Faut-il des riches, faut-il des pauvres ? (7)

Deux informations à mettre en parallèle :

La première concerne l’annonce faite aujourd’hui par Xavier Bertrand : l’Etat ne donnera pas de coup de pouce au SMIC au 1er juillet. La hausse ne sera donc que de 2%, elle permettra à peine aux plus démunis de maintenir leur pouvoir d’achat (cette hausse équivaut à l’achat d’une baguette de pain par jour).

Deuxième info : Astrium, filiale d’EADS, vient d’annoncer qu’elle se lance dans le tourisme spatial. Les touristes concernés vont pouvoir s’éloigner de 100 km de la terre (pour « voir le soleil et les étoiles » d’après M. Auque, président d’Astrium) et vivre quelques instants d’apesanteur. Il est vrai que jusqu’à présent, il n’y avait eu que cinq touristes spatiaux dans l’histoire, cinq personnes qui avaient payé chacune 5 millions de dollars pour passer 10 jours dans une station spatiale. Avec Astrium, le tourisme spatial va se démocratiser. Enfin ! Ce sont 150 000 personnes qui vont pouvoir chacune passer 3 minutes en apesanteur totale … pour la bagatelle de 150 000 à 200 000 euros la séance !

17 réflexions au sujet de “Faut-il des riches, faut-il des pauvres ? (7)”

  1. Le conseil à Dupdup :
    Avec deux Chimay, une Orval et deux autres bières trappistes, vous pouvez avoir, pour moins de dix euros, bien plus que trois minutes d’apesanteur totale !!! C’est la revanche du pauvre !

  2. J’propose qu’on se cotise tous pour leur offrir une promo : pour le même prix, bien plus que 3 minutes loin de nous, on leur squizz tout simplement le retour ! Ça vous dit ?

  3. Tiens, à propos de bière, on arrive dans la semaine qui vient au 5000ème commentaire de ce blog (eh oui, déjà !). Encore une bière à boire avec celui qui le mettra !

  4. TABULA RASA

    La gauche a donc perdu des élections présidentielles, puis législatives, imperdables. Si elle ne veut pas rester dans l’opposition pour le prochain quart de siècle, elle doit reconnaitre ouvertement sa déroute et en tirer toutes les conséquences.

    D’abord, les électeurs et les militants des partis de gauche doivent, dès le soir du second tour des législatives, avoir le courage d’écarter des responsabilités tous ceux de leurs dirigeants qui ont participé à cet échec, dont le peuple de gauche est la première victime : Dirigeants des partis, candidats à l’élection présidentielle, animateurs de campagne, rédacteurs du programme, tous, malgré leurs qualités indéniables, ont échoué et doivent laisser leur place à d’autres. Quitte à revenir, plus tard, aux affaires, s’ils savent se nourrir d’une traversée du désert.

    Ensuite, les militants socialistes doivent reconnaitre que tout était faux dans la stratégie mise en œuvre par leurs responsables depuis dix ans : Le refus de débattre du fonds, l’incapacité à reconnaitre les changements du monde, la crispation sur des enjeux dépassés, le maintien de rituels de partis devenus anachroniques, la confusion entre des discours contradictoires, l’absence de programmes présidentiels clairs et ancrés dans la modernité ; et enfin, ultime absurdité, après la défaite aux élections présidentielles, le refus de mener une campagne pour gagner les élections législatives.

    Et voilà que ces dirigeants discrédités prétendent continuer comme avant. On les entend avec consternation débattre d’alliances sans parler de programmes, de postes sans réfléchir aux missions, de règlements de comptes sans bâtir des projets. Enfermés dans des schémas d’analyse et d’organisation dépassés, ils pérorent, insultent, invectivent, promettent. Comme s’ils avaient gagné. Comme s’ils étaient l’avenir.

    Les Français attendent de l’opposition de gauche qu’elle reconnaisse d’abord son erreur, qu’elle retrouve son rôle d’avant-garde, qu’elle décrypte le monde, ses injustices et ses potentialités. Et qu’elle choisisse ces combats : d’abord celui de la responsabilité (comment rendre aux citoyens une influence concrète sur leur propre destin ?), puis celui de la liberté (comment ne pas devenir prisonnier de l’hypersurveillance) et enfin celui de l’égalité, (comment recréer une réelle mobilité sociale ?).

    Les Français attendent enfin des socialistes qu’ils changent d’organisation et peut etre meme de nom. C’est une immense tache. Si elle veut être prête dans cinq ans, la gauche doit commencer tout de suite.

    j@attali.com

  5. En fait tout celà est logique : pas de 2ème tour dans notre circonscription de Hot Sône, le candidat UMP est passé au premier tour les doigts dans le nez et ne dit-on pas qu’en Hot Sône il ne faut pas « faire riche »…

  6. En plus d’être riches, ils doivent être très mauvais en calcul.
    Payer plusieurs dizaines de milliers d’euros pour s’approcher du soleil et des étoiles de 100 kilomètres alors que le soleil est à 150 000 000 de kilomètres de la terre… C’est 0,0000066 % de la distance !

  7. N’empêche que si y en a un qui se désiste, et qu’y a donc une place libre (et gratuite)… vous n’hésiteriez pas, vous ?

  8. Ben non Vincent, même gratuitement je n’irais pas. Ca ne me fait pas rêver de me rapprocher de la lune et des étoiles, je les regarde tous les soirs que je peux, je les trouve bien là-haut et moi ici bas, au milieu de l’odeur de mon chèvrefeuille.

    Ca ne me fait pas rêver de dépenser cet argent-là pour quoi que ce soit, je n’ai pas un seul rêve à ce prix-là, pour moi, même pas une bibliothèque, une guitare, même pas un voilier en bretagne (et c’est tout dire !), vraiment rien des choses que j’aime ne me semble important à ce prix !

