.

  7. Le Monde.fr devient très coutumier du fait de ressortir des vieilleries qui n’ont aucun intérêt.
    Ainsi, cette vieille vidéo relatant des paroles datant de 40 ans.
    http://www.lemonde.fr/culture/video/2014/11/23/quand-bob-marley-parle-de-bob-dylan_4527527_3246.html
    On se dit « wouah, Bob Marley qui parle de Dylan ». Et puis on regarde la vidéo et là, déception, il n’y a rien. Moins que rien. Aucun intérêt. Je doute que Bob Marley lui-même (que j’admire et écoute beaucoup) ait souhaité que ces paroles-là passent à la postérité.

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