L’histoire de la tomate

L’HISTOIRE DES FRUITS ET LEGUMES (2)
J’ai fait hier soir une petite intervention sur le thème de la biodiversité sur le marché bio de Mesmay. C’était très sympa, j’aime beaucoup l’atmosphère « bon enfant » de ce marché et j’ai été très heureux d’y retrouver des amis. Voici, dans ses grandes lignes, le contenu de cette intervention. Le texte est long, le plus long jamais mis en ligne sur ce blog, j’ai pris le parti de mettre l’essentiel des propos en texte caché à l’intention de celles et ceux qui ont envie d’aller jusqu’au bout.

Quand on emploie le terme de biodiversité, il s’agit presque toujours de la diversité des espèces sauvages. Il ne faudrait cependant pas oublier la « biodiversité cultivée » et ignorer le rôle positif de l’Homme, dans le domaine du jardin et des ressources alimentaires, qui a augmenté et diversifié considérablement le nombre de variétés potagères comestibles.

Pour illustrer ce concept de biodiversité cultivée, j’ai choisi de prendre l’exemple de la tomate (en me basant beaucoup sur les informations données par Jean-Luc Daneyrolles dans son livre consacré à la tomate).

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A travers cet exemple, je voudrais montrer comment l’Homme, dans un premier temps, a été facteur de diversité en créant de très nombreuses variétés potagères et comment, dans un deuxième temps, en soumettant la production de tomates à l’agriculture productiviste et à la mondialisation croissante, a considérablement restreint le nombre de variétés disponibles pour le consommateur. A cet égard, on verra tout à l’heure que le 20ème siècle a été un point de rupture et qu’après un certain « âge d’or », la tomate a connu (d’un point de vue diversité) un rapide déclin.

L’exemple de la tomate est très parlant, pour ne pas dire caricatural. En effet, il n’y a plus grand’ chose de commun entre les tomates goûteuses d’autrefois et cette espèce de matière première dénaturée, acide et insipide que l’on trouve aujourd’hui dans les supermarchés.

La tomate n’est qu’un exemple qui peut être extrapolé à d’autres légumes ou fruits. Car beaucoup d’espèces potagères ou fruitières ont connu le même sort : diversification dans un premier temps puis diminution rapide du nombre de variétés, l’inversion de la courbe s’étant faite, dans chacun des cas, au cours du 20ème siècle.

Mais voyons en détail l’exemple de la tomate.

A l’origine, les tomates sont sauvages et poussent dans les vallées des Andes en Amérique du Sud. Il existe encore aujourd’hui dix sortes de tomates sauvages mais on considère qu’une seule, de la taille d’une bille, a donné naissance à nos tomates modernes. Dans la région d’origine de la tomate, les Incas la consommaient mais se bornaient à la cueillir à l’état sauvage. Ils ne la cultivaient pas. Ce sont les Aztèques, au Mexique qui sont allés chercher la tomate sauvage dans les Andes pour la ramener dans leur territoire et la cultiver. Cette première domestication a commencé vraisemblablement il y a deux ou trois mille ans.

Lorsque les Conquistadores découvrent (on pourrait dire « mettent à sac ») en 1492 les empires précolombiens, ils trouvent sur ces nouvelles terres une agriculture très développée et notamment l’existence de la tomate cultivée au Mexique par les Aztèques. Ceux-ci avaient déjà donné à la tomate un certain degré de domestication et on sait aujourd’hui que les premières tomates mexicaines, telles qu’elles sont arrivées en Europe à la fin du 15ème siècle, étaient déjà diversifiées par la taille, la forme et la couleur.

Voilà donc notre tomate qui arrive par bateau en Europe méridionale. Mais après la traversée de la mer, c’est une longue et très longue traversée du désert qui attend notre fruit. Car pendant deux siècles et demi, la tomate n’arrivera pas à être reconnue comme comestible par les européens, sauf par l’Italie et l’Espagne.

Il y a deux mondes différents qui accueillent la tomate : d’une part celui des paysans du sud, surtout italiens, qui lui font un triomphe et lui donnent le nom de pomo d’oro (qui veut dire pomme d’or) en raison de son aspect doré (la tomate la plus répandue étant alors orangée) ; d’autre part les savants plus au nord qui ont eu une très grande méfiance vis à vis de cette plante et qui l’ont relégué au rang d’ornementale.

Cette méfiance a quelques raisons d’être. D’abord, la tomate fait partie de la famille des solanacées et cette famille compte beaucoup de plantes toxiques qui contiennent des alcaloïdes dangereux comme la belladone, la morelle douce-amère, la jusquiame et surtout la mandragore. Le fruit de la tomate ressemble au fruit de la mandragore et celle-ci a très mauvaise réputation. A cette époque de superstition, la mandragore, qui pousse paraît-il au pied des gibets et naissait à partir du sperme des pendus, est considérée comme magique. Elle était réputée aussi pour ses vertus aphrodisiaques et on considérait même qu’elle était la pomme d’amour ou pomme du paradis dont parlait la genèse (remarque : à cette époque, on avait vite fait de classer une plante « aphrodisiaque »). Le public va alors associer la tomate à la mandragore et donner à ce nouveau fruit les mêmes noms qu’à la mandragore, c’est à dire pomme d’amour et pomme du paradis.

Mais ce sont surtout les savants de l’époque qui ont rejeté la tomate. Le premier nom latin de la tomate, donné par Cesalpino en 1550 est Mala insana qui veut dire pomme malsaine. En 1600, un siècle donc après l’arrivée de la tomate, Olivier de Serres, considéré comme le père de l’agronomie, continue, dans son célèbre livre Théâtre de l’agriculture, de faire de la tomate un fruit toxique. Idem pour la Quintinie, jardinier du roi, qui ne daigne pas la cultiver.

C’est 250 ans après son arrivée, en 1750 que la tomate voit sont statut modifier. Son nom latin change, sous l’impulsion du naturaliste Suédois Linné qui en fait une plante comestible. La tomate a alors pris le nom de Lycopersicon esculentum qui se traduit littéralement par pêche de loup comestible. Mais ce n’est pas gagné, il faudra encore attendre 28 ans pour que le grainetier Vilmorin fasse apparaître en 1778 la tomate dans le catalogue des plantes comestibles et non celles des ornementales. Cela ne suffit pas encore à la faire cultiver par le public qui continue à la bouder. C’est pendant la Révolution Française que la tomate va prendre son essor. En effet, en 1793, les Fédérés de Marseille montent à Paris. Partout où ils passent, ils réclament à cors et à cris des tomates (il faut dire que la tomate, venue d’Italie, venait juste de gagner la Provence). On finit par leur en trouver, hors de prix. La mode de la tomate se répand comme une trainée de poudre. C’est le début de l’histoire nordique de la tomate. Il aura donc fallu presque trois siècles pour en arriver là.

