Retour sur l’année 2006

Chaque année, au début janvier, on a droit au regard que jettent les médias sur l’année précédente. Tous les journaux sont d’accord pour dire que l’un des événements les plus importants de l’année 2006 a été la crise du CPE, la coupe du monde de football et le coup de boule de Zidane. Je ne sais pas si vous vous y retrouvez dans ce genre d’analyse faite en jetant un coup d’oeil rapide dans le rétroviseur. Moi pas du tout.

S’il fallait que je cite le truc qui m’a fait le plus rire dans l’actualité 2006, ce serait inconstestablement le départ de Johnny vers la Suisse, non pas que nous en soyions enfin délivré (quoique … !), mais surtout parce que plusieurs journaux (de droite essentiellement) ont comparé sa fuite vers l’étranger avec celles des cerveaux. Il fallait oser le dire.

S’il fallait par contre que je cite le truc qui m’a fait le moins rire et qui demeure l’un des événements les plus graves de l’année, je parlerais de la guerre Israël/Liban, pas de la guerre en entier mais seulement des tous derniers jours. Car ce qui est arrivé est une escalade de plus vers la barbarie. Essayons de nous rappeler, bien que les journaux en aient à peine parlé.

Fin juillet, on savait que la guerre allait se terminer de manière imminente, un accord avait enfin été trouvé. Pourtant, profitant des dernières heures de guerre officielle, les Israéliens avaient alors sauvagement pillonés le sud Liban avait des bombes à fragmentation. On considère qu’un million deux cent mille bombes ont été tirées.

La particularité de ces bombes est qu’elles n’explosent pas toutes lors du choc. Il en restera ainsi près de deux cent mille qui gardent toutes leur potentiel destructeur et qui, au fil des années, vont tuer ou mutiler des paysans et des enfants libanais. Trente après, si l’on en croit ce qui se passe encore au Laos aujourd’hui, la tuerie continuera.

Ces bombes, que l’on appelle « sous-munitions » font l’objet d’un vide juridique international. Enfin presque, car ces bombes qui sont considérées comme « non-discriminantes », ne peuvent, d’après la loi, être utilisées contre des civils, il s’agirait alors dans ce cas d’actes pouvant être qualifiés de « criminels ». Cet été, l’Etat israélien a donc bien agit de manière criminelle.

Evidemment, les américains, qui possèdent un milliard de bombes à fragmentation, qui sont les principaux fournisseurs d’Israël et qui ont utilisé eux-mêmes les mêmes bombes sur Bassora pendant la guerre du Golfe, n’on rien dit. Idem ou presque de la communauté internationale. Il me semble pourtant que le chef de l’Etat israélien, qui a donné l’ordre de ce bombardement et qui s’est félicité publiquement de la mort par pendaison de Saddam Hussein, présentait lui aussi toutes les caractéristiques pour être jugé par une cour internationale pour crime contre l’Humanité.

Et vous, qu’est-ce que vous avez retenu de l’actualité 2006 ?

25 réflexions au sujet de “Retour sur l’année 2006”

  1. D’accord avec Bernard.
    2006 nous a encore montré des exemples de cruauté organisée par des états soi-disant démocratiques et donneurs de leçons patentés.
    2006 nous a renforcé dans l’idée que l’espèce humaine n’a rien appris du passé et qu’elle est prête à reprendre une arme à feu, une arme blanche ou un gourdin pour aller dire à son voisin de penser comme elle, ou de partir de là « que je m’y mette » !!!
    2006 a vu, hélas, partir des amis, des poètes, des partageux, des humanistes et, heureusement, quelques méchants (que très peu de gens sensés ne devraient pleurer).
    2006 a donné la parole à quelques « sentinelles » médiatiques dont les propos ont reçu quelques échos chez un peu tout le monde (mais dans la cacophonie ambiante j’ai bien peur qu’il n’en reste pas grand chose).
    2006 a surtout assisté à l’explosion des BLOGS et en particulier de celui dans lequel je place un commentaire. Pour moi c’est une nouveauté qui me procure un grand bonheur car on peut y lire des tas de points de vue qui m’éclairent et me donnent à réfléchir.
    BONNE ANNEE A TOUS LES DUPDUPOPHILES !!! Et BON VENT !!!

