La pie-grièche écorcheur

Pour les membres du CSA, le mois d’août est un drôle de mois qui pose des problèmes de prononciation.

Pour l’ornithologue, le mois d’août est aussi un drôle de mois : c’est la période de l’année où l’on voit le moins d’oiseaux et c’est pourtant le moment où ils sont le plus nombreux. Les jeunes de toutes les espèces sont nés, le nombre d’oiseaux a peut-être doublé ou même triplé par rapport au printemps mais beaucoup sont invisibles. Les raisons sont multiples. D’abord, les ressources alimentaires sont importantes et les oiseaux n’ont besoin que de quelques heures d’activités pour satisfaire leurs besoins en nourriture. L’été est aussi une période de mue (changement de plumes) pour la plupart des adultes et les oiseaux, plus vulnérables, mènent alors une existence discrète. Enfin, la saison de reproduction est finie et les oiseaux n’ont plus besoin d’exhiber leur plumage et de chanter à tue-tête pour satisfaire « leur belle », d’où une existence d’autant plus secrète à l’abri des regards et des prédateurs.

Tout n’est donc que discrétion chez les oiseaux en ce début août. Sauf peut-être chez quelques espèces dont la pie-grièche écorcheur.

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Les jeunes pie-grièches viennent de sortir du nid et s’apprêtent à une migration périlleuse (200 km par jour en moyenne). Les parents se dépêchent d’apprendre aux jeunes à attraper leurs premiers insectes avant le départ. Les haies de nos campagnes sont animées ces jours-ci des va-et-vient et des piaillements incessants des familles d’écorcheurs. 2007 est un bon crû pour cette pie-grièche : les couples sont venus nombreux ce printemps et la nidification me semble plutôt très bonne, pour ne pas dire exceptionnelle.

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J’ai rarement vu autant d’écorcheurs que cette année. Et c’est rassurant !

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Il est parfois difficile de se faire une idée sur les fluctuations des populations d’oiseaux. Ainsi pour la pie-grièche écorcheur, je me souviens d’une période d’abondance dans le début des années 80, puis d’un déclin dans les anées 90, une nouvelle remontée des effectifs à la fin des années 90 puis une baisse en ce début de millénaire… jusqu’à cette année ! Il me semble surtout très difficile de différencier ce qui relève de variations « en dent-de-scie » avec des hauts et des bas, d’une véritable tendance (à la hausse ou à la baisse) durable et interprétable sur le long terme.

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(cette série de photos a été réalisée au cours de l’été 1996, … ça ne rajeunit pas les pies-grièches !!!)

16 réflexions au sujet de “La pie-grièche écorcheur”

  1. Très intéressant cet article sur le paradoxe entre le nombre d’oiseaux dans la nature en Août et le nombre d’oiseaux que l’on voit………..
    ……….. et donc une question me vient : quand les reverra t on réapparaître franchement ?
    En automne ?….. par la force des choses (à cause de la chûte des feuilles) ou bien seulement en hiver à cause du manque de nourriture qui recommence à se faire sentir en cette saison ?
    Y a t’il d’autres phénomènes comportementaux chez les oiseaux qui les poussent à ressortir en Automne ou en hiver ?

    En ce qui concerne la pie grièche écorcheur, j’ai fais le même constat lors de mes sorties photo et j’en suis ravi !!!!! pourvu que ça dure !!!!!
    J’aime beaucoup cet oiseau et son comportement est étrange parait-il car il tiendrait son nom du fait qu’il écorcherait ses proies (jusqu’à des campagnols !!!!!!!!) sur les fils barbelés des clôtures afin que sa proie ne lui échappe pas en glissant ou tombant et qu’il laisserait comme ça des dizaines de « macabés » crochés une fois qu’il n’aurait plus faim….
    Tout cela est vrai ????? !!!!!!

  2. J’ai aussi remarqué l’abondance de la « pge » ce printemps : beaucoup d’oiseaux territoriaux dans des endroits où je n’avais jamais remarqué l’espèce, et des couples surnéméraires dans les sites favorables.
    Je me demande si la météo n’aura pas fait du tort à la reproduction auquel cas une mauvaise année pourrait suivre celle-ci !

