Une bonne radio de jazz

J’adore travailler en musique. Quand je suis à mon boulot, il y a toujours une musique qui tourne sur mon ordinateur. Discrètement évidemment, pour ne pas gêner le bureau d’à côté. Au travail, j’écoute presque toujours du jazz, parfois du blues. J’aime travailler dans cette ambiance et j’ai l’impression d’être plus efficace. Mais, petit problème, je commence à connaître les 60 disques de la série « Triomphes du jazz » et « Triomphes du blues » presque « par coeur » (« Parker » aurait dit Charlie).

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Alors, j’ai cherché sur le net une radio où il n’y aurait que du jazz et pas de commentaires. Je suis tombé assez vite sur une très bonne radio. Elle s’appelle radio-jazz-international et a été fondée par un amateur éclairé de jazz (Philippe Zumbrunn) qui, depuis 60 ans, a accumulé plus de 50 00 disques et documents sonores. Quand je suis au boulot devant mon ordinateur, je suis maintenant connecté en permanence à cette radio. On y passe du jazz récent, du vieux jazz, du jazz péléolithique des années 30, du jazz métissé, un peu de blues, j’aime beaucoup.

Lorsqu’on est sur la page d’accueil, il faut aller cliquer sur radio live. Ensuite, il suffit de ne pas quitter votre navigateur et la radio continue même si vous allez sur d’autres pages internet ou si vous allez bosser sur votre ordi. C’est le principe même de toutes les radios (attention quand vous avez la radio en ligne, il faut fermer la page d’accueil, sinon on a une superposition de deux musiques, celle de la page d’accueil et celle de la radio, ce n’est évidemment pas agréable).

Voilà, c’était juste pour vous signaler l’existence de cette radio sur laquelle vous pouvez essayer d’aller faire un tour :
http://www.radiojazz.ch/

Et vous, vous connaissez des radios de ce type, en jazz, en blues, en rock, en classique, en chanson française … ?

37 réflexions au sujet de “Une bonne radio de jazz”

  1. Rien en échange et j’en suis désolé, mais j’ai testé, c’est vraiment sympa.
    J’adore la musique, tous genres, et aussi le silence.
    Cette adresse a rejoint la liste de mes favoris (pour le genre Bill Gates) ou celle de mes signets (pour le genre Steve Job).
    Le résultat est le même : bon jazz, pas de pub, et pas de propos pénibles.
    Et pour paraphraser une émission sympa ainsi que te pardonner le temps que je passe en plus du reste sur la toile en sondant les diverses humeurs du blog : merci Bernard !

  2. En son temps, il y avait FIP (je ne sais pas si elle existe encore, cette radio). Je ne l’ai pas beaucoup écoutée, mais les rares fois sont restées de bons souvenirs. Quelqu’un a-t-il aussi connu ?

    Pour ce qui est des radios actuelles, je n’ai pas la chance d’exercer un métier qui permette de travailler en musique (quoique… il faudrait peut-être que j’essaye un coup)

  3. Dans le monde européen jusqu’en 1914, (…) pour écouter de la musique écrite, il fallait attendre le dimanche, lors de la grand messe, lorsque les vents des orgues se mettaient à souffler les accords jusqu’à les faire rebondir le long de la nef. Le dos de l’auditeur frémissait tout à coup. Ce qui était rareté est devenu bien plus qu’une fréquence. Ce qui était le plus extraordinaire est devenu un siège qui assaille sans finir la ville comme la campagne. Les hommes sont devenus les assaillis de la musique, les assiégés de la musique.

    ***

    Au cours du XXe siècle, une logique historiale, fasciste, industrielle, électrique – quelle que soit l’épithèse qu’on veuille retenir – s’est emparée des sons menaçants. La musique, par la multiplication non de son usage (son usage au contraire s’est raréfié) mais de sa reproduction comme de son audience, a désormais franchi la frontière qui l’opposait au bruit. En ville, la diffusion des mélodies a engendré des réactions de phobies, dégénérant de façon héroïque sous forme de meurtres à la carabine. A la campagne, la rareté des agressions permet parfois de recomposer peu à peu la musique comme un non-bruit. C’est à la campagne qu’il m’arrive de rejouer avec plaisir, quelques instants, de cette chose ancienne, exceptionnelle, convocatrice, dépossédante, fascinante qui avait nom la « musique ».