  2. « Je comprends que Johnny, soucieux de préserver ses revenus, ait décidé de s’installer en Suisse. Il nous faut au plus vite consentir à des efforts fiscaux pour que notre idole nous revienne au plus vite. Il importe simplement que Johnny nous précise quels école, hôpital, commissariat, centre de recherche ou bureau de poste nous devrons fermer pour qu’il ajoute une ou deux unités à sa collection de Harley ».
    (Nathalie, courrier des lecteurs de Télérama du 3 janvier)

  3. Bon allez, j’m’essaye au jeu, comme ça « à chaud », sans trop réfléchir, donc forcément de façon peu rationnelle et objective, et en remontant le temps à mesure que je creuse la mémoire :

    La pendaison de Saddam Hussein, pour commencer. Pour tout avouer, ce qui me marque le plus (l’événement en tant que tel était plutôt prévisible) c’est que ça ait été filmé par un téléphone portable… et que ça semble tout à fait normal ! Mieux que ça, que ce soit devenu « vrai » à partir du moment où on a pu ainsi le voir la corde au cou. Il semblerait que désormais, plus aucun « événement » ne pourra exister vraiment sans son « film sauvage ». A vrai dire, je ne sais pas ce qu’il faut en penser, mais ça me questionne.

    L’été indien, ensuite, qui a duré, duré… pour tout le monde au-delà de ce qui peut paraître « normal ». L’ambiguité qui progressivement naissait pour la plupart des gens, tiraillés entre le plaisir (instinctif) de profiter de la chaleur persistante et l’inquiétude (intellectuelle) des causes (et conséquences) qu’on pouvait lui attribuer.

    Le « coup d’état » de Ségolène Royal, aussi, qui débarque d’on ne sait où, en tout cas sans prévenir, et rafle la mise aux prétendants officiels. L’événement, pour moi, dans cette affaire, n’est pas tant son sexe que la mort achevée du PS. Je m’explique : ce n’est pas qu’elle soit une femme qui est en soit un événement, mais qu’elle ait été choisie alors qu’elle venait de la marge et s’écartait ouvertement du pseudo-programme laborieusement établi par l’appareil. Sa seule chance d’être élue, d’ailleurs (enfin, à mon sens), c’est de continuer à se singulariser, à faire passer sa personnalité avant justement le parti qu’elle est censée représenter.

    L’attaque israëlienne au sud Liban, pour des raisons toutes personnelles : toute la famille de mon beau-frère est là-bas. Ma soeur (et mes trois nièces) y vont un été sur deux. Une d’elle doit même y passer une année complète, pour ses études, l’année prochaine. Le plus délirant de l’affaire (ce qui prouve bien, au besoin, la complexité de la situation) c’est qu’étant chrétiens (maronites), ils étaient plutôt favorables aux Israëliens (contents qu’on les débarrasse du Hezbollah) mais cela n’a pas empêché leur village d’être comme les autres bombardé… et leur maison familiale bien endommagée.

    La grippe aviaire, évidemment… comme une manière symbolique de montrer que désormais le « mal » peut venir de partout, et surtout de là où on ne l’attend pas (qui, à part Hitchcock, pouvait soupçonner un oiseau de nous vouloir du mal ?). Méfiez-vous donc, maintenant, des oiseaux, des fleurs, des enfants (ils peuvent vous amener en prison d’un simple faux témoignage), de vos parents (qui peuvent à tout moment vous planquer dans leur congélo), de vos amis (qui… hé ! hé ! hé!… vous ne croyez tout de même pas que je vous révèle ce que j’ai comploté en secret !), et même de Zidane (qui sous ses allures de saint-homme au grand calme peut gravement péter un cable)

    Mais tout ça ce sont des événements « extérieurs ». Faut bien admettre que ce qui a le plus bouleversé mon quotidien, en 2006 (du moins dans ce qui est « racontable ») c’est évidemment cette étrange maladie qu’est la « blogadupdupmania ». Mais où donc ai-je trouvé, moi qui était déjà surbooké, ces heures passées devant l’écran ? Car si on fait le compte, ça en fait quand même un sacré paquet !!!

