Semblant de démocratie

Je me demande parfois si la démocratie représentative, qui donne à une minorité le pouvoir de prendre des décisions pour tous, n’est pas un leurre dans notre société actuelle. Nos dirigeants et nos candidats nous laissent nous exprimer. On a d’ailleurs de plus en plus l’occasion de participer. Alors, on a va donner naïvement notre avis lors d’une enquête publique – avis dont personne ne tiendra compte – ou on va surfer sur le web et participer bêtement à un « débat participatif »…

Nos élus et ceux qui prétendent l’être prochainement laissent s’exprimer le bon peuple – ça ne mange pas de pain – mais, au dernier moment, qu’il s’agisse d’une enquête, d’un débat participatif ou de n’importe quelle sollicitation de l’opinion publique, on nous sortira une synthèse « de derrière les fagots » qu’on avait préparée avant que ce brave peuple n’ouvre la bouche !

Ce qui m’effraie le plus dans cette manière de fonctionner, c’est qu’en pratiquant ainsi des semblants de démocratie, nos élus et nos candidats contribuent à dérouler un tapis rouge au vote extrêmiste. Ce sentiment partagé dans la population de ne plus « compter que pour du beurre » n’est-il pas là, malheureusement, l’une des premières raisons à ce vote ?

28 réflexions au sujet de “Semblant de démocratie”

  1. Moi, peut-être naïvement, j’y crois beaucoup à la participation (qui n’est ni une démocratie directe, ni une simple consultation), je m’y engage (notamment à l’école, dans les conseils de quartier, etc.) et milite dès que je peux.

    Toutefois, je ne me fais pas d’illusion. J’ai bien conscience que c’est un immense chantier qui prendra des années et des années.

    J’aime à dire qu’il est par principe plus difficile de passer de la démocratie représentative à la démocratie participative que de la monarchie à la démocratie représentative car il y a finalement plus de différences entre les deux premières qu’entre les deux dernières.

  2. Le Monde a publié aujourd’hui un article disant qu’il n’y aurait pas de referendum sous Sarkozy, contrairement à ce qui se passerait sous Royal ou sous Bayrou. Une des réactions d’un lecteur à cet article est la suivante :
    « Nicolas Sarkozy a raison: les élus ont pour fonction de prendre des décisions et de les faire exécuter en tant que représentants du corps d’électeurs. Le référendum n’est rien d’autre qu’un concours de popularité et de démagogie dont le débat est absent. Quand tous ont la parole en même temps, c’est celui qui gueule le plus fort qu’on entend et cela, ce n’est pas la démocratie. »
    Avec cet article, on est en plein dans le débat sur la démocratie représentative, non ?

  3. De même que l’aspartam est un édulcorant qui n’est pas du vrai sucre, la démocratie participative est, pour l’heure, un leurre (un peu facile le jeu de mots). Je sais bien qu’il faut un début à toute chose mais, si un seul petit pays adopte ce type de fonctionnement face aux rouleaux compresseurs hégémoniques, le combat est perdu d’avance.
    Ce n’est pas du défaitisme, c’est du pragmatisme.
    Autrement dit : l’intention est louable (et n’a aucune prise sur une grande partie de l’électorat), mais sa mise en pratique qui demande un long apprentissage (pour lequel nous, Français, sommes impréparés et méfiants) est vouée à l’échec.
    Et, comme le dit Bernard, il y a toujours une « synthèse de derrière les fagots » qui nous laisse croire que nos idées, nos suggestions et nos doléances ont été prises en compte…
    J’ai à ce sujet des souvenirs personnels assez cuisants… et qui concernent la mouvance dont j’aimerais qu’elle s’élève au-dessus de la mêlée et projette son regard vers le moyen et le long termes.
    Tout le monde comprendra ce à quoi je fais allusion !!!
    ET LONGUE VIE A TON BLOG, BERNARD !!!

