1966/1971, ma période rock préférée (avant-propos)

La musique de la fin des années 60 m’a énormément marqué et j’envisage depuis longtemps de lui consacrer une série d’articles. C’est probablement la période la plus féconde de l’histoire du rock. La musique a emprunté à cette époque les voies les plus diverses et son influence est encore très vivante aujourd’hui. Pourquoi 66/71 ? En fait, je ne suis pas si sûr que ça des dates. Peut-être que la musique de « ma » période musicale préférée a commencé en 65 et a continué jusqu’en 72. C’est possible, mais à un an près on va dire que, grosso modo, c’est 66/71. Je découvrirai probablement les dates précises au fur et à mesure de l’écriture de ces articles, lorsque je lirai sur mes pochettes de disques les vraies dates d’enregistrement.

Mais avant de commencer, il me faut faire un retour sur les bouleversements musicaux qui ont précédé cette période. Mon premier article sur les années 66/71 paraîtra dimanche prochain. Aujourd’hui, je tiens juste à rappeler ce qui s’est passé au cours des dix années qui ont précédé cette période.

L’histoire commence le 12 avril 1954 (un hasard, c’est le jour de ma naissance. Peut-être suis-je né, à cause de cette incroyable coïncidence, sous le signe de la musique). Ce jour-là, Bill Haley enregistre le premier rock de l’histoire, le fameux Rock around the clock. Si d’autres auteurs donnent la primauté de la naissance du rock and roll à Elvis Presley qui enregistrera quelques mois plus tard (en juillet 54) ses premiers titres, c’est uniquement parce que Bill Haley n’a jamais été considéré comme un véritable rocker, il venait du monde de la country et il y retournera plus tard. Mais Rock around the clock est bien un authentique rock !

Bizarrement, à cause d’une série de malheureux hasards, le rock n’ roll ne durera que trois ans. Car entre 57 et 59, une série d’événements, qui va toucher tous les pionniers du rock, va faire disparaître (provisoirement) cette musique : Little Richard va renier cette musique du diable et se convertir à la religion, Jerry Lee Lewis épouse sa cousine et lorsqu’on s’aperçoit qu’elle n’a pas 15 ans ce scandale va le contraindre à quitter la scène, Elvis Presley part à l’armée, Chuck Berry est empêtré dans des procès et finit en prison, Buddy Holly et Richie Valens meurent dans un accident d’avion et Eddie Cochran dans un accident de voiture. Le sort semble s’être acharné sur cette musique.

Pendant les années qui ont suivi, l’énergie du rock n’ roll semble avoir disparu, remplacée par une espèce de musique frelatée dont le twist n’a été que l’un des exemples.

Mais ce n’est pas aux Etats-Unis, son pays d’origine, que le rock renaîtra. C’est en Europe que tout va se jouer. D’abord à Liverpool en 62 où quatre jeunes garçons vont mettre le feu aux poudres. Il s’agit évidemment des Beatles qui amènent à la musique rock le concept de « groupe » qui n’existait pas jusqu’à présent. La musique des Beatles ne gagnera les Etats-Unis que deux ans plus tard, en 64, et c’est grâce à ce feed-back que le rock retrouvera sa contrée de départ.

L’autre événement majeur a lieu aussi en Europe. Les joueurs noirs de blues américains, qui voient leur audience chuter, se mettent à exporter leur musique et l’Europe devient alors leur terre d’élection. Ce sont les fameuses tournées de l’American Folk Blues Festival dont j’ai déjà parlé sur ce blog et qui ont vu arriver sur notre vieux continent Muddy Waters, John Lee Hooker & Co. Les jeunes européens qui écoutent cette musique vont donner à leurs compositions musicales la dimension « blues » (ces fameux accords en Mi7, La7 et Si7). Les Rolling Stones seront incontestablement les chefs de file de ce courant, suivis par les Animals, les Them, les Yardbirds et les Bluesbreakers de John Mayall.

Le troisième événement a lieu par contre aux USA. C’est le phénomène Dylan. Grâce à Dylan, la poésie a été insufflée au rock. Il y a un avant-Dylan et un après-Dylan. Après le passage de Dylan à l’électrique, plus aucun chanteur de rock ne pourra se permettre de chanter des niaiseries (du genre She loves you yeah yeah yeah des Beatles et les textes devront être travaillés au minimum, pour ne pas dire au maximum.

Voilà où nous en sommes quand commence ma petite histoire. Rendez-vous donc dimanche prochain.

4 réflexions au sujet de “1966/1971, ma période rock préférée (avant-propos)”

  1. Excellent ton avant-propos …
    Qui met » l’eau à la bouche » !
    « La note à l’oreille » serait plus à-propos mais je ne crois pas que l’expression existe.
    Quoiqu’il en soit, nous attendons le début de ta petite histoire avec impatience.

    Au fait, nous avons déjà tant vieilli pour les trouver si gamins les Beatles, Rolling Stones et Dylan de cette époque ? Des mômes !

  2. Ohh que oui , vous avez bien vieilli !!! Hihihihi
    Ce sont encore les bases de travail de beaucoup de musiciens de notre époque ces artistes que tu nous présentes .

  3. Pas mal, une histoire du rock de 66 à 71. Enfin, plutôt, une anthologie à la dupdup. Ça tombe bien, c’est une période que j’adore aussi.
    Y compris pour les groupes moins connus (le mouvement garage aux États-Unis, en réponse à la déferlante british), et même pour la variété française…

    Je ne suis pas mécontente que l’ambiance des concerts ne soit plus celle qu’on voit sur la vidéo des Beatles (elles ne devaient pas entendre grand-chose de la musique, les groopies !). On sent qu’elles ont enfin trouvé l’occasion de se lâcher un peu (et qu’elles devaient être vraiment brimées jusque-là).

    Les Rolling Stones des débuts avaient aussi une sacré pêche (non qu’ils soient devenus mous, mais j’aime vraiment moins ce qu’ils font depuis pas mal d’années). Là, ils jouaient encore des reprises. Ça n’existe plus des groupes qui deviennent connus en ne jouant que des reprises. Mais dans ces années-là, c’était très courant. Et un même morceau pouvait sortir la même année, interprété par plusieurs groupes, et, souvent, c’était une version autre que l’originale qui faisait un carton. Tiens, d’ailleurs, j’étais persuadée que le morceau de la vidéo était de Bo Diddley (paix à son âme, il est mort le mois dernier), mais non, c’est un Buddy Holly.

  4. Je n’ai pas perdu de vue que j’ai annoncé il y a près de 10 ans une série d’articles sur ma période rock préférée, celle qui va de 1966 à 1971. Sans doute qu’un jour ça viendra …
    En attendant, un petit clin d’oeil musical.
    1971, les Stones étaient encore les Stones … et je tombe sur cette vidéo (plutôt de bonne qualité vu l’époque) d’un morceau que j’aime beaucoup :

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