  4. En lisant quelques articles du Monde que j’ai gardés en mémoire sur mon ordi, je tombe sur un article du 13 octobre qui dit que cet été, pendant que les regards étaient tournés vers la guerre du Liban, Israël en a profité pour utiliser une nouvelle arme expérimentale contre les palestiniens dans la bande Gaza.

    Il s’agirait d’un nouveau type d’armes très performantes qui cause des blessures inhabituelles, entraînant des profondes brûlures et des membres sectionnés. Les blessures comportent de minuscules orifices d’entrée. A l’intérieur, il y a de très petites particules qui ne peuvent, selon les médecins, être détectées aux rayons X.

    LeMonde précisait par ailleurs que « Une équipe de la chaîne de télévision italienne RAI 24news, la même qui avait révélé l’utilisation des bombes au phosphore lors de l’attaque américaine de Fallouja, en Irak, en novembre 2004, a enquêté sur ces blessures. Elle a abouti à la conclusion qu’il pouvait s’agir d’une nouvelle arme américaine appelée DIME (Dense Inert Metal Explosive), dont la particularité est d’être très performante pour détruire la cible choisie tout en causant des dégâts dans un rayon très limité de quelques mètres. C’est d’ailleurs ce qu’a reconnu un général israélien à la retraite, Yitzhak Ben-Israël.

    Selon le site Internet des laboratoires de l’armée de l’air américaine, ce type de projectiles, qui serait au stade expérimental, est constitué d’une enveloppe en carbone avec à l’intérieur un mélange composé notamment de tungstène, métal qui est très conducteur de la chaleur. « Le résultat est beaucoup plus destructeur qu’un explosif normal, est-il indiqué, et l’impact des micro-shrapnels cause un effet similaire mais beaucoup plus puissant que l’onde de choc de la déflagration. »

    Les journalistes italiens ont fait analyser à l’université de Parme les particules récupérées sur les victimes. Selon les résultats, il s’agit « d’une grande concentration de carbone et de la présence de matériaux inhabituels comme le tungstène, l’aluminium et le cuivre ». Ce qui laisse supposer qu’il s’agirait du DIME, l’arme adéquate pour les assassinats ciblés pratiqués par Tsahal dans la bande de Gaza à partir de drones ou d’hélicoptères. »

  5. Concernant la pendaison de Saddam Hussein, je pense qu’elle était effectivement prévisible et que les Etats auraient pu la dénoncer bien avant plutôt qu’après-coup. Je pense notamment à tous les Etats qui ont aboli la peine de mort. Car si l’on est contre la peine de mort, il ne peut y avoir une seule exception à ce principe, non ?

    Ce qui me gène beaucoup dans cette histoire, c’est que la condamnation à mort a été prononcée bien avant que les procès soient terminés. Car il y avait beaucoup d’autres chefs d’accusation contre Saddam Hussein, notamment le gazage des Kurdes et le véritable procès de Sadeam pour crime contre l’humanité n’aura pas eu lieu. Les Kurdes, une fois de plus, auront été rejetés dans les oubliettes de l’Histoire.

    Quand à la diffusion des images de la pendaison, il n’y a qu’un seul mot pour la qualifier : LAMENTABLE. Tiens, à ce propos, je pense que leMonde qui a osé publier en ligne une photo de James Brown dans son cercueil est tout aussi criticable (enfin presque !).

  6. Je ne sais pas trop pourquoi, Bernard, mais je n’arrive pas à trouver « lamentable » la diffusion des images de la pendaison de Saddam Hussein. Qu’est-ce qui te choque exactement ? Elle n’a pas été imposée dans les grands médias qui ont tous, je crois, coupé le film avant le moment fatidique et elle permet de constater « de visu » dans quelles conditions cela s’est déroulé (ça ressemble à la fin de Ceucescu, vous ne trouvez pas ?). Faut-il selon toi, pour S. Hussein comme J. Brown, cacher la mort, bref « faire comme les vivants d’aujourd’hui qui n’sont plus généreux et quand ils possèdent un mort le gardent pour eux » ?

