Et vive la décroissance ! (1)

La science et le progrès sont des mythes bien solides au sein de nos sociétés occidentales. Beaucoup sont persuadés que des trouvailles scientifiques finiront bien, au bout du compte, par sauver l’homme et la planète. Que l’on arrivera à inventer des machines qui fixeront l’excès de CO2 atmosphérique par exemple. Ou même qu’on arrivera, quand tout semblera perdu, à vivre sous cloche.

Les hommes ne croient à la science que quand ça les arrange. Or, c’est une science fondamentale (LES MATHEMATIQUES), qui nous démontre, non pas que l’on trouvera des solutions, mais au contraire que l’on va droit dans le mur. Je m’explique : tout notre système économique actuel est basé sur la CROISSANCE et tous les hommes politiques n’ont que ce mot à la bouche. Or, nous avons oublié que nous vivons dans un monde fini, qui a ses propres limites. Il est évident qu’il n’existe aucun avenir, à terme, à un modèle basé sur une croissance infinie (aussi faible soit-elle) se développant dans un monde aux dimensions limitées. Tôt ou tard le système en développement se heurte aux murs. C’est mathématique et c’est l’évidence même. On aurait d’ailleurs pu écrire ceci il y a plusieurs siècles ou même deux millénaires, les grands principes mathématiques étaient déjà les mêmes.

Aujourd’hui, il est probable que nous avons déjà atteint les limites car tous les indicateurs semblent être au rouge, que ce soit au niveau de la démographie, de la disponibilité des ressources ou de la pollution.

Je suis même persuadé que nous sommes déjà en période de décroissance. Car notre croissance actuelle (qui se ralentit d’ailleurs) n’est peut-être qu’illusoire. Elle se fait au détriment des autres, d’abord au détriment des pays du sud dont on a pillé les ressources et qui se sont appauvris, et ensuite au détriment des exploités de nos propres sociétés. Il n’y a jamais eu autant de pauvres dans le monde, il n’y en a jamais eu autant chez nous. La décroissance me semble donc être déjà là. Mais qu’elle arrive aujourd’hui ou dans vingt ans seulement, ne change pas grand chose au problème.

On peut s’attaquer au mythe de la croissance, mais de toute façon, ce mythe va tomber de lui-même. Il est inutile de s’en prendre aux groupes alternatifs, à ceux qui constituent ça et là des espaces de réflexion et d’action sur ce thème, et de les traiter d’oiseaux de mauvaise augure ou de défaitistes, l’histoire leur donne déjà raison par avance. Il n’y aura pas non plus à choisir entre deux systèmes politiques, l’un basé sur la croissance, l’autre sur la décroissance. Non, il faut dès maintenant prendre le risque d’une décroissance anticipée et maîtrisée ou se résigner plus tard à la récession. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres solutions. Le temps joue contre nous et rien ne dit que nous pourrons, d’ailleurs, éviter le pire.

Je ne suis pas d’un naturel pessimiste, au contraire, mais je pense qu’il y aura beaucoup de casse.

Mais je pressens aussi qu’il y a plein d’aspects positifs dans la décroissance. Celà fera l’objet d’un prochain article … si j’arrive d’ici là à mettre mes idées au clair dans ma petite tête (dont les neurones, sont, avec l’âge, déjà victimes de décroissance).

20 réflexions au sujet de “Et vive la décroissance ! (1)”

  1. Oui, bien sûr, la « croissance », et plus généralement le « mythe du progrès » (aux fondements de la modernité occidentale), ont vraisemblablement fait leur temps. Il va falloir (de gré ou de force, comme tu le fais bien remarquer) trouver autre chose.

    La « décroissance » ? Mouais, c’est un concept qui me semble encore trop attaché à ce qu’il prétend abandonner pour pouvoir être pleinement efficace. Il a cependant le mérite de pointer sinon « le » problème, du moins un de ses aspects majeurs.

