18, rue d’Enghien

276, ce serait donc, d’après la presse, le nombre de policiers affectés à la sécurité du siège de campagne de Sarkozy. Pas étonnant donc que la rue d’Enghien, dans le 10ème arrondissement, vive dans une drôle d’ambiance. Les contrôles sont permanents, les habitants sont excédés, les commerçants voient leur chiffre d’affaire baisser.

Après avoir exigé des analyses d’ADN pour identifier le voleur du scooter retrouvé du fils du « premier flic de France » (du jamais vu dans l’histoire de la police), « Sarko candidat » continue donc d’utiliser tous les moyens que « Sarko ministre de l’intérieur » met à sa disposition. Des fonds publics au service d’une paranoïa aigüe ! Une honte dont les principaux médias parlent peu. Par comparaison, le siège de campagne d’un autre candidat de droite (Bayrou) ne bénéficie de la protection d’aucun policier.

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(cette photo édifiante, qui m’a été envoyée par un ami, nous laisse
effectivement imaginer ce que pourrait être « la France d’après »)

Avant hier matin, j’ai bien ri : leMonde a publié un article très circonstancié disant que Greenpeace venait de déjouer les services de sécurité et avait déversé huit tonnes de maïs transgénique devant la porte de Sarko qui est le seul candidat à être contre le moratoire sur les OGM. Bizarre, quelques heures plus tard, l’article complet avait disparu (alors que d’habitude, leMonde.fr laisse ses articles une quinzaine de jours en ligne), il ne restait plus qu’un article de quelques lignes agrémenté d’une photo. Le lecteur de ce blog trouvera un compte-rendu plus détaillé de ce fait sur Tribune.fr.

La rue d’Enghien ressemble désormais à un pays occupé. C’est devenu une zone de non-droit. Il semblerait même que les Renseignements Généraux enquêtent sur les habitants.

Terminons cependant par une note d’humour. Une habitante de la rue d’Enghien raconte qu’ayant oublié ses papiers, les gendarmes ne l’ont pas laissé rentrer seule chez elle et qu’ils l’ont obligée à l’accompagner à son domicile. Cette dame s’appelle Mme Delarue-Barrey.

81 réflexions au sujet de “18, rue d’Enghien”

  1. A mon avis, les adversaires du « petit Nicolas » feraient mieux de se contenter de faire circuler cette simple photo, sans commentaires… plutôt que ces montages (plus ridicules qu’efficaces, il me semble) qui circulent à foison sur le Net. Mais ce n’est que mon avis…

    A propos, Bernard, tu pronostiques toujours son absence au deuxième tour ? De mon côté (tout en admettant que le jeu des pronostics est sinon dangereux, du moins futile) je « sens » bien un second tour Royal/Le Pen avec une victoire de la première au second tour, de l’ordre de 60/40, plus faible donc que celle de Chirac… surtout si elle refuse comme lui le fameux duel télévisuel final.

  2. Oui, je pense plus que jamais que Sarko ne sera pas au 2ème tour. Je dois dire que je suis troublé par l’arrivée de la sirène Bayrou, mais ça ne change rien à mon pronostic d’il y a trois/quatre mois mis sur ce blog : je crois effectivement à un duel Royal /Le Pen mais je pense que le score du 2ème tour sera peut-être même plus serré que 60/40.

  3. Bayrou, s’il ne met pas de flics devant son QG c’est qu’il espère qu’on viendra l’attaquer : ça lui permettrait de donner l’impression d’être vraiment important ! (lol)

  4. Si ton pronostic est le bon, Bernard, mon côté pervers a plutôt hâte de voir Sarkozy annoncer sa consigne de vote pour le second tour. Un grand « moment de télé », j’imagine.

    Au fait, savez-vous que Sarkozy a annoncé le mois dernier (dans l’émission « Chez F.O.G. »), que s’il ratait cette occasion on ne peut plus favorable de parvenir au pouvoir, il en tirerait les conclusions qui s’imposent et irait « exercer ses talents ailleurs qu’en politique » ?

    Redeviendrait-il avocat (qui défendrait-il alors et contre quelles lois ?), irait-il, un peu aigri, dans le privé (une petite pensée, par avance, pour ceux qui auraient alors le malheur de se retrouver sous ses ordres) ? mais peut-être a-t-il déjà des « ouvertures » dans l’immobilier, à Neuilly ?

  5. François, si je peux me permettre, si tu veux qu’on t’attaque… justement, mets des flics devant ton QG !

    (Bernard, le propre d’une Bay-roue de secours, c’est de toujours finir par se dégonfler, c’est bien ça ?)

  6. « Faut rigoler, faut rigoler pour empêcher qu’Sarko nous tombe sur la tête !
    Faut rigoler, faut rigoler, pour empêcher l’Sarko de tomber ! »
    Encore un effort !
    Intuition pour intuition :
    – Sarko/Ségolène; On est dans la merde.
    – Bayrou/Sarko. Itou dans la merde.
    – Bayrou/Ségolène. Pareil dans la merde.
    – Sarko/Le Pen. Idem dans la merde.
    – Bayrou/Le pen. Kif kif dans la merde.
    – Reste effectivement une possibilité : Ségolène/Le Pen.
    Avec le risque qu’une part importante de la droite se porte alors sur Le Pen et là c’est plus que la merde, c’est la cata.
    Faut rigoler…

  7. Il y a une petite anecdote au sujet de cette photo. Je l’ai reçue d’une amie hier, et l’ai retransmise dans la foulée à Bernard… qui m’a appelée quelques dizaines de minutes plus tard pour me dire : tu sais, la photo que tu m’as envoyée, je l’avais eu juste avant par untel et ça m’a décidé à écrire un article sur le sujet, c’est drôle, non ? C’était d’autant plus drôle qu’au moment même où Bernard m’appelait, j’étais en train de décrire la photo en question à mes enfants.
    Vincent parle de faire circuler cette photo sans commentaires et c’est vrai qu’elle peut s’en passer. J’ai néanmoins envie de vous donner celui que accompagnait la photo quand je l’ai reçue :

    « Celui qui échange la liberté contre la sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre et perdra les deux »

    Thomas Jefferson.