    Quant aux mines et autres nouvelles armes, c’est pour moi sincèrement la limite du concevable. Je suis peut-être naïf, angélique ou je ne sais quoi (on me reproche généralement plutôt le contraire), mais je n’arrive pas à imaginer qu’il puisse y avoir des gens qui consciencieusement, tous les jours au boulot, réfléchissent à de nouvelles armes encore plus efficaces, des lieux près de chez nous (ou du moins dans nos sociétés « vertueuses ») où des tests d’efficacité doivent être effectués (sur qui ? quoi ? comment ?), des réunions où des décideurs comparent les potentialités des différents prototypes qu’on leur présente avec force argumentation et choisissent celle qui sera finalement développée, des « commerciaux » qui ensuite vont vanter leurs mérites aux potentiels acheteurs… Ca me dépasse complètement ! Hanna Arendt nous avait bien montré, à partir du procès Eichman, que le « barbare moderne » avait la figure du bon petit bureaucrate, qui fait consciencieusement son boulot en obéissant aux ordres sans trop se poser de questions sur le sens global de ses actes, mais c’est toujours difficile de concevoir qu’il est encore là, parmi nous, et que nous lui ressemblons même tous un petit peu.

    Dans quelle « bulle » vivons-nous pour oublier ainsi que l’homme est bien souvent pire qu’un loup pour l’homme… et être comme à chaque fois surpris quand le réel nous le rappelle tout simplement ?

    Heu… Ah oui !… Bonne année à tous ! ;-))

  7. Un symptôme de notre « bulle », évoquée ci-dessus : tous les « événements » que l’on retient de l’année 2006 ne sont qu’atrocités (sauf peut-être Ségolène Royal, qui a un beau… sourire !), comme si nous trouvions finalement « normal » les rares événements « miraculeusement heureux » qui ont aussi eu lieu sur ce fond d’horreur millénaire. Du coup, on les oublie… et on finit par se désespérer.

    Et si on faisait, en parallèle, la liste de ces moments « positivement marquants » de 2006 ?

  8. Non, non Vincent. Quand je parle de lamentable le fait de montrer en images la pendaison de Saddam Hussein, ce n’est pas pour cacher la mort, d’autant plus que je pense que nous sommes dans une société pour laquelle la mort est un sujet tabou, qu’il ne faut pas montrer. Je suis plutôt pour que l’on ne cache pas les morts (quand j’étais gamin, dès que quelqu’un mourrait dans le village, on allait bénir le corps et je ne trouvais pas cela malsain, bien au contraire).

    Simplement, ce qui me gêne dans le fait que les images de Saddam Hussein ont fait le tour de la planète, c’est qu’il y a un côté très « voyeur » derrière tout ça et ça me semble assez malsain. Par ailleurs, je pense que la mort est événement qui relève plutôt de l’intimité et qu’en aucun cas, ça ne peut devenir un spectacle.

  9. Ca me fait cogiter cette idée de « voyeurisme » !

    Il se trouve que je fais partie de ceux qui sont aller chercher sur le net les images de la pendaison complète. Je n’en tire aucune gloire, bien sûr, et ne prétends aucunement avoir été poussé là par ma part la plus hautement verteuse et raisonnable, mais je n’en ai pas plus honte que cela non plus, et ne pense en tout cas pas avoir laissé agir-là ma part la plus diabolique !

    Pourquoi l’ai-je fait alors ? Difficile à dire… Essayons de répondre honnêtement toutefois (et tant pis si vous jugez ça « lamentable », j’assume). Un drôle de mélange de plusieurs mobiles, en tout cas, à considérer que je ne me leurre pas :

    Pour « réaliser » l’événement d’abord, le rendre « vrai » je veux dire, les images étant plus parlantes que n’importe quel discours.

    Parce que les journalistes m’énervaient aussi à jouer les puritains se gargarisant d’avoir coupé le film à temps afin de préserver mes yeux chastes d’une image trop violente pour eux (comme s’ils ne m’en mettaient pas tous les jours devant les yeux des images autrement plus violentes sous des apparences « politiquement correctes »)

    Parce que je ne suis plus un enfant (qu’on préserve de la dure réalité des choses) et que je me sentais donc capable de « supporter » ces images (j’aime l’idée nietzschéenne de la « dose de vérité que chacun est capable de supporter »).

