Mais où sont-ils donc passés ?

Cinq petites séries d’observations faites au cours du dernier mois, qui méritent d’être relatées et qui posent question :

1 – Il y a quelques semaines je suis allé à une séance de baguage d’oiseaux organisée par la LPO.

1Là où les années précédentes il y avait plus d’une centaine d’oiseaux capturés, bagués puis relâchés, il n’y en avait plus qu’une trentaine. Et les séances précédentes (ce printemps et ce début d’été) ont été du même tonneau, à savoir une très forte diminution des effectifs.

2 3Et sur les autres sites de baguage, les résultats étaient eux aussi bien en deça des années précédentes.

2 – Au début septembre, mes buddleias ont refleuri, comme souvent en fin d’été. J’ai été surpris de constater que seules quelques espèces de papillons venaient butiner.

4 5 6 7 8Où sont passés les vulcains, les belles-dames, les machaons, les flambés, les tabacs d’Espagne ?

3 – Depuis une semaine, je laisse le soir ma lampe extérieure allumée pour observer les papillons nocturnes qui habituellement se laissent attirer par la lumière.

9Si j’ai enfin observé la pyrale du buis (dont on parle beaucoup ici en Franche-Comté car elle a ravagé toutes les plantations de buis ce printemps) …

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… je dois dire que mes observations nocturnes ont été limitées à quelques espèces seulement.

12 13 14Je me rappelle qu’il y a quelques années je laissais aussi de temps en temps la lampe allumée le soir et qu’elle attirait à chaque fois au moins 20 ou 20 espèces différentes. Là, j’ai dû me contenter de 4 ou 5 espèces chaque soir … !

4 – Je suis allé me promener dans un milieu superbe constitué de mares où habituellement la petite faune est très abondante.

J’ai été aussitôt surpris de voir que les grenouilles ne sautaient plus devant mes pieds à chaque pas. Je suis resté assez longtemps à observer, immobile. Le constat là aussi va dans le même sens : le nombre de grenouilles a chuté de manière importante.

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5 – Alors, dans le même lieu, je me suis mis à observer les insectes et notamment les libellules. Je dois dire que je n’ai vu que quelques espèces, sans doute trois ou quatre fois moins que les autres années à la même époque.

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Chacune de ces observations a été faite dans des lieux privilégiés, très préservés, ce qui fait que le constat est d’autant plus amer. Il est évident que les conditions météo très difficiles du printemps sont en partie responsables de la situation mais je crains qu’on ne soit dans une phase d’érosion de la biodiversité bien plus rapide qu’on ne le dit.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Faites-vous des constats similaires ?

30 réflexions au sujet de “Mais où sont-ils donc passés ?”

  1. Témoignage inquiétant… mais il est peut-être un peu prématuré d’en tirer de grandes tendances ?
    En tout cas, je crois aussi que cette année a engendré des impacts particuliers sur la faune et la flore. Lors de mon passage sur un carré d’échantillonnage que j’inventorie depuis presque 10 ans (oiseaux et mammifères), j’ai remarqué la rareté des grives et des merles (touchés sans doute par la sécheresse de l’été précédent), et des espèces sous-représentées : rougegorge, roitelet huppé de mémoire.
    Avec une mauvaise récolte de blé dans nos cultures, peu de fruits, qu’en sera t-il de l’hiver.
    Et puis, partout autour de chez moi les cerisiers paraissent moribonds, comme les frênes (chalarose) et bien sûr les buis. J’ai aussi fait connaissance avec cette pyrale cette année.
    Et le frelon asiatique s’installe du côté de Nancy… gasp !

