Laisser faire la nature ou l’aider à notre idée ?

Un article proposé par Luc
La question a déjà été posée sur le blog et, suivant en cela l’idée de Jenofa, je serais plutôt enclin à dire : plantons des arbres et laissons faire.

Certes, les réserves naturelles ne sont in fine que le navrant constat de n’avoir pu vivre en harmonie avec la nature. Nous avons tout foutu en l’air, vite, vite, faisons quelques bocaux de biodiversité pasteurisée avant qu’il ne reste plus rien. Oui mais.

La vallée du Bocq, dans laquelle coule une rivière encore un peu sauvage creuse mon paysage quotidien de son impressionnante ride. Je l’aime et elle est l’enjeu de toutes les forces politiques actuelles. Économique, culturelle, naturaliste, de loisir, etc… D’une part, elle est de mon point de vue, en danger de dégradation de par le nombre de ses exploitants et de l’autre elle bénéficie d’une reconnaissance européenne d’intérêt publique environnemental via un  statut européen enviable de vallée dite « eau libre » c’est-à-dire qu’on ne peut plus, ni canaliser son cours d’eau, ni retenir les eaux  de ruissellement. Les petits barrages qui la parcourent doivent être démontés ou contournés.

Bruno, un habitant très engagé et tenace du village, a obtenu dernièrement les autorisations (et les subsides qui vont avec) d’aménager sur un espace privé longeant la rivière, un espace mares, destiné à la sauvegarde des quelques populations de batraciens de la vallée.

Ce qui m’intéresse dans son projet, plus encore que la protection des grenouilles, c’est sa volonté de faire participer à l’aménagement et la gestion de cet endroit, les différents acteurs de la vallée et ce compris les propriétaires du camping d’à-côté, les hollandais qui tiennent le camp d’aventure de l’autre côté, les riverains et les autres.

Ce que ça va donner ? Seul l’avenir nous le dira… Moi, je suis heureux de participer à un projet qui se veut fédérateur et qui somme toute titille mes intérêts naturalistes. A suivre…

Première phase du projet : étude du milieu et arrachage des saules « envahissants ». Sur la photo suivante, on peut voir le niveau de la nappe phréatique avant le creusement des mares prévu pour l’hiver. Sur la dernière photo : l’état actuel de colonisation naturel du milieux quelque années après le déboisement.

J’espère qu’avant le printemps, j’aurai des photos représentatives de l’avancement des travaux. Nous espérons entrapercevoir un semblant d’équilibre d’ici …trois ans!

62 réflexions au sujet de “Laisser faire la nature ou l’aider à notre idée ?”

  1. J’interviendrai sans doute pas mal sur cet article car c’est un sujet qui me tient beaucoup à coeur. Mais bon, je suis pris cet après-midi et j’ai peu de temps.
    Juste pour dire que j’aime bien ces deux aspects de la nature : la nature libre qui évolue seule (j’aime être dans les vieux recoins de forêt, impraticables, où personne ne va jamais) mais j’aime aussi la nature que l’on façonne selon ses envies et son inspiration.

  2. Les endroits dont tu parles, Bernard, doivent être quand même un tout petit peu praticables, puisque tu y vas :wink:
    J’ai déjà vu des forêts impraticables et il était vraiment impossible d’y pénétrer. . Contrairement à ce qu’on s’imagine parfois, les forêts impratricables ne se trouvent pas uniquement dans les régions tropicales mais aussi sous les climats nordiques. Sinon, juste derrière ma maison, il y a un bois pas très grand mais impraticable. Enfin, je croyais. Depuis plus de 20 ans que j’habite cette maison, je ne l’avais jamais traversé. Et puis, pas plus tard que ce dimanche, je l’ai fait. Je m’en serais bien passée mais …. C’est tout une histoire que je ne raconterai pas ici. Je suis arrivée à la maison écorchée de partout, pleine de boue et en sang.
    Ce qui est un moindre mal et vaut mieux que de se retrouver sur le journal dans les faits divers.
    J’ai encore les marques sur la peau des jambes alors que je portais un pantalon. J’ai du ramper et monter à travers les ronces (le bois est très pentu). En plus, j’étais en sabots de jardin (très pratique en montée) parce que je n’avais pas du tout prévu cette expédition « extrême » LOL
    Comme quoi, l’aventure peut se trouver à deux pas de chez soi.
    Et la nature sauvage aussi.

