Un oeil tourné vers les élections américaines (1)

Aux Etats-Unis, la course à l’investiture démocrate continue donc, grâce au rebond d’Hillary Clinton. Les Républicains américains n’ont jamais eu bonne presse en France, même chez les électeurs de droite, probablement à cause de leur politique étrangère et je ne vais froisser personne sur ce blog en disant que ces derniers n’ont pas ma faveur.

Je ne me suis jamais passionné pour ce qui se passait au niveau politique outre-Atlantique, bien qu’étant persuadé que le résultat des élections américaines peut avoir de grosses répercussions sur le reste du monde.

Cette fois-ci, je suis de très près ce qui se passe. L’idée d’avoir un président femme ou un président de couleur me séduit fortement. Bien entendu, ce n’est pas parce qu’Hillary Clinton est une femme qu’elle est meilleure en politique (quoique, ça mérite débat …) mais je crois à la valeur des symboles.

A y regarder de plus près, il n’y a pas de différence fondamentale entre les programmes des deux candidats démocrates (si ce n’est un plan de couverture maladie universelle qu’Hillary Clinton espère bien imposer à une Amérique qui crève aussi, ne l’oublions pas, sous son nombre de pauvres). Pourtant, j’ai une nette préférence pour Obama. Pas à cause de ses qualités exceptionnelles (intelligence, éloquence et charisme) mais bien à cause du symbole que représenterait son élection.

D’un point de vue politique intérieure, la victoire d’un candidat de couleur permettrait aux Etats-Unis de se réconcilier avec leur triste passé : passé ancien (esclavage, ségrégation) et passé récent (le triste épisode des noirs de la Nouvelle Orléans livrés à eux-mêmes lors de l’inondation de la ville).

D’un point de vue politique extérieure, il est certain que la victoire de Barack Obama redonnerait du baume au coeur à tous ceux qui croulent sous le joug impérialiste américain, et pas seulement au Proche-Orient. Cet homme, né d’un père Kenyan et ayant vécu en Indonésie, symbolise aux yeux du monde, comme le rappelle le journal Le Monde, « l’internationalisme, le dialogue, le métissage », alors que Bush est le triste symbole « de l’unilatéralisme, du nationalisme et de l’arrogance ». Bien sûr, on pense à l’Irak qui est en toile de fond de cette élection … Mais on pense aussi, d’une manière plus générale, aux relations qu’entretiennent les Etats-Unis avec la plupart des pays (il est difficile d’ailleurs de reconnaître un seul succès international à Georges Bush au cours de ses deux mandats, la force primant toujours sur la diplomatie).

Le résultat de l’élection prochaine peut-être un événement à la hauteur de ce qu’ont été l’abolition de l’esclavage et la lutte pour les droits civiques. Difficile de ne pas faire le parallèle entre Barack Obama et Martin Luther King. En espérant toutefois que la fin soit plus heureuse …

27 réflexions au sujet de “Un oeil tourné vers les élections américaines (1)”

  1. Il y a trois semaines, un ami écrivait cet éditorial dans le quotidien « Acadie Nouvelle ». Ce texte fait tellement écho aux propos de Bernard que je vous invite à le lire.

    LE CHEF DE FILE
    Vendredi 15 février 2008

    Il y a déjà longtemps que l’on connaît le cliché énonçant que si l’économie américaine éternue, l’économie canadienne tousse. Depuis les événements du 11 septembre 2001, l’effet de la politique américaine sur la scène canadienne est d’autant plus apparent. C’est ce rapport étroit entre les deux pays qui a plus ou moins forcé la présence des troupes canadiennes en Afghanistan. Nous avons beau être impliqués dans cette guerre dans le cadre d’un protocole de l’OTAN, l’attaque initiale a été lancée par les États-Unis.

    C’est en grande partie pour cette raison qu’il faut s’intéresser au choix électoral que s’apprête à poser le peuple américain.

    Il y a quelques semaines, dans un éditorial intitulé Le train du changement, nous exposions la volonté grandissante de l’électorat américain d’opérer un virage radical sur le plan de la politique étrangère des États-Unis. Aux commandes de ce train, le sénateur de l’Illinois, Barack Obama. C’était avant le vote du Super Tuesday, où les électeurs d’une vingtaine d’États allaient aux urnes, tant pour s’exprimer sur le choix d’un candidat présidentiel au Parti démocrate qu’au Parti républicain. Depuis ce temps, le sénateur Obama a pris les devants dans la course démocrate.

    Il est dorénavant clair que le candidat du Parti républicain sera le sénateur de l’Arizona, John McCain. Considéré comme un républicain progressiste, c’est-à-dire un homme politique à l’esprit un peu plus ouvert sur des questions d’ordre moral et social, la droite du Parti républicain ne fait pas confiance à McCain, du moins pas encore. Ancien militaire, il s’affiche comme le candidat le plus apte à pouvoir mener à la victoire le combat des troupes américaines en Irak. Il a eu beau avouer que les questions économiques ne sont pas sa force, aveu un peu bizarre dans le contexte économique de son pays, c’est sur lui que reposeront les espoirs des républicains pour conserver le pouvoir à la Maison-Blanche. Or, le sénateur américain est déterminé à maintenir aussi longtemps qu’il le faudra une présence américaine en Irak.

    Ce qui frappe dans cette course à la candidature pour la présidence, c’est le nombre d’électeurs qui s’intéressent à l’un ou l’autre des partis. Par exemple, mardi dernier, dans l’État de la Virginie, plus de 970 000 électeurs ont exprimé leur suffrage chez les démocrates, tandis que du côté républicain, ils ont été un peu plus de 450 000 à se présenter aux urnes.

