Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (8)

SUITE ET FIN DE MON AVENTURE
Depuis quelques mois, je raconte l’histoire assez étonnante qui m’arrive avec les oiseaux du voisinage que j’ai habitués à venir manger sur ma main. Tout au long de l’hiver, je suis allé de surprise en surprise, avec l’arrivée d’espèces que je n’attendais pas. Les nouveaux lecteurs de mon blog pourront se reporter aux articles « des oiseaux, en veux-tu, en voilà », n°1 à 7 dans la rubrique ci-contre « coups d’ailes ».

Assez confortablement installé dans mon affût, les mains dépassant de la toile et les yeux pouvant observer, grâce à une petite visière, les oiseaux à moins de trente centimètres, j’ai pris l’habitude de noter au fur et à mesure, dès le début de l’hiver, le nombre et la liste des espèces qui sont venues et de reporter toutes mes données sur un fichier excel sur mon ordi.

Avec l’arrivée du printemps, ma petite aventure se termine pour cette année (elle se termine en beauté grâce à un véritable festival de gros-becs le week-end dernier). Voici donc le moment de faire le bilan de mes observations hivernales. Je vous livre les chiffres, tel que l’ordinateur les a additionnés, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois (pour les années après années, revenez faire un tour sur mon blog dans cinquante ans !) :

– les oiseaux sont venus mangés 23 125 fois (oui, oui, vous avez bien lu !) dans mes mains, soit une moyenne de presque 1000 fois chaque semaine (le week-end en général), avec un total de 15 espèces différentes.

– deux espèces se partagent le haut du tableau et représentent environ chacune 30% des données : la mésange bleue (7 080 fois ; 31,1%), la mésange charbonnière (6 668 fois ; 29,3 %)

mésange-0001.JPG

– quatre espèces se situent à environ 10% ou à peine moins et sont venues à peu près 2 000 fois chacune : le tarin des aulnes (2 284 fois ; 10%), la mésange nonnette (2 068 fois ; 9,1%), la sittelle torchepot (2 028 fois ; 8,9%) et la mésange boréale (1 915 fois ; 8,4%)

– le pic épeiche est venu régulièrement tout au long de l’hiver (434 fois ; 1,9%) (la peau de mon avant bras, écorchée par les griffes acérées du pic, se souvient bien du passage de l’oiseau)

– cinq espèces, dont un mammifère, sont venues de manière irrégulière et ne représentent au total qu’1% des données : le gros-bec (179 fois), le chardonneret (36 fois), l’écureuil (35 fois), le verdier (17 fois), le geai (16 fois).

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– enfin, trois espèces ne sont venues que très occasionnellement : le pinson du nord (3 fois), l’accenteur mouchet (1 fois) et la buse variable (1 fois) qui est sans doute l’oiseau le plus exceptionnel de la liste.

– virus H5N1 : zéro

Après l’hiver qui fût la période du nourrissage des oiseaux, voici le printemps qui est celle du jardinage. Allez, je file compter les vers de terre !

11 réflexions au sujet de “Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (8)”

  1. Waouh ! Impressionnant !

    Ca représente combien d’heures, tout ça ? Jamais le lassitude ? Le plaisir est le même la millième fois que la première ? Vraiment ? Comment expliques-tu ça ?

    Et puis aussi… Comment parviens-tu à tout noter sur un carnet… en gardant les mains hors de l’affût ? T’es gé(fré)nétiquement modifié ou quoi ?

    Heu… Sinon, ok pour le compte de résultat de l’année écoulée, on veut bien le valider, mais… je suis peut-être un peu « chieur » (tu as dû p’t-être t’en rendre compte !) mais on attend quand même un ‘ti bilan moral et des perspectives pour l’année prochaine (je ne sais pas moi, parvenir les reconnaître les yeux fermés, sortir autre chose que les bras, en apprivoiser certains, en attirer de nouveaux, faire la même chose en ville… mettre en place un « groupe de pression » pour que l’autorisation soit accordée de se faire enterrer les bras hors du cercueil, etc.)

    Dernière petite chose : si on qualifie de « vertes » les mains qui parviennent à tout faire pousser, comment appeler celles qui font venir vers elles autant d’oiseaux ?

    (En tout cas si on t’accuse un jour de je ne sais quoi, tu pourras prouver que t’es forcément « innocent »… puisque t’as toujours les mains pleines !)

  2. Si intellectuellement, comme un instit devant sa classe, tu te refuses à comparer ou établir des préférences, j’imagine que tu as malgré tout, toi aussi, pour ce qu’ils évoquent en toi, tes « p’tits chouchous », tes « têtes de Turc »… Alors ? Je sais que c’est hyper intime mais bon… Tu ne pourrais pas nous dévoiler une peu l’espèce que tu préfères, ou du moins qui te « touche » bien plus que la main (pour sa bouille, son comportement, ou je ne sais quoi)… parce que les chiffres et autres statistiques, c’est intéressant bien sûr, mais ça manque un peu de chaleur et de frémissement d’ailes.

    Alors… plutôt petit, grand ? grégaire, solitaire ? insectivore, granivore ? discret, bariolé ? pullulant, rare ? sédentaire, migrateur ? chanteur, siffleur ? méfiant, téméraire ?