    Pour moi, ça n’a aucun sens tant d’argent. Un tel déséquilibre. Quelle qualité extraordinaire peut-on bien avoir pour mériter à ce point de gagner autant de fois plus que la majorité des autres ? est-ce possible à imaginer ? Au fond ? Sincèrement ?

    Je crois que je suis basiquement inapte à devenir riche un jour, de quelle que façon que ce soit.

  9. Les salariés de Kronenbourg sont en grève. Si l’on s’en réfère à l’un des dessins humoristiques du dernier Marianne, ils veulent un SMIC … à 1664 euros !!!

  10. J’ajouterai juste à cela tout les « les français savent bien qu’il faut des grandes fortunes pour dynamiser l’économie et générer des emplois, … » (Dans gens comme Johnny, oh que ça dynamise !) que l’on peut nous servir ces temps ci.

  11. Je ne connaissais pas cette jolie chanson d’Anne Sylvestre.

    Elle m’a fait pensé à cette célèbre poésie de Prévert (extraite de Paroles, 1949):

    PATER NOSTER

    Note Père qui êtes aux cieux
    Restez-y
    Et nous nous resterons sur la terre
    Qui est quelquefois si jolie
    Avec ses mystères de New York
    Et puis ses mystères de Paris
    Qui valent bien celui de la Trinité
    Avec son petit canal de l’Ourcq
    Sa grande muraileld e Chine
    Sa ricière de Morlaix
    Ses bêtises de Cambrai
    Avec son océan Pacifique
    Et ses deux bassins aux Tuilleries
    Avec ses bonsenfants et ses mauvais sujets
    Avec toutes les merveilles du monde
    Qui sont là
    Simplement sur la terre
    Offertes à tout le monde
    Eparpillées
    Emerveillées elles-mêmes d’être de telels merveilles
    Et qui n’osent se l’avouer
    Comme une jolie fille nue qui n’ose se montrer
    Avec les épouvantails malheurs du monde
    Qui sont légion
    Avec leurs légionnaires
    Avec leurs tortionnaires
    Avec les maîtres de ce monde
    Les maîtres avec leur sprêtres leurs traîtres et leurs reîtres
    Avec les saisons
    Avec les années
    Avec les jolies filles et avec les vieux cons
    Avec la paille de la misère pourrissant dans l’acier des canons.

    Sinon, pour ce qui est du petit tour dans le ciel, je parlais d’un petit tour « gratuit » (une place qui se libère)… et davantage pour regarder avec un peu de recul la Terre que pour s’approcher des étoiles.
    Peut-être aussi pour réveiller un très lointain souvenir : l’apesanteur (le l’avons-nous pas connue pendant ces 9 mois prénataux oubliés ?)

  12. Hé ! Ho ! La Terre vue du ciel, c’est « mon » truc… Y’a un copyright maintenant, j’vous signale !

  13. Nicolas Sarkozy est un homme de droite qui tient un discours de droite. Cela vaut mieux qu’un homme de droite, comme Chirac, qui tient un pseudo discours de gauche ! Arrêtons de diaboliser Sarkozy. C’est pour la gauche, se donner trop facilement bonne conscience, et se dispenser de réfléchir sur le fond. Le vrai problème, c’est le modèle social français confronté aux défis de la mondialisation. Faisons une expérience de pensée. Raisonnons – une fois n’est pas coutume – de nietzschéenne façon. Friedrich Nietzsche, comme chacun sait, distingue les forts et les faibles : disons, d’un côté, les plus talentueux, les plus créatifs, les plus courageux, etc., et, de l’autre côté, les moins talentueux, les moins créatifs, les moins courageux… Prenons, pour notre petite expérience, deux pays de référence, la France et la Grande-Bretagne. Dans lequel de ces deux pays les faibles sont-ils le mieux protégés ? Il me semble que c’est la France, et je m’en réjouis. Mais si l’on demande : dans lequel de ces deux pays les forts ont-ils le plus de chance de réussir ? Je crains que ce ne soit en Grande-Bretagne. Et cela m’inquiète. Parce qu’à ce compte-là, dans cinquante ans, tous les forts seront en Grande-Bretagne, et tous les faibles seront en France, ce qui est une catastrophe pour la France, et d’abord pour les plus faibles Français. On me parle de dizaines de milliers de jeunes compatriotes, parmi les plus talentueux et les plus créatifs, qui partent réussir en Grande-Bretagne. Et chacun sait que des dizaines de milliers de Britanniques viennent passer leur retraite en France, parce que la vie y est plus douce et qu’on y est mieux soigné. Je ne leur reproche pas. Mais, à terme, la France risque de devenir la maison de retraite d’une Grande-Bretagne dynamique et prospère… Ce n’est pas l’avenir que je souhaite pour mon pays ! Il va de soi que je schématise : ce n’est qu’une expérience de pensée que je propose, pas une thèse que je soutiens. Mais elle a le mérite de poser le problème. Elle est inquitéante pour la gauche ? Raison de plus pour y réfléchir ! Ne comptons pas sur la morale ou les bons sentiments pour nous dispenser d’être lucides.

    (André Comte-Sponville, Philosophie magazine n°10, juin 2007)

  14. Si je m’en tiens à l’article précédent, on peut même chiffrer les propos d’André : il y aurait déjà 48% de talentueux/créatifs en Grande-Bretagne, contre 5% en France.

    Si cette situation, à bien y réfléchir, convient forcément aux hommes (qui restent)… on comprend mieux pourquoi les femmes sont de plus en plus nombreuses à vouloir accéder au pouvoir politique et… changer les choses !

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