    ***

    La musique depuis la Seconde Guerre mondiale est devenue un son non désiré, une noise, pour reprendre un ancien mot de notre langue.

    ***

    Même les réservoirs de silence que constituaient les lieux de prière dans le monde occidental, particulièrement les églises et les cathédrales de rite catholique, ont été dotés de bandes sonores qui cherchent à accueillir le visiteur et à lui éviter l’angoisse du silence ainsi que, ce qui est plus paradoxal, pour arracher à l’éventualité de la prière.

    ***

    Quand la musique était rare, sa convocation était bouleversante comme sa séduction vertigineuse. Quand la convocation est incessante, la musique devient repoussante et c’est le silence qui devient solennel. Le silence est devenu le vertige moderne.

    ***

    La musique multipliée à l’infini comme la peinture reproduite dans les livres, les magazines, les cartes postales, les films, les CD-ROM, se sont arrachées à leur unicité. Ayant été arrachées à leur unicité, elles ont été arrachées à leur réalité. Ce faisant, elle se sont dépouillées de leur vérité. Leur multiplication les a ôtées à leur apparition. Les ôtant à leur apparition, elles les a ôtées à la fascination orignaire, à la beauté.

    ***

    Le roi Louis XIV n’écoutait qu’une seule fois les oeuvres que Couperin ou que Charpentier proposaient à son attention dans sa chapelle ou dans sa chambre. Le lendemain, d’autres oeuvres étaient prêtes à sonner pour la première et la dernière fois. Comme ce roi appréciait la musique écrite, il lui arrivait de demander à entendre deux fois une oeuvre qu’il avait particulièrement appréciée. La cour s’étonnait de sa demande et la commentait. Les mémorialistes en portaient mention dans leurs livres comme d’une singularité.

    ***

    La haute-fidélité est devenue la fin de la musique savante écrite. On écoute la fidélité maternelle de la reproduction, et non plus la sonnerie stupéfiante du monde de la mort. Une simulation excessive du réel a supplanté le son réel qui se développe et s’engloutit dans l’air réel. Les conditions du concert et du direct choquent de plus en plus l’auditeur dont l’érudition est devenue aussi technologique que maniaque. C’est l’audition de l’acoustique. C’est l’audition de ce qu’on maîtrise, dont on peut augmenter ou diminuer le volume, qu’on peut interrompre, ou dont on peut au doigt et à l’oeil déclencher la toute-puissance. A l’opposé des usages de notre temps, François Couperin disait employer faute de mieux le clavecin. Il affirmait qu’il entendait la musique en l’écrivant au-delà de ce que l’instrument pouvait sonner dans l’espace. Il jugeait que tout instrument était par essence inapte, plus encore qu’incomplet.

    ***

    Le déjà-chanté enchante le vieillard. Les vieillards ne sont que du déjà-chanté. Ce ne sont plus des hommes mais des refrains. Jamais un siècle n’a à ce point radoté la musique qui la précède que ce siècle.

    ***

    Pour la première fois, depuis le commencement du temps historique, c’est-à-dire narratif, des hommes fuient la musique. »

    Etc…

    (Pascal Quignard, La haine de la musique, Calmann-Lévy, 1996)

  4. Il y a aussi Radio TSF-jazz (je ne sais plus si c’est son nom exact), mais pour les pubs, ça dépend des heures, tu peux aller voir ; moi, j’aime bien.

  5. Savez-vous que la première « radio jazz » fut inventée par les anciens Grecs qui suspendaient dans leurs maisons des cages dans lesquelles ils enfermaient des cigales (que Platon appelait d’ailleurs « les Musiciennes ») ?

    Mais d’où vient ce besoin lointain de fond sonore musical ?
    Et si c’était davantage pour obtenir le silence que pour le couvrir ?

