Petite surprise samedi dernier avec la découverte d’une coccinelle asiatique dans mon jardin.
Cette espèce a été introduite volontairement et massivement par l’Homme à la fin des années 80 pour des raisons de lutte biologique contre les pucerons. Mais les introductions d’espèces exotiques sont toujours hasardeuses et rarement heureuses : la coccinelle asiatique, non contente d’éliminer les larves de pucerons, s’en est pris aussi aux autres espèces de coccinelles autochtones. Les « bêtes à bon Dieu » de notre enfance sont ainsi remplacées progressivement par « les bêtes du diable ».
Et bien ! pas une donnée à transmettre pendant très longtemps, et maintenant, elles arrivent de partout : Auxon-Dessus (tiens donc), Quitteur, Besançon (chez deux naturalistes, à un jour d’intervalle) et maintenant Bussières…
petit lien : http://perso.orange.fr/vinc.ternois/cote_nature/Harmonia_axyridis/index.htm
Ce qui est surtout impressionnant (et un bon moyen de les identifier) ce sont leurs nombreuses et très longues pattes vertes (on en voit un bout sur la photo de Bernard).
Ah, c’était des pattes devant ? Je n’avais vu que la grosse queue verte à l’arrière !
Le contraire d’une coccinelle invasive, c’est quoi ? Une coccinelle… « évasive » ? C’est pas encore plus dangereux ?
(Au moins les « invasives » elles attaquent direct, ne font pas leur coup en douce, dans le vague et le flou)
Putain, les coccinelles invasives au corsage évasif, ça doit être kèkchos’, t’as raison Humeur badine !
« Eleveur de coccinelles », ça existerait donc réellement comme profession ? Alors peut-être aussi « moucheur d’étoiles », « pêcheur d’horizons », « réparateur de comètes », « compteur de licornes » ?
(Comme quoi, tout espoir n’est pas totalement perdu)
Par un beau matin sans nuages, le 7 avril 1992, une tempête de coccinelles, venues d’où ? s’est abbatue sur la région parisienne. On en vit partout, sur les plantes, sur les églises, sur les banques et, à l’intérieur des appartements, sur les miroirs comme entre les pages des grosses encyclopédies. La première surprise passée, j’ai connu l’angoisse : comment faire le moindre geste sans en écraser trois ou quatre ? Il y en avait des milliers, aussi bien dans le salon que dans les couloirs ou la salle à manger. Aucune de mes précautions ne s’est avérée efficace. J’ai fini par garder le lit mais, mon sommeil étant agité, j’en ai mis à mort un grand nombre, malgré moi. Je n’osais plus bouger. J’avais beau me disculper, le remords me disait : « Un poète n’a pas le droit de tuer une coccinelle. » En désespoir de cause, j’ai murmuré une prière : « Mon Dieu, puisque c’est ainsi, ayez l’extrême bonté de me changer en coccinelle. » Le résultat ne s’est pas fait attendre. Devenu coccinelle sans la moindre douleur, j’ai pu m’envoler de chez moi, goûtant bientôt, auprès de mes semblables, les vertiges de l’azur et les délices du vent chaud. Etourdi, je me suis posé sur un banc. C’est là qu’un prosateur balourd m’a écrasé, sans éprouver la moindre émotion.
(Alain Bosquet, La fable et le fouet, Gallimard, 1995)
J’étais triste : comment pouvais-je parler à la coccinelle, puisqu’elle n’avait rien à se faire pardonner ?
(Alain Bosquet, La fable et le fouet, Gallimard, 1995)
Je me suis fait tout petit pour vivre au coeur d’une tulipe, entouré de pétales frémissants et de pollen. Jalouse, la coccinelle m’a délogé : cela m’apprendra à vénérer la beauté ! Il ne me reste plus qu’a tuer les coccinelles, par centaines, et à arracher les tulipes, par milliers.
(Alain Bosquet, La fable et le fouet, Gallimard, 1995)
Coccinelle, Coccinelle, bête à Bon Dieu… et tout le tintouin !
Faut se méfier quand même… Elle séduit et paraît toute jolie comme ça mais essayez donc de la déshabiller, et vous verrez qu’elle n’est pas si « bandante » que ça sous sa belle robe à pois.
Et je ne vous conseille pas de tenter de l’embrasser : le puceron collé dans les dents, pour l’haleine, je vous jure que c’est vraiment dégueu !!! Vous n’y reviendrez pas !
Hééééé Humeur badine, assume tes insanités, et ne les signe pas de mon nom, steuplé (sinon je dis à tout lemonde qui tu es !)
LA COCCINELLE
Je ris dans les bluets,
Je mange dans les lis,
Je lis dans les oeillets,
Je bois dans les narcisses.
Et, couchée dans les citronnelles,
Je rêve si longtemps de bleu,
Moi, la petite coccinelle,
Que je deviens bête à bon Dieu.
(Maurice Carême, Pigeon vole, 1958)