    Une fois n’est pas coutume, je cite le Figaro (non pas le Gorafi, le Figaro, Figaro ci, Figaro là !) au sujet de la chalarose.
    http://www.lefigaro.fr/environnement/2012/10/30/01029-20121030ARTFIG00572-le-champignon-qui-decime-les-frenes.php

  2. chez nous il y a plusieurs forets qui sont interdites a cause de ce champignon qui décime les frênes dans les hauts de France

  3. oui, fort ressenti de ces absences..dans les années 70, je voyais régulièrement des reinettes dans les arbres de mon chemin..c’est bien fini depuis cette époque. J’ai semé des fenouils sauvages pour nourrir la chenille du machaon..taux de réussite très faible je vois tout juste un papillon machaon par an. Il faut dire que ce printemps pluvieux (jusqu’en juin) puis une sécheresse longue changent la donne. Les animaux ne peuvent s’adapter à ces changements rapides. Logiquement, notre tour viendra ensuite ?
    Pour les courageux :

    http://ottolilienthal.over-blog.com/2015/06/nous-entrons-dans-la-sixieme-grande-extinction-de-masse.html

    il est conseillé de se munir d’une bière pour tenir le choc..

  4. On y entre pas, on est en plein dedans. :sick:
    Ceci dit, ça permettra à l’évolution de faire un nouveau bond avec de nouveaux milieux et de nouvelles espèces… sans l’homme… :cwy:

  5. Il y a une espèce qui n’est pas en recul et c’est vraiment catastrophique …
    Il s’agit de la pyrale du buis.
    Vendredi soir, je suis montée de nuit sur le Vercors.
    Nous avons roulé dans un nuage de ces papillons durant presque tout la montée.
    Les contreforts du Vercors sont totalement sinistrés :sad:
    Il y a quelques temps (début août je crois), je suis allée faire une balade pas loin de chez moi.
    Nous avons été envahis par les petites chenilles de la pyrale.
    On en avait de partout dans les cheveux, sur les vêtements, etc.
    Pas vraiment agréable :angry:

  6. Même constat sur l’appauvrissement de la biodiversité cette année au moins. Par exemple, pas de chenille de machaon sur les nombreux fenouils du jardin. C’est la première année depuis que nous faisons du jardin.
    Juste une petite remarque : sur le lien de Otto, l’article sur la disparition des moineaux de Paris n’est pas illustré par un moineau, et tout les cas « de Paris »…

  7. La plupart des bruants sont aussi sur une mauvaise pente…
    Vous me collez les chocottes avec votre rentrée en sinistrose. :smile:
    C’est vrai, la nature se porte mal un peu partout, les amphibiens en sont les plus grandes victimes je crois dans le monde.
    Lorsque les dinosaures ont disparu, ils ont laissé la part belle aux mammifères, parmi lesquels Adolf Hitler, Joseph Staline ou Kim Jong-il… je vous laisse ajouter trois femmes pour la parité. Gnark.

    Lorsque ces nouveaux tyrannosaures auront disparu, parvenez vous à imaginer une espèce qui pourra améliorer encore le niveau de terreur ?
    :sick:

  8. Je comprends le trait d’humour.
    Je suis un fidèle lecteur de l’Huma mais en matière d’environnement c’est pas le top. Encore moins bien que le Monde et pire que Libé c’est pas peu dire.
    Mais quand un journal comme ça se met à parler d’érosion de la biodiversité, c’est qu’il doit effectivement y avoir des choses assez graves qui se passent.
    C’était juste le sens de mon propos et du lien que j’ai mis.

  9. C’est la faute du FEDER et de l’Europe qui coupent les crédits lol. La biodiversité ne suscite plus l’engouement, l’environnement ou plutôt le Développement Durable (de lapin) est bien plus innovant et intéressant… pour Véolia, EDF, le Cac 40….

    Respecter la nature ? Faut il encore la connaitre!

  10. le soir nous entendions les grenouilles et depuis deux ans plus pas un crapaud en vue dans ce qui était sensé être une reserve

  11. Je crois que les amphibiens (grenouilles, crapauds et tritons) font partie des animaux les plus menacés de la planète, ils disparaissent de partout y compris dans les endroits les plus reculés de la planète qui sont encore préservés. Sans doute qu’on sous-estime l’impact des retombées de la pollution atmosphérique qui n’épargne aucune zone.

  12. J’habite en pleine campagne, et tous les hivers j’installe deux mangeoires de graines diffrentes, une boule de graisse, eau de pluie à volonté..etc..celà fait 30 ans que je fais cà et une population bigarrée se bouscule au portillon : mésange charbonnière, mésange bleue, chardonneret, verdier, moineaux, etc..pour l’instant, malgré les intempéries, pas un seul oiseau !

