La leçon de démocratie de Jean-Louis Debré

Belle initiative que d’avoir créé, juste après les événements qui ont vu brûler les banlieues en novembre 2005, un collectif pour agir contre la dégradation de la situation et les risques de nouveaux dérapages. Ce collectif a pris le nom d’AC LE FEU (Association du Collectif Liberté, Egalité, Fraternité, Ensemble et Unis) et s’est donné pour but de recueillir les doléances des cités françaises et de faire « remonter la parole des habitants des quartiers auprès des institutions supérieures ». Bilan au bout de trois mois de visites dans 120 villes de France : plus de 20 000 doléances recueillies.

12 000 de ces doléances ont été analysées, ce qui a nécessité un travail considérable, et les membres du collectif espéraient remettre la synthèse de ce travail en mains propres, le 25 octobre prochain, à Jean-Louis Debré, à l’issue d’une grande marche citoyenne organisée ce jour-là jusqu’à la Chambre des députés.

Le Président de l’Assemblée Nationale a fait savoir qu’il ne donnerait pas suite à l’audience demandée en raison d’un « emploi du temps particulièrement chargé ». Mais ce Monsieur est bien gentil : il a quand même gentiment invité ces gueux de banlieusards à déposer leurs doléances … auprès des gardiens-surveillants du Palais-Bourbon !

18 réflexions au sujet de “La leçon de démocratie de Jean-Louis Debré”

  1. Aucune réaction pour l’instant à cet article !
    Vous ne trouvez pas, vous, que tout peut s’embraser de nouveau dans les banlieues ?
    Si j’en crois la presse et même le Canard Enchaîné de ce jour, tous les observateurs semblent inquiets, d’autant plus que les journalistes semblent se préparer à commémorer le premier anniversaire des événements de novembre dernier. Drôle d’idée, non ?

  2. Oui, effectivement je pense que tout peut s’embraser de nouveau dans les banlieues;

    J’en veux pour preuve les incidents que nous montrent les differents journaux télévisés en ce moment au sujet des agressions de pompiers et policiers dans les banlieues justement !

    Ils sont la cible permanente d’agressions en tous genres :
    – jets de pierres ou jets de tout ce qu’ils ont sous la main – insultes – crachats – incendits de véhicules … etc

    Ils font même de fausses alertes par téléphone uniquement pour les faire venir et tomber dans leurs embuscades, leurs pièges… Puis ensuite, c’est un « jeu d’enfants », ils n’ont plus qu’à se défouler !!!

    Conséquences: les policiers ont REELEMENT peur (et à juste titre) et n’osent presque plus faire des rondes ou des interventions dans certains quartiers tant le « comité d’accueil » est au rendez-vous !!! …

    Et si les policers essayent de faire usage de la force, cela se retourne contre eux… Ils ne peuvent pas se défendre avec leurs armes ( en intimidation, j’entends…) car ils doivent justifier chaque balles sous peine d’être sévèrement sanctionné… (C’est normal, bien sûr ! mais cela augmente la peur des policiers car même avec une arme sur eux, ils ne se sentent pas en sécurité ! …)

    J’habite au coeur même d’un quartier de Planoise où il se passe régulièrement des choses du genre, et je peux vous dire que j’ai des annecdotes en quantité !

    Avec ma copine, on a même été obligé par les pompiers de quitter notre appartement en pleine nuit car des abrutis avaient mis le feu à notre immeuble ! Des gens ont péri dans les flammes 2 rues plus loin pour les mêmes raisons !!! etc, etc, etc …

    Et puis, qu’il y ait une guerre entre les caïds de banlieues et la police peut encore se comprendre … mais qu’ils s’attaquent aux pompiers !!!
    C’est une honte ! et pendant que les pompiers tombent dans leurs embuscades à cause d’ alertes bidon , des personnes blessées ou en dangers de mort ne peuvent pas être pris en charge à temps ! …
    Pitoyable !!!

  3. Je serai curieux de connaître le contenu de ces « cahiers de doléances ».
    J’ai du mal à croire qu’il y ait des demandes bien identifiées !!!
    Cet AC LE FEU… j’ai du mal à le voir autrement que comme un outil d’instrumentalisation, sans grand intérêt (une sorte d’ SOS Racisme new look, quoi !)

  4. Un outil d’instrumentalisation par qui ? Pour qui ?
    Si c’était le cas, Jean-Louis Debré aurait non seulement accepté de recevoir les représentants d’AC LE FEU, mais l’événement aurait été largement médiatisé.
    Il s’agit d’une association créée par des éducateurs de rue au lendemain du décès de deux jeunes dans un transformateur EDF.
    Leur intention est de faire entendre les voix de personnes qu’on n’écoute jamais. Faire entendre ces voix aux politiques qui nous gouvernent et qui légifèrent.
    Une tentative (louable) de démocratie participative en quelque sorte. La branche légaliste des banlieues.
    Ne leur faisons pas de procès d’intention.
    Ne les sabrons pas à la base.
    Je suis, comme Bernard, révoltée par la décision de Debré de ne pas les recevoir.