    Nous vivons finalement une époque formidable, à bien y regarder : nous allons assister (ou participer, selon notre degré d’engagement) à un véritable changement de civilisation. Et tout est en plus encore à inventer (et peut-être avant tout les moyens de l’imaginer). Quel chantier !!!

    Va-t-on cependant pouvoir éviter la « casse » ?

    Ben… déjà, comme tu le dis, c’est sans doute trop tard. La casse est déjà là. Mais ce n’est sans doute rien comparé à ce qui nous pend au nez. Quel est en effet le recours, mainte fois éprouvé par le système, pour relancer la fameuse croissance, lorsqu’elle n’a plus de nouveaux gisements à exploiter ? Ben… la guerre, voyons ! L’effet est imparable : l’effort de guerre en lui-même est déjà économiquement hyper stimulant, la reconstruction ensuite avec les survivants l’est tout autant !

    Je ne sais pas ce que vous pensez de la question (si vous souhaitez même ne serait-ce que la penser), mais moi je parierai qu’elle ne se déclenchera pas, comme on le croit, entre occident et islam mais plutôt entre occident et Chine. Je viens en tout cas d’entrevoir (grâce à ton article, merci Bernard !) qu’elle pourrait très bien survenir le jour où nous autres, enfants gâtés de la croissance, repus après l’orgie, donc « décroissants » malgré nous, nous permettrons d’imposer aux jeunes et fringants Chinois des restictions que nous ne nous sommes jamais imposés du temps de notre splendeur. Cela ferait un très bon alibi, chacun étant absolument certain de son bon droit !

    Je voudrais juste encore ajouter que si nos chers politiques n’ont que ce mot (« croissance ») à la bouche, ce n’est pas forcément parce qu’ils sont stupides ou dupes, c’est peut-être juste qu’on leur demande de résoudre avant tout le problème du « chômage ». La croissance n’est alors que la seule réponse actuellement connue (et fiable, même si c’est sur le court terme).

    Tout cela me laisse à penser qu’on ne peut raisonnablement traiter de la question de la « croissance/décroissance » sans lui associer la thématique « travail/chômage ». Ca complique évidemment l’affaire mais comment assumer l’augmentation du chômage que provoquerait une éventuelle décroissance volontaire ?

    Et si le « travail » était lui aussi un mythe qui a fait son temps ? On propose quoi à la place : le « détravail » ???

  2. Le « dé-travail », moi j’suis pour, mais alors faut aussi imposer le « dé-loyer » (ben oui continuer de payer malgré un « dé-salaire », ce serait déloyal !) et les « dé-charges » (mais là, ce sera les écolos qui ne seront pas d’accord).

  3. Je crois en la science et à ses progrés(progrés qui pourraient tomber dans des mains trop avides de pouvoir)mais je ne crois pas en l’homme du moins plus précisement ,aux hommes politique qui nous gouverne.
    (Quant à la suggestion de vivre sous cloche, je crois que c’est deja le cas dans un petit village de la Seine et Marne(77)vers lequel j’ai habité mais dont le nom m’est sorti de la tete)
    Il y a aussi le projet d’aller explorer d’autres planètes en l’occurence la planète Mars, là aussi la science avance , la technologie progresse.
    Ba oui, la planète se meurt, on s’apprette a quitter notre planète Terre en laissant derrière nous au passage quelques vies humaine inutile et les sequelles de notre passage…car bien entendu, ca ne sera pas donné a tout le monde.
    De plus, je pense aussi que la « croissance/decroissance » s’associe au « travail/chomage », le travail en france s’importe/s’exporte,l’homme est remplacé par des machines…de plus en plus nous partons à l’étranger.
    Je m’apercois que les Francais sont individualistes.
    Bref, je n’ai pas tellement les mots « politiquement corrects » pour réagir a cet article mais j’exprime ce que je sais avec des mots simple.
    Pour finir, je dirai juste que Nicolas Hulot devrait de présenter aux éléctions pour les Verts, c’est un type qui sait vraiment le mal de la Terre…
    Et aussi, »il faut que sa péte » je crois qu’une bonne ptite révolution à l’ancienne pourrait etre envisageable,nan?