  3. Je reviens à l’instant de balade dans « ma » vallée. Les cincles chantent à tue-tête, le pic noir s’en sort bien aussi: que du bonheur!
    Sauvons les arbres, bouffons du castor…

  4. Joli nom pour cette vallée Belge … La vallée du Bocq !
    :wink:

    En parlant de batraciens , c’est bien malheureux le nombre de ces petites bêtes que je peux voir écrasées sur la route depuis quelques jours en allant au boulot le matin .
    :sad:

  5. Le respect d’un cour d’eau dans son lit mineur ET dans son lit majeur, ça devrait être la base de toute conservation en liaison avec l’hydrographie. Voilà donc une très bonne nouvelle pour le Bock.
    Obtenir des avancées dans le lit mineur c’est déjà très fort. Y parvenir dans le lit majeur pose d’autres problèmes car vient empiéter sur bien des pratiques humaines. Il n’existe presque plus en Europe de rivière ou de fleuve dont la dynamique a été laissée intacte, en tout cas pas sur des tronçons qui dépassent quelques malheureuses dizaines de kilomètres, et c’est vraiment rarissime.
    En Franche-Comté, j’ai eu la chance de travailler à la conservation de ce type d’écosystème et il y a ici, malgré de trop nombreux échecs comme ailleurs, de très belles expériences : celle de la renaturation complète d’une rivière (replacé dans ses anciens méandres), opération effectuée aussi sur des plus petits cours.
    Si des contacts ou des retours d’expérience sont nécessaires pour poursuivre la belle aventure à laquelle tu participe, ce sera un plaisir de t’en donner, je suis encore en contact avec les personnes qui ont travaillé là-dessus.
    Renaturation du Drugeon : page 17 du document suivant
    http://www.franche-comte.ecologie.gouv.fr/plugins/fckeditor/UserFiles/File/nature/natura2000/Naturadocob/brugeon/docobdrugeoncomplet.pdf
    Restauration de cours d’eau apicaux :
    http://www.liferuisseaux.org/rencontre_colloques/Colloque_2009/11-06-09/Degiorgi.pdf

    Bon courage et bravo pour cette opération. :smile:

  6. Dans le cadre de mon travail, je mène un projet de préservation de la biodiversité sur un terrain de 10 hectares. Pour préserver la richesse des milieux et celle de la faune (136 espèces d’oiseaux ont été observées ainsi que 23 espèces de libellules), l’intervention de l’Homme est nécessaire. En laissant faire la nature, le milieu naturel allait se refermer, évoluant inexorablement vers le stade boisé. Certaines zones ont été réouvertes, d’autres seront pâturées par du bétail …
    Intervenir ou non sur le milieu naturel ? En fait, la seule question qui me semble intéressante est la suivante : « quelle est la meilleure méthode pour obtenir une biodiversité riche ? » C’est le mieux est de laisser faire la nature, alors laissons la faire. Et si le mieux est de planter, creuser, arracher, faucher, alors plantons, creusons, arrachons, fauchons !

  7. Il y a dans l’Oisans une réserve intégrale, la Réserve Intégrale du Lauvitel. C’est à dire que personne n’a le droit d’y pénétrer (de toute façon, c’est impossible sans traverser un lac) hormis quelques scientifiques qui viennent régulièrement faire un bilan de l’évolution. Tout est laissé tel quel et aucune intervention de quelque sorte que ce soit n’est autorisée.
    Effectivement, comme le dit Bernard, pour l’instant est constaté un reboisement. Plus exactement, les arbres remontent en altitude (à cause du réchauffement climatique ?).
    Pour la biodiversité, un milieu ouvert permet à certaines espèces d’être préservées ou même de s’implanter mais d’un autre côté, les milieux fermés avec beaucoup de bois mort permet à d’autres espèces d’y vivre notamment des insectes qui ont un besoin vital de bois mort.
    Alors, je me pose la question, parce que contrairement à vous, je ne suis pas du tout une professionnelle dans ces domaines. Est-ce le milieu fermé qui n’est pas bon pour la diversité ou un milieu fermé qui ne contiendrait qu’une seule espèce d’arbres, comme certaines plantations d’épicéas comme on peut en voir en Haute Loire par exemple ?

