Allons vite au Grenelle !

Comme beaucoup de personnes oeuvrant dans le domaine environnemental, j’étais invité à la restitution des travaux liés au Grenelle de l’environnement avant hier soir à Besançon, cérémonie placée sous l’égide du Préfet de Région. Je n’y suis pas allé, étant par nature plutôt réfractaire aux grand’ messes dont on nous abreuve en permanence (la messe, je suis tombé dedans quand j’étais petit alors comprenez bien que j’en sois vacciné à vie !). Et puis je dois avouer que, en dehors de mes horaires professionnels, je privilégie avant tout ma vie familiale et que ma vie privée, y compris la gestion de ce blog, est sacrée.

Je me suis laissé dire aujourd’hui qu’il y avait près de 800 personnes à cette réunion et qu’un petit questionnaire avait permis d’estimer à plus de 30 000 km la distance cumulée effectuée pour venir à cette soirée … soit les 3/4 exactement d’un tour complet de la terre. Oui je sais : c’était pour « la bonne cause », mais quand même …. !

Et puis d’ailleurs, ça commence où la bonne cause ?

18 réflexions au sujet de “Allons vite au Grenelle !”

  1. Chacun ses réseaux, moi c’est à Cardiff, la semaine dernière, qu’on m’a invité pour assister au match France/Nouvelle Zélande (il y avait possibilité de récupérer billet et transport gratuits).

    Mais – est-ce de trop fréquenter ce blog ? – j’ai aimablement refusé de participer à ce qui m’a également semblé être, somme toute, une dépense bien excessive d’énergie (même pour une cause – sportive – d’aussi grande importance !)… et préféré rester avec des potes devant une télé bisontine !

    (Tiens, je pourrais tout aussi bien en faire un commentaire de l’article « Ils l’ont dit à la télé »)

  2. Si même toi, Vincent, tu t’y mets (à raisonner ainsi, comme un écolo, en terme « énergétique »)… il y a peut-être finalement comme une lueur d’espoir !

    T’es sûr que y’avait pas – en vérité plus ou moins sourde – d’autres mobiles à ton refus (je ne sais pas, moi : une histoire de fille, de garde d’enfant, d’emploi du temps…) ?

  3. Quelqu’un y est-il allé (en covoiturant, à vélo ou simplement… comme il/elle a pu) ? Et quelles impressions en a-t-il/elle retiré ?
    (C’n’est pas évident, je trouve, à savoir qu’en penser)

  4. Il semblerait que les adeptes de la décroissance ont organisé un contre-Grenelle de l’Environnement. Quelqu’un a des infos là-dessus ?

  5. Tout compte fait, je pense qu’il fallait aller à ces réunions consacrées au Grenelle, même si je pense que l’enjeu est plutôt à un niveau national (avec des réseaux représentatifs comme France Nature Environnement) plutôt qu’au niveau local.

    Je pense aussi qu’il y a, globalement, plein de réunions qui ne servent à rien, absolument à rien, mais où les absents finissent toujours pénalisés. Donc, autant y être !

  6. Un des intérêts de ce genre de réunions, je crois, est de commencer à imaginer ce que pourrait être la construction d’une démocratie plus « participative ».

    Evidemment, pour le moment c’est davantage de la consultation (et encore !) que de la participation, il y a beaucoup de temps et d’énergie perdus… mais c’est, il me semble, le vaste chantier à entreprendre : instituer (en dehors des partis traditionnels) ce genre d’instances collectives intermédiaires, au sein desquelles chacun peut s’impliquer, confronter son point de vue à celui des autres et tenter d’élaborer un accord commun.

    Bernard a raison de ne pas négliger la vie familiale et privée (surtout quand la vie professionnelle prend beaucoup de place), mais participer à ce genre de « collectivoir » est également loin d’être inutile. On n’a pas tant que ça d’occasion d’exprimer sa citoyenneté autrement que dans un « isoloir » (au sens propre… ou figuré) !

  7. Le terme « Grenelle » a-t-il été bien choisi en référence aux fameux « accords » signés en 68 ?
    Bizarre, non ?
    Vous l’entendez comment vous cette référence ?

  8. Les décroissants ont organisé un contre-Grenelle pour dénoncer ce qu’ils appellent une mascarade.
    L’idée est assez facile à comprendre : le capitalisme est basé sur le principe de croissance (du PIB) qui est en contradiction totale avec les bases de protection de l’environnement (protection des ressources, diminution des déchets).

    J’ai, personnellement, du mal à trancher sur la nécessité d’un passage par le développement durable. Il est évident que le seul moyen d’inverser la tendance est de produire/consommer beaucoup moins. Mais en attendant ?
    Le risque est que le développement durable suffise à donner bonne conscience. Or, si, par exemple, chaque nouvelle voiture consomme moins de carburant et rejette moins de déchets dans l’atmosphère pour cause de progrès technique, le nombre de véhicules nouveaux mis en circulation est tel que la consommation de carburant et les rejets de déchets continue à augmenter.
    C’est bien plus en profondeur qu’il faut agir.

    Pour ceux qui n’auront pas eu le courage de lire le site sur le contre-Grenelle, je mets un lien vers un petit film qui donne une bonne idée du point de vue des décroissants :
    http://www.dailymotion.com/video/x31t5d_contregrenelle-de-lenvironnement_politics

    Parmi les intervenants, j ’avoue une petite préférence pour Serge Latouche, professeur émérite d’économie à l’université Paris-Sud, dont je recommande la lecture, entre autre de
    Décoloniser l’imaginaire
    La pensée créative contre l’économie de l’absurde

    Éditions Parangon/Vs (2005)

    Nous envisageons d’organiser une conférence de Serge Latouche à Besançon.
    Quand je dis Nous, je fais référence à la bisontine de décroissance, groupe de réflexion qui se réunit chaque mois à Besançon.

  9. Cette réflexion sur la décroissance —un mouvement que je suis de près— est intéressante. Mais il me semble qu’il y a un malantendu sur le concept de développement durable : ce concept apparaît malheureux parceque mal traduit de l’anglais… idiome d’origine.

    Il s’agirait donc de « sustainable development » injustement traduit « développement durable » alors qu’il aurait fallu dire : développement soutenable.
    Glissement sémantique pas anodin : le terme durable permet à l’homme de s’y inscrire, il est anthropo-centrique. Le terme soutenable suppose une conscience du milieu, de la planète… et l’acceptation d’une remise en cause personnelle car ce qui est visiblement durable à l’échelle humaine peut s’avérer insoutenable au niveau planétaire.
    En clair, le fonctionnement actuel de l’humain développé et consommateur est durable pour nos chers commerçants, mais pas soutenable pour la planète. Là se trouve peut-être la réponse au questionnement d’Anne sur la bagnole, elle a raison, ce n’est pas tenable !

    D’autres types de recherches humaines, le développement personnel, le retour à la terre, de nouvelles façons de travailler, de nouvelles pensées sont à l’œuvre. J’ai plus confiance dans ce foisonnement, image de vie, que dans le concept devenu rapidement dogmatique de « développement durable ».
    Si cette seule voie devait être soutenue, réservez-moi avant tout du rable de lièvre, je le préfère au lapin : on le croirait sorti d’un chapeau !

  10. Je connaissais l’erreur de traduction de « sustainable development ». Mais je pense que dans l’expression Développement durable, c’est le mot Développement qui pose problème !
    Je crois que c’est Paul Aries qui qualifie cette expression d’oxymore (figure de style qui réunit deux mots en apparence contradictoires ).

    Je voudrais citer un autre exemple qui montre la contradiction obligatoire entre le capitalisme et l’écologie : L’opération Vélib’ à Paris, grande sœur de l’opération Vélocité de Besançon.
    Évidemment, on ne peut que louer la mise à disposition de vélos dans une ville. Mais que connaît-on de la contrepartie accordée à Decaux ?
    384 panneaux de 8 m2 et 1242 de 2 m2. Des panneaux déroulants, éclairés toute la nuit, et qui consommeront chacun autant d’électricité qu’une famille de 2,5 personnes. Des panneaux publicitaires qui nous feront passer le message « Consommez plus ».
    Cette contrepartie a sans doute été nécessaire pour obtenir le contrat. Et le bilan écologique de l’opération sera très difficile à faire. Comment quantifier l’impact sur les mentalités ? Un des points positifs de Vélib’ est que de nombreux parisiens ont ressorti leurs vieux vélos, et que c’est l’image du transport en ville qui est peut-être en train de changer. Un des points noirs, c’est le harcèlement publicitaire… il a été calculé que ces panneaux multiplient par 3 le nombre des messages de pub de la ville de Paris (les panneaux déroulants diffusent chacun 4 messages).

  11. Ce que dit Anne me semble très important. On a souvent l’impression que telle ou telle action est bénéfique pour l’environnement mais à y regarder de plus près, ce n’est plus aussi évident que ça. J’habite en campagne et je vois tous les week-ends des gens qui passent devant chez moi avec voiture et remorque pleine de petits branchages (tailles de thuyas par exemple). Ces personnes sont probablement contentes d’aller mener leurs déchets verts à la déchetterie. Mais faire 15 km aller-retour en voiture pour quelques branchages, ça ne se justifie absolument pas et il serait beaucoup plus écolo de les laisser pourrir dans un coin de sa propriété. Et je suis sûr que ces personnes ont bonne conscience en allant à la déchetterie de Devecey. Il en est de même pour moi car si j’analysais tous mes actes … !

  12. Questionnement positif car à mon avis indispensable : toute forme de culpabilisation du citoyen est inutile ; elle n’est pas constructive, et si elle devait s’avérer fondée, la loi est normalement prévue pour remédier aux transgressions excessives.
    Les lois modernes ne vont pas dans ce sens, elles encombrent, mais la culpabilité colossale… et avant tout paralysante.

    Il me semble qu’il faut donc encourager et féliciter les petits pas en avant même si de grandes régressions sont encore à l’œuvre. Les mentalités changent, mais il faudra du temps. Il n’y a qu’à entendre les discussions dans la rue, voir l’angoisse des jeunes générations pour être sûr d’afficher une volonté positive de changement, devenir capable d’accepter la faiblesse de l’humain devant l’épreuve… et la nôtre. La mienne veux-je dire.
    Mes félicitations donc aux membres de ce blog !
    Je ne parlerai même pas du Grenelle de l’environnement : je sais qu’il ne fallait pas laisser la chaise vide mais à chacun son tour ou sa place. Et je sais aussi que la seule présence de quelques-uns aurait gâché le peu d’espoirs que je fonde en l’issue qui adviendra…

    J’espère que ma faiblesse sera pardonnée, et surtout que ces p. d’OGM en prendront un coup dans la g. Ce sera à mon avis une façon de juger ce « Grenelle » car je sais que la plupart de mes concitoyens sont opposés à ces m.

    Je vais aller consulter le lien sur les décroissants avant de lâcher ce fichu clavier.

  13. Au Grenelle de l’environnement, aucune place n’a été accordée au paysage; l’association « Paysages de France » qui milite – et acte – contre l’affichage illicite n’a pas réussi à se faire admettre. Un comble quand même!

    Je vous livre un de ses commentaires :
    « Les effets des débordements de l’affichage publicitaire sur l’environnement sont parfaitement identifiables. Il suffit d’évoquer ne serait-ce que ces “coups de poings atroces” dont parle Michel SERRES pour désigner l’impact des panneaux publicitaires aux abords de nos villes pour mesurer où l’on en est arrivé.
    Or il faut savoir que si une telle situation est possible, c’est parce que :

    1 – Les dispositions du code de l’environnement en matière d’affichage publicitaire et d’enseignes sont largement bafouées jusque dans les parc naturels régionaux (derniers jugements condamnant un afficheur à la demande de Paysages de France : tribunal de Vanves, 27 septembre 2007). Les nombreuses procédures engagées par Paysages de France et gagnées (une trentaine) ou en cours (une trentaine aussi) ne sont qu’un grain de sable dans le système.
    Le Grenelle de l’environnement doit donc être l’occasion d’obtenir de l’Etat qu’il prenne les mesures appropriées pour que le code de l’environnement soit enfin respecté.

    2 – Les dispositions du code de l’environnement, quand bien même elles seraient appliquées, ne sont pas en mesure de répondre au minimum requis en matière de protection de l’environnement et du paysage.
    Le Grenelle de l’environnement doit être l’occasion de prendre un certain nombre de mesures indispensables et urgentes en vue de réduire l’énorme pression que fait subir l’affichage publicitaire sur l’environnement.

    3 – Les associations de protection de l’environnement sont écartées des instances chargées d’élaborer les textes réglementant l’affichage publicitaire dans les communes. Depuis un an, l’UPE, syndicat regroupant les principaux afficheurs, menace même de saisir la justice administrative chaque fois qu’un préfet s’avise de nommer une telle association parmi les membres de ces commissions et attaque les règlements à l’élaboration desquels des associations de protection de l’environnement ont apporté leur contribution ! Dans le même temps, des sociétés membres de ce syndicat, si regardant lorsque ses intérêts sont en jeu, sont condamnées pour violation du code de l’environnement… Le Grenelle de l’environnement se fixe pour objectif de déterminer des mesures permettant de “construire une démocratie écologique” et une “gouvernance” appropriée.

    Le “Grenelle” se doit donc de régler notamment un problème aussi évident et dont la solution est aussi simple que celle de la participation des associations agréées de protection de l’environnement aux instances chargées d’élaborer les réglementations locales en matière d’affichage publicitaire (les afficheurs quant à eux sont représentés en nombre) ! »

  14. Les adeptes de la décroissance ont donc organisé, si j’en juge le lien mis par Anne, un « vide-grenelle » !!! Très original !

  15. Bon alors… quelle conclusion en tirer ?
    Nicolas Hulot met 18/20 à Sarkozy après son discours. Et vous ?

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