LE COIN DU JARDINIER (47)
Les temps derniers il a pas mal plu. De quoi régaler le jardinier que je suis. J’adore être dans mon jardin (en plein champ) lorsque de gros nuages arrivent.
J’attends en général d’être mouillé, d’avoir senti l’eau assez longtemps sur ma peau, avant de quitter les lieux.
La pluie a fait du bien à toutes les plantes et le jardin a repris du poil de la bête après un période de sec où certaines plantes n’avaient pas très bon aspect. Mais là, c’est reparti et certains légumes ont doublé de volume en moins d’une semaine.
La période de fin mai/début juin marque le vrai début des récoltes. Les petits pois d’abord qui sont un véritable luxe après une période où il n’y avait pas grand chose au jardin.
Les salades ensuite. Le mois de juin est assurément le mois des laitues, le jardin en donne à profusion et elles poussent sans encombre, les grandes chaleurs ne les faisant pas encore monter en graines.
Il existe essentiellement quatre sortes de laitues.
Les plus communes sont les laitues pommées aux feuilles fines qui forment un coeur serré.
Viennent ensuite les laitues batavias, au feuillage dentelé, assurément les meilleures car beaucoup plus croquantes que les laitues pommées.
Il y a aussi les laitues romaines, volumineuses, sans doute moins consommées qu’autrefois, dont le coeur serré forme une pomme allongée, toute en hauteur.
Les laitues à couper, de type bowl, forment un quatrième groupe et ont pris une place plus importante dans nos jardins (mis à part le mien) .
A cela il faudrait aussi ajouter un cinquième groupe, celui des laitues italiennes, mais une seule semble consommée en France : la variété lollo rossa.
Je parlerai de la plupart de ces types de laitues tout au long de l’année (d’autant plus qu’avec les variétés que j’ai échangées avec Dan, Didier et Fred, je dois avoir près de 40 variétés différentes, vous avez pas fini d’en bouffer ! J’espère pour vous que vous êtes végétarien ou en voie de le devenir !).
Aujourd’hui, je vous parlerai d’une laitue pommée très originale que je viens de récolter. Il s’agit de la laitue truitée, originaire d’Autriche. Son véritable nom est forellenschluss, il veut dire « tacheté comme une truite », ce que montre bien le feuillage marbré de brun rouge.
Les feuilles du milieu, plus claires, sont très belles et les tâches rougeâtres donnent un aspect que je trouve plutôt appétissant mais lorsque je les ai montrées à Christian, un autre jardinier, il m’a dit « Et tu manges ça ? elles ont l’air malade tes salades ! ».
Question goût, on sent tout de suite qu’il y a une pointe d’originalité. Un ami m’a parlé de goût de noisette. Je lui ai trouvé une saveur plus sucrée que les autres salades. Et je lis ce soir sur le catalogue Baumaux que cette variété a obtenu, sur le plan gustatif, le premier prix dans un concours où étaient présentées 900 variétés de salades.
Entre nous, je me demande comment on peut goûter 900 variétés de salades, rester objectif pendant toute la durée du concours et aimer encore les salades à la fin de la dégustation ! Avec des bières, je dis pas, mais des salades … !
… combien de kilomètres, les rangs …??
8 rangées de 65 mètres de long !
Il y a un mec qui fait du jardin à côté de moi et qui est obsédé par la ligne droite. Il m’a fait remarqué que mes lignes n’étaient pas tout à fait rectilignes. Et je lui ai fait comprendre que c’est en fait un truc de jardinier chevronné : en allant en zig-zag, j’arrive ainsi à planter 72 mètres de légumes au lieu de seulement 65 m. Il n’a même pas eu un sourire. Christian n’a pas le sens de l’humour.
Il savait bien que tu lui racontais des salades!
Des histoires de salades que j’ai lues dans Lewi’s scaroles !
Lewis, c’est le Djinn du jardinier!
Tu n’as jamais essayé de faire un jardin en spirale plutôt qu’en ligne droite ? Ce serait plus joli !
Ou alors en labyrinthe …
Bon d’accord, je reconnais que ce serait moins pratique.
C’est du maïs au début des rangs ? Pourquoi ?
Oui, j’ai mis quelques pieds, en bouts de lignes, d’une variété de maïs doux à consommer. C’est la première fois que j’en sème.
Les lignes sont bien assez espacées, non ?
Oui, c’est parce qu’en début de saison, je passe le motoculteur assez souvent et il me faut 80-90 cm entre les lignes.