  4. Addendum :
    Est-ce qu’on pourrait dire deux mots des paroles irresponsables et à connotation eugéniques du candidat SARKOZY qui prétend que la pédophilie est inscrite dans le génome ?
    Je croyais oubliées les thèses d’Alexis Carrel et autres partisans de l’eugénisme qui ont conduit aux exterminations que l’on sait !
    Ce candidat ne peut décemment pas exercer les plus hautes fonctions à la tête de l’Etat français.
    Il me semble que Le Pen avait tenu de tels propos concernant l’homosexualité… non ?
    Vraiment, la copie est pire que le modèle !!!

  5. Je me demande si je ne remets pas en question le principe même de la démocratie.

    Pour un pays de 60 millions d’habitants, je ne vois pas comment elle est applicable.
    En cette période de campagne électorale, les artifices utilisés pour nous faire croire que nous sommes encore dans un système démocratique deviennent vraiment grossiers.

    Je n’arrive pas à imaginer, non plus, une réelle démocratie participative. Tant que le pouvoir sera aussi centralisé, en tout cas. Les dimensions de nos sociétés sont devenues telles que nous n’avons même plus les moyens de juger (en temps que citoyen) quelles doivent être les actions à mener. Les problèmes sont devenus si complexes que nous ne pouvons plus les appréhender dans leur globalité. La globalisation accentue encore cette complexité.

    Le pouvoir politique s’est restreint au profit du pouvoir économique, sur lequel nous n’avons, pour le coup aucune prise. C’est la toute puissance de la société marchande. Mondiale. Nous ne savons même plus situer le pouvoir.

    Le contre-pouvoir est devenu inexistant.
    Sauf à de toutes petites échelles.

    Je reconnais que je ne suis pas très constructive… mais je ne demanderais que ça !
    Une chose me paraît sûre, il faut redistribuer le pouvoir à des structures beaucoup plus petites. Nous ne sommes plus à une échelle humaine, il devient de plus en plus difficile de trouver sa place et, par là, son rôle et ses responsabilités.

  6. Pour revenir, comme le propose Roland, sur la fameuse « petite phrase » de Sarkozy, je me permets de la replacer dans son contexte (le débat avec Michel Ofray dans Philosopie magazine) :

    M ONFRAY : (…) Dans les banlieues par exemple, la pauvreté et l’ostracisme font parfois ressortir le pire chez les individus… Pour autant, vous ne semblez pas tenir compte des circonstances explicatives atténuantes. Vous ne raccrochez pas les wagons entre les situations criminogènes et les criminels, entre les situations sociales pathogènes et les comportements délinquants.

    N SARKOZY : Je me méfie de cette attitude qui consiste à rechercher pour tout acte, aussi mauvais soit-il, des explications, pour le justifier. Certes, il existe certains déterminismes et des inégalités de condition. Mais rien n’excuse, à mes yeux, l’antisémitisme ou le viol d’une fillette

    MO : Nous sommes d’accord. Mais expliquer, ce n’est pas excuser. Par exemple, beaucoup d’historiens ont travaillé sur l’Allemagne des années 1930, sur la montée du nazisme, sur la mise en place d’une mécanique génocidaire. Ces historiens ne peuvent pas être accusés de complaisance envers l’horreur des camps, ni de justification.

    NS : Qu’un grand peuple démocratique participe par son vote à la folie nazie, c’est une énigme. Il y a beaucoup de nations à travers le monde qui traversent des crises sociales, monétaires, politiques, et qui n’inventent pas la solution finale ni ne décrètent l’extermination d’une race. Mieux vaut admettre qu’il y a là une part de mystère irréductible plutôt que de rechercher des causes rationnelles.

    (…)
    NS : Je me suis rendu récemment à la prison pour femmes de Rennes. J’ai demandé à rencontrer une détenue qui purgeait une lourde peine. Cette femme-là m’a parue tout à fait normale. Si on lui avait dit dans sa jeunesse qu’un jour, elle tuerait son mari, elle aurait protesté : « Mais ça va pas, non ! » Et pourtant, elle l’a fait.

    MO : Qu’en concluez-vous ?

    NS : Que l’être umain peut être dangereux. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons tant besoin de la culture, de la civilisation. Il n’y a pas d’un côté des individus dangereux et de l’autre des innocents. Non, chaque homme est en lui-même porteur de beaucoup d’innocence et de dangers.