    Parce que je voulais voir son visage devant la mort… non pas pour en jouir sad(am)iquement, je n’ai pas en effet de vengeance « personnelle » à assouvir contre lui (ma seule « jouissance » ayant été, je crois, d’être parvenu à… trouver ces images qu’on ne voulait pas me montrer), mais pour savoir quel genre de bonhomme il pouvait être devant la mort. Quelles pouvaient être aussi ses dernières paroles. Je pense que de la même façon, je serais allé voir Place de Grèves, Louis XVI, Robespierre ou Danton guillotinés.

    Parce que si j’admets qu’une mort naturelle d’un proche doive rester dans la sphère intime, je conçois aussi aisément qu’une décision de justice exécutée sur un ancien chef d’Etat ait une dimension non pas spectaculaire mais symbolique qui incite à la rendre publique.

    Parce que, je l’avoue, c’était aussi l’occasion de voir (« voyeuriser » ?) ce qu’est une pendaison. Pourquoi ? Je dirais : pour répondre à cette pulsion sourde de tout rendre transparent. De tout désacraliser. De tout mettre à plat, objectiver.

    Peut-être est-ce la présence de cette pulsion typiquement « moderne » (donc quelque part complice de toutes les atrocités actuelles) qui peut condamner moralement ce « voyeurisme ». Sachez cependant (si vous n’êtes pas vous-mêmes allés voir) que cette pulsion n’a même pas pu être assouvie, le portable filmant sauvagement la scène se détournant juste au moment de la pendaison en tant que telle… qui conserve du coup presque ironiquement son invisibilité sacrée.

    Je reste donc quelque part « lamentablement » frustré : je ne sais toujours pas si on meurt sur le cou(p) par pendaison (info qui m’intéresse au plus haut point au cas où je ressente un jour le besoin de mettre fin à mes jours), ni si – comme le dit la légende – une érection réflexe procure une ultime éjaculation… qui fait ensuite pousser sous le pendu une magnifique mandragore !

    Mais bon…

  10. Très bonne l’idée de Vincent de parler des événements positifs de l’année 2006. Mais voici une drôle d’anecdote qui m’est arrivée hier. J’étais à la librairie Campo à Besac hier soir et il y avait sur le comptoir un livre intitulé Bonne année dernière dont le but est justement de parler des événements positifs de l’année passée. J’ouvre une page au hasard, vraiment au hasard : elle parle du désarmement de l’organisation basque ETA qui a décidé en mars dernier d’un cessez-le-feu permanent. Bel exemple quand on sait que dans ces derniers jours, cette organisation vient de revendiquer les attentats de Madrid du 30 décembre !

  11. C’est vrai que le constat de 2006 n’est pas rigolo rigolo…
    Le pire, s’il fallait hiérarchiser ce qui est annoncé plus haut, c’est l’escalade de la « qualité » des armes !
    La France fait partie du peloton de tête tant en ce qui concerne l’ingéniosité de la création qu’en ce qui concerne la fabrication…avec quoi ? avec le bas de laine des épargnants qui ne regardent pas plus loin que le taux que ce leur (petit ou gros) pactole leur rapporte.
    Allez regarder comment est utilisé l’argent placé à la Banque Pop, au LCL (Crédit Lyonnais relooké…) …etc … et même au Crédit Agricole qui récupère pratiquement toute la mise des épargnants de la campagne ! Même si de temps en temps ils nous sortent des arguments sur leurs placements « verts » !
    Sortez vos sous de ces organismes ! Changez de compte courant ! Ca ne suffit pas de pleurer en regardant les infos !
    Allez, tiens, c’est une bonne résolution pour 2007, choisissez la NEF, c’est moins pire, au moins elle ne participe pas à toutes ces souffrances !

  12. La NEF, c’est la « Nouvelle Economie Fraternelle » (la banque initiée par les anthroposophes), c’est bien ça ?

    Tu peux nous en toucher deux mots, Michèle, steuplé ?

  13. Peu d’infos sur le site de la NEF, http://www.lanef.com/, mais on peut en saisir le principe : une banque d’épargne et de crédits « éthique et transparente ».
    Késako ?
    Ben… une banque qui se considère davantage en tant qu’outil permettant de créer des liens entre partenaires économiques que machine à faire du fric.
    Les « taux » y sont peut-être moins avantageux qu’ailleurs, mais on a en quelque sorte la garantie que l’argent qui y circule est « propre et vertueux ». Je crois même qu’on peut décider du type de projet que l’argent qu’on y dépose sera susceptible d’aider.
    D’accord avec Michèle pour dire que cela peut faire une bonne résolution en 2007… notamment pour tous ceux qui veulent à tout prix « sortir du système capitaliste et ultra-libéral » actuel. C’est là en quelque sorte l’occasion de concrètement « passer à l’acte » !