    Quant au commentaire de Nico, il me glace.
    Je peux comprendre sa révolte, mais sa peur lui fait oublier de resituer les choses dans leur contexte. Et j’imagine que beaucoup d’habitants des quartiers difficiles réagissent de la même manière.
    Je ne veux en aucun cas soutenir des actes de violence, mais la violence infligée à toute une partie de la population est réelle, bien qu’insidieuse.
    Comment garder des repères quand on n’a rien à perdre ?

  5. Oui, comme le dit Anne, on ne peut pas faire de procès d’intention à des éducateurs de rue qui, en quelques mois, ont sillonné la France avec un bus et accompli un travail de titans, mûs par le simple désir de créer du dialogue là où il n’y en a plus et d’apporter leur contribution (et peut-être des embryons de solutions) à la résolution des problèmes. Je ne vois pas non plus les tentatives d’instrumentalisation ni même de récupération politique car à ma connaissance tous les partis se sont bien gardés de dénoncer l’attitude de Debré (celà dit, je ne suis l’actualité qu’en filigrane et les prises de position des uns et des autres sur le sujet, si jamais il y en a eu, on pu m’échapper).

  6. J’ajouterai ce commentaire : Vincent, j’avais crû comprendre, dans de précédents commentaires, que pour toi la démocratie ne pouvait pas se résumer au simple bulletin de vote et qu’il existait de nombreuses autres formes démocratiques, notamment participatives. Le travail qu’a entrepris AC LE FEU est un bel exemple de démocratie participative (comme le rappelle justemment Anne), non ?

  7. Je ne pense pas faire de procès d’ « intention » (qui me semble effectivement tout à fait louable)… je demande juste à voir le »résultat »… et doute simplement (a priori, j’en conviens) que la « rage des banlieue » puisse s’exprimer en doléances « politiquement correctes ».

    Le soupçon de récupération que j’évoque ensuite, est celui des travailleurs « socio-listes », vertueux et gentiment (naïvement ?) bien-pensants. De ces « belles âmes » qui se payent de mots (et de beaux gestes qu’ils ne comptent pas) et font peut-être au bout du compte plus de mal que de bien à ceux qu’ils souhaitent charitablement aider.

    Bref, je vais encore du « mauvais esprit ».
    N’empêche, avez-vous vu quelque part des extraits de ce document ? Valait-il vraiment le coup ?

  8. Vincent, tu doutes « que la rage des banlieue puisse s’exprimer en doléances politiquement correctes”.
    Ben justement, ce serait bien, au contraire, si elles étaient politiquement incorrectes, non ? Tu ne crois pas qu’il y en a un peu marre du « politiquement correct » et du « consensus mou » de nos sociétés occidentales ?

  9. Je veux juste dire qu’avant de s’insurger contre le geste de ce cher Debré, il faudrait peut-être savoir si le document écarté valait vraiment quelque chose.

  10. La qualité du document est une chose. Le geste de Debré en est une autre. Il n’y a pas de rapport direct entre les deux car je crois que le Président de l’Assemblée Nationale ne connaissait pas la teneur du document qui allait lui être remis. Son attitude de refus n’est donc pas dictée par une remise en cause de la qualité du cahier de dolélances. Il ne reste donc comme explication que le mépris clairement affiché pour le problème des banlieues.

  11. Mouais… Faut quand même admettre que ce n’est pas son rôle !
    On peut lui reprocher plein de choses, mais quand même pas de ne pas lire tout ce que n’importe quel groupuscule lui apporte !

  12. Que ce soit son rôle ou pas, je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est qu’il y a un très grave problème, que tous les indicateurs sont au rouge et que tout peut pèter d’un moment à l’autre. Alors, dans ces conditions, tout le monde (mais plus encore le parti qui est au gouvernement) doit avoir sur ce sujet une grande capacité d’écoute.

  13. Ok… Même si je doute fort que ça ait pu changer quelque chose dans le fait que ça pète ou non.
    Vous le percevez comment, vous, le « malaise des banlieues » (sans pour autant prétendre avoir tout cerner) ?
    Vous imaginez qu’il y ait pu y avoir quoi d’écrit, par exemple, sur le document ?
    Quelle éventuelle solution pourrait-il y avoir pour en sortir ?

  14. Pour moi, le malaise des banlieues est le malaise de ceux qui n’ont plus rien à perdre, pas seulement parce que la société les a laissés sur le carreau mais aussi parce que leur monde, leur quotidien, est sans repères, ni sur le plan économique, ni sur le plan social, ni sur le plan familial.

    Attention, il y a beaucoup d’autres qui dans notre société en sont au même stade ! Le malaise des banlieues est celui d’une partie de nos concitoyens plus proches de nous. La seule différence c’est que dans les cités, la getthoïsation est de règle ! Mais à part ça, peu de différences fondamentales, l’explosion guette des pans entiers de notre société !

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