  6. Il est possible qu’écouter de la musique consiste moins à détourner l’esprit de la souffrance sonore qu’à s’efforcer de refonder l’alerte animale. La caractéristique de l’harmonie est de ressusciter la curiosité sonore défunte dès que le langage articulé et sémantique s’étend en nous.

    ***

    Dans les instant les plus rares, on pourrait définir la musique : quelque chose de moins sonore que le sonore. Quelque chose qui lie le bruyant (Pour le dire autrement : un bout de sonore ligoté, un morceau de sonore sémantique dépourvu de sens).

    ***

    Des « sons servant à retrancher » définissent la musique. Les sons de la musique retranchent de l alangue humaine de la même façon qu’ils séparent du sonore naturel.

    ***

    La musique n’est pas un chant spécifique de l’espèce Homo. Le chant spécifique des sociétés humaines est leur langue. La musique est une imitation des langages enseignés par les proies lors de la reproduction du chant des proies à l’heure de leur reproduction.

    ***

    Les hommes remontent des enfers et errent sur la mer sonore. Tous les vivants sont menacés d’être engloutis dans la mer sonore. La musique les attire. La musique est l’appeau qui attire dans la mort. Qui attire les voix dans le ressemblance qui les perd.

    ***

    La proie que poursuivent les interprètes, c’est le silence de leur public. Les interprètes cherchent l’intensité de ce silence. Ils cherchent à plonger ceux qui leur portent toute leur attention dans un état d’extrême audition vide, préalable au se-faire-entendre. Trouer le fond sonore préalable pour faire place à l’enfer du silence spécifique, du silence humain. C’est le mot de Clara Haskil après qu’elle eut interprété la Sonate en Mi mineur de Mozart au théâtre des Champs-Elysées. Elle confia à Gérard Bauer : « Je n’ai jamais rencontré un tel silence. Je ne sais pas si je le retrouverai jamais. »

    Etc

    (Pascal Quignard, La haine de la musique, Calmann-Lévy, 1996)

  7. Le silence que ce « besoin de fond sonore musical » cherche à couvrir n’en est pas vraiment un.
    Les astrophysiciens nous ont en effet révélé que l’univers entier avait un « bruit de fond », l’écho lointain d’une explosion (le « Big Bang ») supposée être à son origine.
    Rien de plus « assourdissant » que ce silence !

  8. Le texte de Quignard est assez caricatural. L’abondance de musique ne fait pas de la musique un repoussoir, sauf peut-être pour certaines personnes qui n’éprouvent aucune émotion face à la musique, ce qui est peut-être le cas de Quignard.
    Quignard dit que « Quand la musique était rare, sa convocation était bouleversante ». On peut aussi écouter beaucoup de musique et y trouver autant d’émotion que si elle était rare.

  9. La musique n’empêche pas le silence. Le silence est nécessaire, voire même vital à mon avis. L’important est que chacun se préserve ces espaces et ces temps de silence. La musique ne recouvre pas tout. On peut en écouter beaucoup mais continuer par ailleurs de rechercher ces moments de silence. Ce n’est pas contradictoire.
    Et puis, chacun vit ou tente de vivre à son propre rythme. Il y a des périodes de la vie plus propices à l’action et au bruit et d’autres ou la réflexion et le silence sont recherchés. Quignard généralise beaucoup trop, son propos n’est pas assez nuancé. Et puis, venant de quelqu’un qui a peut-être une aversion pour la musique, j’ai tendance à me méfier beaucoup …

  10. C’est Jacques A. Bertrand (ancien rédacteur en chef de Télérama devenu écrivain culte aux ouvrages bizarres).

    C’est extrait de Le sage a dit (Julliard, 1997) dans lequel on peut aussi trouver (en vrac et au hasard parmi les plus courtes) :

    « La sagesse n’est pas la femme du sage. »

    « L’homme descend du songe. »

    « La philosophie est l’hopital de la poésie. »

    « L’ironie consiste à deshabiller les autres, l’humour à se déshabiller soi-même de façon que les autres se sentent nus aussi. »

    « Si j’étais sérieux, je ne cesserais pas de plaisanter. Mais j’y trouverais moins de plaisir… »