  14. Attention, attention, voici ce que je viens de trouver dans l’encyclopédie Wikipédia :
    « Le rapport parlementaire français sur les sectes et l’argent (MILS, France) de 1999, sous la direction de Jacques Guyard, a fait de l’anthroposophie son étude de cas. Le rapport a remis en cause l’anthroposophie. Jacques Guyard, condamné en première instance pour diffamation, a été relaxé en appel. La Cour d’Appel de Paris a notamment relevé que l’anthroposophie est un mouvement « considéré comme une secte non seulement par la commission d’enquête française, mais aussi par une commission d’enquête belge, un rapport des Renseignements généraux de 1997 et les spécialistes du mouvement sectaire ». »

  15. Faut-il s’étonner qu’un mouvement qui va à l’encontre de la pensée dominante soit qualifié par les représentants de cette dernière de « secte » ?

    Ok pour faire « attention » comme le suggère Anne, là comme ailleurs, mais je me méfie de ces mots brandis comme des « joker » qui mettent fin à toute discussion. C’est quoi d’ailleurs exactement une « secte » ?

    Je trouve en l’occurence plutôt étrange qu’un établissement bancaire, fondé sur la transparence, soit qualifié de « sectaire », donc soupçonné de je ne sais quoi, alors qu’une banque traditionnelle peut allègrement faire ce qu’elle veut… en toute impunité.

    Mais bon, tout cela demande à être creusé.
    Michèle, tu peux nous aider ???

  16. Comme celà à froid, je manque d’éléments concrets pour faire une réponse pertinente à ce type d’accusation ! Quel pédigree faut-il présenter ?
    En lisant ton message Anne, j’ai pensé à ce qui était arrivé à ce gars de la région Grenobloise qui a subi une descente policière parce qu’il donnait des conseils en matière …de « purin d’orties » ! …c’est du même tonneau !
    La Nef est un organisme « officiel » hébergé actuellement par la banque « CREDIT COOPERATIF », à Besançon avenue Fontaine Argent (!!!).
    J’ai lu quelques articles concernant la NEF dans le mensuel SILENCE sans soucis, sauf que dernièrement (courant 2005 ou 2006) la personalité d’un membre du Conseil d’Administration était mise en cause…pour avoir bossé pour EDF, mais rien n’était relatif au « problème » soulevé par Anne.

  17. En relisant ce qui s’est dit ci-dessus, vu ce qui se dit sur le manque de transparence des banques, je me dis que j’ai bien de la chance de ne pas avoir d’argent à placer !

    Et mon voisin riche qui a de la thune a bien fait de placer son argent dans les fabriques d’armes. Au moins, il sait où va son pèze ! (mdr)

  18. Je ne disais effectivement pas « Il ne faut pas aller à la NEF », mais juste « Attention ».
    J’ai précisé que je n’avais pas vraiment trouvé le lien en anthoposophes et NEF, si ce n’est en la personne de Henri Nouyrit, dont wikipédia dit qu’il est anthroposophe et qu’il se consacra avec énergie à la NEF. Voir le lien :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Anthroposophes

    L’apparenté entre les anthroposophes et une secte a fait l’objet de jugements opposant Jacques Guyard, président de la Commission parlementaire d’enquête sur les sectes et l’argent et les anthroposophes, puis le directeur du figaro et une fédération d’association anthroposophiques.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Anthroposophie#Accusations_de_sectarisme

    Wikipédia, Michèle peut difficilement être soupçonné d’être soutenu par un courant ou un autre car quand tu demandes Qui ce cache derrière ? Je te répond tout le monde, ou tout au moins qui veut.
    Son nom vient de wiki, qui est un système de gestion de contenu de site web, ouvert à tous.
    Le principe est assez simple : Chacun peut ajouter un article, en corriger, en compléter, en supprimer. Chacun peut aussi mettre en garde sur la qualité d’un article.
    Un système complexe de gestion du site permet de surveiller son évolution et les concepteurs espèrent, à long terme, atteindre un niveau de qualité au moins équivalent à l’ Encyclopedia Britannica.
    En gros, c’est la masse de gens qui participe à l’élaboration des articles et la bien plus grande masse qui les consulte, qui en est le garant.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia

    Il existe d’ailleurs un bandeau qui signale qu’il est demandé de vérifier le contenu de l’article sur l’antroposophie.