  8. Pour moi , le problème n’est pas que le milieu boisé fermé soit, en tant que tel, moins riche, c’est le fait que si on laisse faire, sans intervention, tout évolue vers ce type de milieu fermé boisé et qu’on voit donc apparaître une uniformité de milieux.
    Enfin ceci est vrai sous nos climats tempérés avec cependant comme exceptions, dans cette zone tempérée, les zones de haute montagne et les dunes maritimes qui n’évoluent pas naturellement vers le stade boisé.

  9. Ce qu’on ne prend pas assez en compte, c’est la dimension temporelle des phénomènes. En fait, à l’échelle de notre vie, on voit les milieux évoluer et arriver à un stade forestier fermé, mais c’est un faux stade « terminal ». Les études menées dans les Réserves intégrales (comme indiqué par Étincelle ou comme à Fontainebleau) montrent que les stades terminaux d’évolution comportent en eux un régime de perturbation qui crée des ouvertures (milieux ouverts) où la dynamique naturelle peut reprendre son « travail ». Sous nos lattitudes, le régime de perturbations c’est la chute des très vieux arbres, les tempêtes avec grosses rafales de vent, les crues puissantes ou encore les épisodes hivernaux de verglas et je ne sais quoi encore …
    Maintenant, si l’homme fait partie du milieu, il est également un perturbateur de la dynamique naturelle et alors avec des moyens colossaux, l’homme peut casser cette dynamique et créer des états secondaires.
    Partant de ce constat simplement développé ci-avant, il me semble qu’un milieu biodiversifié requiert l’intervention humaine pour générer une mosaïque des divers stades d’évolution du milieu. Dans nos régions, on néglige particulièrement les stades terminaux avec beaucoup de vieux arbres sénnescents car c’est dangereux et ça n’apporte et ne rapporte rien de bon (bois morts et pourritures,…). L’homme peut intervenir sur le milieu naturel, mais c’est une question de dosage et de programmation des interventions. On peut très bien procéder à une intervention forte et drastique à un moment précis, puis laisser « la nature reprendre ses droits » pendant de nombreuses années sans rien faire, puis de nouveau intervenir plus ponctuellement et de manière moins brutale. On peut aussi s’arranger par des interventions discrètes pour façonner un terrain afin qu’il garde une diversité de milieux.
    En tout cas, à l’échelle de notre vie, l’intervention me paraît nécessaire pour préserver de la diversité dans les milieux proches de nous. Même si les réserves intégrales sont très intéressantes pour étudier la dynamique naturelle (attention depuis quand sont-elles à l’abri des interventions de l’homme ?) ; on en revient toujours au temps qui s’écoule inexorablement.

  10. Merci à Christophe pour ses encouragements et les liens mis en ligne. Personnellement, je ne suis impliqué que dans la création des mares et pour ma part il y a une sorte de plaisir presque enfantin, à « faire venir des tritons » là où il n’y en a pas. Comme pour toute intervention sur un milieu naturel, je me sens terriblement petit et incompétent et surtout méfiant quand à ma condition « d’Homme qui gère ». J’entends bien les arguments de Bernard et la synthèse d’Albert remet bien mes idées en place. Cependant, l’interventionnisme permanent de l’homme dans tout les domaines de la nature (même sous sa forme de ne plus pouvoir toucher à rien) ne m’encourage pas à voir chez lui une quelconque volonté de retrouver une place discrète dans un système qu’il ne cesse de coloniser.
    Pour sauver la nature, bouffons de l’homme. :sick:

