1900-1950, un demi-siècle de modernisme

Un dimanche musical proposé par Luc.

En 1907, Picasso avec ses Demoiselles d’Avignon, lacérait d’un coup de couteau tranchant tous les codes picturaux des siècles précédents. Bien entendu, les germes de la révolution avaient été semés bien avant cela. Mais alors qu’en 2010 des reproductions de peintures impressionnistes se démodent dans les salons bourgeois et dans les cuisines Ikea, force est de reconnaître que le cubisme n’atteint toujours qu’une minorité inspirée et les plus Bobo de nos contemporains. Et encore…

En musique également, l’entrée dans le vingtième siècle correspond à une redéfinition de tous les codes. Les rythmes, les mélodies, les accords : tout est chamboulé. Et les quatre ou cinq décennies qui suivront le « Prélude à l’après-midi d’un Faune » (1894), de Claude Debussy et point de départ symbolique de la grande aventure moderniste en musique,  seront un vivier d’expérimentation d’une richesse probablement jamais égalée. Comme pour Picasso et ses demoiselles, bien des œuvres musicales de cette époque restent encore difficilement accessibles à un large public. Les raisons doivent en être multiples et certainement éclairantes quand à la définition de la nature humaine…

C’est cette richesse de la première moitié du vingtième que j’aimerais partager avec vous ce dimanche. J’ai cependant veillé à sélectionner des morceaux pas trop rébarbatifs. De toute façon à vous de voir.

Au cœur de mon cœur, il y a Stravinsky. Ici, L’Ebony concerto de 1945.

http://www.youtube.com/watch?v=1udS3o5tVu4&feature=list_related&a=GxdCwVVULXdvuemQo1iXlPfzBj4N7ss-&list=ML&playnext=1

Célèbre hommage à une locomotive, la composition très imagée de Arthur Honegger : Pacific 231 (1923).

Toujours très « visuel » : La création du monde (1922-1923) de Darius Milhaud.

Difficile de faire l’impasse sur Schoenberg. Alors lui, dans ses compositions modernes, (au départ il était un inconditionnel de Wagner…) c’est pas toujours comique, comique… mais j’aime bien. Dans « trois pièces » de 1909 révisées en 1924.

Et puis un petit dernier dont j’avais déjà proposé quelque chose dans « Les voix Royales ». Francis Poulenc est de loin mon préféré dans le mouvement néo classique français.
Aubade pour piano et 18 instruments est un petite merveille de musique progressive comme  on dit maintenant : à écouter du début à la fin… fascination garantie… enfin, question de goût !

http://www.youtube.com/watch?v=b62j1LHwwEE

25 réflexions au sujet de “1900-1950, un demi-siècle de modernisme”

  1. Dans l’Ebony concerto de Stravinski, on voit bien la parenté qu’il y a entre cette musique et le jazz.
    Je me suis souvent demandé si la désaffection du public vis à vis de la musique contemporaine n’était pas due en partie au fait que le jazz, devenu au fil des années une musique « relativement intello » (ce qu’il n’était pas au début), avait pris le relai.

  2. Pour continuer dans la comparaison avec le jazz , je trouve que, avoir réécouté une deuxième fois cet Ebony concerto de Stravinski, il y a une belle parenté avec la musique qu’a enregistrée trente ans plus tard Carla Bley, compositeur de jazz.

  3. En tout cas, le côté « intello » de la musique a certainement fait décrocher une partie du public. Par contre, le jazz comme d’abord Gershwin puis Bernstein l’ont introduit dans leur musique a été lui, plus populaire. (west side story 1957)

  4. Rhapsody in Blue de 1924 (Gershwin) est très populaire. En la réécoutant, je me disais que ça faisait très « Walt Disney ». Et en tapant simplement le titre sur youtube, apparaissent comme par hasard, plusieurs dessins animés.

  5. Je ne connais pas ces compositeurs … Seul Stravinsky de nom .
    J’aime bien « la création du monde » de Darus Milhaud .
    Plus récemment , je suis entré dans le monde musical de Pierre Bastien … J’y ai trouvé et aimé ce petit côté jazz dans quelques une de ses œuvres au milieu des machins clip clap .
    Sa musique me parle .

  6. Jamais entendu parler de Pierre Bastien. J’ai pas beaucoup de temps aujourd’hui, (amis et apéro obligent!!!) mais je sens que ça va être une bonne découverte… Vive le blog à Dupdup qui l’air de rien devient une de mes principales sources de découvertes musicales!

  7. Concernant Poulenc, vous pouvez prendre à peu près tout. Ce type est la musique à l’état pur. J’aime beaucoup le « Stabat mater », une pure merveille. :heart:
    Mais aussi toute la musique de chambre: les sonates pour flûte et piano, hautbois et piano ou clarinette et piano par exemple. Sans oublier le concerto pour deux pianos ou encore le « Concert champêtre », étonnant concerto pour clavecin et orchestre… :smile:
    Pour Honneger, les symphonies, moins connues du grand public, et en particulier la cinquième « di tre re » absolument géante… :silly:
    Stravinsky est sûrement le plus connu des trois et ce n’est pas immérité… C’est sans doute pour cela qu’il est pillé par les commerçants (Disney en particulier…) :angry:

  8. La locomotive a été source d’inspiration musicale. On le voit ici avec l’oeuvre d’Honegger. Mais le train a, d’une manière encore plus forte, inspiré les bluesmen car le train était alors le seul moyen pour eux de fuir une vie misérable et bon nombre de chansons de blues ont été dédiées à la locomotive avec une imitation souvent très belle du rythme de la machine à vapeur.

