Cette énergie qui nous vient du Niger …

Dans l’un des commentaires à mon article sur la suppression du Paris-Dakar, Isidore a mis un lien sur la situation de la population Touareg au nord du Niger. Edifiant ! La vidéo dure 18 mn. Elle vaut le coup d’être visionnée jusqu’au bout. Prenez votre temps …

16 réflexions au sujet de “Cette énergie qui nous vient du Niger …”

  1. Tétanisé…
    C’est un mot qui revient deux fois dans la bouche de l’éloquent Issouf Ag Maha.
    Dire que nous n’en savons rien ou presque situe la puissance de ceux qui exploitent l’uranium, et de la capacité déjà connue d’AREVA à nous tromper.

    Ce témoignage émouvant est à rapprocher de la situations en Colombie : « 21 septembre 2007 – Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a annoncé que plus d’un millier d’autochtones Awá ont dû fuir leur terre près de la ville de Tumaco, dans le sud de la Colombie, en raison des combats entre l’armée et un groupe irrégulier. » Voir par exemple http://www.un.org/french/events/indigenous/2007/ pour la suite des informations.
    Là-bas aussi les ressources naturelles sont convoitées. Là-bas aussi les populations autochtones sont accusées de bien des maux. L’une des techniques pour faire passer cette valda est simple : avant de les éxécuter on les oblige à revêtir la tenue vestimentaire des FARC… ça rappelle des choses ça.

    C’est encore une fois grâce à Daniel Mermet que j’ai appris ça, et aussi parceque j’étais en vacances : son émission passe à 15 heures sur France-Inter… mais on peut la « podcaster » !
    Hier, un ami m’a affirmer que des bouddhistes qui méditent sont d’accord pour affirmer qu’en 2017 nous serons tous sous terre pour résister aux conditions extérieures…

    Dis Bernard, t’as pas une autre papillotte ?
    Bon ben j’vais m’coucher moi.
    A moins que j’en crame encore une !

  2. Je vous invite d’ailleurs à aller faire un tour sur le site d’où a été tirée cette interview, et dont vous trouverez le lien sur mon commentaire de l’article sur le Paris Dakar. Edifiant.

  3. Lu dans leMonde.fr de ce soir :

    Deux journalistes français sont toujours sous les verrous au Niger. En reportage dans le pays pour la chaîne de télévision franco-allemande ARTE, le journaliste Thomas Dandois et le cameraman Pierre Creisson, qui travaillent pour l’agence Camicas Productions, ont été arrêtés lundi 17 décembre avec leur chauffeur. Les autorités leur reprochent d’avoir enfreint l’interdiction de se rendre sans autorisation officielle dans le nord du Niger pour un reportage sur la rébellion touareg.

    Ils ont été inculpés pour »intelligence avec des ‘bandes armées' », termes par lesquels les autorités désignent les rebelles touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), très actifs depuis février dans le nord du pays. Leur chauffeur, Al Hassane Abdourahmann, a lui été inculpé de « complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat ». Ecroués à Kollo, à une vingtaine de kilomètres au sud de Niamey, ils sont passibles de la peine de mort.

    Leur avocat a dénoncé un grave recul pour la liberté et de l’Etat de droit ». « Que je sache, aucune information judiciaire n’a été ouverte contre [les dirigeants du MNJ] alors que tous ceux qui les approchent de près ou de loin sont poursuivis pour les crimes les plus graves », a déploré Me Moussa Coulibaly.

  4. Tragique, certes, mais au-delà de l’indignation, qu’est-ce qu’on peut préconiser ? Laisser l’uranium aux Chinois ?

    (Vingt dioux ce qu’il parle bien l’Issouf Ag Maha, il a fait ses études en France ou quoi ?)

  5. Je croyais t’avoir vu écrire quelque part que tu savais que ça ne servait à rien de dire « si c’est pas nous d’autres le ferons Vincent ».

    Sinon crois tu vraiment que ce serait pire ?

    (Et non, si il avait fait ses études en France, il parlerait mal. A moins que ce soit un coup monté par une agence de comm non ? ^^)

  6. Je ne me souviens pas avoir dit qu’il ne servait à rien de dire « si c’est pas nous d’autres le feront », mais qu’importe, c’est peut-être vrai, ce n’est en tout cas pas, je crois, ce que je dis ici.

