Une vie entière derrière l’aspirateur ?

Les médias aiment les chiffres. Tous les journaux, sauf quelques exceptions, sortent à tour de bras des enquêtes, des sondages … et il ne nous vient rarement à l’idée de vérifier les chiffres qui nous sont proposés (celà nécessiterait tout un travail d’investigation qui n’en vaut certainement pas le coup). Mais parfois, les chiffres qu’on nous fait avaler sont trop énormes. Tellement énormes qu’on sort sa calculette. On vérifie alors et on n’en revient pas du côté fantaisiste des chiffres qui nous sont assenés avec une présentation qui semble à première vue très scientifique.

Ainsi, dans l’avant dernier Télérama, un petit entrefilet intitulé « Poussièrethon » nous dit : « Une femme parcourt 11 000 kilomètres derrière un aspirateur au cours de sa vie, alors qu’un homme dépasse péniblement les 1 300 kilomètres ! Etonnantes moyennes, issue d’une étude commandée par un fabricant … d’aspirateurs ».

Les 11 000 kilomètes, c’est à dire 11 millions de mètres me paraissant tellement énormes, j’ai évidemment pris une nouvelle fois ma calculette. Si je divise ce chiffre par 50 (nombre d’années à faire le ménage) et par 365 (le nombre de jours dans une année), j’arrive exactement à une distance de 602 mètres passée chaque jour derrière l’aspirateur, ce qui me semble colossal !

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Je ne sais pas à quoi ça rime de publier ce genre de chiffres. Est-ce que le but final est de nous faire acheter un peu plus d’apirateurs ? De nous faire croire que le mâle est ridicule avec ses 71 petits mètres par jour et qu’il doit copier sa compagne ? De nous dire que le rôle de la femme est de passer sa vie entière derrière un aspirateur ? D’insinuer qu’elle n’a rien d’autre à foutre que de se promener ainsi à longueur de journée dans la maison ? Dans tous les cas de figures, cet article me semble caricatural et injurieux pour l’être humain, homme ou femme, que l’on voudrait voir réduire à un vulgaire robot marchant bêtement derrière un engin mécanique. Et il est lamentable que Télérama relaie ce genre de choses. Ou alors, c’est de l’humour au quatrième degré. Mais ce n’est pas le genre de cette revue qui me semble dépourvu de la moindre once d’humour depuis le départ du regretté pince-sans-rire Alain Rémond (que les fans retrouvent maintenant avec plaisir chaque semaine dans Marianne).

Evidemment, même si j’ai très peu de chances d’être publié dans le courrier des lecteurs, j’ai écrit à Télérama. Avec cette conclusion « la femme n’aspire-t-elle pas à autre chose ? ».

33 réflexions au sujet de “Une vie entière derrière l’aspirateur ?”

  1. Etre retenu – même en extrait – dans le courrier des lecteurs de Télérama… une quête que plus d’un mettent des années avant de voir réalisée. Si t’y parviens du premier coup, on t’en paye un (de coup) !
    (Moi j’dis que si tu as fait court, tu as de bonnes chances : le style autocritique humoristique ils apprécient beaucoup)

  2. « – Poussière, tout n’est que poussière et retournera en poussière, dit le pape.
    – Tais-toi, tu parles comme un aspirateur, lui répond le veilleur de nuit »

    (Jacques Prévert, extrait de « la crosse en l’air »)

  3. Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant dans ces chiffres… Moi, je promène mon aspirateur tous les jours… Je lui fais prendre l’air sur environ deux kilomètres en prenant soin de ramasser ce qu’il expluse de son sac à poussière, pour ne pas polluer les trottoirs. En plus, il est très bien élevé et obéissant…
    Ce qui me choque c’est que les hommes ne suivent pas plus ce gentil petit objet…

  4. Quel est le point comment entre un homme et un chat?

    Ils ont tous les deux très peur de l’aspirateur…

  5. Je me disais bien « si ce chiffre de 600 mètres est vrai et que toi, Dupdup, tu ne passes jamais l’aspirateur, ça veut dire que d’autres le passent peut-être plusieurs kilomètres par jour ». J’avais conclu qu’une telle éventualité était impossible. Je n’avais pas pensé qu’il existait peut-être des Cess à chaque coin de rue !