  13. Bonjour,
    chez nous, les mésanges bleues sont fidèles aux graines de tournesol, dans les maisonnettes et sur la fenêtre, les autres oiseaux ne sont pas encore venus, ils trouvent encore à manger sur le terrain.
    Mais comme il pleut, peut-être que nous allons avoir de la visite.
    Mais le pain qui est devenu trop dur pour mes dents ne reste jamais très longtemps sur le gravier devant la maison…………
    Et le rouge-gorge (qui ne vient jamais sur la fenêtre) est fidèle dans le jardin.
    Bon après-midi.
    Coucou Geneviève.

  14. Arrivée ce matin d’un rouge-gorge, de la mésange nonnette et de la sittelle.
    Peu d’oiseaux mais il faut dire que je suis en plein travaux et que le pourtour de la maison ressemble à un champ de mines ! Si un cinéaste voulait tourner un film sur la guerre des tranchées, il pourrait venir chez moi … :whistle:

  15. J’ai aussi les mésanges charbonnières qui viennent manger sur la fenêtre, mais je suis surprise, elles sont tellement petites que je crois que cette année, dans les familles de mésanges en général, il y a eu plusieurs couvées.
    Toujours pas de corneilles dans le jardin, mais il y a encore tellement à manger dans les champs et prairies. Et les vendanges ne sont pas terminées, et les pommes encore sur les arbres. Les étourneaux sont contents.
    Très bon weekend à tous.

  16. Dans tous les cas de figure, même s’il y avait eu une deuxième couvée, les jeunes ont la même taille que les adultes à cette saison. Non, je pense que c’est plutôt un manque de graisse. La saison n’a pas été bonne et le peu d’insectes de l’été n’a pas permis aux mésanges de faire des réserves corporelles, ça ne laisse pas augurer un bon hiver à mon avis.

  17. Bonjour Bernard,

    faudrait-il déjà mettre les boules de graisses.
    quand tu dis » pas augurer d’ un bon hiver » tu veux parler d’un hiver froid, ou d’une hécatombe d’oiseaux qui ne supporteraient pas le froid.
    merci, je trouve intéressante ta remarque, je me réjouis de te lire, toi ou d’autres spécialistes.

  18. Pour les boules de graisse, à vrai dire je n’en sais rien.C’est plutôt à réserver pour l’hiver, mais je pense qu’en mettre dès octobre ça ne prête pas trop à conséquence.
    Quand je dis que ça n’augure pas d’un bon hiver, ça veut dire que les oiseaux qui affrontent l’hiver sans avoir suffisamment de réserves sur eux (car normalement ils devraient être plutôt gras en cette saison) auront plus de mal à affronter l’hiver.
    Il ne faut pas oublier que si cette saison est difficile, c’est essentiellement pour trois raisons :
    – besoin pour l’oiseau de manger beaucoup plus pour compenser la baisse de température extérieure (il faut un nombre de calories énormes pour maintenir la température intérieure d’une petite boule de plumes à 40-42°C dans un contexte de température extérieure souvent inférieure à 0°C) ;
    – durée du jour très courte, c’est à dire que les oiseaux ne peuvent pas se nourrir plus de 8 ou 9 heures par jour ;
    – diminution des ressources alimentaires au fil des semaines qui passent (enfin, pour la plupart des espèces).

  19. Je viens de regarder le nid de ce printemps dans mon nichoir à mésanges.
    J’ai eu la désagréable surprise de trouver des squelettes d’oisillons.
    Peut-être qu’ils sont morts de faim parce la mauvaise météo de ce printemps a empêché les parents de trouver suffisamment de nourriture.
    Est-ce une explication plausible ?
    Si oui, et si cette situation s’est reproduite dans une majorité de nids, cela pourrait expliquer le peu d’oiseau observés lors de ce bagage.
    En tout cas, les oiseaux ont bien niché mais c’est après qu’il y a eu un problème.

  20. C’est exactement ce que j’ai observé : des mésanges qui entraient dans des nichoirs avec des insectes dans le bec mais ensuite plus rien. Je pense qu’il y a eu un sérieux problème de nourriture disponible et les nichées ne sont pas arrivées au bout.

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