    Pour répondre partiellement à Nico sur la « réapparition des oiseaux », je crois qu’il faut chercher un peu sur axes de migrations et les sites favorables à la halte migratoire : rien qu’à Pagney ces jours derniers, 1 jeune Héron pourpré, 1 Marouette ponctuée, 1 Guiffette noire, 2 Phragmites des joncs, 50 vanneaux, 3 Chevaliers sylvains, 1 aboyeur, 1 guignette, 1 Canard siffleur et hors rayon migrateur… 1 femelle de Pie-grièche écorcheur (évidemment !) et entendu les guêpiers.
    En bref, la migration bat son plein, les jeunes oiseaux s’égayent et la fin de la reproduction laisse quelques possibilités d’observations intéressantes.
    Avez-vous encore des martinets noirs ? Avez-vous comme moi constaté le départ et le passage de nombreuses hirondelles ainsi que des Milans noirs ?
    Il est très utile d’ouvrir l’œil car des surprises sont fréquentes en automne, et c’est souvent un casse-tête pour l’observateur : les plumages juvéniles, internuptiaux, d’éclipse, en mue plus ou moins nette rendent l’identification bien plus sportive !

    Ça devrait bouger bien plus dès la deuxième quinzaine d’août (que j’écris sans le prononcer !) et à l’occasion essayez de trouver deux oiseaux semblables dans la prochaine troupe de linottes ! Et après on dira que c’est simple de reconnaître un piaf !

    Quand aux lardoirs de Pie-grièche, j’en ai déjà trouvé, mais je crois que c’est loin d’être une règle (à vérifier dans « LE » Géroudet). Personnellement, j’utilise un réfrigérateur, un congélateur et de nombreuses étagères : ce comportement semble plus régulier au sein de ma propre espèce… quand à la faim…

  3. Merci Christophe pour ton intervention, je suis soufflé par toutes les espèces que tu as recencé à Pagney ces derniers jours !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    Toutes sont des espèces que je n’ai jamais eu la chance de rencontrer, mis à part le guêpier (grâce à Bernard…;) )mais pour les autres jamais vu !
    Pourtant depuis bien longtemps je pratique la photo nature et depuis 2 ans la photo d’oiseaux, mais la + étonnante des espèces que tu as cité et que j’aimerais vraiment photographier un jour c’est celle du vanneau et là tu nous confies que tu en as vu 50 à Pagney !!!!!!!!!!!!!!
    Je constate d’ailleurs un autre point qui est celui de la présence d’une faune ornithologique riche et fructueuse TOUJOURS aux abords de l’Ognon… c’est vraiment une rivière formidable qui traverse d’ailleurs une région non moins formidable !
    Je crois savoir que l’Ognon passe dans le Jura, la Haute-Saône et même le Doubs pour terminer sa « course » vers Lure……. doit on en conclure que toutes ces espèces (dont le guêpier !!!!!!) coloniseraient peut être tous ces départements jusqu’à Lure ?
    Harfffff !!!! : j’crois que j’vais aller faire un petit tour un de ces jours du côté de Pagney moi ! … lol

  4. Non non, l’Ognon ne finit pas sa course vers Lure, il la commence pas loin de cette ville, dans les Vosges Saônoises.

  5. Dis-moi, Bernard, pour ces photos de « PGE », tu as fait comment ? Tu t’es planqué discrètement dans l’arbre ? Tu es monté dans celui d’à côté avec un téléobjectif ?

    Il y a toujours pour moi quelque chose d’ « irréel » – voire d’artificiel – dans ce genre de photos naturalistes (pourtant « réalistes »), car elles nous montrent quelque chose qu’on ne voit pas… « naturellement ».

  6. « Montrer en gros plan, ce qui ressort généralement de l’intime et du caché », Bernard, pour dire les choses comme elles sont, sous l’alibi naturaliste, en fait tu pratiques en toute impunité la photographie « pornographique » (ou plus précisément « obscène »). Bravo !!!!

  7. GLURP !
    Je me rends compte, en plus, qu’il y a des oisillons (sans plumes) sur les photos que tu as mises en ligne.

    Heureusement que je suis là incognito (sous pseudo) : j’ai pas envie d’être emmerdé par la brigade internet antipédophiles !!!

    (Vite effacer le blogadupdup de mes favoris)

  8. Encore un oiseau masqué de noir ! (Après la Sitelle et le Guêpier)
    C’est un hasard, Bernard, ou tu as une prédilection pour les zozio-zorro ?

  9. Pour répondre à Christophe (mais peut-ête sera-ce déplacé) : il y a deux jours je voyais encore des Martinet noirs, en grand nombre… mais dans le Roussillon.

    (Sinon, j’ai aperçu aussi, plus au sud, une sorte de Geai… mais aux ailes presque toutes bleues… mais je ne le retrouve pas dans mon guide D&N. Je me demande bien ce que ça pouvait être)

  10. Pour répondre à Vincent, mais c’est peut-être un peu tard, c’était certainement un rollier d’Europe (très moche dans le guide ornitho), voire une pie bleue. Les deux espèces se voient assez facilement dans le sud (surtout les pies quand même).

  11. La PGE semble bien abondante en haute saône, si besoin de photos, j’ai, en plein déjeuner ! Serais ravi de te recontacter…

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