  4. Je ne suis pas mécontente que le sujet soit abordé. Enfin un véritable enjeu, un réel choix de société.
    Ce thème me paraît politiquement essentiel. Comme le dit Bernard, on sait qu’on va dans le mur… et en voulant soutenir la croissance, les politiciens nous proposent d’accélérer.
    Je ne sais pas si, comme le dit Vincent, ils ne sont pas dupes. Ou s’ils ne raisonnent qu’à très court terme (on a déjà abordé ce sujet), et avec trop de liens avec les financiers qui n’auraient pas grand intérêt à tirer de la décroissance.
    Je pense que le virage est à prendre le plus rapidement possible, que continuer dans la direction actuelle relève du suicide collectif.
    Je ne suis pas d’accord quand Vincent dit que la croissance est la seule solution connue pour lutter contre le chômage. Je n’ai évidemment pas de solution, mais je crois qu’on peut complètement dissocier les deux. La globalisation de la production n’est pas un moyen de lutter contre le chômage, que je sache, par contre c’est bien une conséquence de la croissance. Je crois que les mouvements soutenant l’idée de la décroissance tendent à promouvoir une localisation des productions. Si on prend l’exemple de l’agriculture : en France, seuls 3,6 % de la population active travaillent pour l’agriculture. Les modes intensifs permettent des productions de plus en plus importantes avec de moins en moins de personnes. En contre partie, la plupart des denrées que l’on consomme ont voyagé des centaines (au mieux) de kilomètres. A l’échelle mondiale, ce dysfonctionnement est encore plus flagrant et les pays du sud sont nombreux à n’être pas du tout autonomes en matière d’alimentation.
    Il ne s’agit de revenir au moyen-âge ou chaque comté subvenait (plus ou moins) à ses besoins. Mais il faut réfléchir dans ce sens.
    Bernard dit que le mythe va tomber de lui-même… si on le poussait un peu pour lui faire perdre l’équilibre ? Plus le virage sera pris tardivement et plus notre champ d’action sera réduit.
    Enfin, j’espère que l’humour noir de Vincent évoquant la guerre (était-ce de l’humour) n’est pas LA SOLUTION que vont utiliser les puissants de ce monde.

  5. Bravo Bernad pour ton article, sois rassuré pour tes neurones ! Il y a beaucoup à dire et encore plus à faire sur ce sujet…
    Pour ceux qui souhaitent s’investir politiquement sur ce terrain il existe désormais le parti pour la décroissance. L’une des plus grosse section de France, la bisontine – 4 adhérents ! – organise une petite réunion / apéro d’information samedi 17 juin à 17h dans le jardin de Claudine (me contacter à cette adresse pour le lieu de RDV carogillesp@yahoo.fr), bienvenue à tous les utopistes !

  6. Ce n’est pas de l’humour, Anne, mon évocation de la guerre, pas du tout… Je m’explique donc autrement : la guerre est la solution, non pas des politiques, mais du « système », dans sa logique interne. Et loin de moi le cynisme de « La p’tite nouvelle » qui laisse entendre que cela pourrait être souhaitable. Je tiens plutôt à pointer que Bernard me paraît plus optimiste qu’il ne le crois en laissant entendre qu’on n’a plus que le choix entre « décroissance » subie ou voulue. Il me paraît en effet omettre une « ressource » (mainte fois éprouvée dans l’histoire) du système : la guerre (sous n’importe quel prétexte de circonstance). Vous ne la sentez pas venir, vous ?

    La question est alors : peut-on encore l’éviter ? Et comment ?

    A mon sens, sûrement pas…

    1)… en considérant que les responsables politiques sont les seuls responsables de l’entêtement actuel. (C’est leur accorder un bien grand pouvoir, ne pas se rendre compte qu’ils ne sont plus que des pantins soumis aux sondage, donc à l’opinion générale… et encore une fois, désigner à bon compte des coupables qui nous arrangent bien).