A partir de 1800, tout va s’accélérer. La tomate gagne en estime auprès des cuisiniers et s’installe très vite dans la plupart des jardins français. Plus au nord, certains pays qui ont un passé maraîcher important (Pays-Bas et Belgique) vont maîtriser la culture de la tomate et la produire en quantité.

La tomate conquiert partout de nouveaux territoires. A chaque étape de son voyage, la tomate se diversifie et son potentiel génétique s’enrichit en s’adaptant à de nouvelles conditions d’existence sur de nouveaux terroirs. Des jardiniers, aussi bien professionnels qu’amateurs, utilisent partout ce potentiel génétique pour obtenir de nouvelles variétés grâce à un travail de sélection, mais aussi d’échanges, très rigoureux. Le nombre de variétés a ainsi considérablement augmenté pendant tout le 19ème siècle et sans doute un peu au-delà. On considère qu’il existe encore aujourd’hui environ 2000 variétés de tomates.

Des études récentes très pointues ont montré que la configuration de la fleur de tomate a évolué au cours des deux cent dernières années. Aujourd’hui, le style de la fleur est très rétracté et il ne peut quasiment pas recevoir de pollen extérieur amené par les insectes, ce qui rend toute fécondation croisée difficile. Il n’en était pas ainsi il y a deux cent ans, le style des fleurs était beaucoup plus long et les pollinisations croisées beaucoup plus nombreuses, ce qui a du favoriser beaucoup l’émergence de variétés nouvelles qui, avec le temps, se sont fixées génétiquement.

Mais revenons au 19ème siècle. Car c’est là que commencent les problèmes.

Autour de Naples et de Rome en Italie, naissent des ceintures de jardins de production. L’industrie maraîchère est en pleine expansion. D’une part parce que les transports permettent maintenant le voyage de produits frais, d’autre part parce que se développe la culture sous couches, alimentées et chauffées par d’énormes quantités de fumier de cheval. La culture sous couche va permettre de produire des tomates de plus en plus précoces. C’est désormais une course sans fin, la course à la tomate primeur. C’est à celui qui alimentera le plus tôt le marché. Les professionnels se mettent alors à sélectionner des variétés de plus en plus précoces. En 1892, les noms des variétés du catalogue Vilmorin sont assez parlants : « reine des hâtives », « rouge pomme hâtive », « très hâtive de pleine terre »… Les seul critères de sélection sont d’abord la précocité puis viendront la résistance au transport, le calibrage et l’aspect commercial du fruit. Mais pas le goût. C’est le début de l’uniformité dans le monde de la tomate.

Ajoutons qu’en 1914 est apparu spontanément en Floride un nouveau type de tomate. Sur ce nouveau type, la sève s’épuise en grimpant dans la plante et la croissance du pied de tomate s’arrête à un moment donné. Ce nouveau type de pied de tomate permet d’avoir quatre ou cinq bouquets de fleurs qui apparaissent simultanément sur le plant. On a donc une production très groupée sur un laps de temps très court. C’est complètement inintéressant pour le jardinier amateur qui préfère une période de récolte plus longue mais c’est un très gros avantage pour le producteur qui peut cueillir toutes les tomates d’un même pied sur un temps très court. Malheureusement, beaucoup de variétés modernes dites « à croissance déterminée » sont des descendantes de cette mutation de 1914 et ce recentrage sur ce nouveau type de tomates, au détriment des variétés anciennes « à croissance indéterminée », a beaucoup contribué à l’appauvrissement génétique et à la baisse de la diversité des tomates cultivées.

Au cours du 20ème siècle, la sélection a été remplacée par l’hybridation et cela a renforcé la disparition des étalages des variétés plus anciennes, au bénéfice de variétés modernes soit disant « améliorées ». En fait, l’amélioration n’est souvent qu’un argument publicitaire fallacieux. On parle de variétés modernes résistantes. Résistantes à quoi ? Les variétés de tomates de mon jardin qui ont résisté au mildiou cette année sont toutes des variétés anciennes.

La tomate est devenue aujourd’hui un fruit qui est appelé à faire souvent des milliers de kilomètres et qui s’est soumise aux lois de la mondialisation. Mais à quel prix ? Des modes de culture polluants avec évidemment des répercussions sur la santé ! Un mode de culture sous serre très exigeant en énergie ! Un coût énergétique en transport tout aussi énorme ! J’ai à ce propos une petite anecdote : il y a quelques années deux camions se sont accrochés sur la route. L’un venait d’Espagne et allait livrer des tomates aux Pays-Bas. L’autre venait des Pays-Bas et allait livrer des tomates en Espagne. Sans commentaires !

Et quel est le résultat de tout ça, quand on voit la fadeur du produit final !

Je ne voudrais pas terminer sur une note trop pessimiste . Car si les consommateurs ne se voient offrir qu’un nombre très restreint de variétés, il en existe encore un très grand nombre, sauvegardées amoureusement par des jardiniers du monde entier. A ce propos, j’aimerais souligner le travail remarquable que fait l’association Kokopelli qui s’est donné comme mission, dans un cadre associatif, de diffuser plusieurs milliers de variétés anciennes du monde entier, et parmi celles-ci des centaines de variétés de tomates. Et puis rappeler enfin que de plus en plus de jardiniers amateurs prennent conscience de la disparité des variétés anciennes et commencent à produire eux-mêmes leurs graines et à sauvegarder dans leur jardin quelques variétés. Nous pouvons tous, chacun à notre niveau, participer à cette dynamique en marche.

Je terminerai par cette phrase prononcée par Pierre Rabhi lors d’une conférence il y a un peu moins d’un an à Besançon et dont je n’avais pas forcément saisi toute la portée sur le moment : « Jardiner, c’est déjà entrer en résistance ».

58 réflexions au sujet de “L’histoire de la tomate”

  1. Je me suis énormément inspiré de l’article de Jean-Luc Danneyrolles paru dans l’Encyclopédie du jardinier aux Editions Actes sud (disponible aux Sandales d’Empédocle à Besançon).

  2. Passionnant cette histoire de la tomate et bien complémentaire de ta soirée spéciale de fin août où tu nous a fait découvrir toutes ces variétés cultivées d’une façon peu ordinaire !
    Quelle découverte que ces tomates qui poussent en espalier, quel régal pour le goût et pour l’oeil !
    Quand je pense qu’on va avoir des plants au printemps prochain !
    Encore merci, les dupdup.