    À lui seul, le sénateur démocrate Barack Obama a récolté plus 620 000 voix, soit plus que les trois candidats républicains réunis. La locomotive de l’intérêt extraordinaire que les élections primaires suscitent, non seulement aux États-Unis, mais partout dans le monde occidental, c’est la candidature de Barack Obama, susceptible de devenir le premier président noir de ce pays.

    Mais ce n’est pas la couleur de sa peau qui mobilise les Américains assoiffés d’un changement radical à la tête de la fédération américaine, c’est la cohésion de sa pensée et de son action politique, c’est la lucidité et l’acuité de son analyse de l’état du monde et du rôle que devraient y jouer les États-Unis. Plus la campagne progresse, plus l’électorat américain s’intéresse et adhère aux idées de Barrack Obama.

    Plutôt que la confrontation, il prône la conciliation. Plutôt que la domination, il prêche le partenariat des nations. Il milite pour que la prospérité des peuples passe par la paix plutôt que par la machine de la guerre.

    À la veille d’une élection fédérale canadienne, verrons-nous nos politiciens fédéraux s’inspirer de l’approche de M. Obama ? Souhaitons-le.

    Plus la campagne progresse, plus l’électorat américain s’intéresse et adhère aux idées de Barack Obama.

    Jean Saint-Cyr
    Rédacteur en chef

  2. Merci Robert pour cet éclairage venu de nos amis Canadiens.

    Voici un extrait de ce que j’ai lu dans l’article du Monde et qui insiste sur ce que ressentent les électeurs américains :

    Mais c’est surtout la page de l’administration Bush qu’Obama permet de tourner autant politiquement que symboliquement. Il règne, chez certains Américains, comme un malaise diffus et parfois inconscient après sept années de « guerre contre la terreur ». L’usage de la torture, les procédures extra-judiciaires et la violation de l’habeas corpus, l’affirmation d’une présidence impériale – tout cela ne ressemble pas à leur Amérique idéale. Barack Obama, lui, s’offre symboliquement comme un agent de rédemption, comme le très religieux et largement inconnu Jimmy Carter s’est offert en 1976 pour restaurer le capital moral de l’Amérique après le Vietnam et le scandale du Watergate.

  3. Si la compétition entre les deux candidats démocrates se durcit et dure trop, je ne donne pas cher de leur chance à accéder à la présidence. Pendant ce temps, McCain engrange …

  4. Je vois, Bernard, que tu es réaliste !
    Effectivement, il est possible que le candidat républicain gagne les élections.
    C’est un héros pour les américains … en effet, il a été fait prisonnier et torturé pendant plusieurs années lors de la guerre du Vietnam.
    Déjà, lors de la dernière élection présidentielle américaine, les français sont tombés des nues, lorsque G.W.Bush a été réélu.
    Ce qui n’a rien d’étonnant (pas qu’il soit réélu mais que les français soient tombés des nues), puisque dans les médias français, on parle surtout des démocrates.
    Les américains qui vivent en France, eux-même, le disent.
    Pour cette élection qui vient ??? Tout est possible !
    Même si j’ai le chic pour trouver la réponse à tes énigmes, je ne m’avancerais pas sur le résultat … L’avenir le dira.

  5. Je ne sais pas si vous suivez un peu les primaires américaines. Moi oui, surtout du côté démocrates. Je suis avec beaucoup d’attention la candidature de Bernie Sanders. Personne ne l’attendait et pourtant il est bien là. C’est un peu comme Obama en 2008 que personne ne donnait favori …
    Et pour Bernie Sanders, il convient de signaler que la jeunesse est derrière lui. C’est devenu tellement rare que des jeunes se passionnent pour la politique que l’on peut déjà dire qu’il se passe quelque chose d’inhabituel aux Etats-Unis. C’est en ce sens que ces primaires américaines m’intéressent pour la première fois de ma vie …

  6. Pour Donad Trump, les primaires sont devant lui, la primaire est derrière lui et … il ferait bien d’y retourner (à l’école primaire). :w00t:

  7. Le rêve américain c’est fini depuis longtemps. Les Français qui reviennent des Etats-Unis en reviennent avec un sentiment de misère qui se généralise. 49 millions de pauvres c’est du jamais vu ! Et encore, c’est sans doute plus que ce chiffre car il y a 5 millions de personnes qui bénéficient de la banque alimentaire, ce qui les fait sortir des statistiques officielles.
    C’est pour cela qu’il peut se passer quelque chose d’inédit lors de ces élections (même si je n’y crois qu’à moitié) car le contexte économique et social ne correspond à rien de connu dans la vie américaine.

    @papilion macaron : Pour Donald Trump, je pense que c’est surtout ses électeurs qui devraient retourner à l’école primaire, j’ai lu les commentaires de plusieurs d’entre eux, c’est d’un niveau … Les campagnes politiques en France ont quand même plus de tenue que ça …

  8. Mouaih… Marine vs Donald ??? Je demande à voir, c’est quand même pas la grande classe pour le pays des droits de l’Homme!

  9. On parle de plus en plus d’un risque de récession aux Etats-Unis, c’est pas fait pour arranger les affaires

  10. Un exemple du niveau de ces primaires américaines. Madeleine Albright est venue cette semaine à la tribune dire que les femmes qui ne voteraient pas Hillary Clinton auraient « une place spéciale en enfer ». Elle a dit ça sous le rire amusé d’Hillary Clinton. Quand on sait que Madeleine Albright a été secrétaire d’Etat des Etats-Unis, on imagine le niveau des autres orateurs qui défilent sur les tribunes (actrices, mannequins, …).

  11. Ben quoi, c’est quoi le problème ? De toute façon les femmes iront en enfer, non ? :whistle:

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