    2)… en affirmant qu’il existe bien une autre solution au chômage que la « croissance », sans pour autant pouvoir ne serait-ce que l’esquisser. (Tant qu’on évaluera les politiques à leur résultats en matière de lutte contre le chômage, ils ne pourront faire autrement que parier plus ou moins hypocritement sur la croissance).

    3)… en pariant sur la simple « décroissance », qui n’est que l’envers de la « croissance » et conforte donc la « logique » qui place ce concept (tout comme celui de « travail », je persiste à dire que les deux sont idéologiquement liés à la « raison marchande ») au coeur du système.

    Si on ne souhaite pas conforter le système devenu fou en croyant lutter contre, bref « prendre la maladie comme remède », l’effort « théorique » à mener au préalable me semble autrement plus conséquent. Il s’agirait dès lors de « penser le monde autrement » plutôt que de « penser un autre monde (avec les concepts qui confortent celui-ci) ».

    Je ne suis pas sûr d’être plus clair comme ça, mais j’ai au moins tenté.

  7. Ben dis donc, en voilà un thème qui fait réagir et ressortir les bonnes vieilles idées révolutionnaires ! Entre la guerre et le grand soir, il y a quand même un espace que nous autres humbles citoyens pouvons – devons ! – nous approprier !
    Je ne pense pas qu’il faille opposer décroissance et plein-emploi : la décroissance que nous voulons (enfin, moi, en tous cas, j’espère que vous aussi !) est tout de même assez sélective… Moins d’OGM mais + de clarinettes, moins d’énergie mais + de vélos, moins d’exportations mais + de petits marchés locaux (pas forcément bios, mais déjà du local !), moins de chômeurs, mais + de travailleurs sociaux,… On pourrait s’en sortir un peu mieux, non ? Et même sans envahir l’ANPE.
    D’après moi, la solution ne peut pas venir des politiques, car ils sont effectivement jugés sur des bilans un peu merdiques ; donc, à nous de nous bouger, en commençant par notre petite maison, notre petit jardin, notre petite voiture (ou notre petit vélo !). Réfléchissons avant de consommer quoi que ce soit, au lieu de nous en prendre à ceux qui forment notre gouvernement. Educons nos enfants (et ceux des autres) et peut-être que demain, ils éliront des gens compétents.
    Je viens de relire ce que j’ai écrit, c’est un peu démago quand même, mais bon, ça traduit à peu près ce que je pense. Et je rajoute une petite raffarinade pour la route :
    Le mur est tout près, on n’a qu’à être des bosses pour ralentir le train ! (c’est beau, hein !)

  8. Des bosses peuvent effectivement faire ralentir le train. Mais ne faudrait-il pas plutôt qu’il déraille !
    Un petit constat, juste pour l’humour : Les écolos ont choisi d’être pleinement en accord avec leurs idées et sont eux-mêmes en pleine décroissance : les intentions de vote à leur égard sont descendues à 2% !

  9. Merci pour tous ces commentaires. Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de réactions et surtout autant d’adhésion à l’idée d’une décroissance que vous jugez tous quasiment inéluctable.

    Evidemment, je n’ai pas écrit par hasard le titre de « Et vive la décroissance ! », il y a bien quelque chose de volontairement positif dans ce titre et je vois que beaucoup d’entre vous entrevoient des aspects très intéressants au concept de décroissance. Vincent parle « d’époque formidable » qui nous permettra d’assister à un changement de civilisation, Anne d’un « véritable enjeu et de réel choix de société » et Magalie de « la décroissance que nous voulons ». Gilles, par un commentaire positif, en arrive même à me rassurer sur l’état de mes neuronnes ! Merci Gilles !