    MO : Je ne suis pas rousseausiste et ne soutiendrais pas que l’homme est naturellemet bon. A mon sens, on ne naît ni bon ni mauvais. On le devient, car ce sont les circonstances qui fabriquent l’homme.

    NS : Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ?

    MO : Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n’avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n’a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d’être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

    NS : Je ne suis pas d’accord avec vous. J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette patologie. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense.

    MO : Puisque notre entrevue touche à sa fin….

    (Je tiens évidemment à disposition de qui le souhaiterait la copie de l’ensemble du débat.)

  7. Eternel (et insoluble) débat que celui de l’inné et de l’acquis, que tranche par exemple Boris Cyrulnik en disant que ce n’est pas un plus que l’autre mais toujours « 100% inné, 100% acquis ».

    Pour le coup, je ne trouve pas que la position tenue ici par Sarkozy soit « moralement » pire que celle d’Onfray. C’est juste un traditionnel clivage « droite/gauche ». Une affaire de pari plus que de science, il me semble.

    Je ne pense pas (je sais j’insiste peut-être un peu trop, mais bon… c’est pas moi qui commence !!) que ce soit dans ce genre de procès qu’il soit judicieux de combattre Sarkozy. Ce n’est en tout cas pas en affirmant qu’il ne peut « décemment pas exercer les plus hautes fonctions de l’état français » qu’on l’en empêchera.

    Il suffirait peut-être (mais n’est-ce pas un peu tard… ou facile à dire ?) de simplement proposer une alternative cohérente et crédible.

    J’ai l’impression (douloureuse) que la gauche n’existe plus aujourd’hui que lorsqu’elle s’invente des ennemis imaginaires qu’elle combat sur une scène mythique. Bref, qu’elle a totalement déserté le monde réel, la politique.

    Détrompez-moi, siouplé !

  8. Je me demande en ce moment si je ne suis pas une sorte de mergule nain, non que je m’y connaisse en oiseaux, mais en tant que drôle d’oiseau difficile à observer…
    Que d’inconstance!
    Ces trois mots pour vous dire que je suis content de vous lire de nouveau…et vous faire partager une petite expérience…double, sinon il n’y aurait rien à en dire.
    Tout d’abord je crois qu’Onfray indique d’excellentes pistes à travers les « cadeaux » qu’il fait à notre candidat bien-aimé. Et ceci sous deux points de vue:
    -en premier lieu, et ce depuis la naissance de la politique comme système, il est CAPITAL d’indiquer au détenteur du pouvoir qu’il est une pièce dans une histoire, non une fin en soi- « culte de la personnalité »-, et que quelques uns ne le laisseront jamais exercer ce pouvoir sans les limites que lui imposent ladite histoire et, n’en déplaise aux esprits chagrins, notre petite soeur philosophie. Le geste du philosophe, c’est-à-dire l’obligation de lier la pratique délirante du pouvoir à ses racines et à son histoire, est plus philosophique que son discours-même.
    -suite logique, en deuxième lieu: les ouvrages ont été choisis avec une rigueur presque inquiétante. Le brave Onfray, que je ne connais ni ne vénère moins que quiconque, présente la possibilité à celui à qui il donne de recréer son image du pouvoir. Justement à travers d’énormes classiques contemporains, qui sonnent trop juste pour que l’on puisse, comme je suppose que l’on peut avoir le manque de courage de le faire avec Platon ou Chrysippe, les disqualifier sous prétexte…d’inactualité, ce qui plairait beaucoup à Nietzsche soit dit en passant.
    Le geste d’Onfray (offrir, car pour parler il a été invité par un magazine) est une actualisation de celui de Socrate il y a deux mille cinq cents ans: dire au politique qu’il est enfermé dans une image de pouvoir, de son propre pouvoir, que l’on peut faire vaciller. Ce qui est bien plus dangereux et effrayant que la tranquille « bataille » d’opinions politiques à laquelle forme la vie du politicien.
    Ca c’est une chose mais il en est une autre.
    Parce que justement le concept de démocratie se base sur la faillibilité du représentant. Celui qu’on peut faire vaciller. Le système de démocratie archaïque des grecs avait une petite particularité que l’on omet bien souvent de nous signaler: les magistrats, les représentants, les greffiers etc…changeaient tous les dix ou quinze jours. Il est peu probable qu’un tel système puisse fonctionner efficacement aux échelles politiques que nous connaissons aujourd’hui (la démocratie au siècle de Périclès, c’étaient 10.000 athéniens hommes libres oisifs, les citoyens, pour 300.000 esclaves environ). Bien que les répartitions de force Nord-Sud du monde ne soient pas très éloignées du système en question, si l’on veut chercher la petite graine. Par contre les électeurs doivent avoir l’impression d’assister à un bal de marionnettes toutes plus fantasques les unes que les autres, et ça, c’est peut-être le côté pervers de la rotation continue que nous avons récupéré.
    C’était le poète Lawrence, et à sa suite Deleuze, qui disait en substance que ce que fait l’artiste, au sens de créateur de valeurs (avec un grand V je vous prie, on ne va quand même pas parler d’argent), c’est ébrécher l’ombrelle des opinions des hommes. La société humaine s’abrite de l’arbitraire et de la nécessité naturelles sous un parapluie d’opinions, et lorsque l’artiste, le philosophe, le scientifique, offrent quelque chose de nouveau au monde, il déchire ce voile et « laisse passer un peu de chaos et libre et venteux » de l’extérieur.
    Ca, l’opinion, elle aime pas.
    Alors arrivent les commentateurs, les profiteurs et communicateurs de tous poils qui viennent ravauder l’ombrelle, faire des copies, expliquer, gloser, comme s’il ne s’était rien passé.
    C’est exactement ce qui se passe avec l’idée bien naturelle aujourd’hui de démocratie participative. On galvaude. Royal te dit « l’avenir ne se fera pas sans toi », Sarkozy et les autres se la jouent à l’écoute. On prostitue l’inventivité humaine. Rien de plus normal.
    Mais il y a justement des hommes qui se sont littéralement tués à la tâche, des philosophes, des artistes, des libres penseurs, des hommes de courage de la campagne ou de la ville, pour nous dire que cela n’avait rien d’acceptable, même si c’est inévitable.
    Comme les meurtres.
    Nous ne devons pas raisonner avec ce que le média, le « moyen », nous donne comme matériau.
    Mais avec ce que l’homme a su créer de plus beau et de plus fort.

