Retrouvailles photographiques (1)

Je me rappelle du bonheur que j’avais eu lorsque mes photos de milan royal avaient été retrouvées. C’était en 1984. J’avais passé des centaines d’heures, étalées sur plusieurs années, à l’attendre devant mon affût où étaient déposés chaque fois quelques bouts de viande. Le milan était enfin venu. Mais voilà-t-y pas que le labo de Chalon-sur-Saône a égaré mes diapos. Je tenais beaucoup à voir les photos qui m’avaient tant coûté (en temps) et je me souviens avoir beaucoup râlé auprès de ce labo. Alors que je ne m’y attendais plus, les diapos avaient enfin été retrouvées au bout de six mois, elles avaient été livrées par erreur chez un photographe bourguignon et elles m’étaient enfin restituées.

J’ai eu exactement le même bonheur dimanche soir. En vidant une armoire pour la tranformer en penderie, j’ai retrouvé plusieurs séries de diapos que j’avais égarées depuis quatre ans. Je les avais pourtant cherchées partout car j’y tenais beaucoup. Cent cinquante photos de huppe fasciée et de grand tétras m’attendaient ainsi dans le bas du placard, désespérant que je leur mette un jour la main dessus. Merci à Joëlle qui avait insisté pour que je quitte ma flemme dominicale pour me livrer à ce vidage d’armoire.

Je n’avais jamais essayé de ma vie de photographier le grand tétras. D’abord parce que je ne suis pas à la recherche de « tableaux de chasse » et que les espèces rares ou difficiles à photographier ne m’ont jamais vraiment intéressé. Mais aussi et surtout parce que cet oiseau est un animal mythique qui reste auréolé d’un mystère que je n’ai jamais eu envie de casser. C’est l’une des rares forces primitives de la forêt. Il me semble surgi des temps préhistoriques et j’ai toujours pensé que sa vie recluse se devait d’être respectée.

Mais je dois dire que lorsque j’ai entendu dire, par David, qu’un « grand coq fou » (synonyme d’un grand coq détraqué) sévissait à Jougne dans le Haut-Doubs à tel endroit précis, je me suis dépêché d’aller voir « la bête ». Je me souviens avoir attendu une heure. Rien. Aurais-je eu de mauvaises indications ? J’ai cherché un peu dans les fourrés et j’ai vite rebroussé chemin lorsque j’ai vu cet animal qui venait dans ma direction d’un pas décidé, s’arrêtant et paradant comme s’il me prenait pour un beau mâle concurrent (dans le meilleur des cas) ou pour une femelle de passage (dans le pire des cas ! Aïe aïe aïe, je n’avais pas de préservatif à lui proposer !).

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La scène a duré au moins une heure et nous sommes repartis avant que le manège ne soit terminé.

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Mon ami Michel et les personnes de passage ce jour-là sur cette petite route forestière de Jougne se souviendront longtemps de ce grand tétras détraqué et agressif.

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Avec ces photos retrouvées dimanche, les souvenirs précis me reviennent.

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Michel, quant à lui, n’a pas perdu les photos de cette folle journée. Il paraît qu’il a même gardé précieusement une photo compromettante où l’on voit un Dupdup courant, poursuivi par un grand tétras.

46 réflexions au sujet de “Retrouvailles photographiques (1)”

  1. Il y a parfois de drôles de carambolages. J’ai vu, ce matin, des images de grand tétras grâce à un lien sur un forum de discussion régional.
    Je retrouve ce soir, des images de grand tétras sur le bogadupdup…
    Les photos de Bernard sont beaucoup plus belles que celles du film que je mets en lien.
    http://www1.nrk.no/nett-tv/klipp/116233

  2. Je n’ai pas vraiment de mérite, tu sais, les conditions étaient tellement exceptionnelles ! Je n’ai fait que profiter des circonstances.

    Et puis, n’est-ce pas un oiseau tétraordinaire !!!

  3. Tout comme pour d’autres espèces très sensibles, je n’ai pas non plus cherché à voir le grand Tétras. J’ai tout de même pu le croiser une fois de nuit en rentrant d’une recherche « Chouette chevêchette ». C’est un oiseau très impressionnant, même vu la nuit furtivement. Alors Michel ? T’es dans l’placard ?!

  4. Magnifiques images, bravo Bernard !

    Mis à part empaillé à la Maison de la Réserve de Labergement-Ste-Marie je n’en ai encore jamais vu….. et je n’en verrai probablement jamais tant il est rare… (voir même en voie de disparition ???)