  3. Il y aurait donc un lien entre la démocratisation de la tomate et la Révolution française ?
    Quelle est la cause, quel est l’effet : est-ce l’avènement de la République qui a ouvert l’appétance des citoyens pour ce fruit ou la généralisation de sa consommation qui a changé leur pensées politiques ?
    (Si ça se trouve elle contient une susbtance « démocratique »… que les premiers savants avaient repérée)

  4. « Appauvrissement génétique », « baisse de la diversité des tomates cultivées », etc… ?
    Pour moi, c’est un jugement plus idéologique qu’objectif, Bernard.
    Tu dis en effet toi-même qu’il existe 2000 variétés de tomates disponibles.
    Or, non seulement elles ne se « perdront » pas puisque des associations telles que Kokopelli se chargent de les conserver/diffuser mais il y a fort à parier que ce nombre s’agrandira non seulement par les nouvelles « variétés anciennes » que l’on retrouvera de ci de là (c’est une passion toute moderne et largement répandue que ce souci de « conservation ») mais aussi – et surtout – par toutes les nouvelles variétés (OGM ou non) que les agronomes ne cesseront de créer.

  5. Idéologique ? J’ai juste dit que, en ce qui concerne les variétés disponibles pour le consommateur, il y a un appauvrissement considérable d’un point de vue diversité. Les consommateurs lambda n’ont accès aujourd’hui qu’à des variétés rouges, bien calibrées aux apparences de plastique et d’un sans-goût uniforme. Mais là où tu as presque raison Vincent, c »est de souligner qu’il existe quelque part des personnes ou des associations qui ont conservé les 2000 variétés dont tu parles. C’est vrai que le nombre de variétés, même s’il a baissé, est encore très important. Mais on aura du mal à retrouver le nombre qui existait au début du 20ème siècle. Mais personne ne peut contester qu’après une période de montée en puissance, le nombre de variétés a chuté, qu’il s’agisse des tomates, des pommes, des salades, des choux … ou de n’importe quel fruit ou légume.

  6. Vincent, tu serais bien le seul à soutenir qu’il n’existe pas une baisse spectaculaire (pour ne pas dire « catastrophique ») de la biodiversité.
    Et cette crise ne concerne pas que le monde naturel sauvage.

    Un mammifère sur quatre, un amphibien sur trois, un oiseau sur huit, un poisson sur trois est en liste rouge, un quart des types de primates est menacé de disparition, selon la Liste rouge des espèces menacées établie par la World Conservation Union, à partir des informations fournies par 8000 scientifiques de 181 pays.

    L’érosion s’applique aussi à l’agriculture :
    »Les trois quarts environ de la diversité génétique des cultures agricoles ont été perdus au cours du siècle dernier », selon la FAO, Food and Agriculture Organization, soit « Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture ».

    Klaus Toepfer, directeur du programme des Nations Unies pour l’ Environnement (PNUE) déclare que la crise est sans précédent depuis l’extinction des dinosaures.

    Tous ces gens et organismes défendraient-ils une idéologie commune ?

    Je voudrais conclure sur cette phrase de Michel Serres, extraite de son livre Le contrat naturel, qui définit la nature comme « l’ensemble des conditions de la nature humaine elle-même, c’est-à-dire ses contraintes globales de renaissance ou d’extinction, l’hôtel qui lui donne logement, chauffage et table ».

  7. <p>Intéressante cette comparaison entre biodiversité sauvage et biodiversité culitvée. Le problème est le même. Un espèce disparaît de Terre toutes les vingt minutes. Le rythme de disparition est 100 fois plus rapide que lors des périodes géologiques passées. Aux périodes géologiques anciennes, le rythme d’apparition de nouvelles espèces compensait le rythme de disparition « naturel ». Ce n’est plus le cas depuis longtemps. Qui peut citer une seule espèce nouvelle ?<br />
    Je pense qu’au niveau de la biodiversité cultivée, le rythme de disparition existe mais qu’il n’est pas aussi rapide. De nombreuses actions ont lieu, grâce à des initiatives privées ou associatives (comme l’a rappelé Vincent). C’est plus facile de trouver les bonnes mesures pour sauvegarder une variété de tomate qu’une espèce de coléoptère.Malheureusement ! Chaque disparition d’espèce, quand elle est due à l’Homme, est, de mon point de vue, un véritable drame !</p>

  8. Tu vas évidemment croire que je fais exprès d’aller à contre-courant, mais sincèrement, il ne me semble pas du tout évident « qu’après une période de montée en puissance, le nombre de variétés a chuté ». Il y a près d’une dizaine d’espèce de tomates (et pas que des rouges et rondes) à Carrefour, par exemple, et je ne suis pas certain du tout que mes parents, ou mes grands-parents, ou au-delà, aient eu accès, en leur temps – et dans le commerce, bien sûr, si on veut comparer des choses comparables – à autant de variétés.

    Ce qui a surtout changé, pour le consommateur de tomates, entre le début du XXe siècle et aujourd’hui, il me semble, c’est que le consommateur d’hier mangeait des tomates qu’il avait lui-même produites, alors que celui d’aujourd’hui, suite à l’exode rural massif, les achète, en réclamant les prix les plus bas (mais qui oserait l’en blâmer ?).

  9. Des espèces nouvelles ?
    Ben, il suffit de consulter, entre autres, le catalogue de Monsanto ! (Et alors, pourquoi ne comptabiliserions-nous que les disparitions dues à l’homme et non ses créations ?)

    C’n’est peut-être pas judicieux de relancer un « sujet qui fâche », mais comment peut-on d’un côté se plaindre de la disparition de la biodiversité et, de l’autre, interdire la seule chose qui pourrait y remédier : la recherche sur les OGM ?

