9 réflexions au sujet de “Petite maxime (variante)”

  1.  » […] J’ai toujours reconnu d’instinct ceux qui se lèvent avec le jour, même en vacances, et ceux qui restent pour des siècles au lit. J’ai immédiatement craint les premiers. J’ai toujours craint ceux qui partent à l’assaut de leur vie comme si rien n’était plus important que de faire des choses, vite, beaucoup. Ma mère était tellement aimée que ce n’était plus la peine d’occuper toutes les heures du jour. Le monde appartient, dit-on, à ceux qui se lèvent tôt. Ils le font bien sentir que ça leur appartient, le monde, ils en sont assez fiers de leur remue-ménage. Mais quand on est aimée, on s’en fout du monde, on a beaucoup moins besoin d’y faire son tour. Ma mère baignait dans un flux d’amour. Ses parents l’avaient célébrée. Les hommes l’admiraient. Elle n’avait rien à prouver, à construire. Elle pouvait bien rester au lit à des heures déraisonnables. Elle ne croyait pas au monde, ma mère, et là-dessus je suis bien sa fille. Elle ne croyait qu’à l’amour et quand on ne croit qu’à l’amour, on n’a pas d’humeur matinale, on reste entre les draps parce que l’amour est là. Ou parce qu’il manque. […] « 

    (Christian Bobin, La folle allure, Gallimard, 1995)

  2. Il n’y a pas de différence fondamentale entre ceux qui se lèvent tôt et ceux qui se couchent tard. Il n’y a qu’un mode de vie plus ou moins proche (ou plus ou moins éloigné) du mode de vie naturel.
    On pourrait d’ailleurs facilement paraphraser le texte de Bobin :
    « J’ai toujours reconnu d’instinct ceux qui se couchent tard, même en vacances, et ceux qui vont pour des siècles au lit. J’ai immédiatement craint les premiers. J’ai toujours craint ceux qui tentent de rester en vie le soir comme si rien n’était plus important que de faire des choses, vite, beaucoup. Ma mère était tellement aimée que ce n’était plus la peine d’occuper toutes les heures du jour, elle allait se coucher tôt. Le monde appartient, dit-on, à ceux qui se couchent tard. Ils le font bien sentir que ça leur appartient, le monde, ils en sont assez fiers de leur remue-ménage. Mais quand on est aimée, on s’en fout du monde, on a beaucoup moins besoin d’y faire son tour. Ma mère baignait dans un flux d’amour. Ses parents l’avaient célébrée. Les hommes l’admiraient. Elle n’avait rien à prouver, à construire. Elle pouvait bien aller au lit tôt, même à des heures déraisonnables. Elle ne croyait pas au monde, ma mère, et là-dessus je suis bien sa fille. Elle ne croyait qu’à l’amour et quand on ne croit qu’à l’amour, on n’est pas « du soir », on va très tôt entre les draps parce que l’amour est là. Ou parce qu’il manque. […] “

  3. Le meilleur moment pour se lever, après tout, c’est… quand on quitte la position couchée.

  4. Je ne connaissais pas l’adage employé par « l’ancien » mais je le trouve tellement vrai !
    … surtout la première phrase, je me retrouve complettement dedans !

  5. Merci Lancien !
    Dis, y’a pas de copyright sur ton aphorisme ? Tu nous autorises à le replacer dans une conversation à l’occas ?

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