  9. Pendant des années, je me suis nourri de la musique de chambre de Poulenc et de celle de Debussy. Je partage donc l’avis de Fifitoucourt sur la musique de Poulenc, d’autant plus qu’elle me semble pétrie d’humour … humour qui manquera inexorablement aux musiciens qui suivront au cours du 20ème siècle.

  10. Même intérêt pour Poulenc, et j’aime beaucoup aussi Schoenberg, comme Stravinsky.
    Comme tu le dis Luc, je dois faire partie des ignares parce que je reste peu sensible aux musiques moins mélodieuses à mes oreilles, plus « assonantes » je trouve.
    Si j’y entend aussi l’influence du jazz, le fracas de l’industrialisation y est sensible et témoigne à coup sûr du talent des artistes présentés ici.
    Et je partage avec Fifitoucourt mon émerveillement pour le stabat mater de Poulenc, de loin mon chouchou dans ce beau florilège.
    Je n’ai pas encore écouté les bonus de Yves mais ça ne saurait tarder !

  11. « assonantes » ou « assommantes » ?
    Je n’ai rien, absolument rien, contre les dissonances et les assonances. Aucun son ne me heurte. Lorsque j’avais 18 ans, j’étais un passionné de free jazz, et notamment de Sun Ra, et je dois dire que, questions dissonances, j’ai écouté « bien pire » que les auteurs contemporains récents. Par contre, le côté « froid », voire « glauque » de la musique récente ne me plait pas.

  12. Ce que j’ai écrit dans le dernier commentaire vaut aussi pour les autres arts contemporains. Il y a quelques années, avec Joëlle, nous avions pris un abonnement pour la programmation du centre dramatique de Franche-Comté. Prise une par une, chacune des pièces de théâtre que nous avons vue était super. Mais, au fil des mois, la programmation nous a semblé être d’une tonalité sinistre et nous n’avons tenu qu’une année.
    Je crois que le monde va mal, très mal. Mais on peut traiter cet état de fait de plusieurs manières différentes. De manière glauque et sordide. Mais aussi avec de l’humour et de la dérision. Et je préfère cette dernière manière de traiter les choses.

  13. Non Luc ! Pas de malentendu sur un tel sujet. :smile:
    Non seulement j’admire vraiment ceux qui peuvent être sensible à toutes les œuvres, mais je suis encore capable seul de me reconnaître comme un ignare sur certains sujets. Tu ne m’as pas traité de quoi que ce soit, sinon il y aurait un conflit regrettable entre la France et la Belgique, et à défaut de smiley je t’aurais envoyé des hordes de coqs sur des échasses !
    Disons que je regrette plutôt de ne pas savoir entendre ce que d’autres trouvent remarquable.
    Je peux seulement dire que l’usage un peu trop massif des cuivres, des percussions et ce que je considère comme étant parfois peu mélodieux (ce côté usine du passage XIXe/XXe siècle) m’empêche d’écouter vraiment plus loin.
    Bernard à raison de parler d’Acid Jazz : même sensation pour moi, j’ai écouté, mais je ne suis pas séduit. Et pourtant je suis capable ou j’ai été capable d’écouter longtemps des trucs vraiment pas terribles !
    Alors oui, pour moi certaines assonances sont assommantes !

  14. Puisque vous semblez tous très au point sur ce style de musique, vous avez sans doute reconnu celle que j’ai choisie pour sonoriser le diaporama sur la faune d’Alaska (voir article précédent du blogadupdup), si vous l’avez visionné.
    Alors ? C’est la petite devinette du jour …
    Bernard, tu as interdiction de répondre ! (c’est Bernard qui m’a conseillé cet excellent choix)

  15. Concernant Poulenc, vous pouvez prendre à peu près tout. Ce type est la musique à l’état pur. J’aime beaucoup le « Stabat mater », une pure merveille. :heart: Mais aussi toute la musique de chambre: les sonates pour flûte et piano, hautbois et piano ou clarinette et piano par exemple. Sans oublier le concerto pour deux pianos ou encore le « Concert champêtre », étonnant concerto pour clavecin et orchestre… :smile: Pour Honneger, les symphonies, moins connues du grand public, et en particulier la cinquième « di tre re » absolument géante… :silly: Stravinsky est sûrement le plus connu des trois et ce n’est pas immérité… C’est sans doute pour cela qu’il est pillé par les commerçants (Disney en particulier…) :angry:

  16. Il se passe des choses bizarre sur le blog… Tu as vu Bernard, le commentaire de Michele Foley, c’est celui de Fifitoucourt du 19 déc à 21h 18… :pinch:

  17. Pour les amoureux de la musique française de la première moitié du 20ème siècle, je conseille ce disque extraordinaire : l’intégrale de la musique de chambre et la musique pour piano de Francis Poulenc :
    http://www.abeillemusique.com/CD/Classique/BRIL7980/5029365798020/Brilliant-Classics/Francis-Poulenc/Musique-pour-piano-Musique-de-chambre/cleart-15281.html
    (je l’ai reçu hier, il valait 10 € soldé la semaine dernière mais il vient de repasser à 16 €).

  18. J’avions point vu
     » Il se passe des choses bizarre sur le blog… Tu as vu Bernard, le commentaire de Michele Foley, c’est celui de Fifitoucourt du 19 déc à 21h 18…  » :blink:

    J’te jure que j’y suis pour rien. Un nom plus deux pseudos c’est ben suffisant… :lol:

  19. Je connais bien quelqu’un qui est atteint de dédoublement de personnalité mais a priori cette personne n’y est pour rien … !

  20. Juste pour préciser que l’interprète à la clarinette du disque de Poulenc dont j’ai parlé ci-dessus n’est autre que … Michel Portal ! (ce disque est d’ailleurs passé sur France-Musique tout à l’heure). Un vrai bonheur ! :wub:

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