  8. Il y a un autre proverbe, qui n’a rien à voir, mais qui pourrait aussi s’appliquer à Sarko : « à tant galoper tu vas finir par perdre ton poncho » (proverbe péruvien)

  9. Chanter quand on a les pieds dans la merde… l’image est certes un peu éculée, mais c’est typiquement français : n’est-ce pas le principal talent du coq ?

  10. (…) La vieille culture chinoise a eu la sagesse de considérer que non seulement les spéculateurs intellectuels et les littérateurs n’avaient pas leur mot à dire sur la conduite des affaires publiques, mais encore qu’il était extrèmement périlleux de laisser accéder au pouvoir des gens à fort tempérament, car, aussi brillants et intelligents puissent-ils être, leur impétuosité révèle que leur esprit n’a pas été éduqué de longue date à embrasser les choses sous différents points de vue. Il s’aveuglent donc sur le bien-fondé du leur, sans jamais envisager que la réalité puisse se distribuer ente des centaines de vérités circonstanciées. (…)

    Il découle encore de cette ancienne sagacité chinoise que, du point de vue politique, rien ne saurait être plus dangereux que l’avènement au pouvoir d’un chef d’Etat que précisément le pouvoir ne changerait pas ; bref, un tempérament « psychorigide » qui persisterait à vouloir appliquer les idées qui l’ont fait plébisciter. En effet, les perspectives et les points de vue devant nécessairement varier selon les changements de situation, celui qui a reçu pour mission de gouverner un Etat ne peut raisonnablement conserver la même vision d’ensemble que celle qu’il s’était fabriquée du temps où il n’était que le représentant d’une province – car nul, aussi savant et perspicace soit-il, ne saurait jamais prévoir l’entière complexité d’un réel en perpétuelle mutation. Il conviendrait donc, toujours selon cette perspective, de se méfier avant tout des chefs jeunes et idéalistes – lesquels tenteront inévitablement de faire valoir leur seul point de vue avec la dernière énergie et, au besoin, par la pire des coercitions. A la tête d’un gouvernement, quelqu’un de mûr, de désabusé, de prudent et de sceptique serait donc toujours préférable. »

    (Denis Grozdanovitch, Rêveurs et nageurs ou du plaisir parmi les difficultés, José Corti, 2005)

  11. En étant d’accord avec les chinois et Denis Grozdanovitch, je ne verrais pas quel candidat pourrait correspondre à ces traits ???

  12. C’est quoi la question ?
    Est-ce que je sais si je vais voter ?
    Est-ce que je sais pour qui je vais voter ?

  13. Le candidat le plus « chinois » – Grozdanovitchement parlant – n’est-ce pas en fin de compte Royal (malgré son âge et son idéalisme) avec ses « débats participatifs » dont on s’est tant moqué ?

    Quant à mon « Donc…. », il était volontairement laconique. Je voulais juste savoir quelle conclusion tu en tirais… Ce n’était pas forcément ces deux questions-là (tu aurais très bien pu déduire un truc du genre : « ils sont vraiment cons ces Chinois ! », ou je ne sais quoi), mais puisque tu les formules….

  14. « Pendant que les principaux candidats à la présidentielle se disputent sur le moindre détail des mesures économiques et sociales qui ne seront pas de leur compétence, ils ne disent presque rien sur leur politique étrangère et sur leur stratégie de défense, qui, pourtant, dépendront entièrement de celui d’entre eux qui sera élu. De fait, à comparer les trop rares lignes de leurs programmes qui sont consacrées à ces sujets, on se rend compte que leurs points de vue sont extrêmement proches.
    Tous parlent de réanimer la relation franco-allemande, de faire voter un traité européen plus limité, de lancer de nouveaux projets européens centrés sur l’environnement, l’énergie et la recherche. Tous sont en faveur d’une intégration plus grande en matière fiscale, policière, judiciaire, et diplomatique. Tous affirment l’urgence d’une politique méditerranéenne, d’une croissance du budget de l’aide au développement et d’une politique de codéveloppement avec les pays africains. Tous affirment aussi l’importance de bonnes relations avec le peuple américain et d’un droit au désaccord avec Washington. En matière militaire, tous partagent le même refus de l’aventure irakienne, tous promettent le maintien de l’effort de défense, en particulier de la force nucléaire stratégique ; tous veulent la mise en commun avec les Anglais des moyens nécessaires pour construire un éventuel second porte-avion, tous rappellent l’importance d’une force de projection capable de se rendre rapidement sur tous les théâtres d’opérations où des intérêts français pourraient être mis en cause . Tous font du rayonnement de la langue française, en France et dans le monde, un des objectifs majeurs de leur politique.
    Etrange campagne, où les candidats sont entièrement d’accord sur ce qui sera de leur compétence et se disputent sur ce qui ne le sera pas. Comme s’ils voulaient échapper au seul débat important, celui qui porterait sur le seul sujet qui pourrait permettre de les départager : leur caractère. Et en particulier leur courage face à l’inattendu, à l’urgence, à la menace, à l’intimidation, à la crise, à des attentats. Une qualité qu’aucun programme écrit par d’autres ne permet d’évaluer, qu’aucune envolée lyrique ne permet d’appréhender, qu’aucun applaudissement ne permet de mesurer.
    Reste un mois pour observer ce qui doit l’être, pour analyser leurs comportements en apparence les plus anodins, et pour en déduire un jugement sur leurs caractères, dont tant de choses dépendront. »

  15. Ouiiiiii… Merci (quand on a mon statut, on aime bien être reconnu)… Et je soutiens qui ?

  16. Oui, intéressante cette vidéo, je trouve aussi.
    On a beau lui reprocher plein de choses à Attali (son lien au pouvoir et aux puissants, son implication dans la « trahison du PS », les pliagiats qu’on a détectés dans certains de ses livres, etc.), ce gars brille vraiment souvent d’intelligence (et de liberté de pensée). La preuve, cet entretien, et cette distinction il me semble très fine entre « homme d’Etat » et « homme politique ». En même temps, on sent que c’est un « malin », qu’il n’est peut-être pas toujours totalement sincère. Un stratège, quoi.

