Une scène spectaculaire à quelques mètres !

Il y a quelques semaines, j’ai écrit un petit article sur la nécessité de continuer le nourrissage hivernal des oiseaux jusqu’au mois d’avril, ce mois étant particulièrement difficile pour tous les oiseaux de la famille des fringilles (verdiers, chardonnerets, tarins, gros-becs…). Comme pour confirmer mes propos, le nombre d’oiseaux qui viennent à mes mangeoires augmente de jour en jour. Hier matin, il y avait une trentaine de gros-becs (en vingt-cinq années de nourrissage hivernal, je n’en avais jamais vu autant !). Ce nombre est passé à 50 aujourd’hui en début de matinée puis à 90-100 vers midi. A chaque alarme due à un danger quelconque, la troupe s’envole et c’est un spectacle rare de voir un groupe aussi important de gros-becs en vol.

Ce matin, vers 11 H, j’étais dans le jardin en train d’éliminer mes « mauvaises herbes », une oreille toujours à l’écoute des sons de la nature, et j’ai brusquement levé la tête, attiré par des piaillements inhabituels d’oiseaux, qui me semblaient particulièrement excités. Dans le ciel, un milan noir passe, puis un autre rapace qui me semble être un busard des roseaux, mais mes yeux fatigués de quinquagénaire ne me permettent pas de l’identifier avec certitude (dommage, ça aurait été la centième espèce vue depuis la maison et j’ai promis qu’à 100 j’ouvrais une bouteille de champagne !).

C’est au moment ou j’observe un autre petit rapace, haut dans le ciel, l’EPERVIER, que je comprends pourquoi les petits oiseaux poussaient des cris d’alarme (je suis habitué à la présence de l’épervier, il attaque régulièrement chaque hiver les petits passereaux à mon poste de nourrissage, parfois plusieurs fois par jour). Au moment où une petite troupe de verdiers affolée passe au-dessus de moi, l’épervier qui est encore haut dans le ciel, fonce soudain dans ma direction en battant fortement des ailes, puis se laisse d’un seul coup tomber comme une masse, les ailes plaquées contre le corps, ce qui lui permet de prendre beaucoup de vitesse. Je suis alors persuadé qu’il va s’en prendre à la troupe de verdiers partis en direction de la vallée, mais non, il arrive à sept-huit mètres de ma tête à une vitesse qui me semble vertigineuse, et capture de plein fouet un chardonneret perché au-dessus de moi sur le bouleau. La capture est précédée d’un gros bruit, dû à une décélération violente, à la suite de l’ouverture subite des ailes pour limiter la violence de l’impact.

Jusqu’au moment de la capture, je n’avais pas remarqué qu’une petite bande de chardonnerets s’était réfugiée au-dessus de moi. Celui qui a été capturé n’a pas eu le temps de voir venir l’épervier, il a quasiment été « cueilli » sur la branche, sans avoir eu le temps de fuir. L’épervier est parti aussitôt, sa proie entre les serres. Une minute plus tard, verdiers, chardonnerets et gros-becs revenaient progressivement au poste de nourrissage, ils savaient que l’épervier avait eu sa proie et qu’ils avaient maintenant quelques heures devant eux avant qu’une nouvelle attaque ne se produise.

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J’ai déjà assisté à une dizaine de captures de passereaux par l’épervier, celle-ci a sans doute été la plus spectaculaire de toutes.

Ah, si nous étions des chardonnerets et si la mort était aussi prompte !

13 réflexions au sujet de “Une scène spectaculaire à quelques mètres !”

  1. Fantastique, une telle observation ! De plus en lisant ton texte, on croit être à tes côtés pour suivre l’action.
    Par contre, ta chute me paraît plus amère, Bernard. Sont-ce là des propos que peut tenir un quinquagénaire dans la force de l’âge, même avec des yeux fatigués ?
    D’ailleurs as-tu vraiment les yeux « à bout de souffle », car les images que tu partages à la rubrique « coup d’oeil » démontrent le contraire.
    Petit coup de déprime, Bernard ? Allez, pense à une bonne bière ambrée de nos amis belges.

  2. Non, non, pas de coup de déprime ! Juste une petite phrase en passant sur la réalité de la condition humaine ! Mais ne t’en fais pas, su tu trouves la fin un peu amère, je vais vite compenser la dure amertume de la chute en goûtant à la douce amertume d’une bière de nos amis belges.
    Mais bon, c’est vrai que dans la nature, la mort ne m’a jamais semblé triste, elle est presque toujours rapide. Les chardonnerets ne mettent pas des mois à mourir sur des lits d’hôpital et la condition animale, toutes proportions gardées, a certains avantages, non ? Ce serait super si l’homme avait les mêmes relations avec la mort que n’en a l’animal. Mais bon, j’ai l’impression que notre vieille morale judéochrétienne est venue foutre un peu le bordel dans quelque chose qui aurait pu être plus simple.