    Je préfère de loin ce côté volontariste à l’aspect « fuite dans l’espace » dont parle la Ptite nouvelle et auquel je ne crois pas du tout. Ne nous faisons pas illusion en faisant croire que la vie est possible ailleurs.

    Il y a par contre une vraie inquiétude dans plusieurs des propos tenus. D’abord dans ceux d’Anne (« continuer dans la direction actuelle relève du suicide collectif ») mais surtout dans ceux de Vincent relatifs à la guerre. Il y a malheureusement quelque chose d’imparable dans son argument sur la guerre qui serait « une solution du système, dans sa logique interne ».

    De quoi avoir des frissons dans le dos ! Alors, pour ce soir, je vais plutôt me contenter des propos plus positifs de Magalie sur la consommation de produits locaux et me recentrer sur un petit verre de Jura. A votre santé !

  10. « Là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve ».

    Je ne sais plus qui a formulé ça, ni si ça a quelque once de réalité (ce genre de phrase, faut s’en méfier !), mais j’aime y croire… ou du moins m’y appuyer, comme « ce qui ne tue pas rend plus fort » (ça je sais, c’est de Nietzsche).

    Ca aide à vivre, je trouve… car nous incite, en période de crise ou de danger, d’accroitre la vigilance, la confiance même (à moins que ce ne soit la joie de vivre), stimule l’intellect et la présence d’esprit, plutôt que de se laisser paralyser par l’inutile – et encore plus dangereuse – tentation de la peur (et de tous ses corollaires).

    Y a-t-il de meilleur réaction, par exemple, que de se « recentrer » sur un verre de jura, comme le suggère Bernard, en tout cas sur ce que chacun considère essentiel ? « De vin, d’amour ou de poésie », conseillait Baudelaire, qu’importe tant qu’on s’ennivre, intensifie son sentiment de vie, reprend contact avec ses fondamentaux !

    L’avenir fait peur, certes, mais n’ayons surtout pas peur de la peur (ce serait là notre pire décadence !) !!!

  11. Bravo pour ce débat fondamental qui suscite des commentaires sérieux et divergents !
    Cela montre que nous sommes des « sentinelles », des « alerteurs » et que nos décideurs devraient nous écouter (à défaut de nous entendre)…
    Par le passé la guerre a été utilisée pour relancer l’économie et limiter la démographie.
    On va pas en redemander, non ? Sedan, Verdun, Hirsoshima, Vietnam, Afgahnistan… pouah !
    Alors il va falloir innover.
    Décroissance raisonnée ou raisonnable ?
    Partage et solidarité ?
    Une démographie maîtrisée. De l’entraide désintéressée.?…
    Nous allons vers une crise mondiale et le CHACUN POUR SOI (on sait que la Chine veut laver l’affront qu’on lui a infligé pendant plus d’un siècle… et elle a ce qu’il faut pour nous imposer son rythme effréné.. ce qui fait que nous courons derrière elle) va modifier la hiérarchie des Etats. Nous n’allons pas peser bien lourd de quelque côté qu’on se tourne !
    Les puissances émergentes n’ont plus d’oreille : elles n’ont qu’une vision étroite des lendemains et de gros appétits de consommation.
    Elles vont refaire le parcours catastrophique dont nous sommes revenus, mais en attendant elles tirent, parfois à leur corps défendant, la Planète vers le bas.

  12. Ben oui…

    Que nous autres, gavés, repus, déçus de la consommation (sommes-nous plus heureux avec notre télé, notre ordi, notre chaîne HiFi, notre réfrigérateur, notre voiture, nos vacances, etc. ?), tentions d’autres valeurs, visions d’autres horizons, est non seulement souhaitable mais vraisemblablement inéluctable. Mais que nous continuions, tout gonflés de notre « orgueil occidental », à vouloir imposer notre vision aux pays émergents (« affamés » donc « sans oreille », comme le dit si bien Roland), leur demandant surtout de faire ce que nous n’avons nous-mêmes pas fait, me paraît cependant intenable.