  17. « Il brille d’intelligence » si tu veux, mais il a surtout une tête de chouette !

  18. Après avoir chanté Brassens l’autre soir, alors que Bernard et moi répétions (avec un brin d’amusement par l’effet produit) notre pronostic de second tour Royal/Le Pen, Anne a simplement rétorqué : « Mais je ne vois pas pourquoi vous dites ça, et au nom de quoi. »

    Je me suis alors rappelé l’intervention de L’exilé (voir ci-dessus) qui laissait entendre (c’est du moins comme ça que je l’ai comprise) que ce pronostic tenait peut-être davantage du souhait inconscient (la situation en quelque sorte la moins « merdique » pour conserver un espoir « à gauche ») que de la réelle prévision intuitive.

    Ca me travaille depuis… et j’ai repensé à cette phrase célèbre (et bien énigmatique) de Marx, citant Hegel je crois, qui dit que « les choses arrivent toujours deux fois en Histoire, la première fois sous forme de tragédie, la seconde fois sous forme de farce. »

    Du coup, je me mets à davantage imaginer ce qui reste encore presque impensable : un second tour – encore une fois – UMP/Front National.

    Ce serait vraiment une « farce de l’Histoire »… car elle forcerait chacun à une terrible remise en question.

    Je sais que Bernard a déjà réfléchi (pour lui même) à cette situation. Pour éviter d’être en ce cas pris totalement au dépourvu et réagir de façon un peu paniquée, je trouve judiceux de commencer à y réfléchir maintenant.

    En tout cas, ça fait son petit effet en société, quand on met ça sur la table… je vous assure.

  19. Et ben…, ce serait la merde, non ?
    Disons que la seule chose dont je suis sûre, c’est que je ne voterais ni pour l’un, ni pour l’autre…

  20. Les français élisent toujours quelqu’un qui vient du terroir et qui est bien installé dans son fief provincial : De Gaulle, Giscard, Mitterand, Chirac …
    Venir de Neuilly est un handicap, c’est un argument de plus à mon pronostic qui semble insensé vu les sondages, mais que je maintiens !

  21. Vous connaissez Konop qui est chroniqueur à Marianne ? Il vient de sortir un livre qui s’apelle « Elu » et qui est entièrement consacré à un deuxième tour Royal / Le Pen. Et il pronostique une victoire du second.

  22. Pour info aussi, dans le n°8 de Philosophie magazine (un magazine récent qui s’améliore, je trouve, de mois en mois), un étonnant dialogue entre Michel Onfray (philosophe radicalement athé, antilibéral, hédoniste et libertaire : http://michelonfray.blogs.nouvelobs.com/) et Nicolas Sarkozy. Ca commence de façon plutôt musclée et ça finit… par une possibilité de partir ensemble en vacances. Etonnant et passionnant (du moins à mon goût).

  23. Oui, Konop est bien le pseudo de Guy Konopnicki. Le livre est aux éditions Hugo et vaut 15 euros.

  24. Il est « entièrement consacré à un deuxième tour Royal / Le Pen »… ou sur ce qui peut suivre si ce dernier est, comme il le pronostique, élu ? Tu en sais un peu plus ?

  25. Voici ce que j’ai extrait de la présentation faite par Christian Duplan dans Marianne :
    « Le livre démarre le soir du premier tour. Personne ne s’inquiète de l’issue du second … Là, Konop nous entraîne, de manière tout à fait crédible, dans ces quinze jours où la France bascule. Je ne vous dirai pas comment il faut lire le livre, saisissant de réalisme. En terminant ces 200 pages, impossible de ne pas s’inquiéter d’un scénario possible, à défaut d’être probable : un homme éclairé en vaut deux … et quelques millions d’abstentionnistes ! Une lecture de salut public. Surtout si Le Pen arrivait au second tour… »

  26. Pour éviter le problème lancinant des 500 signatures, trois solutions sont envisagées, il me semble avoir compris :

    – ne pas les demander aux candidats ayant obtenu plus de 5% des suffrages lors du précédent scrutin de même nature

    – les remplacer par des signatures de simples citoyens (de l’odre de 100 000, je crois)

    – ne pas les rendre publique (pour éviter pression et représailles… en confondant « parrainage administratif » et « soutien politique »)

    Je suis pour ma part plutôt partisan de la 3e option, et vous ?

  27. Je suis partisan des trois à la fois mais il faudrait évidemment prévoir une procédure de contrôle pour valider, de manière incontestable, les 100 000 signatures.

  28. Il faut que je vous avoue que ce matin, au journal de 7 h de France Culture, un journaliste argumentait sur la possibilité de Le Pen au second tour…

  29. Elle est curieuse ta question, Vincent : Face à qui ?
    C’était dans le journal d’information et il analysait les propos que… Le Pen lui-même venait de tenir sur ses chances d’arriver au second tour.
    Je n’ai pas entendu Le Pen, mais le journaliste le citait et montrait que certains de ses arguments n’étaient pas complètement faux, ou qu’en tout cas, on pouvait arriver à des conclusions similaires en partant de points de vue très différents.
    C’était au petit matin et je serais bien incapable de retrouver les paroles entendues mais je les ai trouvées glaçantes et intelligentes. Il y avait, évidemment, pas mal de références à 2002 et au fait que rien n’a évolué depuis d’une manière telle que les gens qui votaient FN à l’époque se sentiraient plus écoutés par les autres femmes et hommes politiques aujourd’hui.