  9. Si tu permets, le Russe, afin que ceux qui n’ont pas lu l’article comprenne cette histoire de « cadeaux ».

    Onfray est en effet venu voir Sarkozy en se proposant de lui offrir 4 « cadeaux utiles », 4 livres :

    Totem et tabou parce que Freud y traite du meurtre du peur et de l’exercice du pouvoir dansla horde

    L’Antéchrist de Nietzsche, pour la question de la religion, la critique radicale de la morale chrétienne (pour celui qui parfois va à la messe en famille)

    Surveiller et punir de Foucault pour l’analyse du rôle du système carcéral et de l’emprisonnement, puis de leur relation avec la norme libérale (pour le ministre de l’Intérieur adepte des solutions disciplinaires)

    Théorie de la propriété de Proudhon qui montre qu’on peut ne pas être libéral sans pour autant être communiste.

  10. L’usage du référendum (de la démocratie dite « directe ») me semble être une fausse bonne idée. Cela reste en effet une pratique individuelle (n’est-ce pas symptomatique que le lieu emblématique du vote s’appelle un « isoloir » ?), avec tout ce que cela implique.

    Ce dont on a besoin de façon urgente, il me semble, pour refaire de la politique au sens noble du terme, ce serait au contraire de développement de « collectivoirs » (l’équivalent de l’agora ou du forum, des lieux où se confrontent pour s’enrichir des points de vue différents). C’est en tout cas comme cela que j’entends, pour ma part, le chantier immense de la « démocratie participative ».

  11. La question de l’échelle d’application que pose Anne est évidemment capitale.
    C’est évidemment plus facile à petit effectif qu’à plus grand. C’est pourquoi, la démocratie participative n’a d’après moi, au départ, de sens véritable qu’à l’échelle d’une Municipalité (Conseil de quartier, etc…) ou d’un canton.
    Construisons-la déjà là (c’est déjà un gros boulot)… on verra après comment l’étendre (ça se fera d’ailleurs plus facilement car les « plis » seront alors en train de se marquer).