  6. A ceux qui n’en reviennent pas que je me sois amusé à calculé la distance quotidienne qu’une femme parcourt avec son aspirateur, je leur répondrai sous la forme d’une belle contrepéterie : « Nul n’est jamais trop fort pour ce calcul »

  7. C’est qui que tu appelles ton « aspirateur », Cess ?
    Et pour quelle raison ?

  8. 600 m, ça me paraît crédible, moi !
    Vous avez déjà vu une femme passer l’aspirateur ?
    Elles commencent dans une pièce, vont passer un coup de fil, se remaquillent, ne savent plus où elles étaient passées, cherchent la prise, retournent un petit coup à la cuisine pour voir si ça ne brûle pas, recommencent, vont mettre le son de la télé plus fort pour ne pas perdre la suite du feuilleton, coincent le fil sous une porte, négocient mal le virage, changent le sac (que leur homme a laissé plein la fois d’avant), s’énervent évidemment, recommencent au point de départ, vont chercher le môme à l’école, etc…
    Les mecs, eux, sont beaucoup plus efficaces ! Ils font durer déjà ça beaucoup moins longtemps… d’autant plus qu’ils ne s’embarassent pas de préliminères. Ce sont leurs 71 m surtout qui m’étonnent (les vantards !!!)

  9. « Dans un livre d’entretiens, Glenn Gould raconte comment, lorsqu’il apprend une partition, il trouve le meilleur de son art en mettant en marche un aspirateur à côté du piano : le bruit de l’appareil fait comme un mur entre le monde extérieur et sa méditation. Le bruit absorbe la mauvaise part de l’esprit, ne laissant subsister que la claire attention à la claire musique : la vie n’est jamais si forte que lorsqu’elle est empêchée dans une de ses voies. Elle file, limpide, par l’issue qui lui reste. Cette anecdote me touche plus que la musique des siècles; […] Je dois à Glenn Gould des heures de bonheur et ce principe de l’aspirateur : ce qui contrarie notre vie ne fait à terme que la fortifier. »

    (Christian Bobin, L’épuisement, Le temps qu’il fait, 1994)

  10. « Je serai ton inspiratrice »
    Disait-elle au compositeur
    Ils se marièrent à Saint-Sulpice
    Sous le regard du Créateur
    Dans un trois pièces ils installèrent
    Le piano à queue, leurs deux coeurs
    Les doigts inspirés attaquèrent
    Quand retentit l’aspirateur
    – L’aspirateur ?
    – L’aspirateur

    L’artiste crispa ses paupières
    Sur la perfection d’un accord
    L’aspirateur et la poussière
    Se combattaient au corps à corps
    « Arrête un peu, je t’en prie, Claire ! »
    Ainsi se nommait l’âme soeur
    Qui répondit : « Je m’vois les pierres
    Il faut changer l’aspirateur
    – L’aspirateur ?
    – L’aspirateur

    « Ce sont de vrais nids à poussière
    Que ces appartements vieillots
    Je veux que ta maison soit claire
    Et brille autant que ton brio. »
    Le lendemain l’inspiratrice
    Et son nouvel inhalateur
    Laboure, pompe, suce, ratisse,
    Bat les tapis à coup d’moteur
    D’aspirateur, d’aspirateur

    « Arrête Claire, aï aïe aïe, aïe !
    Prends un plumeau, prends un balai
    Comment veux-tu que je travaille
    Béjart me commande un ballet !
    Je n’en veux plus de ce vacarme
    J’aspire au calme inspirateur ! »
    Claire est en pleurs, Claire est en larmes….
    Dans le placard l’aspirateur
    L’aspirateur, l’aspirateur

    Délicieux, le silence neige
    Le musicien sur le clavier
    Fait ruisseler de doux arpèges
    En attendant son parolier.

    Tiens, le voici, la mine fière
    Son dernier titre sur le coeur :
    « Poussière, tout n’est que poussière…
    J’entends un blues avec des choeurs…
    – Pourquoi pas des aspirateurs
    Aspirateurs ! Conspirateurs !! »

    Ulcéré repart le poète
    Avec son oeuvresur le foie
    « Permets au moins que j’époussette
    Demande Claire, rien qu’une fois
    Regarde, amour, c’est plein de cendres
    Je n’ai besoin que d’un quart d’heure…
    – C’est entendu, je vais descendre. »
    A peine est-il dans l’ascenseur
    Que vrombit le tuyau téteur,
    L’aspirateur, l’aspirateur

    L’engin rugit, l’humeur gloutonne
    Broute les murs après le sol
    Sur le clavier il s’époumone
    Par-ci, par-là, il gobe un sol
    Enfin se tait sa grosse bouche.
    Revient l’artiste, scrutateur :
    « Mon piano, Claire, où sont les touches ?
    Mon ré, Fauré, mon dos, Malher !
    Dans les tripes de l’aspirateur ?!!!
    L’aspirateur, l’aspira… »