  30. Il pense être eu 2ème tour face à Sarkozy (je fais un gros blocage sur ce nom, je suis obligée de vérifier comment ça s’écrit à chaque fois, c’est normal, docteur ?). Il était hier soir sur france inter… et effectivement, son explication n’est pas aberrante : Royal s’enlise sur le même chemin que Jospin, Bayrou prend le rôle de Chevènement (et risque donc de se casser la gueule avant le premier tour), Le Pen est crédité de + de points dans les sondages qu’il y a 5 ans à la même époque et donc il extrapole sur son score final (là, je ne suis pas d’accord !). Il est donc catégorique : il sera au 2ème tour contre le représentant de l’UMP… Va falloir que je réfléchisse sérieusement à la question que posais Vincent dans un précédent commentaire… Mais ne rêve pas Bernard, je ne te suivrai pas pour autant !

  31. Sachant que l’extême gauche a manqué de maturité lors de ces présidentielles, je me demande si une partie des « nonistes » au précédent référendum ne va pas se reporter sur Le Pen, d’où un score de l’extrême-droite qui peut être accru au premier tour (par rapport à 2002) et qui peut éventuellement permettre à Le Pen de passer le deuxième tour. Finalement, l’hypothèse de Konop, même si elle est peu problable, n’est pas complétement impossible.

  32. Un exemple de « noniste » (ancien PC, ancien Chevènementiste) qui rejoint Le Pen : Alain Soral.
    Je ne pense pas qu’il ralliera sous son nom beaucoup de monde, mais c’est tout de même symptomatique : ça n’existait pas ce genre de discours, il me semble, en 2002.
    Pour ceux qui veulent en savoir plus, ci jointe sa conférence de presse officalisant son soutien à Le Pen : http://www.dailymotion.com/visited/search/alain%2Bsoral%2Bconf%C3%A9rence%2Bd/video/x17zne_conference-de-presse-06022007

    (Pour calmer d’éventuelles angoisses, ou colères, ou indignations qui pourraient monter : retourner voir un coup la vidéo de Rabhi juste après celle-ci)

  33. Je suis allée voir la vidéo sur le lien proposé par Vincent parce que ça m’intriguait cette histoire d’Alain Soral, dont j’ai une image d’un type plutôt intello, qui passe du communisme à Le Pen, via Chevènement.
    Et je trouve effrayant de constater que je pourrais facilement reprendre toute une partie de ses propos à mon compte !
    Par contre, je crois percevoir chez lui une énorme déception pour en arriver là.
    Je regrette que la vidéo s’arrête avant les questions-réponses. Je me demande si l’appareil du parti le suit sur l’ensemble de sa déclaration.
    Beaucoup de points qui me heurtent (le contraire m’aurait anéantie), dont le nationalisme. Il se présente lui-même comme étant avant tout un anti-mondialiste. De là à virer vers le nationalisme… Mais il précise : un nationalisme à la Chavez. J’avoue ne pas écouter souvent les discours de Le Pen mais je serais surprise d’apprendre que Chavez a le soutien du FN. Et le contexte de l’Amérique latine est tellement différent de celui de l’Europe que je ne suis pas bien sûre de comprendre ce qu’un nationalisme à la Chavez voudrait dire ici.
    En tout cas, Soral prétend défendre des idées de gauche. La boucle est bouclée, je commence à comprendre pourquoi certains pensent que l’extrême droite peut être proche de l’extrême gauche.

    J’ai voulu voir si des internautes avaient laissé des commentaires. J’en ai trouvé un qui m’a intriguée car, à côté du nom du commentateur, on pouvait apercevoir une petite image, comme un logo le représentant. J’ai cliqué dessus pour tenter de l’agrandir. Ça a marché, l’image s’est agrandie et ça a ouvert une page sur le portrait du type en question.
    L’image représentait une tête de mort coiffée d’un béret militaire, entourée du slogan :
    Le diable marche avec nous – 2ème R.E.P.
    Une seule phrase écrite par le bonhomme pour se décrire :
    J’aime le berger allemand qui est mon dieu
    Je vous assure que c’est vrai, vous pouvez aller voir.

  34. Dis, Anne, rassure-moi, si tu reprenais une partie de ce que dit Soral, ce ne serait quand même pas avec son mépris et ses arguments à faire pleurer dans les chaumières : C’est pourquoi je rentre aujourd’hui dans la résistance !. On appréciera la référence historique, qui dénote un peu avec les propos habituels du FN sur l’époque.
    Sa manière de parler me rappelle la campagne pour le référendum, pas vous ? Pas d’échanges ou de débats (ou si peu et ça finissait toujours par partir en vrille, du moins, ceux auxquels je suis allée), mais des arguments balancés à l’autre partie, quand ce n’était pas des insultes du genre social-traître, ou Léniniste-fascisant… C’est marrant, quand j’étais petite, je ne voyais pas ça comme ça, la vie d’électeur.

  35. Dans « La décroissance, le journal de la joie de vivre » de ce mois-ci (c’est la première fois, je crois, que j’achète ce canard !), on retrouve deux bonshommes cités ici :

    – Jacques Attali, qualifié à la lecture de son ouvrage de prospective Une brève histoire d’avenir d’« écotartuffe », pour son attachement à un technoscientrisme délirant (alors qu’il écrivait pourtant dans la revue « Objecteurs de croissance » dans les 70’s) et son aveuglement quant aux conséquences sociales et géopolitiques du dérèglement climatique.

    – Michel Onfray, pour le même travers (technoscientisme), son matérialisme étroit et finalement sa fausse « rebellion » qui, d’une certaine façon, est complice du système. On retrouve là le fameux lien qui unirait libertaires et libéraux.
    (Pas étonnant du coup, de ce point de vue, malgré l’opposition de façade, que ce dernier finisse par accepter d’envisager de partir en vacances avec Sarkozy ! cf. plus haut)

  36. En constatant moi aussi l’égarement de Soral, je suis allé voir ce qui concernait Dieudonné. Et en voyant Soral à ses côtés de retour du Liban, je suis perplexe :
    http://www.dailymotion.com/related/2052410/video/xcs4c_conf-liban-dieudomeyssansoral/1

    Le dernier spectacle de cet humoriste « mes excuses » m’a vraiment fait rire et il me semble qu’il y dénonce par des provocations, qui peuvent certes choquer, les dérives extrémistes du sionisme… comme il a pu le faire avec d’autres fâcheux.