  3. Trouvé, sur http://www.leblogalépervier.org, une petite histoire comparable datée du même samedi 15 avril :

    « J’étais en train de chasser tranquillement le chardonneret dans le supermarché à passereaux dont je vous parle régulièrement lorque j’ai vu une scène rare : un humain (la cinquantaine pimpante et souriante) qui trainait depuis le matin dans le jardin et semblait guetter les signes naissants du printemps laisse soudainement tomber sa main comme une masse, les doigts plaqués contre la paume, ce qui lui permet de prendre beaucoup de vitesse. Arrivée au sol, elle capture de plein fouet une touffe de chiendent qui poussait sous le bouleau vers lequel je me dirigeais. La capture est suivie d’un bruit déchirant, dû à l’arrachement (trop vif pour être cruel) des racines et radicelles qui tentaient de rester attachées à leur sol natal.
    Ah ! Si nous étions des touffes d’herbe et la mort aussi prompte. »

    Etonnant, non ?

  4. La vie du Chardonneret, comme chacun sait, ne manque pas de piquants… et qu’il soit estourbi par un Epervier qui fond sur lui en piqué est dans la logique des choses…!!!
    Superbe ta photo : précisons qu’il s’agit ici d’un mâle adulte (avec du roux sur la poitrine) qui est plus petit que la femelle (poitrine finement barrée) ; le juvénile ressemble, en plus petit, à une femelle. Mystère de la croissance aviaire et du dimorphisme sexuel !!
    …. Quant à la mauvaise vue des quinquas… on en reparlera ! Je suis sûr que tu sais distinguer un verre de jus de pomme d’une bonne bière pression à quinze mètres !

  5. …et fondre sur elle à toute vitesse pour l’avaler d’un trait !

    (Ah ! si nous étions des bonnes bières et toutes ces bouches si promptes à nous siroter !!! Heu… je m’égare, il me semble… ça doit être le printemps !)

  6. Oui, Roland, la photo est magnifique… et l’Epervier pas très content apparemment qu’on l’ait ainsi repéré ! Fais gaffe, Bernard, que la prochaine fois, il ne fonce pas sur toi !

    (Vous avez vu, il a les pupilles de David Bowie !!!)

  7. ET LE ROSSIGNOL ?
    Bon, ça y est, il est bien là ! Il gringotte haut et fort, nuit et jour.
    ET LE POUILLOT FITIS ?
    ET LE ROUGE-QUEUE A FRONT BLANC ?
    L’avifaune se garnit peu à peu et c’est rassurant, une fois de plus.
    Une question à Bernard : il paraît que le PIC TRIDACTYLE est de plus en plus présent en Franche-Comté.
    Où peut-on l’entendre et l’observer ?
    PS : je suis certain que s’il vient en plaine c’est à Bussières chez le Bernard qu’il va faire sa première apparition ! Les paris sont ouverts !

  8. Roland, si le pic tridactyle venait à s’installer en plaine, ce serait évidemment sympa si ça pouvait être dans le bois derrière chez moi. Mais si c’était un PIC TRIDACTYLO, ce serait encore mieux : pour gérer les articles de mon blog, les commentaires, mon courriel …

  9. J’ai essayé de me renseigner sur la répartition du pic tridactyle en Franche-Comté. Oui, il niche dans quelques sites du massif du Jura, mais il est difficile d’en savoir plus, les ornithos gardent secrètement leurs données. On les comprend, il y a eu quelques précédents fâcheux, le fait d’avoir divulgué l’emplacement d’un site à cigogne noire dans le Jura a attiré quelques photographes qui ont dérangé l’espèce. On pourra se référer utilement à un article de Jean-Philippe Paul paru dans le numéro de juin-juillet 2003 de la revue Ornithos, intitulé « Premier cas de nidification du Pic tridactyle Picoides tridactylus dans le Jura français en 2003 » mais je ne l’ai pas lu.

  10. Je suis horrifié par la rareté des hirondelles cette année en Franche-Comté.
    Avez-vous fait la même remarque là où vous habitez ?
    Si oui, que faut-il en penser ? Est-ce une année exceptionnelle ou va-t-on vers l’extinction de l’espèce ?
    En revanche le rossignol et la fauvette à tête noire sont omniprésents.
    La fauvette babillarde et la fauvette grisette sont là, mais en petit nombre je trouve.
    Mon commentaire ne sera sans doute pas beaucoup lu car le dernier remonte au 19 avril ; mais tant pis c’est pour prendre date (comme on dit dans les oasis !)…..

  11. Roland, je reçois un mail chaque fois qu’il y a un commentaire nouveau et j’ai donc lu le tien aussitôt mis en ligne. Je serai donc peut-être le seul à lire ton commentaire car il est vrai que mon article commence à dater et il y a peu de chances que d’autres lecteurs répondent à ton commentaire. Mais tu m’as donné envie de faire un article sur la raréfaction de certaines espèces, dont l’hirondelle. Je pense donc faire un article sur ce sujet d’ici quelques jours. A suivre donc.

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