  11. Quel temps fait-il en Bretagne, Yves? Chez nous, les barrières de canalisation des batraciens sont en place, il ne manque plus que les principaux intéressés…

  12. Il bruine souvent le matin , température entre 9° le matin et 15° l’après midi , un bon nombre de batraciens mais pas de canalisations pour qu’ils puissent éviter le bitume .
    :sad:
    Une petite question :
    Que faudrait-il faire pour retrouver la salamandre tachetée qui était si commune dans la campagne lorsque j’étais un enfant ?
    http://naturepassion.e-monsite.com/rubrique,amphibiens,413671.html
    Sous chaque pierre du talus devant chez mes grands parents on découvrait cet animal jaune et noir qui faisait peur à mes petits camarades mais qui pour moi était fascinant . Les vieux nous disaient de ne pas y toucher car elles étaient toxiques … Puis arriva sur ce petit chemin de campagne de plus en plus de voitures , le fermier laissa son cheval pour s’acheter un tracteur , le talus sauta pour cause de remembrement , la prairie humide fût canalisée … En quelques années avait disparu la salamandre … Et avec elle , encore un peu de mon enfance . Alors maintenant lorsque j’ai la chance d’en apercevoir une ( ce qui est très très rare ) le long de mes balades … Je me dis qu’on est une bonne bande de cons d’avoir en quelques années détruit tous cela pour une soit disant rentabilité … Les paysans sont-ils plus heureux et plus riches sans bocage et talus ? Et nous avec nos bagnoles , on ne sait même plus marcher … On fonce , on fonce sans patience , avec notre stress qui pousse au cul …. Et rien à foutre pour ceux qui ont le malheur de croiser nos roues !!!
    Alors , on est pas près de laisser faire la nature car pour la plupart …. La nature fait peur . Peur de la ronce , de l’araignée , du serpent , du microbe , de la crue , de la neige , du vent , du loup , de l’ours , du grand , du petit , du noir , du jaune ….. Alors on canalise , on coupe , on détruit , on éradique … Sans se soucier des bouleversements que cela engendre . Pourtant souvent , plus tard on pleur ( Xynthia) … Mais comme on oubli vite les leçons du passé , on recommence .
    Puis il y ceux qui ne voient en la nature qu’un moyen de remplir leurs comptes en banque …
    Bon j’arrête là , pas le temps faut que j’aille manger … L’heure c’est l’heure !!!!

  13. Tiens, Albert !
    Ce livre sur les gentianes, c’est pour quand ?
    La réserve dont je parlais (Lauvitel) n’a jamais connu d’intervention humaine, ni même de troupeaux de moutons ou de vaches car elle est inaccessible à pied. Pour s’y rendre, le seul chemin est un lac qu’il faut traverser. Les bords du lac sont trop escarpés pour que l’on puisse passer. Lequel lac est à 1500 mètres d’altitude, accessible seulement par un sentier. Y monter une barque n’est donc pas évident.
    Ou alors se faire descendre avec un treuil depuis un hélicoptère ?
    C’est un peu compliqué !
    Je connais bien le lac Lauvitel qui est magnifique et les sommets et sentiers alentour mais n’ai bien évidemment jamais pénétré dans cette réserve.

  14. ça m’étonne quand même qu’Etincelle, curieuse comme elle est ( :tongue: ), n’ait pas cherché à pénétrer dans cette réserve interdite du Lauvitel.