    J’aime beaucoup l’idée de « fouiner » dans la vieille mâle d’un grenier et de tomber sur des trésors passés…
    Dis Bernard, tes photos de Huppe Fasciée tu nous les montrera hein ??? :D

  5. Oui Bernard, comme tu dis, vraiment un oiseau « téraordinaire » !

    Moi, j’en connaissais un qui était un accidenté de la route…… il est devenu un « grand tétra Plégique » !

  6. Superbes photos !
    Bien sûr : à circonstances exceptionnelles, photos singulières !
    A cette époque Bernard m’avait indiqué le lieu exact pour rencontrer ce « déviant » !
    Mais pas de chance, Tetrao avait disparu de lui-même ou croqué par un chien. Donc je n’ai pas vu, pas photographié.
    A ce jour je n’ai vu que des crottes, des traces d’ailes et de pas dans la neige (Les Prés d’Haut à Chapelle des Bois) et, bien sûr, des crottes. Et j’ai aussi entendu son envol lourd et bruyant dans la forêt du Massacre.
    Merci Joëlle pour cette intuition involontaire !!!

  7. J’ai beau le regarder, je n’arrive pas à m’y faire : trouver ce sourcil rouge vif « naturel » !

  8. Quelqu’un saurait-il trouver un lien permettant d’écouter son fameux chant ?
    Cela permettrait à ceux qui ne le connaissent pas de comprendre pourquoi celui-ci était « fin bourré ».

  9. http://www.bsc-eoc.org/avibase/species.jsp?lang=FR&id=BB36C5F03AA4F4D0&ts=1198001243017&sec=audio

    C’est pour toi Vincent : des liens sonores pour l’expression orale du grand Tétras.
    Je ne doute pas que cette écoute suscite des commentaires.
    Et là se trouve aussi sûrement la réponse au côté drag-queen de la bête !

    Plus sérieusement, j’imagine que dans la forêt d’altitude, une petite touche clinquante permet d’attirer l’œil d’une coquine poule avertie ! Des réponses plus pertinentes sont sans doute disponible à la page d’accueil du site donné en lien.

    Content de ton retour dans les commentaires : je constate que tu es plus sensible à la poésie qu’à Mireille Mathieu… et je me demande bien pourquoi !

  10. Merci Christophe.

    J’avais besoin de faire un petit break… et puis surtout, que dire sur Mireille Mathieu après Arno (qui en peu de mots avait tout dit) ?

  11. Pour le sourcil rouge, une piste : il y a des chances que le Grand Tétras ait glissé l’oeil là où le rouge queue noir a plongé sa queue. Reste maintenant à savoir où ?

    Pas tant de rouge que ça, finalement, dans la nature. Sauf à l’intérieur de nombreux êtres vivants, bien sûr. Vous croyez que c’est là ? Rhôôôô !

  12. Aïe aïe aïe, Michel a eu connaissance de mon article (par Christophe) et vient de m’envoyer justement les photos compromettantes où l’on voit un Dupdup qui n’en mène pas large devant le tétras.
    Vais-je publier ces photos sur ce blog, quitte à ce que ma réputation en prenne sérieusement un coup ?

  13. Et si ce sourcil rouge était l’ancêtre de la crête du coq ???

    (Quelqu’un ici connaît-il la filiation entre le coq de bruyère et le coq de basse-cour ?)

  14. Les deux taches blanches sur les ailes, aussi, à l’occas’, j’aimerais bien qu’on m’explique…

  15. Bernard, aucune honte à avoir de ne pas en mener large devant le grand tétras parce que ce volatile est extrèmement impressionnant.
    Moi-même ait eu affaire à lui, lors d’une randonnée dans les Cévennes, il y a une vingtaine d’années.
    Malgré le sac à dos relativement lourd (randonnée itinérante de 10 jours), et ma nullité en course de vitesse, je peux vous assurer que lorsqu’il m’a attaquée, (oui, carrément), je n’ai pas demandé mon reste et j’ai battu des records de vitesse.
    Lorsqu’il fonce sur vous, en volant, waouh ! Ca fait plutôt peur.
    C’est absolument énorme comme oiseau.
    Ce spécimen là, qui m’a attaqué (ainsi que mon mari, qui lui aussi a filé sans demander son reste), avait été élevé par l’homme puis relâché dans la nature, et considérait donc les hommes comme des rivaux. D’ou l’attaque.
    Nous avons lu cette explication sur un panneau au bord du sentier qui mettait en garde les randonneurs sur la présence d’un grand tétras agressif.

