Liberté bafouée (2)

Au début juillet, Sarkozy avait demandé à Michèle Alliot-Marie de « réfléchir à un vaste plan d’installation de caméras dans nos réseaux de transports en commun ». La Ministre avait très vite réfléchi car elle annonçait, dès fin juillet, qu’elle allait tripler le nombre de caméras installées sur notre territoire. De quoi évidemment être plus performant dans la lutte antiterrorisme … avec évidemment comme conséquences de fliquer un peu plus les citoyens et de restreindre leur espace de liberté.

D’ailleurs, dans son rapport d’activité 2006 publié le 9 juillet, la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) avait mis en garde contre la généralisation de trois dispositifs : vidéosurveillance, biométrie et géolocalisation des véhicules. Au moment même où le gouvernement décidait de multiplier le nombre de caméras, la CNIL lançait, cet été et dans l’indifférence générale, « une alerte à la société de surveillance » qui menace « la protection des données et nos libertés ». Selon la CNIL, « l’innovation technologique est à la fois porteuse de progrès et de dangers (…). Les individus sont tentés par le confort qu’elle procure, mais ils sont peu conscients des risques qu’elle comporte ».

Ce matin, les médias nous annoncent la mort de Jean-Baptiste Bizot, un personnage hors du commun, cofondateur du journal underground Actuel et fondateur de Radio Nova. Dans les derniers temps, Jean-Baptiste Bizot ne cessait de pester contre les atteintes aux libertés. Attention, disait-il, à « cette société de la liberté surveillée qui se crée dans notre dos, par une coalition de quadragénaires psychomoralisateurs ».

12 réflexions au sujet de “Liberté bafouée (2)”

  1. Aaaaah Actuel (2e époque) et Jean-François Bizot, toute ma jeunesse !!!

    Je me souviens encore de ses pages au début de la World Music, de la « théorie Gaïa » de Lovelock avant 90, des premiers récits de N.D.E. (Near Death Experience), de l’apparition du New Age et la découverte du Shin Taï Do, du premier numéro entièrement en « nouvèle ortografe », des « 1000 lectrices parlent de sexe », de la polémique lancée en 91 avec le concept des « Ecolos fachos », etc.

    Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
    Vandel est chroniqueur chez Ruquier, Taddéï fait le cultureux sur la 2, Van Eersel est rédacteur en chef de la revue « Nouvelles Clés », Nick fait (je crois) des piges sur TF1, Bizot, mort du cancer, etc.
    Arfff…
    (snif !)

  2. C’est pour ça, Vincent ?
    Tu as donc été endoctriné, dans ton jeune âge, par le numéro d’Actuel sur les « Ecolos fachos (attention les Khmers verts sont en France !) » en octobre 1991 ?
    Tout vient donc de là ? (On se demandait parfois…)
    Hé bé… Il peut être fier de lui l’Bizot.

    Au fait, lui, c’était pas avant tout un de ces grand bourgeois qui dilapidait son ennui dans l’imposture de la pseudo-rébellion ?
    Et Actuel, le magazine-symbole de la branchitude parisienne post-moderne, née suffisante et fatiguée après 68 ?
    Si ? (Je me disais bien !)

  3. Comme d’autres (Vincent en est l’exemple criant), j’ai été décrotté par Actuel, réveillé de ma tranquille adolescence (!)
    De cela et des épaves flottantes de 68 (je suis né en 62, j’ai pas fait la guerre) de ce qu’ont pu procréer les fameux « zévén’ments » de Coluche (charlie hebdo, hara kiri ou fluide glacial) je conserve une attirance sans bornes pour l’originalité, le mauvais goût du second degré (qui a fait des ravages dans la génération de mes parents élevée sans « gros mots » rien qu’au « grumeau »).
    Ça et la musique punk furent le berceau de ma culture. Merci Bizot et les autres.
    Encore un dans la sciure. Eh ? Il reste qui pour ne pas succomber aux sirènes du sarkozisme ? Allez, je ne suis pas comme certains : je fais confiance aux jeunes. je sais que la lenteur ou l’inefficacité qu’ils mettent à quitter nos pénates (voir ce mot) sont inversement proportionnelles à la vigueur qu’ils sauront mettre en œuvre à foutre en l’air -à nouveau- l’édifice consternant du néolibéralisme. Et vlan !
    Et tant que je respirerai plus loin que Bizot, je m’attacherai à leur rappeler leur devoir de résistance.
    Bon… mais en attendant, faut montrer la voie.
    Et là, porter les fringues des freaks… faut quand même pas exagérer : et c’est sans causer de la valeur carbone de ce bordel des années 70 !
    Salut Bizot, j’en ai passé des heures à m’interroger sur la contre culture tout en étant bercé par la culture de l’époque, et à m’éclater dans la provoc’ intello.
    Je regrette surtout que pas grand chose ne puisse prendre le relais au niveau national : tout est mondialisé, certes, mais l’underground se relocalise…
    Tension le yeux !

  4. Selon Wikipédia PENATES : les Pénates ont été des divinités étrusques avant de devenir des divinités romaines. Ils sont chargés de la garde du foyer et plus particulièrement des biens et du garde-manger (étymologiquement Pénates vient du terme latin Penus : garde-manger), d’où l’expression regagner ses pénates, qui signifie rentrer chez soi.
    Le mot « Pénates » est masculin. (il est employé rarement au féminin, ainsi qu’au singulier).

    JE VOUS L’AVAIS DIT : regardez l’état de votre garde-manger, et vous saurez le decré de jeunesse qui subsiste en votre foyer !

  5. erratum: la technique est à ce point incroyable que le lien s’est établi tout seul. C’est formidable!

  6. Ben moi je ne parviens pas à l’ouvrir ton lien, Isidore.
    (Ravi de te retrouver « de passage » ici, à propos)

  7. Incroyable comment cette belle jeunesse a vieilli !
    Y sont forts ces vieux ci quand même, pan dans le mille.
    Merci Isidore pour ce beau document qui me conforte dans mon jugement : ces résistants de la première heure vont laisser leur place, c’est leur sort, et de plus de jeunes devront nécessairement leur emboiter le pas. La place sera prise.
    Et caetera.

  8. J’aime beaucoup l’idée (le théorème ?) de Christophe : « La lenteur ou l’inefficacité qu’ils mettent à quitter nos pénates sont inversement proportionnelles à la vigueur qu’ils sauront mettre en œuvre pour les foutre ensuite en l’air (nos pénates… comme tout ce qu’on leur lègue : libéralisme et autres autres joyeusetées de l’époque) »

    (Sinon, j’ai pu « lire » la vidéo d’Isidore au boulot… Chez moi, il doit manquer un logiciel)

  9. Sans vouloir te vexer, Vincent, il n’est pas sûr que ce ne soit que dans ton ordi qu’il te « manque un logiciel »
    ;-)

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