La sittelle torchepot

LES OISEAUX AU POSTE DE NOURRISSAGE HIVERNAL (2)
Après la mésange charbonnière, voici une autre habituée des mangeoires en hiver : la sittelle torchepot. L’une d’entre elles est venue tout à l’heure voler une noisette sur le rebord de la fenêtre. C’est la première de l’hiver. Il faut dire que, pour la première fois depuis trente ans, je n’ai presque pas d’oiseaux au poste de nourrissage. Sans doute que les conditions climatiques très douces, le faible nombre d’oiseaux nés en 2006 et le fait que la nature regorge encore de nourriture (2006 ayant été une bonne année de fructification) expliquent cette désaffection très inhabituelle.

La sittelle, habitante typique des grands arbres, est l’un des oiseaux les plus facilement réconnaissables : forme pointue, dessus gris ardoisé, dessous orangé et un beau masque de cambrioleur qui lui traverse l’oeil. Mais c’est souvent par son comportement qu’on l’identifie rapidement, l’oiseau ayant l’habitude de descendre les troncs d’arbres la tête en bas. C’est « l’oiseau acrobate » par excellence, elle n’hésite pas à inspecter le dessous des branches en se maintenant à l’aide de ses ongles munis de longues griffes.

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En hiver, du tournesol, des noisettes et des mélanges à base de graisse l’attireront facilement. Le bec de la sittelle est long et dur. La robustesse du bec lui permet de casser des graines ou des fruits coriaces, comme par exemple les noisettes dont cet oiseau raffole. Sa longueur lui permet, en faisant office de pinces, d’attraper des insectes, la sittelle se nourrissant de chenilles au moment de l’élevage des jeunes au printemps.

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Au poste de nourrissage, ne vous attendez pas à voir plus de deux sittelles. Cet oiseau reste très territorial en hiver et les mangeoires ne seront fréquentées que par un seul couple au maximum. Je me rappelle d’une petite anecdote qui s’est déroulée à la fin des années 70 : alors que j’étais immobile contre un arbre en train de photographier un pic épeichette à son nid, j’ai eu la surprise de sentir une petite chose heurter ma jambe. C’était la sittelle qui était venue se plaquer contre mon pantalon, prenant ma jambe pour le tronc d’un arbre. C’était je crois mon premier contact avec un oiseau sauvage. Plus tard, beaucoup plus tard, la sittelle est devenue familière de la main à Dupdup, ayant eu, l’hiver dernier, 2 028 fois l’occasion de se frotter à ma peau !

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Les nouveaux venus sur ce blog, qui souhaiteraient en savoir plus sur mes expériences un peu délirantes de l’hiver dernier et sur ces oiseaux qui sont venus plus de 23 000 fois sur ma main, pourront se référer aux 8 articles « Des oiseaux en veux-tu en voila « , écrits entre janvier et avril 2006, dans la rubrique Coups d’ailes ci-contre (articles du 23 janvier, 30 janvier, 8 février, 10 février, 21 février, 23 février, 19 mars et 23 avril).

27 réflexions au sujet de “La sittelle torchepot”

  1. Il semblerait qu’aujourd’hui les esprits se rencontrent !
    Au moment où je viens de mettre en ligne cet article, je m’aperçois que Nico (Nico, qui intervient régulièrement sur mon blog) met lui aussi des images de sittelles sur son blog. Et nous ne nous sommes par concertés ! ça me permet au moins de parler de son très beau blog qui est tout récent. N’hésitez donc pas à aller faire un tour sur le blog à Nico. Il y a un lien permanent à partir de mon blog (voir la colonne à droite de mon article).