    Je développe donc davantage.
    Je dis juste, sans aucun cynisme (en essayant juste d’être « réaliste »), que je ne vois pas ce qu’on peut préconiser dans la situation décrite. Je la résumerais pour ma part ainsi (corrigez-moi si vous n’êtes pas d’accord, je ne prétends pas être spécialiste, je cherche juste à comprendre) :

    Il y a une crise de l’énergie (qui va devenir de plus en plus virulente). Le nucléaire est, pour l’instant, l’alternative la plus à même de prendre le relais du pétrole qui s’épuise (je n’ai pas dit que c’était la moins dangereuse, sur le long terme). C’est en plus la solution choisie de longue date par notre pays (j’admets que les citoyens n’ont jamais été directement consultés sur la question, mais ils n’ont jamais élu des candidats qui s’affichaient hostilement contre). Le nucléaire a besoin d’uranium (dont les réserves, je crois, ne sont pas infinies). Il y a de l’uranium au Niger et la France (et/ou AREVA) a de longue date un contrat d’exploitation avec le gouvernement de ce pays. Les Touaregs qui vivent sur place sont non seulement chassés (j’imagine que les exploitations gigantesques « pourrissent » leur territoire) mais surtout ne bénéficient pas des retombées financières (également gigantesques) que cela génère. Ils sont donc perdants sur toute la ligne… donc logiquement entrés en conflit armé contre leur gouvernement.

    Que faire, maintenant, pour résoudre ce conflit (à supposer qu’on nous demande notre avis) ?

    La seule solution que j’imagine possible pour eux (mais je ne suis pas spécialiste de géopolitique, est-il utile de le préciser ?), est, comme je le laissais entendre, de s’associer aux Chinois (qui semblent, là-bas aussi, « à l’affût »). Sinon, vraiment, je ne vois pas comment rééquilibrer le rapport de force en leur faveur. Je ne sais pas vous, mais moi, à leur place, tant pis pour l’apparente infidélité au pays dans lequel je suis venu faire mes études, je sauterai sur l’aubaine (s’associer aux Chinois, en plus, c’est de l’investissement stratégique sur le long terme)… mais je ne vois vraiment pas comment la France, vu sa situation sur place (et dans le monde), pourrait honnêtement les inciter à le faire.

    Après, je suis d’accord, on peut envoyer, malgré l’interdiction, des journalistes pour nous informer de la situation réelle, pester quand notre Président (lors de sa conférence de presse) laisse entendre qu’ils ne devraient peut-être pas aller fouiner là où on leur dit de ne surtout pas aller, en parler dans la presse, à la télé, sur les blogs, au café… Mais n’est-ce pas ce qu’on fait déjà ? Donnons-nous ainsi bonne conscience (c’est utile voire nécessaire), mais admettons au moins que ça ne changera rien concrètement sur place.

    Ça me semble du coup être typiquement une situation « tragique » : un conflit d’intérêt tel qu’il ne peut se résoudre autrement que par une guerre.

    Mais si quelqu’un a une suggestion porteuse de plus d’espoir… QU’IL LA FASSE VITE CONNAITRE (j’suis preneur) !!!

  7. Pourquoi se battre sans cesse pour une cause ? S’est-on jamais battu pour les effets ?

    (Cool Memories V, Galilée, 2005)

  8. Tiens ! Pas de suite à mon commentaire.
    Je dois l’interpréter comment ?
    Vous êtes d’accord ? Dépités (que je puisse dire ça) ? Vous cherchez la « faille » dans le raisonnement ? Méditez simplement la question ? Etes partis sur place, les armes à la main ?

  9. Dépité, sans doute, plus que les autres propositions.

    La faille est simple à trouver : tu pars du principe que les chinois sont prêts à s’associer à eux pour gagner le marché (là tu oublie un peu le gouvernement du Niger) alors qu’ils n’ont pas vraiment intérêt à entrer dans un conflit armé. Si ils sont « à l’affut », c’est plus pour récupérer des marchés par des pressions économiques que pour soutenir un peuple opprimé sur place et d’ailleurs si tu réécoutes la vidéo, le gouvernement du Niger s’appuie déjà sur les Chinois pour faire pression sur la France et sur la population sédentaire.

    D’autant plus qu’il est probable que les Touaregs n’aient rien à cirer des revenus de la vente de l’uranium mais préfèreraient qu’on leur laisse leurs terres et qu’on évite de chercher à les faire disparaitre. Un minimum de reconnaissance politique serait sans doute plus appropriée.

    Et, sinon tu penses qu’ils vont faire quoi les chinois si ils récupèrent le marché ? Ils ne vont sans doute pas rendre les terres aux Touaregs … Et se contenter de continuer à leurs « pourrir leurs territoires ».