    Wikipedia existe dans toutes les langues et depuis plusieurs années que je l’utilise, je trouve de plus en plus d’articles en français dans des domaines où je ne trouvais que des textes en anglais.

  19. Quelle provoc !
    « le pauvre prolo du coin » (sic) n’est pas sans savoir que ce qui rapporte le plus (ou presque) aux banques ce sont les agios qui te sont facturés tous les mois lorsque tu dépasses…
    Tu me fais penser aux chasseurs qui disent aimer la nature, à ceux qui roulent en 4×4 ou ceux qui me disent : « t’es écolo ? alors pourquoi tu ne vas pas au boulot en vélo ? » « t’es écolo ? alors tu t’éclaires à la bougie ! »
    Avec une telle mauvaise foi, on n’y arrivera pas !
    Au fait « mdr » ça signifie quoi ?

  20. Ce n’était pas de la provoc, Michèle, mais je crois juste une petite boutade à prendre au second degré (comme l’indiquait le « mdr » final).

    Une façon peut-être aussi de dire que le sujet devenait bien complexe… et surtout délicat, donc potentiellement dangereux.

    Une sorte de petit rappel indiquant que tout est ici permis… à condition de ne pas oublier de garder le sourire.

    (Du moins c’est comme cela que je l’ai pris… n’étant – pour le coup – pas l’auteur de cette intervention anonyme.)

  21. Il se trouve que je connais assez bien l’anthroposophie… pour m’y être, dans le temps, approché de très près.

    Pour moi, il est évident que ce n’est pas une secte du type Raëliens, Temple Solaire ouTémoins de Jéhova. Bien sûr, l’origine du mouvement est plus que problématique (Rudolf Steiner était une espèce de mage qui assénait des vérités venues d’on ne sait vraiment où…) et soulève chez toute personne bien constituée un minimum de méfiance, voire de perplexité. Mais sincèrement, je vous incite à rencontrer et discuter avec des personnes qui tentent de poursuivre ce qu’il a initié (que ce soit en agriculture, pédagogie, architecture, médecine, botanique, économie, arts, etc.)… Il y a bien sûr, comme partout, quelques illuminés plus ou moins bornés… mais je peux témoigner qu’il y a aussi (et surtout ?) une bonne proportion de gens qui inspirent davantage l’intelligence fine et la liberté que le contraire.

    Les agriculteurs « bio-dynamiques », par exemple, utilisent certes des espèces de remèdes de sorcier plus ou moins inquiétants (voire risibles), mais développent surtout un regard sur les choses que j’ai chaque fois trouvé passionnant et stimulant.

    Et je parierai volontiers – que le mouvement soit qualifié par une commission de députés de « secte » ou non – que le personnel de la NEF (que je n’ai pas eu l’occasion de cotoyer) est sceptible de m’inspirer davantage confiance qu’un traditionnel banquier.

    Michèle, tu ne veux vraiment pas aller plus loin dans ton témoignage ?

  22. Avant d’apporter ma pierre à l’édifice portant sur l’anthroposophie, j’ai pu constater encore récemment que dans le sillage des personnes éclairées ou éclairantes, qu’il s’agisse d’artistes, d’humanistes ou de simples, traînent toujours ceux qui attirés par la lumière tentent de faire prendre l’éclat qui en rejailli sur eux… pour la source. On veut faire partie de ce qui nous plaît, laissant même croire lâchement quon en est l’auteur… en oubliant d’en être un bon copiste.
    J’ai donc assisté avec grand plaisir à une conférence de Pierre Rabhi -sans doute le moment en 2006 qui m’a le plus marqué- et je remarquais la présence de quelques fâcheux… puissent-ils s’y être enrichis comme j’ai pu le faire !