    Qu’en est-il vraiment : s’agit-il d’un lynchage médiatique en règle orchestré par les maîtres de puissants médias (BHL et FOG notamment) ? Dieudonné a t-il dans son entourage des personnalités aussi sulfureuses pour que le discrédit réside dans ce simple fait ? Ce qui se passe au sud liban n’est-il pas extrêmement préoccuppant (scusez le terme) et n’y a t-il pas là un appui désastreux de démocraties douteuses, hégémoniques ?

    N’a t-on pas vu récemment des conflits terribles orchestrés par les plus puissants et au cours desquels les conditions d’une négociation sur la paix étaient inacceptables… pour quelque individu que ce soit ?

    Grand merci d’éclairer ma lanterne pour éclairer ce noir provocant : avez-vous des informations fiables, objectives, nouvelles par rapport à ce qu’il a dit au canada notamment ? Aidez-moi !

  37. Tu fais allusion à quoi, Christophe, lorsque tu dis : « Ce qu’il a dit au Canada ? »

  38. Il s’agit d’un bonus que j’ai vu sur la vidéo du spectacle… je n’ai pas de lien sur la toile : au moment le plus fort de la conspuation, ses spectacles annulés, il est allé au Canada où il a pu avoir un entretien avec des rabbins… intéressant et signes d’ouverture des deux côtés.

    En poursuivant mes recherches, je suis de plus en plus certain qu’il y a des accusations d’antisémitisme face à la dénonciation des extrémismes juifs… et que Dieudonné joue le rôle de poil à gratter.

  39. Par principe, méfions nous de ce qui est avancé de manière unilatérale par les médias, surtout lorsqu’il s’agit de lynchage ! Je dis bien « unilatérale » car il n’y a pas, aujourd’hui dans notre société, de contrepouvoir face aux médias. C’est tellement facile de descende un Dieudonné ou un autre après les avoir encensés. Notre époque est friande ce ce genre de choses. Mais est-ce vraiment la faute aux médias, quand le public réclame ce genre de choses.

  40. Tiens puisqu’on en est là, devinette : à l’époque de la catastrophe de Tchernobyl j’était délégué interministériel au nucléaire et c’est moi qui ai mis en place la campagne de désinformation prétendant que le nuage de Tchernobyl s’est arrêté aux frontières de la France. J’ai fait cependant disparaître cet épisode de ma vie politique de ma biographie officielle sur le site internet du ministère de l’Intérieur… Qui suis-je ?

    Trouvé grâce au lien : http://tvdieudo.info/
    Le reste des infos est terrible : http://allainjulesblog.blogspot.com/
    Bon sang ! Est-ce vrai aussi ?!!!

  41. Je ne sais pas si c’est par inconscience, insouciance, ou je ne sais quelle lacune foncière, mais je ne parviens sincèrement pas à avoir plus « peur » de Sarkozy au pouvoir que d’un autre candidat.

    C’est grave, docteurs ?

  42. Le fait que Vincent utilise le motsincèrement dans son commentaire me pousse à croire qu’il n’est peut-être pas dans de la provocation.
    Quand tu dis que Sarkozy ne te fait pas plus peur que les autres candidats, veux-tu dire qu’il ne te fait pas peur, ou que les autres te font aussi peur que lui ?
    Pour le coup, et sincèrement, avec tout ce que nous avons déjà dit sur ce blog et lu sur les liens proposés, je ne comprends pas qu’il puisse ne pas te faire peur.
    Je ne vois pas ce que nous pourrions approfondir.
    Nous avons largement abordé le problème de sa personnalité. Il y a quelques jours, invité à l’émission de Christine Ockrent, il a littéralement pété les plombs car les quatre sièges de maquillage étaient occupés à son arrivée. Il a menacé de virer la direction de France 3 !
    http://www.liberation.fr/actualite/medias/242785.FR.php
    L’interview de Jacques Attali (dont tu nous a toi-même proposé le lien) m’a personnellement glacée. Je ne critique pas la mégalomanie des hommes politiques (ni celle des artistes) car elle est quasiment omniprésente chez eux, et peut même, sans doute, servir de moteur. Mais à condition qu’elle soit contrôlée, maîtrisée. Ce qui ne semble pas être le cas chez Sarkosy puisqu’un de ses amis dit, en faisant semblant de ne pas le dire, qu’il est prêt à tout pour obtenir le pouvoir.
    Contrairement à Bernard, je crains vraiment qu’il soit présent au second tour… et même après. Et cela m’affecte, me rends profondément malheureuse. Je pense que ce type méprise toute une partie de la population. Qu’il a déjà eu des mots qui ont attisé la haine. Que sa réalité n’est pas la mienne. Que nous ne vivons pas sur la même planète.

  43. Ce qui me fait le plus « peur » en fait (et toujours « sincèrement »), ce sont toutes ces personnes qui en font un « diable », qui ne voient en lui que des défauts, bref que du Mal.

    On peut ne pas être d’accord avec ses options politiques. On peut ne pas aimer son type de personnalité. On peut en avoir marre de la droite au pouvoir. Et donc le/la combattre… sur un plan démocratique (celui sur lequel il se place lui-même, de façon il me semble honorable).

    Dès qu’on passe au niveau « passionnel », qu’on diabolise, bref qu’on perd son objectivité, moi je suis inquiet… car ce sont des attitudes qui n’amènent, il me semble, jamais rien de bon.

  44. Oui, le genre de personne qui pourrait me faire douter que la démocratie est préférable au despotisme éclairé.

  45. Une des caractéristiques de la démocratie est peut-être sa lourdeur, son inertie : tous les pouvoirs et contre-pouvoirs qui rendent finalement difficiles toute révolution.

    C’est autant un inconvénient (beaucoup de problèmes « de fond » ne parviennent pas à être résolus : la dette, les retraites, l’Europe, la Sécu…) qu’un avantage (en l’occurence… pour relativiser l’influence que pourrait avoir un « homme seul »… quels que soient les réseaux qu’il a tenté de mettre en place).