  2. Merci Bernard pour cette publicité de mon blog, c’est sympa !

    Je l’ai commencé début Janvier 2007 et j’ai pour mission de le faire découvrir et connaitre…
    D’autant plus que pour tous les inconditionnels de « DUPDUP » et les oiseaux, sachez que bon nombre de mes photos ont été réalisées avec Bernard, chez Bernard, grâce à Bernard, etc… donc c’est aussi grâce à lui si mon blog voit le jour…après + d’1 an de photographies en tous genres !!
    Beaucoup d’autres sont à venir, régulièrement, tous les 2 ou 3 jours en moyenne.
    Vous pourrez ainsi découvrir mes photos d’oiseaux à Bussières, Geneuille, ou ailleurs !! …
    Merci par avance pour vos potentielles visites et commentaires ! ;)

  3. Pour la sitelle torchepot, c’est vrai que c’est un oiseau extraordinaire !!
    Je l’affectionne beaucoup, c’est en plus un oiseau plutôt joli…

  4. N’en rajoute pas trop Nico ! Car lorsque je serai vieux, que j’aurai du mal à crapahuter dans les bois, et que tu m’indiqueras des nids de sittelles, je serai obligé d’écrire « avec Nico, chez Nico, grâce à Nico » !

  5. Torchepot ? « Sitelle » est vraiment ton nom, j’comprends que tu portes un masque !!!

  6. Au moment de la nidification, la sittelle a l’habitude de faire un mélange de boue, terreau et salive, une sorte de « torchis » en quelque sorte, et d’utiliser ce mélange pour rétrécir l’entrée de la cavité où elle niche (afin que les prédateurs ne puissent y rentrer). D’où le nom de « torchepot » !
    Quand à l’origine du nom « sittelle », je ne le connais pas.

  7. Elles viennent depuis peu à la mangeoire que j’alimente là où je travaille, et comme le dit dupdup, pas plus de deux.

    Je suis toujours épaté de voir aussi à quel point la sittelle sait trouver sa place à la mangeoire, même quand les verdiers y campent, que les écureuils s’y prélassent et malgré la présence de la mésange bleue qui… elle aussi sait faire sa place.
    Elle fait souvent déguerpir les plus costauds dès son arrivée, sauf quans les accès à la mangeoire sont multiples. C’est ainsi qu’une fuite à l’arrière de ma « mangeoire-silo » permet aux pics de venir tranquillement, profitant du poteau sur laquelle elle est arrimée, alors que verdiers, sittelles et mésanges se succèdent auprès de l’entrée principale… bien d’autres restent au sol : les moins territoriaux que sont les fringilles en général.

    Depuis une semaine, alors que le nourrissage était plutôt monotone, les sittelles donc, mais aussi le grosbec et même le pic mar deviennent réguliers : la fructification abondante de l’automne serait-elle mise à mal ? Quelques oiseaux poussés par le froid seraient-ils les précurseurs affamés de cet hiver si tardif ?

    Mais pas d’accenteur cet hiver sauf un passage éclair en novembre, et encore moins des rares mésanges huppée et noire, vue l’an derrnier… mais au coeur d’un hiver bien plus rude.

    Même le renard passait !

  8. SITTELLE :
    Le nom viet du grec sitte, sorte de pie ou de pic vert (Aristote). Le terme pic vert est préférable, les sittelles ayant beaucoup d’affinités comportementales avec les pics, mais peu avec les pies. Le terme sittelle a été employé pour la première fois par Buffon (1778)

    Sitta europaea Sittelle torchepot
    Du latin Europa = europe. Son domaine est en effet l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural et de la Suède à la sicile.
    Torchepot, puisqu’elle sait maçonner l’entrée de la cavité d’arbre ou de mur où elle fait son nid, en fabricant une espèce de torchis avec sa salive et des boulettes de boue ou d’argile. Et pot parce que les nichoirs étaient des « pots à oiseaux » en terre cuite. Elle est le maçon en allemand, le maçon des arbres en néerlandais, le pic maçon en italien, le grimpeur bleu en espagnol et l’éclateur de noix en anglais.

    Extrait de l’Etymologie des noms d’oiseaux de Pierre Cabard et Bertrand Chauvet.