    « Si vous êtes l’homme d’un seul principe, choisissez celui de ne pas en avoir… »

    « La jalousie est un enfer. Elle est à elle-même sa propre punition. »

    « Je m’efforce d’avoir l’humilité de mon orgueil, sans méconnaître la vanité de ma modestie. »

    « Toute chose humaine a son contraire. Sauf le sourire. C’est que le sourire contient toutes choses. »

    « La nature a horreur du gazon anglais. »

    Etc…

  11. Il ne faut pas se méprendre sur les propos de Quignard (notamment sur le titre du l’ouvrage cité) : je ne connais en effet pas d’écrivain plus « musicien » que lui.

    Il joue du violoncelle, de l’orgue, du piano, de l’harmonium, du violon, de l’alto. Adolescent, il suivait des cours d’harmonie et composait beaucoup. Il fait partie de ceux qui ont fait connaître (et aimer) la musique baroque avant qu’elle en soit « à la mode ». Il est entre autre l’auteur du magnifique Tous les matins du monde (qui a sorti de l’ombre le compositeur de viole de gambe Sainte-Colombe) et peut-être des pages les plus profondes que j’ai pu lire sur la musique (dans Vie secrète, La leçon de musique, La haine de la musique… ses Petits Traités). Il a raconté à Alain Veinstein, sur France-Culture, comment chacun de ses romans était étayé par une petite ritournelle musicale, autour de laquelle il avait improvisé durant des heures du temps où il les écrivait. Etc…

    Aucun doute, selon moi, sur sa capacité d’émotion musicale. Ni sur son art de la nuance en la matière.

    Ce qu’il gratte, attaque, fait grincer, ce n’est jamais la musique en tant que telle (qu’il vénère plus que les mots dont il fait profession) mais toujours d’une certaine façon, la modernité, ou du moins le vernis qui empêche l’archaïque, le préhistorique en nous (le « sans-mots »), de ressentir les choses dans toute leur intensité sauvage.

    On n’est certes pas obligé de le suivre dans tout ce qu’il explore (pas obligé… ou pas capable) mais on ne peut pas, il me semble, lui faire ce procès là.

  12. « Voir jouer du jazz fut une illumination. Il avait déjà entendu cette musique mais le découvrir improvisée, quotidienne, vivante, fut une expérience si extraordinaire qu’elle lui parut incommunicable. Du moins ne parvint-il pas à l’exprimer. C’était l’exact contraire de la contention et de la prétention des concerts de musique classique qu’il avait pu entendre à Orléans. Il n’avait jamais imaginé que la musique pût être cela : une tristesse devenue corps ; un lien immédiat associant sur-le-champ ceux qui jouaient à ceux qui écoutaient comme s’ils formaient un seul corps ; une façon de respirer et de mouvoir tous ses membres ; une possibilité de prendre au mot le hasard d’un instant et de le ressentir de la tête au pieds ; une façon de vivre plus intense. Tous ceux qui écoutaient s’accordaient au même rythme immédiatement. Tous se perdaient dans l’autre. C’était une solidarité aussi subite que bouleversante. C’était un véritable lien social, sans discours, sans intérêt, comme une tribu des premiers âges. Chacun croyait retrouver un chant qui remontait de l’aube. (…) Rideslky plaquait son accord, l’accord le plus violent, le plus discordant : tout ce qui dissociait tombait. Tout ce qui faisait refluer chacun dans la solitude et dans l’angoisse jusqu’au fond de son âme, jusqu’aux remparts de sa peau et de l’apparence, s’évanouissait. L’écoutait-on, on avait aussitôt envie de se lever. »

    (Pascal Quignard; L’occupation américaine, POL, 1993)

  13. La musique suscite à son terme pour le véritable musicien un silence solide et précis qui est à la limite de l’envie de pleurer. Je pense que c’est un silence qui écrase l’interprète exactement comme l’eau pèse sur le plongeur dans l’océan. Ouvrir finalement les yeux, lorsqu’on joue par coeur, c’est comme respirer. Comme un phoque qui pointe le museau hors de son hallu.