    Raconte-nous….

  3. Que de questions ! Je vais essayer de répondre au moins à certaines de celles posées par Vincent.

    1) Le nombre d’heure passée dans mon affût : environ 12 heures chaque week-end, beaucoup plus de temps encore pendant les vacances de Noël et de février, soit un total d’environ 300 heures cet hiver, plus ou moins 10%. Si l’on compare aux nombre d’heures que passent les gens en moyenne devant leur télé, ça me semble peu. Les oiseaux, c’est ma télé à moi ! Et en plus, le film est tellement passionnant que je ne m’endors jamais.

    2) Evidemment que je n’ai pas de préférences, mais bon, je dois dire que l’émotion est assez différente lorsqu’on a un geai ou un écureuil dans la main plutôt qu’une mésange. Ma « tête de turc » : la sittelle, qui prend trois graines à la fois mais qui en balance dix à côté, à la grande joie des mésanges qui vont alors prendre ces graines au sol et qui dédaigne ma pauvre main. Mon chouchou : le pic épeiche qui assimile mon bras à un tronc, qui n’hésite pas à taper dedans jusqu’à le faire saigner. Le pic et moi, nous sommes un peu « frères de sang ». Ma plus grande émotion a été, incontestablement, la buse. Voir son regard à trente centimètres de ses propres yeux est une expérience inouie. Malheureusement, je ne pense pas que je revivrai un jour ce moment.

    3) Je n’ai jamais éprouvé de lassitude. J’ai regardé le vingt et un millième oiseau avec la même émotion que le deuxième (je ne dis pas le premier, car pour celui-là, c’était une sittelle, il y avait un petit pincement au coeur supplémentaire, du fait que c’était le tout premier). C’est peut-être une philosophie de la vie : regarder les choses, ou les êtres, toujours avec un regard neuf, comme si c’était la première fois (petite remarque en passant : on pourrait aussi regarder les autres comme si c’était la dernière fois, l’émotion serait aussi forte, c’est aussi une philosophie de la vie intéressante). Par ailleurs, il faut dire qu’à chaque séance dans mon affût, j’observais des comportements nouveaux, des traits de caractères de certaines espèces auxquels je n’avais jamais fait attention … l’intérêt est donc sans cesse renouvelé.

    4) Ce n’est pas très facile de compter tous ces oiseaux. Deux cas de figure : soit je fais des séances assez courtes dans mon affût (de l’ordre d’une demi-heure), je compte les oiseaux au fur et à mesure et je me souviens souvent assez facilement de ce que j’ai vu, soit je reste beaucoup plus longtemps dans l’affût, en pratiquant la même méthode de comptage mais quand je commence à m’embrouiller dans ma tête (ça devient difficile à partir de six espèces différentes) je rentre alors délicatement la main droite dans l’affût, je note sur un petit carnet le nombre d’oiseaux et je ressors alors la main, après avoir donc remis dans ma tête le compteur à zéro. Au bout de quelques semaines, je comptais sans vraiment m’en rendre compte, c’était assez machinal et c’est donc devenu, au fil des mois, de plus en plus facile.

    Voilà déjà une première série de réponses aux questions de Vincent. Le reste sera pour plus tard.

  4. Merci tout plein Bernard, de cette attention pour moi… Et désolé si je te harcelle ainsi… mais c’est un peu de ta faute en même temps : t’as qu’à faire un peu comme tout le monde aussi (ou ne pas le montrer au monde entier). D’accord, j’pourrai aussi ne pas me connecter sur ton site… mais que veux-tu, c’est devenu comme une drogue, un peu ma façon de sortir mes mains de l’affût (en les posant sur le clavier) pour voir ce qui viendra se poser dessus ! Et je dois dire que t’es un sacré drôle d’oiseau (p’t-être même qu’un jour je ferai moi aussi un blog pour en parler).

  5. Sauf votre respect, à tous, je dirais bien que Bernard a LA MAIN LESTE… mais Joëlle va me maudire…
    Alors on fait comme si je n’avais rien dit !!!
    NB : j’aurais pu dire aussi que Bernard n’a pas LA MAIN BALADEUSE, puisqu’il reste immobile comme la statue de Victor Hugo sur l’esplanade de la mairie de Besançon !!! En tout cas, en bon vivant qu’il est, il n’a jamais LA MAINMORTE….!

  6. Oublis :
    les photos sont superbes.
    Suggestion : le blogueur devrait (car c’est possible) nous donner le sexe des Zozios présentés ici…?

  7. Petites précisions donc sur le sexe des oiseaux photographiés dans l’article : la mésange charbonnière est un mâle, reconnaissable à la large bande noire en travers du poitrail (celle de la femelle est plus mince). Le tarin des aulnes est un mâle très coloré, il possède par ailleurs une tâche noire sur la tête. Enfin, le gros-bec est une femelle aux couleurs plutôt ternes.
    Autre oubli : la photo présentant le tarin et le gros-bec est de mon ami Michel G. La première, par contre, est de moi, mais ce n’est pas très facile de photographier d’une main et de nourrir les oiseaux de l’autre, je n’ai donc réalisé que très peu de clichés par moi-même.

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