    Sinon, tu as raison sur un point : ce n’est pas toi qui avait dit qu’il ne servait à rien de dire “si c’est pas nous d’autres le feront”, j’ai confondu avec un autre forum.

  10. D’accord globalement sur tes nuances et corrections, Glorfindel.
    Mais cela laisse la question béante : qu’est-ce qu’on peut préconiser ?
    Qu’est-ce que tu entends, concrêtement, par un « minimum de reconnaissance politique » ?

  11. C’est un peu difficile d’être concret sur le sujet, il faudrait connaitre un peu mieux le fonctionnement du Niger, la répartition des Touaregs, leurs déplacements habituels, …

    Je n’ai bien sur pas de solution miracle, pourquoi pas un statuts international des peuples nomades qui leur reconnaisse un droit sur les terres qu’ils ont toujours occupé. (ça existe ça ? C’est de cela qu’il parle quand il mentionne l’ONU ?)

  12. Ce n’est pas que ta question soit sans intérêt, au contraire, je me suis dit simplement qu’il fallait du temps pour y répondre et je n’en ai pas en ce moment. Mais je vais dire un peu de ce que je pense !

    Grosso Modo quand même : savoir quoi faire en se plaçant en décideur ne me convient pas, et c’est la place à laquelle on se met volontiers… et que nous n’avons pas. C’est la place que chacun croit pouvoir prendre en assimilant une tonne d’informations rien qu’au niveau international.
    Et l’on discute bien moins des municipales. En gros, et l’histoire de l’arche de Zoé l’a montré à mon avis, c’est comme si on pouvait répondre aux difficultés du monde (d’accord pour en discuter seulement), mais qu’on ne savait plus rien faire en France ! Et encore moins arrêter Areva puisqu’ils vont encore signer des contrats demain avec notre généreux président.
    Alors d’accord pour considérer que dans l’immédiat la place dominante d’Areva dans l’apport énergétique mais d’accord aussi pour la refuser, souhaiter autre chose, y compris sur le plan politique. Mais là encore, comme au PS, la scission peuple/décideur est nette.
    Alternative : se payer sa petite énergie renouvelable, fermer sa gueule ou rentrer dans le tas… au PS ? Bof ! Dans une association ?

    En ce qui concerne l’association avec la Chine, c’est déjà fait : nos meilleurs ingénieurs ont monté leurs centrales, y travaillent et ont préparé le terrain. Au mépris des droits de l’homme, du communisme, avec les Chinois.
    Les puissants se partagent la carcasse du poulet, c’est tout. Mais comme il n’est plus bio depuis longtemps, ce n’est pas grave !
    A moins que ce ne soit un Dindon, celui de la farce ? En tout cas quand on dit que les populations autochtones sont touchées, la plupart des gens n’y comprennent mais, si on disait que les Touaregs y passent, ce serait différent.

    On change les mots, on les dit dans le désordre et voilà : les gens croient encore ce qu’on ne leur dit pas !!! Ils sont cons !
    Il est temps je crois de refuser la soupe.

    L’espoir pour moi est dans l’humain, mais ici et maintenant et sûrement pas demain en Chine.

  13. Les Touaregs sont éparpillés sur 4 (ou 5 ?) pays différents. On ne parlera jamais assez des conséquences du congrès de Berlin (1885) dans lequel les occidentaux ont défini les modalités de partage de l’Afrique entre les puissances européennes au détriment évidemment des Africains.

    Les conséquences ont été catastrophiques pour le continent africain.

    Rappelons qu’en 1880 à peine le dixième de l’Afrique était aux mains des européens mais que 20 ans plus tard tout était aux mains des hommes blancs. On ne trouve rien de tout ça dans nos livres d’histoire mais cette ruée impérialiste a entraîné (de manière directe et très expéditive) la liquidation de la résistance africaine parfois par des massacres, des déplacements de populations, des destructions des sociétés et des états africains.

    Les puissances européennes se sont partagées l’Afrique sans tenir compte des besoins des peuples autochtones et des réalités naturelles. Les frontières artificielles et arbitraires que les européens ont tracées (vous avez déjà vu comme les frontières de l’Afrique sont en lignes droites ?) et imposées continuent par diviser jusqu’alors des groupes ethniques. Elles sont également la source des différends qui opposent aujourd’hui des pays frontaliers.

    N’oublions pas de replacer le Niger dans ce contexte historique.

    Pour moi le nom de Berlin est associé à cette triste période de l’histoire. Beaucoup plus encore qu’à celui du mur.

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