En fait, c’est un jardin où la terre est extraordinaire mais qui a deux inconvénients majeurs :
– une terre que l’on appelle « terre battante », c’est à dire qu’elle forme une croûte très dure en surface dès qu’il pleut ;
– une terre très riche où tout pousse mais aussi et surtout les mauvaises herbes.
Pour ces deux raisons, il faut travailler la terre très souvent, d’où l’explication du motoculteur. Mais à partir de juin, je travaille tout à la main.
« J’attends en général d’être mouillé, d’avoir senti l’eau assez longtemps sur ma peau, avant de quitter les lieux. » !! Bon dieu , moi qui croyais être le seul à aimer cette sensation , l’odeur de la terre au début de l’averse , la couleur du paysage qui change , lorsqu’elle vient frapper la mer la pluie fait un rideau arc en ciel …. La pluie est belle Comme un poème .
Ce que dit la pluie
M’a dit la pluie : Écoute
Ce que chante ma goutte,
Ma goutte au chant perlé.
Et la goutte qui chante
M’a dis ce chant perlé :
Je ne suis pas méchante,
Je fais mûrir le blé.
Ne sois pas triste mine
J’en veux à la famine.
Si tu tiens à ta chair,
Bénis l’eau qui t’ennuie
Et qui glace ta chair ;
Car c’est grâce à la pluie
Que le pain n’est pas cher.
Le ciel toujours superbe
Serait la soif à l’herbe
Et la mort aux épis.
Quand la moisson est rare
Et le blé sans épis,
La paysan avare
Te dit : Crève, eh ! tant pis !
Mais quand avril se brouille,
Que son ciel est de rouille,
Et qu’il pleut comme il faut,
Le paysan bonasse
Dit à sa femme : il faut,
Lui remplir sa besace,
Lui remplir jusqu’en haut.
M’a dit la pluie : Écoute
Ce que chante ma goutte,
Ma goutte au chant perlé.
Et la goutte qui chante
M’a dit ce chant perlé
Je ne suis pas méchante,
Je fais mûrir le blé.
Jean RICHEPIN
Ah Richepin, l’auteur des « oiseaux de passage » que chante Brassens !
http://www.deezer.com/track/les-oiseaux-de-passage-T1141414
(chanson que je vais d’ailleurs jouer en concert avec Stéphane le 24 juillet prochain)
Yves, j’aime tellement la pluie que le premier article de ce blog lui a été consacrée :
http://www.leblogadupdup.org/2006/01/17/il-pleut-dans-leur-tete/
A propos de lignes droites, je me rappelle, dans l’Oise, le père de ma belle soeur. Une superbe paire d’ardennais tirait sa charrue. Ses sillons étaient en zig zag. Il ne voulait pas nuire aux nids de perdrix.
Et il n’était pas chasseur. Je crois qu’il était tout simplement en empathie.
On est loin de tout ça, hein? Mais ce n’est pas qu’une question d’époque. Parce que, des abrutis, y’en avait autant, alors.
Dis, Dupdup, tu me dis encore une fois que tu aimes la pluie, et moi—-au milieu de mes limaces, de mes escargots, de mes mousses, de mes algues, de mes sangsues, je ne te parle plus!
Non plus, faut pas exagérer non plus, non plus!
Allez, je t’envoie un petit rayon de soleil. Il arrivera chez toi demain dans la journée.
mais comment fait-il, ce bernard, pour assumer tomates, blogs, salades, endives, etc etc, plus politique, chansons, musique, etc, plus sa femme et ses enfants ( je suppose…). journées de 48 heures ? et aubry et ses35 heures dans tout ça ? pour moi, c’est un extra terrestre….:angel: :alien:
J’assume, j’assume, ça reste à voir … !
Je me rends compte que j’en fais trop et que ma boulimie en matière de jardinage a ses limites. Au moment où tu as mis ton commentaire, Marie-Jo, j’étais en train de dire à Joëlle que j’allais faire beaucoup moins de jardin l’an prochain.
Alors si vous avez envie de venir faire un tour dans ce jardin, venez cette année, car l’an prochain c’est le début de la décroissance.
Ceux qui aiment le jardinage devraient trouver leur compte sur mon blog dans les temps prochains car je crois qu’il y aura beaucoup d’articles sur ce thème en juillet/août.
Marie-Jo, l’une des réponses à tes questions, c’est que je concentre ma vie professionnelle à temps complet sur quatre grosses journées (enfin, j’essaie) et que j’ai mon vendredi, mon samedi et mon dimanche de libres. Et pendant ces trois jours de week-end, je vais goûter à la joie du jardin entre 5h30 et 6H le matin. Les journées sont longues et j’ai donc du temps pour assouvir mes différentes passions.
http://mantis.fr/video-4till.asp ça devrait te permettre de densifier un peu.