    ***

    La musique émeut au-delà de soi et gagne à ses rythmes le coeur et la respiration et la séparation première, et l’angoisse princeps qui l’accompagnait, et l’attente qui en naît tout au long de la vie.

    ***

    Il m’arrive de penser, du moins pour la plupart des pièces européennes qui ont été composées de la Renaissance à la Seconde Guerre mondiale, qu’on les a tellement entendues qu’on a peine à les entendre, et qu’elles ne devraient être interprétées en salle de concert qu’à la muette. Cela ferait de singulières messes. Toute la salle, dans le théâtre ou dans l’opéra, serait silencieuse. Chacun les yeux fermés évoquerait au fond de lui le souvenir du rabâché. Même les applaudissements pourraient être éliminés comme un gâtisme correspondant. Ou comme une insulte à la convocation rare, unique, semelfactive de la musique.

    ***

    On ne devrait pas jouer ce qu’on n’a pas désiré violemment écrire. De nombreux virtuoses de nos jours devraient faire leur cette indication. Car ce n’était pas la lettre de la partition, ni même l’esprit de l’oeuvre, qui doivent être joués : c’est la force qui a possédé le compositeur qui doit être exhumée. Exhumer, ce n’est pas redire. Exhumer, c’est détruire. L’art détruit toujours. Le préhistorien, quand il déterre le puits, la tombe, disloque irrémédiablement ce qu’il produit au jour.

    ***
    On lit la partition puis ça résonne à l’intérieur du corps comeme les images nocturnes se projettent dans les rêves à l’arrière des yeux dont les paupières sont depuis longtemps fermées. Dans la musique, il n’y a ni moi, ni corps, ni instrument. Ni même l’auteur. Ce n’est pas Purcell en personne dans les rues de Londres. Ce n’est surtout pas Bach lui-même qui revient dans les lettres de son nom qu’il a cru disposer.

    ***

    La musique est sans doute l’art le plus ancien. L’art qui précède tous les arts. L’art qui joue des rythmes décalés du coeur qui bat et ensanglante la chair et des poumons qui inspirent et expirent l’air sur lequel la bouche peut prélever un e petite part pour parler. Puis qui les associe à ceux des jambes qui martèlent, des mains qui frappent.

    ***

    Il y a de nombreux virtuoses qui ne font que reproduire ce qui est attendu d’eux. Ce sont ceux que le public préfère à juste titre, puisqu’en les approchant ceux qui les recherchent reçoivent ce qu’ils attendent. Ce sont les spectacles les plus fastidieux et les plus inutiles.

    Etc…

    (Pascal Quignard, Vie secrète, Gallimard, 1997)

  14. (Monk)
    Une fausse note (deux touches enfoncées au lieu d’une, par exemple), il la récupère aussitôt dans l’accord suivant. Une hésitation trop longue entre deux basses, il la transforme en swing. Un passage du pouce trop voyant dans le déroulé d’un arpège, il le marque pour en faire un accent. La musique de Monk est toujours bancale, prête à tomber ; mais elle est aussi d’une parfaite solidité. La musique de Monk est pleine de musique.

    ***

    Le jour que Graham Johnson, qui a bousillé des lieder de Schubert par centaines et des chanteuses magnifiques par douzaines, le jour que Graham Johnson, pianiste exsangue et flaccide, le jour que cette limace, qui de sa vie n’a attaqué une note, mais ce qui s’appelle « attaquer », le jour qu’il écoutera trente secondes de Thelonious Monk, il changera de métier. Ou bien se pendra.

    (Jacques Drillon, De la musique, Gallimard, 1998)

  15. « J’aimerais tourner autour de ce poème à la façon de Thelonious Monk, construisant un jour de 1964 tout son solo grâce à et malgré une note dont la corde venait de casser. Le pianiste ne joua plus qu’avec ce vide, comme s’il n’y avait plus que ce manque-là qui l’intéressait dans la musique, prêt à échanger tout ce qu’il savait contre ce qu’il venait de découvrir.