    Non ?

  46. On lui reproche d’ « employer des mots qui attisent la haine »… en employant des mots qui attisent la haine.

    On lui reproche de « mépriser toute une partie de la population »… en le méprisant.

    On lui reproche de ne pas maîtriser son agressivité… en de contrôlant pas davantage la sienne.

    Etc.

    Ne doit-on pas avoir davantage « peur » des passions politiques actuelles (potentiellement explosives) que de tel ou tel individu sensé en être le seul responsable ?

  47. Ce qui est inquiétant, là-dedans, c’est l’idée définitive qu’il dit avoir sur une personne : celui là, il est bon, c’est à vie, et l’autre, il est mauvais, c’est inné, on n’y peut rien. En même temps, il classe Onfray dans quelle catégorie à votre avis ?
    Et je me suis découvert un point commun avec notre ex-ministre de l’intérieur : moi aussi je dois lire l’antéchrist (sauf qu’on me l’a pas offert, juste conseillé, mais ça revient au même, non ?).

  48. Dans le débat, tel qu’il est retranscrit par Philosophie magazine, il ne me paraît pas si tranché que cela.

    Il ne faut pas oublier que c’est le point de vue… de Michel Onfray, qui est lui-même du genre à avoir des idées plutôt tranchées et définitives.

  49. Effectivement, les quelques lignes publiées sur internet ne sont pas aussi tranchées que ça : http://philomag.com/article,dialogue,nicolas-sarkozy-et-michel-onfray-confidences-entre-ennemis,288.php
    Mais j’ai du mal à le suivre du coup ; d’un côté, on a besoin de culture et de civilisation pour parce que l’homme peut être dangereux et en même temps innocent (donc la culture permettrait d’anéantir le dangereux ?) et qu’il peut choisir et plus loin, il dit (du moins on rapporte qu’il dit, je vais commencer à tout mettre en doute, encore plus que d’habitude : les articles de Bernard, Wikipédia, …) que tout ça, c’est génétique…
    Je vote pas pour un mec que je ne comprend pas, na.

  50. Ne crois pas que je cherche à te convaincre à voter pour lui (ce n’est pas du tout mon propos et quand bien même…) mais sa position me paraît en l’occurence assez cohérente, « classique » même : la culture (dans le sens large du terme) est ce qu’on a trouvé de mieux pour tenter de canaliser la part (génétiquement ?) animale, sauvage de l’humain.

    Onfray y voit surtout une aliénation… ce qui n’est pas plus, ou moins, cohérent.

  51. Au sujet du dialogue Sarkozy/Onfray, voici un texte que lui adresse le porte-parole de Bové (pour ceux qui ne l’auraient pas reçu) :

    Ce courrier est disponible sur le site unisavecbove.org ici

    DE BOVÉ À BESANCENOT ?
    Lettre ouverte à Michel Onfray

    par Yannis Youlountas, porte-parole de José Bové

    L’engagement d’un intellectuel dans une campagne électorale est-il du même ordre que celui d’un turfiste essayant de parier sur le meilleur cheval ? Un philosophe doit-il s’attarder sur le résultat plus que sur le sens ? Un libertaire peut-il préférer les chefs de parti aux groupes autogestionnaires et métissés qui tentent de réinventer la politique ?

    Telles sont les trois questions fermées que je souhaite te poser tout d’abord, Michel. Trois questions auxquelles répondre NON implique, à mon humble avis, l’examen approfondi d’une posture qui me semble absurde et pour le moins contradictoire.

    Comment l’homme qui m’a répondu « banco » le 30 décembre en vue de l’appel du 6 janvier peut-il renier le résultat de ce qu’il a contribué à porter ? Comment l’idéologue qui a cosigné avec moi un appel aux libertaires le 1er février dans Politis peut-il retourner à son « soutien par défaut » de 2002 pour le candidat d’une « chapelle » troskiste ? Comment le philosophe qui a décrit et salué la « réappropriation de la politique », avec Raoul Marc Jennar et moi-même, dans Le Monde du 13 février, peut-il abandonner l’élan vital que constitue l’irruption citoyenne dans la chasse jusque-là gardée des partis politiques ?

    Tu sais que je ne suis pas de ceux qui t’attaquent régulièrement pour certaines de tes positions sur des sujets délicats. Je ne suis pourtant pas de ton avis sur les OGM, le nucléaire, le clonage, l’usage massif des médias, ou encore le dialogue courtois avec les ennemis politiques (car Nicolas Sarkozy n’est pas seulement un adversaire ou un contradicteur mais un véritable fossoyeur de tout ce qui constitue le bien commun, la fraternité universelle et la liberté d’opinion). J’ai même défendu ton droit à la différence dans une contribution au site unisavecbove.org (Pour Michel Onfray). Cela parce que la particularité de notre candidature collective se situe d’abord dans sa diversité et donc dans son ouverture au débat, loin des idées reçues, des dogmes historiques et des sectarismes idéologiques. Chez nous, dans la campagne Unis avec Bové, tout doit pouvoir se dire et se discuter, se revisiter, se réexaminer, se réinventer.

    Je sais que beaucoup d’écrits t’ont visé dans nos propres réseaux, venus de certains de nos militants, et que cela t’a profondément attristé ces dernières semaines. Paul Ariès, lui-même, l’un des idéologues contemporains de la décroissance, nous a épinglé tous les deux, dans un pamphlet (José Bové, le candidat condamné) qui t’a sans doute heurté. Nous sommes tous sujets à critiques dans un mouvement pluraliste et très contrasté. N’est-ce pas logique et même désirable ?

    La principale difficulté de la candidature collective aux côtés de José Bové est d’être, chacun, des hommes comme les autres, et non des leaders, des chefs, des experts, des monstres sacrés, des personnalités indiscutables, louées, adulées, rompant le pain béni de la vérité officielle, inscrite dans la bible programmatique du parti, et à peine réinterprétée, année après année, de campagne en campagne. José lui-même est l’objet de critiques régulières, bien que fraternelles, et celui-ci les accepte bien volontiers pour une grande part, en se pr&ec irc;tant au débat avec tous ceux dont il n’est que le principal porte-parole et non le chef dont on devrait boire les paroles.