  16. Faut jamais dire de ce grand coq
    Qu’on s’en fout ou bien qu’on s’en moque !

    Car un grand tétras au pas d’charge
    On détale, on n’en mène pas large.

    Aventure tétraordinaire !
    Faut courir et avoir du nerf.

    Et s’il vous rattrape le tétras
    aïe, aïe, aïe, cris et patatras !

    Et que fait alors Etincelle ?
    Elle file et se remet en selle !

  17. Si Etincelle s’était retournée contre ce grand coq et lui avait retourné, comme il se doit, une mandale, celui-ci serait sur un fauteuil roulant.
    Tétras plégique, quoi !

  18. Dans « tétraèdre », il y a « tétra » qui veut dire quatre, car comme chacun sait, le tétraèdre possède quatres faces et quatres sommets.
    Est-ce que le tétras-lyre et le grand tétras ont un rapport avec le nombre quatre ?
    Ou « tétra » a-t’il un autre sens dans ce cas ?

  19. Avoir un frère aîné ou connaître un basketteur est indispensable pour aller à la rencontre des « coqs fous » : quoiqu’il arrive le grand t’aidera !
    Et s’il est instruit, il t’aidera à lire.
    Pour le Tétras du Caucase, pas besoin du frangin : si il est du Caucase, c’est qu’il est Russe, si Russe, c’est qu’y Slave, si s’Slave, c’est qu’y s’nettoie et si s’nettoie, c’est donc ton frère ! :blink:

  20. Dans le bois de Boulogne on trouve une espèce de tétras assez particulière qui vient paraît-il du Brésil ….. Le tétras – Vesti !!!!
    :kissing:

  21. Puisque nous sommes chez les tétras, je vous présente un oiseau que vous ne connaissez sans doute pas …
    Le tétras sombre (Blue grouse en anglais) mâle, un oiseau magnifique et très original avec sa grosse marguerite dans le cou, ici en pleine parade :
    http://oetincelleo.skyrock.com/1750497916-Parade-nuptiale-du-Blue-Grouse-male.html.
    Et ici, la femelle :
    http://oetincelleo.skyrock.com/1750509070-Blue-Grouse-femelle.html.
    Ces photos ont été prises lors d’une randonnée dans l’Etat de Washington, à l’extrême nord-ouest des Etats-Unis.

  22. On parle souvent des merveilles de la nature …
    Il suffit de voir ces tétras-lyre pour être persuadé qu’elles existent réellement.

  23. Une petite merveille de rencontre entre la nature jurassienne et la précision suisse.
    La voix off rappelle même le vibrato de Fifitoucourt, c’est dire la qualité de ce documentaire portant sur la gélinotte, une espèce passionnante à étudier.

    Prenez 1/2 heure et plongez pour un moment d’exception. :wink:

  24. « La voix off rappelle même le vibrato de Fifitoucourt » ???? :blink:

    Je ne me connaissais pas l’existence d’un vibrato dans la voix (de ténor, j’ai oublié de « muer » :blush:)
    Merci quand même c’est sympa …. :biggrin:

    Pas tout vu, mais c’est super… :smile:

  25. Il y a 35 ans, un garde de l’ONF m’a dit avoir trouvé un nid de gelinotte dans la forêt de Chaux-la-Lotière. A vol d’oiseau, c’est à 3 km de chez moi.
    Je pense qu’à cette époque-là, la gelinotte nichait encore régulièrement en plaine.

  26. je sais maintenant a quoi ressemble un bouvreuil car a mon grand regret je n’y connais rien sur les oiseaux ,tous les matins depuis quelques temps j entend un oiseau qui chante sans jamais le voir ,sur ma terrasse, une multitude de moineaux, un couple de tourterelles et une mouette très présente qui veille sur la gamelle du chien

  27. Ouaip, très fort l’ami Greg, et il ne se prend pas le chou. :wink:

    Un gars sympa qui fait pas mal d’expos et que j’ai rencontré à Namur en 2016 … où son film (pas ses photos) sur le tétras, superbe, n’avait pas été primé. Choix parfois curieux des jury de festivals … :wassat:

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