    ***

    Coltrane n’a jamais mieux joué qu’avec Monk parce qu’avec Monk on ne rigole pas : on joue du Monk ou on s’en va. »

    (Marc-Edouard Nabe, Morceaux choisis, Editions Léo Scheer, 2006)

  16. Merci Mag,
    Je suis grand fan de Monk et n’avais pourtant jamais eu l’idée de chercher une vidéo le montrant en train de jouer. Y a pas à dire, il est vraiment « à part », vous ne trouvez pas ? Sa gestuelle est vraiment singulière, comme s’il jouait sur un autre instrument que les pianistes « traditionnels ».

  17. Mag vous a donné le lien vers une « petite » vidéo, mais elle n’a pas précisé qu’il y a la suite du film après, soit 10 vidéos en tout pour 1h29…

    … c’était juste au cas où vous ne l’auriez pas remarqué.

  18. Je ne sais pas qui est ce Graham Johnson dont parle Drillon, mais si je lisais un tel texte sur moi, effectivement j’arrêterais la musique ou j’irais me pendre.

  19. Effectivement, comme le dit Vincent, la gestuelle de Monk est singulière. Même lorsqu’il marche. A voir la vidéo suivante, la manière d’approcher le piano (au bout d’une minute sur la vidéo) est assez étonnante :
    http://www.youtube.com/watch?v=XwfcV3CDDj0
    Je trouve que cette vidéo est plutôt de bonne qualité d’image, ce qui est surprenant pour cette époque.

  20. Petit rappel : quand vous voulez mettre plus d’un lien sur votre commentaire (comme vient de le faire Mathieu), le serveur me demande par mail si j’accepte de publier votre commentaire. Il s’agit là d’une protection car lorsqu’il y a de nombreux liens, il s’agit souvent de spams. Pour le mail de Mathieu, j’ai relevé ma boite aux lettres rapidement, ça n’a donc pas posé de problème. Mais si je m’absente, il peut se passer de longues heures avant que je ne valide votre commentaire. Il suffit juste de le savoir.

  21. Merci pour tous ces liens. Il me faudra faire un jour un article sur Mingus, ça fait longtemps que j’ai envie de parler de son disque « Pithecantropus erectus » qui date de 1956, c’est l’un des disques majeurs de l’histoire du jazz, je l’ai découvert en 1974, il me suit depuis cette année-là.

  22. Je ne sais pas à quoi il marchait Monk, mais sur ces vidéos il donne vraiment l’impression de ne pas être « tout là ».

  23. « Le jeu de Monk se caractérise par de nombreuses notes dissonantes très bien placées. A l’origine c’est a cause de ses doigts potelés et de ses nombreuses bagues que plusieurs touches sont appuyées a la fois. Puis, avec le temps cette technique de jeu devient intentionnelle et systématique, et Thelonious Monk ne se voit plus jouer autrement. »

  24. « J’ai vu beaucoup de jazzmen dans ma vie : leur ange gardien se défonce avec eux ! »

    (Marc-Edouard Nabe, Au régal des vermines, B.Barrault, 1985)

  25. « Dans le jazz, curieusement, le suicide est rarissime… La drogue remplace tout. »

    (Marc-Edouard Nabe Nabe’s Dream, journal intime tome 1, Rocher, 1991)

  26. Bonjour,
    Je voulais simplement vous écrire un petit mot pour vous dire que votre blog m’a intéressée, je suis tombée par hazard dessus. Je cherchais des informations sur le rapport entre la musique et les plantes et les minéraux, je prépare un spectacle sur le sujet, destiné aux enfants. Et fortuitement je suis tombée sur votre blog. j’ai parcouru quelques articles mais pas tout car je n’ai pas beaucoup de temps mais j’adhère à tout ce que vous évoquez y compris votre maladie aigue, que j’ai contractée lors des dernièes élections présidentielles. Et pour moi aussi, le jardin, les oiseaux et la nature sont des amis bien précieux.
    voilà juste un billet pour vous dire que vous n’êtes pas seul, nous somme même nombreux comme cela, le problème est de ne pas se laisser lier les mains et la langue, et ça sera difficile n’enn doutons pas.
    bonne journée à vous et bien le bonjour aux petits habitants du jardin.
    SG

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