  12. Des « collectivoirs », Vincent ?… et pourquoi pas des « J’voudrais-t’y-voir » ou des « On-vous-prend-pour-des-poires » pendant que tu y es !

  13. Y’a un de mes élèves qui a fait un joli raccourci l’autre jour : en mélangeant urne et isoloir (on est en train de faire un « scrutin parallèle » dans notre école), il a dit « urinoir ».
    (J’me demande si je ne vais pas lui faire sauter une classe !)

  14. Je m’&aperçois que notre maître à tous, le dupdup guru, n’a pas fait son changement d’heure!
    t’es à l’est nanard!
    et je crois aussi que le secret est dans les « collectivoirs ».
    ça me semble essentiel, c’est-à-dire dépendant de l’essence de la dmocratie.
    vous savez ce qu’on dit, diviser pour mieux régner…
    alors dEvisons pour mieux régner!!!!

  15. « Monsieur Sarképi le clame haut et fort : il est le candidat des Français-qui-se-lèvent-tôt. Ni lui, ni aucun des autres candidats ne songent à défendre les Français qui-se-couchent-tard. Il n’est nulle part question dans les programmes, les promesses, les pactes, de celles et ceux de nos compatriotes qui tiennent compagnie à la nuit. Le Français-qui-se-couche-tard est un vrai patriote : il se met toujours au garde-à-vous avant de saluer dans l’aube naissante, quand l’alcootest est positif, le lampadaire qu’il croise sur son chemin. Le Français-qui-se-couche-tard est un écologiste authentique: la bouteille brandie, il parle aux arbres, à la lune, aux étoiles. Le Français-qui-se-couche tard est enfin un citoyen modèle : accoudé au bar, un 51 dans la main droite, des cacahuètes dans la main gauche, il anime, sans jamais se lasser, d’interminables débats participatifs. Le Français-qui-se-couche tard, on le voit, fait partie de l’ « identité nationale « au même titre que le Beaujolais auquel il ne manque jamais de faire honneur. »

    (Christian Laborde, Percolateur-chronique, La Nouvelle République des Pyrénées, 13 avril 2007)

  16. Est-ce de l’intox ou un ballon d’essai ???
    Je viens d’entendre « dans le poste » qu’un sondage des RG donnait le classement suivant au 1er tour :
    1- Sarkozy ; 2 – Le Pen ; 3 – Bayrou ; 4 – Royal.
    J’ai également entendu la suggestion de Michel Rocard : Royal devrait faire alliance avec Bayrou avant le premier tour….
    Je crois que je vais jeter mon transistor avant d’aller consulter mon ORL…
    Vivement qu’on aille dans le « collectivoir » !!!

  17. « A en croire les derniers sondages, près de 40% des Français n’ont pas encore choisi le candidat auquel ils accorderont leur voix dans moins de deux semaines. Il y a à cela une raison apparente : aucun candidat ne déclenche une adhésion naturelle et les électeurs ont du mal à se résigner à voter pour l’un ou l’autre de ceux qu’ils considèrent comme des pis aller.
    Cette hésitation a une raison d’être plus pérenne, qui trouve sa source dans les tréfonds de nos sociétés : Nous sommes entrés dans le règne de l’irrésolution, où tout, du lieu des prochaines vacances au Président de la République, se choisit désormais au dernier moment.
    Cette irrésolution est en fait une conséquence du principe fondateur de l’organisation de nos sociétés : la liberté individuelle ; et des deux mécanismes institutionnels qui en découlent : le marché et la démocratie. L’un et l’autre poussent à changer sans cesse d’avis.
    D’abord, les consommateurs sont en permanence incités, par mille canaux, à changer de vêtements, de voiture, de téléphone portable, de club de vacances, d’assureur ou de banquier. Et chacun, balloté entre mille et une sollicitations, hésite, change d’avis. Ainsi s’installe l’irrésolution.
    Au-delà de l’économie, elle gagne les gouts musicaux, les styles de vie, les sentiments amoureux, et enfin les opinions politiques.
    Dans un pays qui n’a pas de projet de long terme, pas de stratégie collective explicite, pas de peur de mourir, l’irrésolution va même si loin que tout se passe comme si les Français avaient volontairement laissé surgir des candidats qui ne déclenchent chez eux aucun enthousiasme, pour ne pas avoir envie d’en choisir un seul pour cinq ans. Et, s’ils le pouvaient, ils en éliraient un différent tous les ans.
    Comme les institutions ne le leur permettent pas, l’irrésolution conduira beaucoup d’électeurs à voter au second tour pour un autre candidat que celui qu’ils auront soutenu au premier, même si celui-ci est aussi qualifié. Cela les conduira ensuite à changer sans cesse de choix : le parti de celui qui gagnera les présidentielles perdra les élections suivantes, législatives peut être, municipales surement. Puis son parti gagnera les régionales et perdra les européennes, à l’infini.
    C’est évidemment un très grand danger : les peuples irrésolus sont déjà morts, sans le savoir. »