    D’un infarctus, Alfred s’écroule
    (Ainsi se nommait ce génie)
    Grand Dieu, sous ses pieds se déroule
    La moquette du paradis
    Un séraphin ou séraphine
    A en juger par ses rondeurs
    Le conduit par des voies divines
    Tout n’est qu’éclat, fraîcheur, splendeur…
    Ah ! nul besoin d’aspirateur !
    Ah ! nul besoin d’aspirateur…

    Devant un grand queue, on l’installe
    Cristal de joie, pur diapason
    L’air étincelle de pétales
    Partout prairies et frondaisons…

    Mais que voit-il là-bas ? c’est Claire
    Qui le rejoint en quelques bonds
    « Sans toi, si lourde était la terre
    Je n’ai pu te survivre, non !
    – Et maintenant que vas-tu faire ?
    Demande Alfred d’un certain ton
    Claire regarde à l’horiszon
    – Où est la tondeuse à gazon ? »

    (Claude Nougaro)

  11. Bien vu Mag !!!!
    Alors, Bernard, il est à piles (rechargeables ?) votre aspirateur ou tu lui as demandé de prendre la pose pour la photo ? (Si c’est le cas, Joëlle, renseigne-toi sur les tarifs des top-models !)

  12. Y’a pas de prise à l’aspirateur. Et ça prouve quoi ? Que les femmes font semblant de bosser, c’est tout !

  13. Oui… c’est ça gros malin! Elle font semblant! D’ailleurs c’est ce qu’elles savent le mieux faire… semblant!
    Grâce à leur gentil mari elles deviennent excellentes dans ce domaine, parce que c’est bien connu…
    « quatre-vingt quinze fois sur cent…. »

  14. Tiens, tiens, la dernière réflexion montre que derrière le pseudo de Humeur ironique se cache quelqu’un de sexe féminin. Ca restreint les possibilités. Je commence d’avoir une idée de qui se cache peut-être derrière ce pseudo.

  15. Ou bien quelqu’un de sexe masculin avec beaucoup d’humour. Mais ça restreint aussi quelque peu les possibilités…

  16. En fait, Bernard voulait que ce soit moi qui le photographie avec l’aspirateur… Mais faut pas déconner, il le passe jamais !!! Donc j’ai pris effectivement la pose, sans penser à la prise de courant…

  17. Le pape :
    « Poussière, tout n’est que poussière et retournera en poussière »

    L’ouvrier :
    « tais-toi, tu parles comme un aspirateur ! »

    Je crois avoir lu ça il y a fort longtemps dans « la crosse en l’air » de Jacques Prévert.

  18. 50 ans d’aspirateur … Ca nous laisse une espérance de vie à 70 ans, si la vie derrière l’aspirateur commence à 20 ans. :ermm:
    Dis-donc, Bernard, drôles de pronostics!! Hélas pour toi, il faudra nous supporter encore 16 ans de plus … :devil:
    Mais là, passera-t-on encore l’aspirateur?? :face:
    Ah, Télérama a encore de belles enquêtes à faire! :sleeping:

  19. Ben moi, je crois que je fais encore plus de kilomètres que ça derrière mon aspirateur.
    C’est vrai quoi, c’est la seule occasion que j’ai de sortir de la cuisine alors j’en profite au maximum :w00t:
    Surtout que j’aime la marche à pied …
    Je ne sais pas qui a inventé l’aspirateur mais c’est mon idole …
    Grâce à lui, je peux assouvir mes désirs … de marche à pied :w00t:

  20. :w00t: :w00t: :w00t:
    Comme Fifitoucourt, c’est suite au commentaire d’Yves du 13 juin à 16h10.
    Trop drôle !
    Désolée Dupdup, là, on rigole un peu à tes dépens mais tu sais, on t’aime bien quand même :wub:
    Quand au Fifitoucourt qui n’arrête pas de me chercher :biggrin: , heureusement qu’il est seulement « toucourt » parce que sinon, qu’est-ce que je prendrais :lol: :lol:
    Allez, Fifi, c’était juste pour rigoler, je t’assure que je n’ai rien contre toi et que je t’aime bien :wub:
    Aïe, ils vont dire que je prends le blogadupdup pour Meetic !
    Mais non, je m’amuse, j’ai bien le droit, non ?
    Après avoir fait la cuisine et passé l’aspirateur pendant toute la journée, un peu de détente !
    :wink:

  21. « Quand au Fifitoucourt qui n’arrête pas de me chercher…  »
    Meu non, moi aussi je t’aime bien c’était pour faire un réagir un peu… :biggrin: Et pis, qui aime bien chatie bien… :tongue:

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