  10. Eh oui ! Faudrait que ces pauv’coléos soient plus comestibles pour l’humain…
    Je reviens comme Bernard sur la phrase se Pierre Rabhi qui m’avait donné du baume au cœur. Après près de 10 ans d’exil urbain, je venais de toucher un terrain que je commençais à cultiver : deuxième année de culture cette saison et belles récoltes de tomates malgré les conditions. plusieur dizaines de kilos pour une trentaine de pieds, à 95 % des variétés anciennes.
    Mais revenons en à nos moutons. Au-delà de la tomate, je crois que le bilan devient sinistre dès lors que l’on s’intéresse aux variétés les plus nourricières pour Homo sapiens : le soja, le maïs, le blé, le riz. Essentiellement des céréales.
    De mémoire (je n’ai pas celle des chiffres), la diversité des variétés de riz dépasse considérablement celle des tomates. Le moindre vallon, le plus petit hameau d’Asie cultivait « sa » variété, un riz parfaitement adapté aux conditions locales, fruit du long travail de sélection des cultivateurs. Les géants du négoce ont en quelques décennies éliminé la majorité de cette diversité et les producteurs, souvent pieds et poings liés comme le sont ceux d’OGM ou le seront ceux d’agrocarburants… se trouvent sur un chemin qui ne permet pas le demi-tour.
    Pis que cela, ne nous y trompons pas, ceux qui en tirent les dividendes font la même analyse que Bernard : ils ont donc pris des décisions qui les conduisent à breveter à tout va ; aussi bien les OGM que des espèces ou des variétés qui auront un avenir commercial. C’est allé jusqu’au purin d’ortie, et ça continue surtout avec les espèces tropicales les plus en danger : elles constituent un avenir pour les multinationales qui font leur profit sur votre mauvaise santé.
    Les multinationales, quelques milliaradaires nous mettent donc un premier pied dans la tombe avec ce qu’ils nous proposent (du bio dans une poêle Tefal pourrait déjà s’avérer bien dangereux), et un deuxième avec ce qu’ils nous vendront pour nous soigner. Tout bénef.
    Les ONG (j’ai failli écrire OGM !) qui interviennent dans les pires conditions sanitaires pour les « pays en voie de développement » (ouaf ouaf), savent qu’ils soignent les trois quarts des gens uniquement en leur restituant une alimentation équilibrée (et je fais l’impasse sur l’eau).
    J’ai donc apprécié deux autres saillies de Pierre Rabhi :
    – à une réaction de l’auditoire qui critiquait ses positions devant le problème de la sécu, il répond fort justement à mon avis qu’il n’y a pas d’issue possible à rembourser les errances des firmes pharmaceutiques.
    – enfin pour critiquer d’une phrase ce que j’ai du mal à résumer, il ajoute que nous ne devrions plus nous souhaiter « bon appétit » en début de repas… mais « bonne chance ! »

  11. J’en ai oublié un bout de ma conclusion : le problème des OGM, de la biodiversité qui se pète la gueule, du goût, l’Alzheimer, etc. : tout cela masque un gigantesque problème de santé publique comme un rideau de fumée empêche de voir la forêt amazonienne qui crame. Cultiver un potager, fabriquer du purin d’ortie c’est bien entrer en résistance.
    Et rien à attendre du Grenelle de l’environnement, les mêmes seront toujours et encore servis, la fusion GDF/Suez en est la dernière mégapreuve.
    Dicton du soir, espoir : purin d’ortie au jardin, jour de pétrin à TF1.

  12. Vincent, quand j’ai parlé qu’on ne pouvait citer d’espèce nouvelle, je parlais de biodiversité sauvage, il suffit de relire mon texte. Le mot « espèce » n’ai rien à voir avec le mot « variété ».
    C’est un contresens que de dire que Monsanto a inventé de nouvelles espèces. Variétés, oui.
    Les firmes agroalimentaires cherchent à faire interdire des centaines, voire des milliers de variétés, histoire d’imposer les quelques-unes qu’ils ont créées, comme en témoignent notamment les procès contre Kokopelli.

  13. Finalement, il n’y a qu’UN combat pour la biodiversité. Car le combat pour le maintien de la biodiversité cultivée rejoint celui pour le maintien de la biodiversité sauvage. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

  14. Quand les agronomes parviennent à croiser artificiellement (car on sait que ça ne se fait pas naturellement) deux espèces différentes, par exemple la carotte et la pomme de terre, la tomate et la courge, etc. ils obtiennent bien une nouvelle espèce, nan ?

  15. Y a-t-il, comme le suggère Bernard, encore la possibilité d’un « combat pour le maintien de la biodiversité (sauvage et cultivée) », ou sommes-nous, comme semble le penser Christophe, « sur un chemin qui ne permet pas le demi-tour » ?
    Avez-vous des éléments, ou un avis, sur cette question à mon sens cruciale (car le choix de la réponse n’entraînera évidemment pas la même attitude en retour) ?

  16. Un croisement de carotte et de pommes de terre ? De tomate et de courge ? Tu les as vus où ces nouveaux légumes ? Quand bien même ces croisements existeraient (ce qui n’est pas le cas), ils ne pourraient prétendre au nom d’espèce que s’ils sont capables eux-mêmes de se reproduire, ce qui serait de toute façon impossible.

  17. Carotte et pomme de terre sont deux espèces différentes. Elles ne peuvent donc pas se croiser. C’est la définition même de l’espèce !

  18. Bon, je vais me réabonner aux revues OGM pour pouvoir vous tenir au courant de façon précise des dernières nouveautés (qui se font à l’étranger, puisque c’est interdit – à cause de Bové et ses troupes – en France).

    La technique OGM permet justement, il me semble, entre autres, de « croiser » des espèces différentes (ou plus exactement de « greffer » des parties de gène d’une espèce sur une autre, de façon très fine et précise).
    Cela ouvre des champs incroyables, qui ne sont pas tous « forcément » néfastes.

    Alors, bien sûr, les nouveaux êtres ainsi créés, étant hybrides, ne pourront pas tout seuls se reproduire : ce ne seront donc pas des « espèces » au sens actuel de la biologie, mais ce ne seront pas non plus de simples « variétés » (puisqu’ils pourront être issus de croisement de plusieurs espèces). Ce seront des objets qui n’existent pas encore de façon très claire dans la taxonomie actuelle : justement des « OGM ».
    Mais qui sait d’avance ce qu’ils deviendront ensuite ? Les nouvelles espèces, apparues naturellement au cours de l’évolution, n’étaient-elles pas au départ des sortes de monstres à l’avenir improbable ?

  19. Il paraît qu’au temps des reptiles, quand on a vu apparaître – depuis une zone sans doute radioactive – de malheureux spécimens aux pattes avant monstreuses, tellement déformées qu’elles en étaient devenues inutilisables, la plupart ont pesté contre un nouveau désordre pouvant mettre en cause le fragile équilibre naturel.

    Quelques rares illuminés, paraît-il, se sont à l’inverse réjouis de voir ainsi s’accroître la biodiversité, faisant le pari (absurde tellement il était improbable) que toute potentialité doit être tentée, que tout ce qui est possible doit être réalisé… et qu’adviendra ce que pourra.

    Les ornithos d’aujourd’hui remercient, je crois, tous les jours ces derniers de leur combat pour empêcher les « vieux grigous » d’interdire la poursuite de « l’expérience monstrueuse » des pattes avant (d’où naîtra ce truc hallucinant qu’on nomme aujourd’hui « aile »)

    ;-)

  20. Je ne crois pas que ce soit une posture idéologique que de dire que la tomate s’est appauvrie d’une point de vue génétique. Les professionnels eux-mêmes l’ont constaté que je sache ! Ils savent que la tomate est actuellement dans l’impasse et que le consommateur s’en détourne. C’est pour cette raison que les professionnels développent actuellement ce que l’on appelle des rétrocroisements (en utilisant des variétés anciennes) pour retrouver le goût des vieilles variétés et leur aptitude à résister aux attaques des ravageurs, ce qui revient à dire que les professionnels recherchent actuellement le potentiel génétique qui existait dans les variétés anciennes).

  21. Autre argument : d’un point de vue génétique, les espèces sauvages qui poussent encore en Amérique du Sud présentent peut-être encore plus d’intérêt que les variétés créées par l’Homme et, pour cette raison, les endroits où elles vivent encore sont considérés comme patrimoine de l’humanité et viennent d’être classés « réserves mondiales de biosphère ».

  22. Bien sûr que les intérêts des grands semenciers sont avant tout financiers, et ils ne s’en cachent pas. Mais c’est justement, à mon sens, la raison pour laquelle il ne faut absolument pas leur faire confiance et les laisser seuls s’occuper de la recherche OGM. Pour moi, l’interdiction faite en France, aux organismes publics, de travailler ce domaine est… limite criminelle.

    C’est sûr ça arrange tout autant les semenciers (qui n’ont plus, dès lors, de « contre-pouvoir » à la hauteur) que les « écolos » (qui peuvent ainsi voir – enfin ! – se réaliser les scénarios catastrophes qu’ils prédisent)… mais c’est une situation à laquelle je ne parviens pas (encore !) à me résigner !!!!

  23. Sur la question de « la tomate qui s’appauvrit », Bernard, tout le malentendu (s’il y en a un) vient de ce que tu entends par « la » tomate.

    Si c’est en effet simplement « la tomate vendue en masse », certes oui, comparée à celle qui était dans les assiettes avant que les circuits de grande distribution n’existent (mais la comparaison a-t-elle un sens ? l’une n’empêchait pas l’existence de l’autre).

    Si c’est en revanche « la tomate en tant qu’espèce biologique », je ne me fais pas trop de souci pour elle, persuadé (peut-être à tort) qu’on cherchera encore longtemps autant à créer de nouvelles variétés qu’à retrouver d’anciennes au bord de la disparition (souci de préservation qui n’était pas aussi développé auparavant).

  24. Oui Vincent, une partie de ce que tu dis est conforme à la réalité, mais je crois qu’il faut que tu creuse le sujet.
    Le sêtres vivants (ou les survivants…) aux manipulations génétiques que tu sembles décrire sont des CHIMERES.
    Je trouve ce mot magnifique, et il résonne en lui une part de mythologie.
    Mais si je ne me trompe, les OGM dont il est question n’ont rien à voir avec de telles créations.
    Un organisme OGM est selon moi un être vivant dont une part très restreinte du génome a été transformée pour une évolution souhaitée et soi-disant maîtrisée par le producteur : intégrer un facteur évolutif nouveau, progressiste (!), qui va dans le sens du confort de l’exploitant. Genre : ce parasite fout la merde, cette nouvelle création OGM merdifie le parasite.
    Une chimère est le fruit de croisements impossibles genre la tomate/mildiou, le Dupdup/Sarko voire le Vincent/humeur badine. Cela est rendu possible par des manipulations bien plus conséquentes qui visent à ôter toute limite à la génétique : les protections cellulaires, enzymatiques, biochimiques ou nucléaires…
    Yaka voir le catalogue historique, c’est pas la joie totale !

  25. S’il y a une différence, Christophe, entre les « OGM dont il est question » (ceux, plutôt néfastes a priori, des grands semenciers, si j’ai bien compris) et les autres… pourquoi ne pas les distinguer, notamment lorqu’on demande leur interdiction ?

    Mais je préfèrerais reposer la question la suivante (qui peut, à mon sens, entre autres influencer la position qu’on peut être amené à prendre en matière OGM) : pensez-vous que le chemin pris (en matière de baisse de biodiversité) est sans retour ou qu’il y a encore des possibilité de combat pouvant obtenir sinon le retour au « paradis perdu », du moins le maintien de la situation actuelle ?

  26. Je ne comprends pas ce que pourraient être les autres OGM… non néfastes ?
    Pour moi, toucher au génôme, c’est jouer à l’apprenti-sorcier.
    Et un mot manque au sein de ce monde désemparé : celui de sacré.
    Tout devient profane au sein d’un monde que l’on voudrait pourtant enlever aux talibans…
    Abandonner ce terrain du sacré revient à ceder aux extrémismes religieux.
    Je maintiens mon avis (qui serait je crois encore valable dans une situation « naturelle ») : pas de retour possible, le temps et l’espace sont des dimensions dynamiques.
    Pas comme moi ! Je vais au lit !

  27. Mais l’homme n’est-il pas « apprenti-sorcier » depuis qu’il a commencé à domestiquer le feu ? N’a-t-il pas commencé là à tout « profaner » ? En quoi toucher au génome serait passer un seuil non franchi lorsqu’on invente des médicaments, domestiques des animaux, détourne des cours d’eau, invente la roue, l’électricité,… explore le sous-sol autant que l’espace, etc. ?
    Et ne peut-on pas considérer que cette tâche de « profanation » qu’il accomplit avec abnégation depuis l’aube des temps est en elle-même « sacrée » ?

  28. Et surtout, vu l’ampleur des dégâts en cours, la solution « artificielle » – si elle comporte évidemment énormément de risques – n’est-elle pas finalement le seul recours possible ?

    (Faudrait savoir, soit la situation « écologique » actuelle est très très grave, voire irrécupérable, dans ce cas pourquoi s’interdire ce qui reste une sorte d’hypothétique espoir, soit elle ne l’est pas tant que ça… mais alors pourquoi continuer d’essayer de le faire croire ?)

  29. Si, H.B., bravo tu m’as bien lu… et dois-je te rappeler que c’est le principe même de l’homéopathie… donc une méthode éprouvée de soin ?

  30. …à faible dose tout de même, Vincent, à très faibles doses, même (dois-je également te le rappeler ?)

  31. L’histoire du « Oh c’est pt’êt’ bien trop tard, aquoibon, c’est dans notre nature… » que sais-je encore, on pourrait l’appeler la dynamique du sac poubelle, établie (ou relayée ?) par un collègue géographe avec lequel je travaillais il y a désormais près de dix ans.
    Ne faites pas le test : posez un sac poubelle au beau milieu d’une sorte de terrain vague ou de remblai. Eventrez le pour en faire jaillir ses laides ordures. Attendez.
    Vous avez créé une nouvelle décharge sauvage, c’est à dire la possibilité pour le prochain quidm de se déculpabiliser en y déposant son propre étron. Certes, il sait qu’il accentue le phénomène. Mais il possède encore une source d’orgueil inépuisable : c’est pas lui qu’a commencé !
    Bref, argument fallacieux, fortement et souvent mal contesté par les écolos.
    Mais faut pas pousser : nous ne sommes pas des gosses.
    Quand au recours à l’artifice, je le trouve vain, hypocrite, souvent malhonnête.
    Et la nature a plus d’u tour dans son sac. Nous saurons encore lui en faire baver. Mais elle est plus forte : les pires calamités ne sont pas humaines.
    Nous ne seront pas de taille. Ne soyons pas lâches.
    Alternative simple : balancez vos immondices où vous voulez au nom de la tradition séculaire d’une espèce calamiteuse et hurlez de plaisir votre liberté assouvie… ou bien triez. Pour le reste, c’est encore plus simple : continuez à croire que le bonheur de l’humanité vous est rendu possible par le progrès technologique et consommez tout (bravo pour votre citoyenneté libérale), ou bien… triez dans les immondices de la société mercantile en vous rappelant que vous n’avez même pas pu déposer les votres dans la jouissance : tout est à jeter chez elle, ya rien de bon !

  32. Alors Vincent ?
    Christophe laisse tout de même entendre (avec autant de brio que de tact) qu’il y a selon lui pas mal de vanité, d’hypocrisie et de malhonnêteté (voire de la lâcheté) dans ta position… et tu ne répliques pas ?
    Je t’ai connu plus combatif : serais-tu à cours d’arguments ?

  33. Oui (si ça peut te faire plaisir).
    Disons aussi que j’apprends à me taire quand le débat devient trop passionné. Par écran interposé c’est en effet pas simple à gérer.

    Je regrette juste de ne pas avoir senti « le truc » venir : l’appel au « sacré » aurait pourtant dû me mettre la puce à l’oreille. Cela marque toujours la définition d’un « espace où l’on a pas le droit d’entrer », d’un « domaine qu’on n’a pas le droit de toucher », bref d’une « limite au-delà de laquelle on doit s’attendre à voir les armes sortir ».

  34. Peut-être suis-je allé trop loin dans mon propos, mais avant d’en remettre une couche (!), j’aimerais préciser quelques points :
    – je ne suis pas passionné par le sujet, juste concerné et a priori plutôt bien affranchi.
    – je ne pense pas avoir une once d’esprit militant que ce soit pour ceci ou pour cela (la religion, la politique, les associations dans lesquelles je suis tout de même investi) et je suis même très allergique à toutes les attitudes dogmatiques, sectaires, partisanes, bref : quand la personne devient plus habitée par le message remâché par une autre que par sa propre pensée… ça ne m’intéresse plus.
    – il m’arrive d’être épouvantablement arrogant, suffisant, orgueilleux et surtout entêté (le mot est faible), et j’espère ne pas en être arrivé là au cours de ce débat d’idées.

    Cela dit, je précise que j’apprécie souvent l’originalité de ta pensée, Vincent, et même ton courage presque suicidaire sur le blog d’une personne dont tu connais les accointances ! Je me demande toutefois si tu ne fais pas un peu trop l’avocat du diable bien que sachant souvent prendre le contrepied des positions fortes avancées, en donnant avec à propos un éclairage opposé. Ceci permet aux argumentaires de s’étayer.
    Mais faut quand même pas pousser mémé dans les orties !
    Ya des limites au purin !
    Là j’m’énerve juste parce que confondre sacré avec pas le droit d’entrer et croire que j’ai sorti les armes est à mon avis indigne de ta sagacité.
    Je ne comprends pas ta réaction devant le sacré. S’agit-il d’une confusion avec la religion ?
    Je n’ai pas sorti les armes mais peut-être abusé de mon arrogance… c’est vrai que c’est souvent une arme redoutable. Mais afin de ne rassurer personne : je dispose d’armes bien plus terribles. Et parfaitement astiquées !
    Sans rire, ce débat est très intéressant, car je partage l’idée avec quelques-uns que l’absence de sacré dans notre société moderne et même bisontine pose un problème sans précédent (?) : quelles sont les limites de chacun, celles de l’interdit, celles de l’intouchable, celles qui seront même capables d’empêcher Vincent de recourir à d’autres penseurs pour établir sa parole ?
    Avec tout mon respect !

  35. Merci pour cette « mise au point », Christophe, qui me rassure… et promet d’autres savoureux (houleux mais respectueux) débats.

    Celui sur le sacré m’intéresse a priori beaucoup car ça me semble, au départ, un peu compliqué à manier. Je m’y attèlerais volontiers ne serait-ce que pour tenter de clarifier ce que je peux être amené à penser (et « se frotter » avec des pensées « autres » est je trouve une bonne façon de faire surgir quelques étincelles).

    Cependant je me demande s’il ne faut pas attendre un peu. Bernard a dit qu’il aimait bien cette « référence au sacré », il va bien nous concocter un ‘tit article qui lancera alors la discussion.

    Et puis, surtout, je reste encore sur ma faim sur la question de la « biodiversité ».

    Je repose donc, une dernière fois, mes questions (posées plus haut) à la cantonade :
    – Pensez-vous qu’il soit encore possible d’empêcher le déclin de la biodiversité naturelle planétaire ?
    – Si oui comment (et à quel prix) ?
    – Si non que reste-t-il à faire ?

  36. Pour ceux qui sont pires que les aveugles car ils ne veulent pas voir,
    ou que les sourds car ils ne veulent rien entendre,
    ou que les ânes qui n’ont pas soif, et donc ne veulent pas boire,
    un site informatif et participatif .
    « Lancement d’une chaîne spécifique  »Grenelle Environnement » sur Internet
    Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, annonce le lancement d’une chaîne  »Grenelle Environnement » sur le site Internet youtube.com.* La secrétaire d’Etat à l’Ecologie a  »souhaité, dans la perspective de la consultation publique sur les propositions d’actions issues des groupes de travail, développer des outils Internet qui permettent au public le plus large possible d’accéder à l’information et de participer aux débats », souligne le communiqué. Il est primordial que le public s’empare des propositions concrètes issues de la phase préparatoire du Grenelle Environnement. Il s’agit là de politiques touchant à la vie quotidienne des Français et qui concernent le futur de chaque citoyen, déclare Nathalie Kosciusko-Morizet.
    D’après le Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, Google, par l’intermédiaire de son site vidéo YouTube, diffuse sur la chaîne vidéo  »Grenelle Environnement » l’ensemble des vidéos et interviews (48 à ce jour), réalisées à l’issue des différentes réunions des groupes de travail. Les différentes propositions émanant des 6 groupes de travail seront ainsi diffusées très largement auprès du public, amené à se prononcer dans le cadre de forums Internet, dès le début du mois d’octobre 2007, poursuit le Ministère. Cette chaîne vidéo Internet permettra d’augmenter l’audience du site Internet** dédié, développé par le ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, conclut-il.  »

    * http://fr.youtube.com/GrenellEnvironnement
    **http://www.legrenelle-environnement.gouv.fr/

    … n’aura le droit de braire que celui qui aura -au moins- essayé de s’informer!

  37. Proposition d’article sympa… Nanard… au boulot ! Et là, franchement je préfère que ce soit toi qui t’y colle, je ne saurais pas par quoi commencer… la musique peut-être ?
    Donc pour l’instant, je laisse ce débat de côté, et de toute façon, en tant que maître du blog…
    Sur la question de Vincent qui porte sur le déclin de la biodiversité, quelques réfléxions :
    1. la simple question du déclin ou de l’augmentation de cette biodiversité n’est pas suffisante. Par exemple, comme j’ai pu le constater dans le discours de ce l’on appelle « les aménageurs » (du territoire), ils adorent penser que le fait de faire passer une infrastructure linéaire (route, LGV au hasard), lors du passage en forêt, l’ouverture du milieu permettra d’augmenter la diversité en espèces.
    Ils se font donc passer (dans ces milieux au moins et avec raison) pour des augmenteurs de biodiversité. Je l’ai entendu claironner en réunion, étalé dans des documents de Communication vers les consommateurs.
    En effet, dans un milieu où la diversité spécifique (nombre d’espèce) est pauvre comme une forêt tempérée de par chez nous… tout raser et observer les divers stades de recolonisation permettra d’observer des stades bien plus riches en espèces (et avec même des espèces rares) que l’écosystème originel.
    En exagérant un peu, tout chambouler sur cette planète en y intégrant les pires créations humaines pourrait augmenter la biodiversité.
    2. Ce n’est pas aussi simple car : certaines espèces qui disparaissent sont le fruit d’une lente évolution et la perte est sèche. Par ailleurs, si l’on considère les écosystèmes tropicaux ou équatoriaux, l’absence de gel prolongé permet le développement d’une diversité hallucinante. Les glaciations du quaternaire ont ainsi érodé considérablement la diversité spécifique des zones tempérées.
    Les atteintes profondes auxquelles on peut assister dans ces régions du globe, outre les images de poumon vert ou la disparition d’un patrimoine pharmaceutique engendrent bel et bien la disparition d’une richesse inouie. Là, c’est sûr, pas de réversibilité.
    3. Si l’on considère une pauvre forêt boréale… bien glacée. d’accord, la biodiversité est faible. Si l’on va dans des coins encore plus sévères, le nombre d’espèces vertébrées est même ridicule… MAIS ! Certaines formations sont le fruit d’une lente évolution, on t atteint une sorte d’apogée, un équilibre durable, un stade appelé Climax en écologie : la zone décapée du TGV mettra au bas mot des millénaires avant d’y parvenir.
    4. Si l’on considère la biomasse, c’est encore très éclairant. Imaginez que votre seule ressource carbonée se trouve dans le mileiu qui vous héberge et vous aurez tôt fait de choisir entre le stade pionnier du remblai et la taïga : là-bas, il y a de quoi vous chauffer !
    5. Le terme biodiversoté est en fait un néologisme bien pratique qui permet à bien du monde de tergiverser sur un sujet exptrêmement complexe : les relations des peuplements vivants avec leur biotope, la simple diversité des formes de vie, la complexité des équilibres qui régissent le moindre écosystème (à supposer qu’il soit dissociable…), il ya de quoi perdre le latin du meilleur biologiste.
    A mons sens, la situation planétaire n’est pas tant préoccupante parceque sa biodiversité se pète la gueule (ça reste vrai intrinsèquement, et il faudrait encore considérer la position des espèces détruites dans le réseau trophique : consommateur phytophage, prédateur, etc.), mais surtout parceque tous les équilibres sont profondément bouleversés jusque dans des dimensions qui nous échappent.
    Ainsi, l’homme aurait non seulement réussi à détruire des espèces ou des écosystèmes, mais il serait parvenu à remettre en cause des facteurs non vivants comme la température évidemment : soit une atteinte majeure au facteurs abiotiques… aux biotopes eux-mêmes !
    Les incidences sont incommensurables, et le premier qui les commensure sera suspect !
    En clair, pour moi, la boîte de Pandore a été ouverte, et c’est grave !
    Et dire que je ne voulais plus parler du sacré, m’y revoilà aussi sec !
    Selon Wikipedia :
    Dans la mythologie grecque, Pandore (en grec ancien Πανδώρα/Pandốra, « tous les dons ») est la première femme. Elle est associée à la légende de la « boîte de Pandore » (en fait, une jarre). Elle est parfois appelée Anésidora « celle qui fait sortir les présents des profondeurs» en fait «la Déesse de la terre qui préside à la fécondité »
    CQFD

    Donc aux deux autres questions :
    – le prix : pas cher, c’est seulement mourir, à la portée de la moindre amibe
    – quoi faire ? Prier si l’on est croyant, tester sa fécondité si l’on est primaire, appeler « au secours Bernard » très régulièrement si l’on est blogueur ou lancer les vieilles tomates, se servir comme les autres profiteurs dans la boîte encore bien pleine, etc.

  38. Ben vivre tout simplement !

    Quand au Grenelle de l’environnement, merci pour le lien fourni par Brind’paille, moi je n’irai pas car j’ai l’impression que le but de cette tarte à la crème est d’essouffler la contradiction. cela dit, j’aimerais avoir encore assez d’optimisme pour jouer à Don Quichotte, alors merci de m’associer au moins moralement à vos contributions anti-OGM par exemple.
    Dommage, parce que j’ai quelques merveilleuses tomates pourries en ce moment !
    Je récolte encore mais la production s’affaisse…

  39. Je pense aussi que « la boîte de Pandore » est ouverte et que les conséquences sont « incommensurables » (pour reprendre tes images et expressions).
    Je pense également que même à supposer un hypothétique coup d’état mettant au pouvoir au niveau mondial, demain matin, un gang d’écolos sans le moindre scrupule… on ne pourrait la refermer.
    Du coup, s’en indigner, se flageller, chercher des coupables… ne me semble pas bien utile, ni constructif : cherchons plutôt à voir « ce qu’on peut (encore) faire avec » !

    (J’ai en gros le même point de vue sur les OGM… qui, il faut se rendre à l’évidence, quoiqu’on pense, croit, dise, fasse, seront de toutes façons là demain.)

    Vous serez, je le sais, nombreux ici à trouver cette position cynique, désabusé, aquoiboniste, nihiliste, ou je ne sais quoi de pitoyable
    J’ai la faiblesse (l’orgueil ?) de croire qu’elle est simplement… réaliste !

  40. Christophe, vas-y quand même sur le lien. Il est assez instructif de voir comment chacun présente sa position et comment chacun ressent ce « Grenelle ».
    Sinon, d’accord avec toi, je ne me fais pas beaucoup d’illusion, sauf celle que c’est peut-être une occasion d’étaler la problématique au grand jour.
    Et vous savez aussi que la discussion est ouverte au public?
    Vincent, tu m’énerves. Tu ressases toujours les mêmes questions avec les mêmes arguments.
    Mais renseigne-toi donc une bonne fois pour toutes, va sur les liens qu’on te propose, écoute ce qu’on te dit, informe-toi, enlève tes lunettes, que sais-je, moi?
    Je dis ça mais j’ai l’intime conviction que tu n’as pas la moindre intention de savoir quoi que ce soit. Je me trompe?

  41. Si c’est ton « intime conviction » Brind’paille, ça ne se discute pas… Tu as donc sûrement raison.

  42. Merci à Brind’paille pour son insistance, je suis allé à ton invite sur ce site et voici ce que j’en retire… sans avoir tout visionné mais passé une bonne heure tout de même.
    Toutes les personnes qui apparaissent sur les vidéos témoignent d’une grande satisfaction face à a qualité des débats engagés. Cela est renforcé par une impression de sincérité sereine et surtout par la modération générale de tous les discours, habituellement exacerbés dans les médias. Les personnes interviewées sont donc empathiques, visiblement très investies de leur rôle, l’arrogance habituelle a disparu. Ce seul résultat est à mon goût extraordinaire.
    Il me semble que le scepticisme français face aux OGM transparaît aussi en filligrane : même les gros syndicats agricoles (FNSEA) adoptent un ton plus doux en affichant une position encore indécise. Devant le discours habituel des medias et des politiques, ça interroge.
    Seules les collectivités territoriales et les ONG adoptent encore un discours policé, très similaire sur la forme, montrant au passage leur connivence.
    Je retiens encore le discours d’Yvon le Maho, avec qui a travaillé Michel Gauthier-Clerc, un ornithologue régional, sur le thème de la complexité des problématiques en jeu (qui donc peut se prétendre à la hauteur ?), de la nécessité de l’indépendance scentifique tout comme celui de Jean-Pierre Raffin vieux routard de ce genre d’exercices et qui signale juste qu’il n’y a rien de très neuf sous le soleil à l’issue de ces débats…
    Sauf qu’ils ont lieu, que l’occasion est belle, ceux qui en profitent heureux, très bien.
    Trois éléments récoltés sur ce site me laissent dubitatif (dans l’acception non desprosgienne du terme) :
    – la remarque du représentant de la FNSEA « le territoire est à partager et non conquis ». Bof, j’y crois pas.
    – Les abonnés au site, peu nombreux, ont tous des pseudos. Aucun n’est à visage découvert…
    – Ce site est presque uniquement un site de communication, même s’il est possible d’y laisser moult commentaires.
    Merci Brind’Paille, c’est pas tous les jours que des gens qui n’ont rien à foutre ensemble sont heureux et surpris de se rencontrer. Sans aucun doute la meilleure réussite de Sarko depuis son accession à l’Elysée.
    Pour la suite, j’attends… mais reste actif comme je peux.

  43. Flûte je me suis trahi !
    Je m’en moque vraiment sauf que :
    – j’adore semer la zizanie impunément
    – j’étais fier de mon pseudo
    – je pensais avoir appris à mentir…
    La prochaine fois, je sème une merde sans pareille !

  44. J’ai fait pas mal de recherches sur des sites internet. Le constat concernant la biodiversité cultivée est le même que celui pour la biodiversité sauvage, à savoir une baisse importante. Que l’on prenne le cas de la pomme, du riz, de la banane, du blé, du haricot …, le constat est le même. Vincent avait semé quelques doutes mais je n’en ai plus à la lecture de ce que j’ai trouvé.
    Vincent dit que ses grands-parents avaient accès, à l’étalage, à moins de variétés qu’aujourd’hui et il donne comme exemple la dizaine de variétés des magasins Carrefour. Exact mais cela ne prouve pas qu’il y a plus de variétés aujourd’hui. Simplement, les dix variétés de Carrefour que le consommateur peut acheter à Besançon sont rigoureusement les mêmes que les dix variétés que l’on peut trouver dans un Carrefour de la région parisienne. Il est certain qu’autrefois on ne trouvait sur un étalage de marché à Besançon que quelques variétés (donc effectivement moins de choix qu’aujourd’hui comme le dit Vincent) mais ces variétés n’étaient pas les mêmes que celles que l’on trouvait à Dole, à Montbéliard, à Arbois, à Tourcoing, à Valence … Globalement, sur l’ensemble du territoire français, le choix était considérable.

  45. Si certaines personnes sont intéressées par l’histoire des fruits et des légumes, je donne une conférence sur ce thème le vendredi 12 décembre à la maison de la nature de Brussey . Entrée gratuite (et en plus, y’a à boire à la sortie !)

  46. Je redonne l’info déjà donnée en octobre : pour celles et ceux qui sont intéressé(e)s, la conférence que je donne sur ce thème aura lieu après-demain soir 12 décembre à la Maison de la Nature de Brussey.
    Yves, si jamais tu viens, promis, je te paye à boire à l’entrée … mais bon, je ne sais pas si ça vaut le coup … depuis la Bretagne.

  47. Et de plus Bernard il neige chez toi , et un Breton comme moi sur cet élément qu’il ne voit que 2 fois tous les 10 ans devient maladroit et un peu pommé !!!! :silly:
    Ici avec 2cm de neige c’est la panique , on ferme les routes , les gens roulent à 20km/h et arrivent pourtant à faire des tonneaux ( pas de vin !!)
    On se jette sur le sucre et les conserves dans les supermarchés , à savoir si 5cm de neige tomberaient pendant la nuit et nous bloqueraient des semaines à la maison !!! C’est dingue ces réactions , cette peur du froid , du chaud , de la pluie , du vent , de la neige …. Ces éléments que l’être humain n’a toujours pas réussi à dompter , et heureusement !! Alors on pleure devant un ciel gris et on pleure devant un grand soleil , on pleure , on pleure ……. :cwy:
    Moi ça me donne soif ( je vais passer pour le vrai Breton pochetron , alors que c’est une légende ! ) :angel:
    Bonne conférence à tous , car il n’y a rien de plus beau que de pouvoir partager !!!

  48. Juste une petite info pour annoncer que je fais une petite conférence courte (de 20′) ce dimanche 12 septembre à 11H dans le cadre du vide-jardin de Boult en Haute-Saône.

  49. Bonjour,

    Très intéressée par la nutrition, je découvre votre blog. qui m’a passionnée. Joyeux et bien informé. J ‘y ai trouvé des renseignements précieux, que j’ai transmis à mes lecteurs ( pas nombreux pour l’instant :smile: ) J’ai ajouté 2 liens vers votre blog. Ce
    n’est pas trop tard, pour vous demander votre permission? L’histoire des légumes et fruits, idée géniale. Merci

    Amicalement

    Charlotte

  50. Tiens, ça me donne l’idée de reprendre à la rentrée cette rubrique consacrée à l’histoire des fruits et des légumes. Merci Charlotte pour m’y avoir fait repenser. :wink:
    Merci pour les liens.

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