Le raton-laveur

Quand j’ai commencé à m’intéresser à la fin des années 70 aux mammifères de mon secteur, jamais je n’aurais imaginé que la faune serait complètement modifiée par l’apparition de nouvelles espèces. Le lynx est maintenant présent (à quelques km de mon village), le loup se reproduit désormais en Franche-Comté, le castor est de retour sur toutes les rivières, le chien viverrin est maintenant bien présent (à 6 km de la maison). Sans doute que le chacal doré sera là d’ici une dizaine d’années (reproduction dans le nord de l’Italie, présence dans le Valais suisse, déjà observé en France). Qui aurait pu prévoir tout cela ?

En début d’année, j’ai appris la présence d’une autre espèce : le raton-laveur. Je n’en croyais pas mes oreilles, jamais je n’avais entendu parlé de cet animal qui est maintenant à 5 km de la maison. Un chasseur l’a filmé avec un piège photo et j’ai eu l’ocassion de voir la vidéo qui a été réalisée. Dans le même village, une autre personne que je connais bien l’a photographié à côté de ses ruches (également avec un piège photo). Voici la photo que Richard L. a réalisée en début 2021 (et un grand merci à lui de m’avoir permis de publier sa photo sur ce blog) :

Le raton-laveur est une mascotte, un animal fétiche des soldats américains qui l’ont amené sur leurs bases militaires partout dans le monde. Signalé de manière sporadique en France dès 1934, on considère que le principal foyer de contamination est situé dans l’Aisne en 1967, lorsque les Américains qui ont démantelé une base de l’Otan (à Ouvron-et-Aumencourt) sont repartis chez eux, laissant ici quelques ratons-laveurs qui ont commencé à se reproduire dans la nature. La carte de répartition des ratons-laveurs en France montre bien l’importance de ce foyer de contamination du nord de la France.  :

( carte provenant de ce site : http://droitnature.free.fr/NouveauSite/ratonlaveur.htm )

L’observation de Richard serait donc (en supposant que la carte ci-dessus soit à jour) la cinquième observation du raton-laveur en Haute-Saône.

Et chez vous, le raton-laveur est-il présent ?

12 réflexions au sujet de “Le raton-laveur”

  1. Une amie aujourd’hui décédée avait déjà observé la bestiole il y a une dizaine d’année en Haute-Saône, dans la région de Pesmes. Ce qui m’avait intrigué à l’époque … :wassat:

  2. Cette observation près de Pesmes n’est pas indiquée sur la carte de répartition que j’ai mise dans mon article, ce qui veut dire que la population de ratons-laveurs est largement sous-estimée.

    A noter que dans l’Aisne, 2 628 ratons-laveurs ont été « prélevés » (c’est à dire éliminés) par la Fédération départementale des chasseurs au cours de la saison 2018/2019. Espèce donc localement très très abondante !

  3. Oui, les espèces allochtones occupent des places libres et s’installent en concurrence ou non , des espèces autochtones .
    Beaucoup viennent de l’est , mais certaines on été introduites depuis les Amériques .
    On voit bien cette évolution dans le domaine aquatique ou la dynamique est bien répertoriée , 20 espèces allochtones sur les 50 espèces présentes , voir SHNPM bulletin . 2020, p 211-224. :
     » Modification en cours de la biodiversité en eau douce : évolution naturelle et provoquée de la faune dulcicole de l’arc jurassien  » JPH.

  4. Aucune information concernant le raton-laveur de mon côté.
    C’est étrange effectivement, cette immigration, mais aussi le retour d’espèces mythiques comme le loup et la loutre.
    C’est une vraie question : retour d’un peuplement originel ou peuplement nouveau ?
    Le retour du loup a été prévu, anticipé, mais son impact sur les fermes à comté n’était pas vraiment exprimé. Pourtant, ailleurs, il chasse aussi des vaches et des chevaux. Tout le monde devra évoluer avec cette nouvelle donne.
    Au sujet de la loutre, je suis plus surpris. Nos rivières sont bien plus dégradées qu’auparavant et cette espèce est supposée être attachée à des milieux propres sur des linéaires importants.
    J’espère que cela ne signifie pas qu’elle se réfugie dans des milieux moins hostiles car ça voudrait dire que c’est la fin : si les rivières du monde sont fichues, les nôtre aussi non ?

  5. Au sujet de la loutre je pense que son expansion est liée à celle de l’écrevisse américaine. J’ai observé de rares traces de loutres avant la présence généralisée de l’écrevisse en Corrèze (aux alentours de 2009) mais depuis on trouve beaucoup de crottes de loutres avec des résidus d’écrevisses dans de nombreux secteurs. L’état de la rivière ne s’est pas amélioré, la faune s’est appauvrie avec par exemple la disparition des grands trichoptères, les dessous de tous les cailloux sont « nettoyés » par ces écrevisses.

  6. Effectivement, merci Emile. La disparition des grands trichoptères, des taxons disparus et l’écrevisse à pattes blanches qui devient presque introuvable…
    On ne peut donc pas lier le retour de la loutre à une amélioration des biotopes ou des peuplements.
    Ça me rappelle cette logique là :
    – Tout ce qui est rare est cher
    – Un cheval borgne c’est rare
    – Donc un cheval borgne c’est cher !

  7. On peut rajouter un point rouge dans le département du Jura : 1 raton-laveur a été photographié (piège photo) le 10 mars à Conliège.
    :wink:

  8. J’ai une grosse suspicion de présence du loup dans notre coin, Bernard :wink:
    Conversation surprise entre chasseurs qui ont trouvé un chevreuil dévoré, et 2 soirs de suite dans mon patelin les chiens ont hurlé comme jamais et mes chats étaient en tension maximale, jamais vu ça en 45 ans de compagnie féline…. Il y a 3 semaines de ça, si c’est un isolé il doit être déjà bien loin, sinon… auto-régulation des populations donc on peut arrêter la chasse :devil:

  9. A mon avis, oui, tout cela est possible.
    Le loup est régulièrement signalé en Haute-Saône, il a été présent à Dampierre-sur-Linotte et il y a quelques années le ministère de l’environnement signalait la Haute-Saône comme lieu de présence permanente du loup.

  10. Je reviens sur ce chacal doré présent en Bretagne. Il y a un ou deux ans, leMonde a sorti un article montrant que les journalistes ne comprenaient rien sur le sujet. Un insecte asiatique qui arrive malencontreusement en Europe de manière accidentelle (parce que des larves étaient par exemple cachées dans un pot de fleur d’importation) correspond exactement à la définition d’espèce invasive. Mais un insecte méditerranéen, voire africain, arrive chez nous parce qu’il étend son aire de répartition en raison des changements climatiques (et sans doute aussi d’une dynamique interne propre à l’espèce) cela n’a rien à voir avec une espèce invasive, on a affaire là à un phénomène naturel dû aux conditions qui changent. Le Monde avait mis tout le monde sur le même plan. Le chacal doré qui arrive en Bretagne et qui est sans doute présent partout en France n’est donc pas une espèce invasive.

    Je tombe sur cet article du Monde ce soir :
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/02/13/a-boulogne-billancourt-une-ecole-abrite-345-especes-animales-et-vegetales_6161592_3244.html

    Sur la légende de la première photo, on parle « d’espèce endémique », c’est encore un terme usurpé par le monde qui n’a rien à voir avec le sujet de l’article. Enfin, bref …

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