    Sur l’anthroposophie : mon frère jumeau a fréquenté l’école Steiner, et il en dit encore aujourd’hui que sans elle il n’aurait pas existé. Nous avons partagé le début de notre scolarité sur les mêmes bancs d’une école rétrograde, autoritariste, devenue fossile et qu’aucun portable n’aurait pu filmer. La plupart d’entre nous avons été marqués par ce passage obligatoire, battus sévèrement, humiliés, et nous y allions avec le mal au ventre. Mon frère n’a pu me dire que plusieurs décennies après qu’il en avait pissé sur son banc, là, à côté de moi, sans que j’en sache rien… nous avions 6 ans.
    Aujourd’hui, il a oublié toute sa petite enfance, la majeure partie de sa moyenne enfance à part cette anecdote et de rares autres, il est né à nouveau dans l’école Steiner que mes parents ont pu lui offrir. Je me souviens des visites auprès d’enseignants passionnés, de la remarquable école maternelle toute faite d’arrondis et d’objets adaptés, du respect des enfants et de leur rythme, des sourires et de ces jeunes qui couraient à l’école au lieu de la fuir, qui y créaient autant qu’ils puisaient ; et qui ne voulaient pas en partir. La scolarité cessait à l’époque dans l’équivalent de la classe de première, les écoles Steiner n’étant pas habilitées à la préparation du sacro-saint baccalauréat. Ce souvenir relativise beaucoup mes positions politiques très en faveur de services publics vraiment services et vraiment publics, pour une école laïque, gratuite et la même pour tous, antilibérale, anti-impérialiste, plutôt anar… beaucoup d’entre nous y ont échoué dans cette école, y échouent encore, et y sont formatés, malmenés ou simplement, longuement… déçus.
    Steiner avait réussi à proposer une autre façon de concevoir l’éducation, et malgré quelques « posophes » -ainsi que les nommait mon frère- habillés de violet et de mauve qui se pensaient plus aboutis que la plèbe, malgré cette drôle de danse qu’est l’eurythmie, ou quelques arrières-goûts d’élitisme, cette école là a sauvé mon frère.
    La publique l’avait rendu malade (gravement et réellement et cela avait justifié une mauvaise orientation), il en a été jeté comme un déchet : le jour de ce dernier conseil de classe de ce lycée, les parents sortaient tous les yeux liquidés par les larmes, et ceux qui n’ont pas eu les moyens de donner une seconde chance à leur enfant se sont pliés à ce que lançait le protal de l’époque : la section supérieure à celle de vos enfants est une poubelle, et vos enfants sont ce que l’on va y mettre…
    Ceci est véridique tout comme la suite :
    Passé dans l’école privée, mon frère logeait dans une famille du nom de Tavernier. Jeanine, la femme de ce couple, a finalement fondé et dirigé l’ADFI, cette fameuse association quii se bat contre les sectes car son mari était tombé sous les dents des scientologues (paix à son âme, il en est finalement sorti, mais en est tout de même mort)… mais c’est une autre histoire !
    J’ai donc du mal a associer scientologues et anthroposophes, même s’il est sûrement de nocifs. Pour noyer votre chat accusez le d’être enragé, pour votre voisin, dites qu’il est pédophile, et pour l’association de dangereux agitateurs du coin : aucun doute, c’est une secte ! Allez donc faire vos courses avec les autres et soignez vous comme tout le monde !

    Curieux quand même que l’histoire de mon frère (qui est devenu docteur ès sciences et directeur d’une grande fondation) se trouve au carrefour de cette histoire de secte !
    Pour finir, il me semble que l’esprit sectaire est au coeur de chacun d’entre-nous, premier lieu du combat de la bête immonde, et que ce qui survivra (souhaitons pas la bête !) aura alors toute légitimité pour décaniller les autres foutues bestioles !
    Curieux encore que je sois devenu enseignant de l’école publique… dans un endroit où je sens encore la présence de la bête immonde, tapie là dans les tiroirs de ma hiérarchie, et sommeillant encore peut-être au fond de moi. Grrrr ! J’ai même vu qu’un des profs de cette école rétrograde un peu racontée plus haut, était désormais président d’une association pour enseignants munis des palmes académiques ! Grotesque !

    Pas très rigolo tout ça, mais impossible de le taire encore. Et que vive une école de l’émancipation non sectaire !

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