Brassens, le sceptique

Brassens, homme libre par excellence, a toujours revendiqué le droit de vivre sa propre vie loin du troupeau. L’une des chansons des premiers disques, « la mauvaise herbe » le dit clairement.

Je me rappelle que le grand-père de Joëlle, dans les années 60, tombé comme beaucoup de personnes sous le charme du Brassens des années 50, ne lui avait pas pardonné le fait d’avoir écrit « La guerre de 14-18 ». Je comprends … mais on doit reconnaître bien évidemment le droit à Brassens d’avoir un avis contraire de celui de la majorité des gens (d’autant plus que, contrairement à la plupart des autres chansons, « la guerre de 14-18 » est à prendre au second degré. Et d’autant plus aussi que, fait peu connu, Brassens disait à ses amis que sans la guerre de 14-18, qui a tué le premier mari de sa mère, il ne serait jamais né). Ceci explique peut-être en partie cela.

Même si Brassens a été touché par le fait que sa chanson ait suscité une polémique, il a récidivé quelques années plus tard avec un texte de la même veine : « Les deux oncles ». Mettre dos à dos les Anglais (les alliés) et les Allemands (les attaquants), évidemment, ça n’allait pas faire l’unanimité, même si l’on était à une époque où la fibre patriotique était devenue rare. Et les mêmes personnes qui avaient réagi à « La guerre de 14-18 » lui en ont voulu une fois de plus. Je connais cette chanson par coeur, je la chante depuis 50 ans (j’en aime énormément la musique), mais comme cet été j’ai découvert un grand bonhomme (Jean-Pierre Arbon, dont je reparlerai dans un autre article), je vous la livre dans une version récitée, le fait de la réciter apportant, contre toute attente de ma part, un éclairage un peu différent (si vous n’avez pas le temps de regarder toutes les vidéos de cet article, regardez au moins celle-ci).

En 1971, dans son avant-dernier disque, Brassens a sorti une chanson qui n’a pas été comprise par les mêmes personnes et qui a été critiquée par nombre de militants de tous bords : « Mourir pour des idées ». Mais malgré tout la chanson a eu, d’une certaine façon, son heure de gloire car bon nombre de chansons du disque XI ont été très diffusées à la radio (Brassens, à cette époque-là, était devenu une institution et il était hors de question de censurer ses propos, contrairement à la décennie précédente). Je vous présente une autre version, récitée elle aussi (mais en plus théâtral) de cette chanson.

Et enfin, pour continuer sur le scepticisme de Brassens vis à vis des grandes causes, une dernière chanson qu’il a composée juste avant sa mort, dans laquelle il enfonce encore le clou, et qu’il n’a pas eu le temps d’enregistrer : « Le sceptique ». Jean Bertola l’a chantée et fait connaître au public en 1982, deux ans après la mort de Brassens. Même si je reconnais le mérite énorme de Bertola d’avoir fait connaître cette chanson posthume au grand public, je préfère celle de LeForestier une dizaine d’années plus tard et celle également de Denis Ruelland (membre du trio « Le bon maître nous le pardonne »). Voici les versions, très différentes l’une de l’autre, de Bertola et de Ruelland :

Brassenssophile ou non, y a dans cet article matière à discuter sur l’engagement militant et sur le fait que si on regarde notre histoire, récente ou non, même les idées les plus nobles ont engendré énormément de morts. De quoi effectivement être sceptique !

12 réflexions au sujet de “Brassens, le sceptique”

  1. Un très très grand bravo pour cet article !
    Est-ce qu’il existe un livre recensant toutes les paroles des chansons de Brassens ?
    Si j’avais vécu dans son entourage, sûr que j’aurais été amoureuse de lui :wub:

  2. Et pourtant il est cool mon bouquin ! Ludique, drôle. Et intéressant. Je te l’amène dès que possible tu verras :wink:

  3. Dès la première soirée où on se revoit ça fera déjà pas loin de 2 mois de location non ? :lol: :whistle:

  4. Merci pour vos liens de livres, Florent et Bernard.
    Celui sans les musiques me suffira. Je vais le commander.

  5. Dans des genres musicaux complètement différents, Joëlle et moi serons ce week-end à Liège pour assister à deux concerts très attendus :

    A Filetta (qu’on a déjà vu en concert à Calvi) …

    … et Magma (vu au moins quatre fois déjà) :

  6. Alors ça !
    Je n’aurais jamais cru que le groupe Magma existait encore.
    Je ne me souvenais même pas de son existence :blush:

  7. Je ne sais pas où mettre ce commentaire.
    On a parlé souvent sur ce blog de Raymond Devos. Mais quelqu’un d’entre vous connaît Pierre Repp ?

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