Au pays des vautours (1)

Pas facile la précédente devinette. 796, 87, 44 et 20 ? En fait, il s’agissait juste d’introduire ma série d’articles sur les vautours.
Il y a 4 espèces de vautours en France. Les effectifs sont très faibles (chiffres officiels 2007) :
– 796 vautours fauves
– 87 couples de percnoptères
– 44 couples de gypaètes
– 20 couples de vautours moines.
Aucun rapport donc avec les maths. Les matheux ont quand même trouvé un rapport entre tous ces chiffres. Je les admire … !

A la fin des années 70, un film avait circulé dans la sphère naturaliste. Il s’agissait d’un documentaire des Frères Terrasse intitulé Le bal des charognards. Depuis, je rêvais d’assister à une véritable curée (c’est à dire au moment où les vautours se nourrissent enfin après de longs jours d’attente à tourner au-dessus de cadavres d’animaux).

C’est à cette intention que Joëlle et moi sommes descendus dans les Gorges de la Jonte en Lozère, pensant à tort que c’était le seul endroit où le vautour fauve se reproduisait en France (depuis, Jenofa a rétabli la vérité en me fournissant les chiffres officiels : sur les 796 couples de vautours fauves qui nichent en France, 525 le font dans les Pyrénées, c’est donc dans ce massif que se trouve la plus grosse partie des vautours fauves français).

Le premier jour, nous sommes allés sur la corniche située entre les gorges de la Jonte et les gorges du Tarn, côté Jonte.

falaises

bernard

Ce n’était pas un jour favorable, les vautours fauves volaient peu ce jour-là (sans doute les ascendances de chaleur étaient-elles mauvaises), nous avons quand même observé un jeune vautour sur son nid, mais globalement la journée a été moyenne, seuls quelques vautours nous ont timidement survolé (mais même d’assez loin, un oiseau de 2,70 m d’envergure, c’est plutôt impressionnant !).

vautour-fauve

Mais je ne connaissais aucune personne dans la région pouvant me faire bénéficier d’un affût auprès d’un charnier. C’est donc bien loin de la colonie (à 160 km à vol d’oiseau de là, c’est à dire à … près de quatre heures de route) que nous sommes allés pour observer et (essayer de) photographier les vautours auprès d’un charnier. Merci aux deux amis qui m’ont permis cette aventure.

Il était prévu que j’aille dans l’affût avant le lever du jour. Nous sommes arrivés évidemment la veille et j’ai eu le temps de prendre connaissance des lieux. La placette de nourrissage était située dans un lieu magnifique. On devinera sur la photo qu’un dispositif avec toile et fosse permet de récupérer d’éventuels jus qui viendraient à couler et donc à limiter les indicences sanitaires du nourrissage artificiel des vautours. Car il s’agit là d’un charnier officiel faisant l’objet d’une autorisation par l’administration.

placette

La veille de mon entrée dans l’affût, je suis allé repérer les lieux. Si le site est magnifique, la petite cabane à l’entrée donne une idée (peu ragoutante) de ce qu’ont mangé les vautours dans les derniers temps.

cranes

Et c’est l’occasion de découvrir pour moi le minuscule (mais confortable) affût dans lequel j’arriverai de nuit le lendemain matin. L’affût est bien camouflé, la tâche sombre dans le buisson indique l’endroit d’où je pourrai observer la scène. Très discret, non ?

affut

Et je me couche le soir très excité, au son du hibou petit-duc qui égrène son chant flûté, avec déjà une envie folle d’être au lendemain matin.