Oui, très intéressant cette moto-bineuse mantis (la démonstration est éloquente) mais mon projet des années prochaines c’est de tout faire à la main sans appareil motorisé. Mais peut-être qu’en vieillissant, une moto-bineuse mantis, ça serait quand même pas mal … Merci pour le conseil !
La pluie… je souscris à vos commentaires, Bernard et Yves, en remerciant le ciel de la fournir, et quel bonheur souvent de la sentir tomber pour nos chères plantations. Je suis souvent surpris de la sensation des personnes restées à l’intérieur et qui attirées par le soleil ou la chaleur, ne se rendent pas compte que même quand il pleut, on reste souvent peu mouillé, rafraîchis dans l’effort, et n’ayant plus besoin de boire. La pluie battante n’est pas si fréquente.
Beaucoup font comme moi et n’arrosent pas leur jardin, la pluie est alors plutôt attendue, espérée, son arrivée est soulagement et rassurante pour le cycle vital.
Et j’aime aussi faire à la main le maximum de choses : désherbage, bêchage, même faucher. On a ainsi le temps d’observer ou remarquer les interventions nécessaires, on abîme moins auss,i je pense, le sol ou les plants.
Pour le temps investi par notre Dupdup, j’ai acquis la conviction qu’il possède un atout dont je ne dispose pas : de courtes nuits doivent suffire à le reposer. Pour ma part, le rythme est dur avec un besoin théorique de 8 heures à 8 heures 30 au moins de sommeil. Je fais donc partie des gens qui compensent le manque de sommeil par des moments de récupération, mais aussi doivent surmonter de grandes périodes de privation, d’autant plus dures en ce qui me concerne que ma meilleure période d’énergie est plutôt située le soir jusque assez tard. J’adore le matin et me lève aisément très tôt… mais au détriment souvent de mon capital sommeil. Alors j’envie vraiment très fort ceux qui ont un besoin moindre à ce sujet.
Je me souviens de cours en fac à ce sujet (chronobiologie) et des cas extrêmes : certains devraient dormir presque 12 heures pour avoir leur compte, d’autres se suffisent de 4 à 5 heures. Je suis persuadé que des formes de handicap sociaux se développent en raison du non respect du rythme vital, et je dois moi-même compenser avec mes 8 heures. Mais je sais aussi que les personnes qui dorment peu ont des difficultés à surmonter.
Alors je rêve toujours d’une société assez sage qui permette à chacun de respecter son rythme pour une efficience optimale.
Le rythme de la pluie, le travail des mains plutôt que celui de la machine… une partie de notre bonheur voire d’un simple équilibre n’est-il pas là ?
Il faut donc que j’y passe cette année pour voir ce potager extraordinaire?!?!
:wassat:
Au lieu du motoculteur , tu devrais utiliser des boeufs pour travailler ta terre . Car même si la terre est dure … Les « boeufs en sont » capables de la retourner vers chez toi !! :tongue:
Les “oiseaux de passage” Superbe !!
saloperie de pluie…
Bravo le jeu de mot Yves, je ne l’ai vu qu’en deuxième lecture !
… en revanche, tu n’as pas vu le mien, ce qui a eu pour effet de me vexer énormément …
Tiens, j’te cause pus!
Pour les jardinières et jardiniers qui habitent près de chez moi : j’ai des dizaines de replants de salades à donner (variétés qui se développeront à partir de la fin de l’hiver et qui donneront en avril/mai). J’ai notamment une laitue rouge d’hiver qui promet ! Avis aux amateurs.
Bernard, c’est pas sympa pour ceux qui habitent loin….on en aurait bien besoin de tes « salades » !!!!!! dans ce monde de bruts…. par la poste…non? même si on te règle les frais ?
Je ne sais pas si les replants de salades tiendraient plusieurs jours dans un colis …
Beaucoup de vos arguments sont pertinents. Ca semble être article qui valait le coup d’être exploré. Mais il y a probablement encore beaucoup à écrire sur ce thème avec la même pertinence que celle que vous avez affiché présentement. Je ne suis pas certaine que cela puisse faire changer les moeurs mais je suis par contre sûre que votre travail ne peut pas faire de tort. C’est un article très utile !
Mauricette, votre commentaire a été rattrapé de justesse, il était dans les spams, j’ai l’impression que cela arrive souvent lorsqu’on indique l’adresse d’un blog comme lien attaché au pseudo.
Oh, il y a déjà eu sur ce blog beaucoup d’articles d’écrits sur les salades, sans doute pas suffisamment encore, mais il y en aura d’autres encore, à raison sans doute de quelques-uns par an.