    A mon sens, le combat pour la décroissance (décroi »sens » ?) ne peut se mener honnêtement d’ici. Qui veut véritablement s’engager en ce sens, pour acquérir quelque crédibilité, doit aller là-bas… et accepter de tenter de convaincre ceux qui sont sur le point d’acheter leur premier réfrigérateur !!!!

    Il y a des volontaires ?????

  13. Il y a quand même quelque chose de très juste dans la remarque de Vincent car lorsqu’on demandera aux habitants du tiers-monde de ne pas acheter leur premier réfrigérateur on en sera alors encore à un niveau de consommation bien supérieur au leur. On ne sera quand même pas très crédible, non ?
    Cela dit, si l’idée de Vincent est intéressante et à mettre au frais, il faut quand même bien un réfrigérateur !

  14. Dire « on demandera » aux habitants du « tiers monde » c’est se positionner du point de vue du colon et imaginer qu’il n’y a pas de conscience écologique dans les dits pays relève également de ce genre de vision déformée.
    Ici comme là bas il faut compter sur l’esprit critique des habitants et les valeurs de la démocratie…quand elle existe. Vous pouvez laisser votre idée au frigo pour l’instant, avant, peut-être, de la mettre au congèle.
    Là où vous avez raison, c’est que la décroissance est un problème mondial.

  15. « Réac », pourquoi pas ?… « Démago », si tu veux…

    On peut (dis)qualifier autant qu’on veut les positions des autres quand elles ne sont pas tout à fait identiques aux nôtres… ce qui est simplement dommage, c’est que ça limite ensuite un peu les possibilités de débat, nan ?

    Ben oui… pourquoi un « progressiste » perdrait son temps à dialoguer avec un « réac », un « honnête homme » avec un « démagogue ».

    En tout cas, je suis pour ma part prêt à changer d’avis sur la question si on me convainc que « l’esprit critique » et la « démocratie » pourront là-bas, si elles s’y installent, produire ce qu’elles n’ont pas produit ici.

    Quelque chose me dit qu’elles pourraient bien être justement LA MALADIE QUI SE PREND POUR LE REMEDE… mais je ne vais pas insister car on va encore dire que je fais du mauvais esprit !!!

  16. Effectivement Vincent « réac » et « démago » ne sont pas des expressions qui favorisent la sérinité dans un débat… je te prie de m’en excuser.
    En lisant ton commentaire sur la démocratie il me vient à l’esprit que celle-ci doit être (r?)établie « chez nous » également. Elle ne fonctionne pas. Elle est un simulacre. C’est la société marchande qui règne. « L’abolition de la société machande » (j’emprunte l’expression à un livre de Raoul Vaneigem « Pour l’abolitaion de la société marchande pour une société vivante ») est un préalable indispensable pour la décroissance… Utopie ?
    Cordialement.

  17. Tu es tout excusé, Gilles. En tout cas merci de relancer d’une certaine façon le débat.

    J’aime beaucoup dans ton commentaire le « R » entre parenthèse. Je crois aussi qu’il ne s’agit pas de « R »établir une démocratie qui aurait un jour existé et fonctionné idéalement, mais de poursuivre le « projet fou » de réaliser cette vétitable « utopie ». On y arrivera sans doute jamais, mais de « tendre vers » peut nous suffire.

    Après, on peut se demander si c’est un projet « compatible » avec celui de la décroissance. En effet, la démocratie (au contraire de la République) ne défend pas d’autre « valeur » que la Loi du plus grand nombre. Or – on connaît l’humain – rien jusqu’à présent ne nous permet de penser que la majorité sera sage ou vertueuse.

    Je pense sincèrement – et sans aucune malignité – que tout bon « écologiste », pris par les sentiment d’urgence et de bonne conscience, doit être plus ou moins consciemment titillé par l’envie de remplacer la démocratie par une « expertocratie » plus ou moins autoritaire, voire tyrannique, nan ?

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