  15. Oh! C’est tout simple, je n’aime pas me baigner ! :tongue:
    Un exemple d’intervention humaine réussie … (Peut-être qu’Albert a participé ?)
    Une campanule rare, la campanule cervicaire avait disparu de Franche-Comté en 1995 suite justement à la fermeture des milieux. En 2007, les botanistes et les forestiers ont décidé de tenter quelque chose pour la faire revenir. En avril 2008, un site a été choisi sur lequel ont été fait des travaux de déboisement et de décapage superficiel du sol. En juin 2008, deux rosettes de campanules ont été observées. Elles ont fleuri l’année suivante (plante bisanuelle). En mai 2010, plus de 20 rosettes ont été dénombrées.
    Maintenant que je sais qu’on peut voir cette campanule en Franche-Comté, a

  16. Le commentaire est parti tout seul :angry:
    Je disais donc qu’ il faut t’attendre Bernard à une visite de ma part un de ces quatre.
    En plus de voir cette campanule en fleur, j’ai des chances de revenir avec un panier plein de tomates … :wink:

  17. « Plantons des arbres et laissons faire » dit Jenofa.
    Mais la vraie démarche non-interventionniste, ce n’est pas cela. Ne pas intervenir, c’est ne pas planter un seul arbre et laisser germer leurs graines qui arriveront bien toutes seules.

  18. C’est vrai. Ne pas intervenir, c’est ne rien faire du tout, même pas planter, même pas modifier un environnement dans l’espoir qu’une espèce s’implantera d’elle-même, comme dans l’exemple que j’ai cité plus haut.
    Cette histoire de planter des arbres m’a rappelé une petite vidéo que tu avais mise sur ton blog, illustrant la belle nouvelle de Giono. Il me semble que c’était un canadien qui l’avait réalisée (?)
    Je ne sais plus dans quel article c’était. C’était très chouette !

  19. Je voudrais tempérer ce que j’ai dit plus haut. Car même lorsqu’on laisse faire la nature, ce n’est pas elle qui décide seule. Ainsi, lorsqu’on arrête d’entretenir un pré, des graines d’arbres arriveront et germeront. Mais d’où viennent ces graines ? D’arbres qui existent en périphérie de ce pré, c’est à dire le plus souvent d’arbres plantés par l’homme. Et ce sont les premières graines arrivées qui représenteront l’espèce dominante de la future forêt qui poussera là. Si la nature agissait seule, ce serait sans doute des graines d’espèces pionnières qui s’installeraient là, par exemple des graines d’érable champêtre ou de frêne. Mais si l’Homme a privilégié sur le secteur des trembles, des sycomores ou des merisiers, ce seront ces trois essences là (ou peut-être une seule de ces essences là) qui coloniseront le pré. Conclusion donc : difficile pour la nature, même lorsqu’on la laisse faire, de s’affranchir complètement de l’Homme (et l’inverse est évidemment vrai aussi). La patte de l’Homme est toujours présente, même sans intervention de sa part.

  20. …pour moi, on reviens toujours à la question du développement trop rapide de l’espèce humaine (en quantité et en qualité). Bien sûr que l’homme faisant partie de la nature, son impacte sur elle est inévitable. mais pour chacune de ses interventions, il ne laisse pas le temps aux autres éléments de s’adapter, de réagir. D’où déséquilibre.

  21. C’est une bonne remarque que fait Luc.
    Pourquoi voudrait-on laisser la nature évoluer sans l’intervention de l’homme puisque l’homme fait lui même partie de la nature ?
    Mais il devrait aussi être plus raisonnable et intervenir de façon plus douce et moins perturbatrice, sans rompre les équilibres.
    Il est certain que sans l’homme notre environnement aurait un autre aspect et serait moins saccagé. Alors faut-il faire un choix entre l’homme et le reste de la nature ?
    Certains pensent qu’il faudrait tout simplement éliminer l’homme, ce grand dévastateur.
    Mais renoncer à l’humanité, quel dommage quand même ! Ce n’est pas rien, l’humanité !