    C’est peut-être une sittelle anglaise que tu as vue.
    Sinon, j’avoue ne pas avoir bien compris la phrase : parce que les nichoirs étaient des « pots à oiseaux » en terre cuite.

  9. Est-on si sûr que c’est « POUR EMPECHER LES PREDATEURS D’ENTRER » qu’elle restreint l’ouverture de son nid ? Et si c’était parce qu’elle ne supporte pas la lumière lorsqu’elle couve, ou un truc du genre ???
    Qui peut savoir ?

  10. Non non, je ne recommencerai pas l’expérience de l’an passé de sitôt. Je suis allé jusqu’au bout de ma démarche, je ne la répéterai pas. Elle m’a passionné. C’était l’une des plus belles expériences de ma vie. La répéter une deuxième fois n’aurait pas de sens. Il y a des tas d’autres projets qui m’attendent !

  11. Par exemple : tendre la main devant le frigo (ou le patron du bistrot) en attendant qu’y viennent des bières ?

  12. Deux fois… n’aurait pas de sens ?
    Parce que tu crois que venir 2 028 fois ça en avait ???

  13. Oui, ça avait du sens, j’attendais juste qu’une jolie fille ou une fée vienne se poser. Mais ne sont venus que verdiers, tardins, gros-becs, mésanges, écureuils, pics… Quand au bout de 23 125 fois, j’ai perdu tout espoir, j’ai simplement arrêté et, pour ne pas me ridiculiser, j’ai fait passer ça pour une expérience scientifique. Voilà la véritable histoire !

  14. Une jolie fille qui ne soit pas une bécasse, une pie bavarde, un casse-noix, une grue, un guêpier ou une tête de linotte… j’comprends que tu aies abandonné tout espoir !!!
    ;-)

  15. En fait, j’aurais plutôt dû essayer avec les libellules. J’aurais pu ainsi attirer une « demoiselle », une « petite nymphe », une « naïade » ou une « jouvencelle ».

  16. Et vous auriez fait l’amour comme les libellules, avec les deux corps qui forment un coeur ?

  17. Hou, là là. 52 ans déjà et je commence d’avoir des rhumatismes ! La colonne vertébrale n’est plus aussi souple !

  18. Pour attirer les libellules, faudrait mettre quoi dans les mains ?
    Ca mange quoi ces bêtes-là, des mouches ?

  19. Comme les libellules se nourrissent d’insectes qu’elles attrapent au vol, on ne pourrait pas les attirer dans sa main en y mettant des mouches. Je ne vois donc pas la manière de les y attirer.

  20. Tiens tiens, à propos de nourrissage hivernal des oiseaux, mon ami Daniel m’invite a venir photographier chez lui la mésange à longue-queue. Une douzaine d’entre elles viennent à ses mangeoires, ce qui me semble exceptionnel. Je ne l’ai jamais vue une seule fois à mes mangeoires .. en trente ans de pratique !
    Je pense que je pourrai faire un article sur ce sujet d’ici une dizaine de jours, le temps que je les diapos (que je ferai vendredi) soient développées. Enfin, j’espère !

  21. Iznogood nous a parlé du comportement de la sittelle qui a tendance à virer tout le monde de la mangeoire. C’est vrai que le nourrissage hivernal des oiseaux est aussi l’occasion d’observer finement le comportement de chacune des espèces. Rien n’est laissé au hasard. Chque espèce a un comportement qui lui est propre. Il y a une espèce de rituel avec ses règles bien précises qui s’installe. Ce rituel est immuable d’année en année.

  22. Bravo pour cet article! Les photos sont magnifiques. Je ne vous cacherai pas – mon pseudo sur le net en témoigne – que la sittelle est mon oiseau fétiche, et que je ne me lasse pas de l’observer dans mon jardin, même si elle m’exaspère avec sa manie de vider la moitié des graines de tournesol de la mangeoire avant de se choisir la plus belle ;-)
    Bonne continuation!

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