    Telle est la campagne que tu as décidé de quitter : celle des citoyens décidés à se réapproprier la politique par-delà les appareils et leurs directions bien peu renouvelées. Peut-être José est-il un éleveur de brebis et un fabricant de fromages et de yaourts fermiers… Mais les bergers ne sont pas toujours où on les suppose. Et je crains fort que tu n’aies malheureusement choisi de revenir à la chaleur du troupeau, bien loin de ta fameuse introduction à Politique du rebelle. De ces troupeaux de citoyens qui se font traire les uns après les autres, à chaque échéance électorale. De ces troupeaux qui perpétuent la tradition de suivre les Panurges, à l’exception de quelques moutons noirs parmi lesquels tu manques.

  52. Merci Christophe, j’avais bien lu l’article « POUR BESANCENOT » sur le blog d’Onfray… mais ne connaissais pas le réponse de Bové (ou de ses amis), même si je me doutais que ça ne devait pas trop leur plaire.

    Comme quoi, c’est bien connu, les « petites différences » créent parfois davantage de conflits que les grandes.

  53. Quelqu’un peut-il m’expliquer comment se fait-il que Sarkozy – que l’on dit « libéral » – soit globalement pour l’expulsion des sans-papiers (donc contre la libre circulation des personnes) et et que la gauche – qui se dit « antilibérale » – soit pour leur régularisation (donc contre le maintien des frontières) ?
    Y a-t-il une logique dans ce qui me semble à première vue incohérent ?

  54. Une partie de l’électorat de droite s’est reportée sur Bayrou qui est un vrai libéral, alors que Sarko, sous ses apparences très pro-américaines, est en fait plutôt, d’après l’analyse de certains, un conservateur bonapartiste. Voilà peut-être un début d’explication.

    C’est un raccourci trop rapide, à mon avis, de dire qu’être pour la régularisation des sans-papiers est synonyme d’être contre le maintien des frontières. Je ne pense pas que l’on puisse lier les deux. C’est comme les termes « immigration » et « identité nationale », il y a des juxtapositions, et parfois des raccourcis trop rapides, qui sont fâcheux.

  55. « Je commence vraiment à y croire. Encore une ou deux émeutes comme ça et c’est plié ».
    (Nicolas Sarkozy, propos rapportés par le Canard Enchaîné du 4 avril)

  56. J’aurais préféré ne mettre que le lien, mais l’article n’est plus accessible aux non abonnés…

    Personnellement, je trouve l’idée tout simplement géniale.

    Le Monde du 31/03/07, Le dilemme du vote « utile »
    Une nouvelle théorie électorale pour choisir le président
    Michel Balinski et Rida Laraki
    Chercheurs au CNRS et au laboratoire d’économétrie de I’Ecole polytechnique

    Une élection présidentielle permet aux Français de s’exprimer et de
    choisir. Une majorité souhaite disposer d’un large spectre de candidats
    afin de pouvoir s’exprimer le 22 avril. En principe un mode de scrutin
    est supposé permettre de choisir le candidat réellement voulu par
    l’électorat. Or l’élection de 2002 démontre les aléas incroyables du
    système actuel. Si Jean-Pierre Chevènement s’était retiré, Lionel Jospin
    aurait affronté Jacques Chirac au second tour au lieu de Jean-Marie Le
    Pen. Il est alors impossible de savoir qui aurait gagné.
    Mais si Charles Pasqua s’était présenté, comme il avait menacé de le
    faire, il aurait pu attirer un nombre suffisant des voix de Jacques
    Chirac, le reléguer à la troisième place, et ainsi produire un second
    tour entre Lionel Jospin et Jean-Marie Le Pen. Par conséquent, l’absence
    ou la présence au premier tour de candidats n ayant aucune chance d’être
    élus peut être tout à fait déterminante. Cela peut trahir la volonté des
    Français. La défaillance de ce mode de scrutin vient du fait qu’il ne
    permet pas aux Français de s’exprimer pleinement. Voyons pourquoi.
    Il y aura douze candidats le 22 avril. Un électeur ne pourra s’exprimer
    au premier tour qu’en votant de treize façons différentes :
    pour un parmi les douze candidats, ou pour aucun (en votant blanc). Ce
    n’est qu’une bien maigre expression de son opinion vu la complexité et
    l’importance de la décision à prendre. Plus grave, ce choix est
    stratégique : faut-il voter selon «son coeur» ou voter «utile» ? Et
    comment un électeur peut-il savoir comment voter vraiment «utile» ? La
    tâche est très complexe. Elle demande la connaissance de toutes les
    informations disponibles. Plusieurs ont jugé absurde l’annonce d’un
    sondage qui donnait François Bayrou gagnant contre Nicolas Sarkozy et
    contre Ségolène Royal au second tour, quand le même sondage le montrait
    troisième au premier tour. Loin d’être farfelue, cette information est
    pertinente.
    En effet, certains des électeurs qui préfèrent Mme Royal à M. Bayrou de
    peu pourraient juger «utile» de donner leurs voix à François Bayrou en
    espérant qu’il batte Nicolas Sarkozy ; ou, certains ayant un penchant
    plus marqué pour M. Sarkozy que pour M. Bayrou pourraient décider
    «utile» de voter François Bayrou dans l’espoir d’écarter Ségolène Royal.
    Qu’un candidat soit écrasé au second tour pourrait induire certains de
    ses électeurs à voter «utile» pour un autre candidat. Un mode de
    scrutin, le «jugement majoritaire», issu d’une nouvelle théorie, évite
    tous ces problèmes. Il permet à l’électeur d’exprimer les nuances de ses
    préférences. L’électeur est invité à juger l’aptitude de chaque candidat
    à être un président «très bien», «bien», «assez bien», «passable»,
    «insuffisant», ou «à rejeter».
    Il attribue, ainsi, une mention à chaque candidat. Le jugement exprimé
    dans cette échelle doit prendre en compte les idées politiques, sociales
    et économiques du candidat, son charisme, son âge, son honnêteté, son
    parti, son entourage et tout attribut que l’électeur pense important.
    L’électeur a de quoi s’exprimer : tandis qu’avec douze candidats le
    scrutin majoritaire lui permet treize façons d’exprimer son opinion, le
    jugement majoritaire lui en offre plus de deux milliards. Comment alors
    désigner le gagnant ? A chaque candidat est conférée sa mention
    majoritaire : 50 % de ses mentions sont plus élevées ou égales, 50 %
    sont moins élevées ou égales (c’est la «médiane» de ses mentions). Cette
    mention est la seule qui soit démocratique. Un seul tour suffit : l’élu
    est le candidat ayant la mention majoritaire la plus élevée. Une règle
    apparentée départage les candidats en cas d’égalité.
    La mention majoritaire d’un candidat ne dépend pas de celle d’un autre.
    Donc retirer ou ajouter un candidat ne peut avoir aucune influence sur
    celui qui remporte l’élection. Toute candidature sérieuse de n’importe
    quelle couleur politique est la bienvenue : le jeu tordu des parrainages
    est éliminé. Toute expression d’opinion d’un électeur est à la fois
    «utile» et selon «son coeur». Le résultat de l’élection ne dépend plus
    d un choix à la fois difficile et problématique issu d’une stratégie de
    vote prise en fonction d’informations imparfaites. L’élu du jugement
    majoritaire est le candidat véritablement désigné par l’opinion riche et
    complexe de l’électorat.

  57. Anne, tu fais du détournement d’articles payants ? Est-ce bien légal, tout ça ?
    Mais la proposition des 2 économètres (je ne savais même pas que ça existait…) est intéressante, encore que j’ai du mal à imaginer comment ça pourrait se passer. Mais j’avoue que ça me simplifierais la vie !

  58. Ils n’ont pas inventé le fil à couper le beurre, les économètres, ce sont des pratiques qu’on utilise souvent en classe (par exemple pour choisir les textes destinés au journal d’école, etc…).

    En gros, quand on a peu de choix (je dirai moins de 10), on demande aux élèves d’attribuer à chacun une note de 1 à 5. Il suffit ensuite d’additionner les points obtenus pour connaître le gagnant (cela revient au même – en plus simple, je trouve – que l’histoire de mention et de médiane).

    Quand il y en a trop, ça devient long et fastidueux, on demande alors généralement aux élèves de noter dans l’ordre les cinq qu’ils préfèrent. On attribue ainsi 5 points au premier, 4 au deuxième… et on additionne au final l’ensemble des points.

    Je n’avais jamais songé à l’étendre aux élections à plus grande échelle. Je trouve également que c’est une excellente idée (il ne s’agit plus de « choisir un camp » mais d’indiquer des préférences). Je sens que je vais en devenir un farouche militant. Merci Anne.

    Quant à l’argument de la complication que ça apporte au moment du dépouillement et du comptage… il suffit peut-être d’accélérer la mise en place parallèle du vote électronique.

  59. Des articles importants qui t’échappent… mais que t’arrive-t-il, Bernard ? Où va-t-on si on ne peut plus faire confiance en ta vigilance ? Tu fatigues ?

  60. En fait, je ne l’avais pas vu non plus sur le site du Monde. C’est un naturaliste qui l’a copié dans un forum de discussion que je vais lire régulièrement Un naturaliste que Bernard connaît bien mais que je me garderai de citer ici (ça ferait un peu moucharde après la remarque de Mag). Un personnage haut en couleur, qui n’a pas sa langue dans sa poche – ce qui serait d’ailleurs fort dommage, et qui tente régulièrement de titiller les consciences politiques.

    Je crois que la mise en application se heurterait moins à des problèmes techniques (on fait quand-même des trucs beaucoup plus compliqués, non ?) qu’à des blocages politiques.
    Qui oserait faire une telle proposition qui remet profondément en question le système électoral actuel ?
    Qui accepterait de se mesurer « définitivement » à tous les autres candidats ? Je veux dire que, comme le dit bien l’article, on sait qu’actuellement le premier tour n’est pas si représentatif que ça puisqu’on ne connaît pas la part des votes utiles.
    De plus, le président n’étant élu qu’à l’issue d’un deuxième tour, on garde en mémoire les résultats de ce deuxième tour. Vous souvenez-vous, de tête, des résultats de Mitterrand aux premiers tours de ses deux élections ?

    Mais, comme Vincent, je me sens prête à défendre l’idée.

    Enfin, si j’abandonne mon idée de despotisme éclairé.

  61. Le « despotisme éclairé » ? Wahou, faut oser !
    C’est rare, de nos jours, d’oser se dire « anti-démocrate » (même Le Pen n’est jamais allé jusque-là !).
    Si tu considères que le coeur du problème actuel est le peuple (son igorance, sa bêtise, son immoralisme…), je comprends que tu en tires la conséquence logique qui consiste à lui retirer le pouvoir que lui accorde le régime démocratique et veuilles en finir donc avec cette « utopie dangereuse ».
    Le problème cependant que ça pose : qui déterminera les « éclairés » qui seront considérés aptes à diriger les autres ( les « obscurs ») ?
    Peux-tu développer ton « idée », Anne, steuplé ?

  62. Je suis tellement d’accord avec Anne que j’envisage un article là-dessus d’ici 10 jours. ça vous embête qu’on arrête le débat là pour le reprendre à ce moment-là ? J’ai peur que plus personne ne vienne sur cet article qui est en 10ème position maintenant. Enfin, c’est juste une proposition …

  63. J’suis tellement pas d’accord avec Bernard et avec Anne que c’est d’accord pour le rendez-vous dans 10 jours. Mais avec ses 80 commentaires, il marche pas trop mal cet article sur Sarko quand même !

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