  22. En tous les cas, la nature n’est plus dans les prés. Nos belles vaches montbéliardes franc-comtoises ont pourtant l’air d’évoluer dans un beau milieu, dans de beaux prés bien verts. Pourtant, en y regardant de plus près, il n’y a plus aucune diversité de plantes dans ces prés, leur diversité est limitée à la portion congrue, juste quelques espèces très banales. Aujourd’hui, la biodiversité en est réduite à s’installer sur les bords des routes et des chemins. Vous prenez n’importe quel mètre carré de talus, il y a bien plus de diversité que dans n’importe quel hectare de pré. :angry:

  23. C’est exactement ce que j’ai fait au printemps dernier …
    J’ai parcouru les talus et bords de chemin dans un rayon d’environ 1 kilomètre carré autour de ma maison. J’ai fait des photos de tellement d’espèces que je n’ai pas encore tout déterminé. Je ne crois pas d’ailleurs que j’y arriverai car c’est très difficile pour les astéracées en particulier. En ce moment, j’y travaille plusieurs heures par jour.
    Je n’ai pas la chance d’avoir un Albert à la maison.
    Il faudrait peut-être que je l’invite à venir passer une semaine chez moi ! :angel:

  24. En plus de l’interventionisme plus ou moins exagéré de l’homme, il y a, j’insiste là-dessus, la dimension temporelle à prendre en compte. Evidemment que si on laisse une prairie évoluée dans un secteur où les frênes et les trembles sont abondants, on va les retrouver dans cette prairie, mais dans un second temps la dynamique va reprendre vers le bouleau, les chênes puis finalement se développera une chênaie-hêtraie ou une hêtraie avec un sous-étage riche de diverses espèces (chêne, charme, merisier, frêne, érable, aulne même, …) et ceux-ci seront prêts à « bondir » dans la moindre ouverture.
    Mais nous ne vivrons jamais assez vieux pour observer ces stades avancés du milieu.
    L’autre idée, c’est de générer en plantant ces stades et ensuite de laisser faire.
    Alors interventionisme jusqu’où et avec quelle force ? C’est une affaire de plusieurs générations d’hommes, à 80 ans on peut découvrir à peine une partie de cet « avancement » et encore si on commence à 20 ans. :unsure:
    Concernant les salamandres, c’est vrai qu’elles se font rares. J’ai la chance d’en observer encore régulièrement dans un vieux puits situé près de la maison de mes parents, les petites bêtes jaune et noir sont nombreuses à trouver ce refuge à leur convenance ; mais jusqu’à quand car le propriétaire de la parcelle parle de casser la margelle et de reboucher l’orifice du puits pour installer un … parking à cet endroit. Quel gâchis pour la ressource en eau !!! :angry:

  25. Retenues d’eau, digues …
    On a l’impression que tous ces ouvrages ont des effets néfastes pour la nature. Et c’est effectivement le cas la plupart du temps.
    La Camargue est un exemple contraire. C’est à partir du moment où le Rhône a été canalisé que la faune de Camargue est devenue aussi riche. Au 20ème siècle, la Camargue s’est enrichie de nombreuses d’espèces d’oiseaux nouvelles. L’explication en est simple : avant l’endiguement du Rhône, les nids étaient régulièrement (presque chaque printemps) submergés et les nidification échouaient. La maîtrise actuelle du niveau d’eau et de l’irrigation est donc, dans ce cas-là, un facteur très favorable aux oiseaux.

  26. Y aurait-il autant d’espèces d’oiseaux du côté de Mousterlin près de chez moi sans les polders créés par l’homme ?

  27. Houille houille ouille…
    J’ai visionné ce reportage dans son intégralité, c’est très très bien fait, comme souvent avec ce que font les Américains : dans le meilleur comme dans le pire.
    Et là, c’est un bel exemple du pire. Merci pour ce lien Yves, désormais je sais quels dangers peuvent advenir avec les gaz de schistes, et nous sommes pas sortis de l’auberge.

  28. En Ardèche, il y a en ce moment une grosse mobilisation des habitants contre ce gaz de schiste, en particulier dans le village où habite ma mère, qui est concerné en premier lieu.