    j@attali.com

  18. « (…) …ces temps d’hystérie présidentielle où toute pensée disparaît sous l’insulte, le procès d’intention, la négation de l’Histoire, le déni des faits, l’incapacité à la discussion, à la dispute polie, et où l’on doit entrer dans des cases, épouser, le doigt sur la couture du pantalon, tout le programme du candidat que l’on soutient, ou dénigrer toutes les propositions des autres pour qui on ne votera pas. L’exercice de la liberté critique, la revendication d’un esprit libre, la pratique d’une lecture affranchie du monde, voilà bien un vœu pieux. L’objurgation partisane fait la loi. Encore et toujours. (…) »

    (Michel Onfray, Hommage à Camus, Blog du Nouvel Obs, 13/04/07)

  19. Ca y va dans les rumeurs de cette soit-disant enquête des RG !!!
    Vous ne recevez pas plein de mail alarmistes (qui ne donnent même pas tous la même version) ?
    Après tout, c’est de bonne guerre et les QG de campagne seraient bien idiots de ne pas tout tenter.

  20. Salut,
    Je crois bien que nous pouvons encore descendre et que je vais de nouveau faire partie des abstentionnistes. Je n’ai pas toujours voté. Depuis quelques temps je le fais. Je n’ai jamais trouvé que le système soit démocratique et je ne m’y suis jamais retrouvé. Mais bon j’ai fini par participer, surtout pour éviter le pire, essayer d’endiguer un peu ce libéralisme galopant et parce qu’on ne tenait pas compte de ma voix (abstention). J’ai vu d’un bon oeil le changement. Mais on veut encore de la croissance, l’idée que l’argent gagné par les riches dégoulinerait sur les pauvres ne se change juste qu’en idée que l’argent doit être gagné par les entreprises. Dans ce cas il pourrait peut être avoir une meilleure répartition, mais personne pour réfléchir sur l’idée du progrès de la loi du toujours plus en tout. Même les verts s’y mettent, leur progrès ils l’appellent développement et qu’il soit durable, pourquoi serait-ce un gage de qualité ?
    Les raisons de ma décision sont vous le voyez assez anciennes et profondes, mais de par nature je crois que tout peut changer. Ce qui a été le catalyseur c’est l’affaire du tweet. Ne pas avoir le sens de sa place et des responsabilités à ce niveau est effarant. Je ne suis pas d’accord avec SR qui est parachutée, je ne suis pas d’accord avec FH qui intervient. Mais que dans ce milieu on règle des histoires de jalousie en ce servant des électeurs….. et je ne m’arrête pas à VT qui a rédigé ce tweet, elle m’a simplement rappelé que pour tout ce monde tout est une question de pouvoir et d’argent, on le sait mais je ne croyais pas encore que c’était uniquement cela. Les idées, les opinions, les convictions ne sont utilisées que pour parvenir à l’un est accumuler l’autre. Aucun sens de l’humain et de l’altérité.
    A voté
    francis

  21. Cette histoire de tweet me semble effectivement incroyable. Comment peut-on avoir aussi peu le sens des responsabilités ? :angry:

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