  29. Il faudrait une Erin Brockovitch numéro 2 !
    Dis Bernard, tu vas faire fortune avec tous tes hectares, à raison d’environ 4000 dollars le demi-hectare pour la location. :devil:
    Au fait, si tu ne sais pas exactement ce qu’est un hectare, tu peux toujours demander à notre ministre de l’agriculture :w00t:
    Mais je te préviens, si tu cèdes à la tentation de gagner de l’argent facilement, il faudra peut-être renoncer à produire tes si bonnes et si bio tomates. :sad:

  30. Bonjour Luc, bonjour à tous.

    Ceci est ma première intervention sur le blog (découvert grâce à Luc). La vallée du Bocq je la connais bien et c’est presque devenu une histoire d’amour… Et je remercie chaleureusement Luc car c’est grâce à lui que depuis quelques années je me plonge dans l’univers d’un oiseau qui me fascine : le cincle plongeur !
    Depuis 5 ans, j’arpente les rivières avec mon appareil photo et je suis horrifié et stupéfait de constater à quel point notre société « moderne » dénigre ces milieux, leur préservation représente une réelle lutte menée par des associations composées de bénévoles. D’un point de vue politique c’est à l’image de l’enseignement en Belgique ( catastrophique) ce n’est absolument pas une priorité ! Je suis effaré de voir les déchets qui jonchent nos cours d’eau suite à une crue … Certaines rivières sont de véritables égouts à ciel ouvert et ce, à quelques enjambées de la source.
    Le Bocq reste une des rares encore indomptée par la folie humaine car à configuration montagnarde et donc sans intérêt capitaliste !
    Merci Luc !
    Dimitri

  31. Ici aussi en Franche-Comté, la qualité des cours d’eau se dégrade à la vitesse grand V. La présence de cyanobactéries dans la Loue a défrayé la chronique cet été et continue de le faire grâce à la persévérance des protecteurs de la nature.
    Nos élus se gargarisent d’actions menées. Ainsi en est-il dans la vallée de l’Ognon où j’habite et qui est une grosse rivière (215 km de long, 65 affluents et 312 communes dans le bassin versant). La somme dépensée pour reconquérir la qualité des eaux est ahurissante (54 millions d’euros dépensés en 5 ans). Mais au final, un observateur attentif ne voit aucune amélioration. Quand au cincle dont tu parles Dimitri, il était encore présent sur pas mal d’affluents autour de chez moi mais il a disparu. :angry:

  32. La loue, superbe rivière ! Chaque hiver, je m’arrête dans un charmant petit village : Renne sur Loue http://www.routedescommunes.com/departement-25-commune-451.html avant de rejoindre les hauts plateaux du Jura. Sous le vieux pont j’observe quelques cincles évoluant sur les cascades de cette rivière romantique. J’y constate également, chaque année, la présence de chasseurs plutôt fort rougeauds accompagnés de chiens tout aussi peut sympathiques.
    Quelle triste nouvelle de savoir que même en Franche-Comté une rivière comme la Loue est polluée !

  33. P’tain, Dim. Trop contant de te lire ici. Mais si le monde te déprime trop, n’hésite pas à me dire à l’avance quand tu tires le portrait des cincles du Bocq: je déposerai la veille dans ton affut un bac de Gauloise ambrée… :whistle:

  34. Dimitri, effectivement le Cincle est bien présent dans le secteur de Rennes-sur-Loue et c’est à moins de 5 kilomètres de chez moi, alors s’il te vient l’idée d’aller voir une des autres beautés du coin (et je ne parle pas des poissons malades ou d’autres vilaines trognes), ce sera un plaisir. Dans un rayon de 10 km, on peut trouver le Faucon pélerin, le Harle bièvre, le Hibou petit-duc, le castor, le Lynx et bien d’autres choses (Circaète l’an passé). Même de la bière et des personnes sympas !
    Quant à Rennes-sur-Loue, j’y ai un jour rencontré aussi une bien sale trogne : c’était à l’époque où se baigner dans la Loue n’était pas dangereux. Après 10 minutes passé au bord de l’eau, un abruti est venu jeter nos godasses dans l’eau… Il paraît qu’il était coutumier du fait ! Depuis, c’est simple, il ne vaut mieux pas tenter la trempette : un chevreuil et un chien morts l’an passé à cause des cyanobactéries, mais les touristes sont les bienvenus. :wink:

  35. Luc, si je vais tirer le portrait des cincles de la vallée de l’Ognon, ça marche aussi pour la gauloise ambrée ? :wink:
    Ah oui, Christophe, je m’étais bien marré avec le coup des godasses. Surtout le fait que tu ne m’aies pas reconnu ! :devil:

  36. En parlant d’Ognon, savez-vous que nous, les hommes d’age mûr, sommes particulièrement susceptible d’attraper la maladie de l’oignon…? Les symptômes? Le ventre qui gonfle et la queue qui sèche… :blush:

  37. Il me semble que tu avais pris du ventre la dernière fois que nous nous sommes vu !!!
    Comment faire si je souhaite mettre une photo ou proposer un article ?
    Lors d’un repérage express sur le Bocq j’y ai vu un casier jaune pétant « Jupiler » , une sacrée concurrence pour la brasserie du Bocq ! Cela me plairait bien de photographier un cincle posé sur ce casier !

  38. Un cincle posé sur un casier de bière !!
    Alors ça, on veut bien voir la photographie ; sur ce blog en plus.
    :blink:
    Juste une question : Que font les photographes de la Vallée du Bocq pour se désaltérer ? Vont-ils boire un bocq ? Je sais c’est assez minable mais trop tentant, on frise la mise en bière. :w00t:

  39. Vraiment superbes ces images, j’aime beaucoup le cadrage pas trop serré qui laisse la place au milieu de vie et au regard, l’effet de filé sur l’eau comme la qualité des couleurs et le piqué. Un vrai travail de professionnel pour un oiseau pas si simple à fixer !

  40. C’est bien dommage que dans mon Finistère il y ait de si belles rivières mais que l’on ne peut que noter la disparition du cincle … Il me manque de voir un jour ces images !!

  41. Une remarque sur une réflexion entendue ou lue un peu partout ces derniers temps …
    Il se dit que bien sûr, des espèces disparaissent mais …
    Un grand nombre d’autres sont découvertes chaque année (18000 je crois cette année).
    Je ne vois pas le rapport et cette façon de raisonner m’agace :angry:
    Les espèces découvertes ne sont pas de nouvelles espèces mais des espèces qui existaient déjà et que nous ne connaissions pas. Nous sommes d’ailleurs loin de les connaître toutes et nous n’y arriverons jamais vu que certaines disparaissent avant même qu’on les découvre.

  42. Je ne savais pas trop où placer mon commentaire et en relisant cet article, je me dis qu’il faudrait que je retourne faire quelques photos de l’endroit… trois ans plus tard!
    Mon intervention, pour rendre une bonne impression que j’ai eue ce soir en rentrant du boulot, par la vallée de la Molignée, celle là même qui me conduit chaque jour à Maredsous (la bière et le fromage, vous connaissez?).
    Des nuées d’insectes: perles, éphémères, papillons, mouchettes et autres moustiques dans les phares de la voiture! Je me suis arrêté un instant, là où l’atmosphère me semblait la plus épaisse, et j’ai tenu 30 seconde à peine!!! Ouf, il existe encore des petits coins de nature où je ne me sens pas grand chose face à la puissance de vie des autres espèces. :smile: :smile: :smile:

  43. La bière et le fromage sont les deux mamelles de la biodiversité. :smile:
    A moins qu’un étang, un marais (on dit zônumide) ne soit une raison plus plausible ?

  44. Sans rire, tu as raison sur le fond concernant la bière et le fromage et l’AFSCA (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire) fait remarquablement son boulot d’exterminateur… :devil:
    N’empêche, je suis plutôt :smile: de ce printemps. Dans le jardin, les oiseaux sont présents en masse, avec les pucerons, les escargots, les punaises, les larves de cétoines dans le composte, les mini coléoptère que se régalent de mes salades, etc, etc… :smile:

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:D :-) :( :o 8O :? 8) :lol: :x :P :oops: :cry: :evil: :twisted: :roll: :wink: :!: :?: :idea: :arrow: :| :mrgreen: