Alimentation et biodiversité (1)

L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) tire la sonnette d’alarme à propos de la très inquiétante disparition des variétés de plantes cultivées. Elle estime que les trois quarts de la diversité génétique variétale des plantes cultivées ont disparu au cours du XXe siècle. Aujourd’hui, l’essentiel de l’alimentation humaine, au niveau planétaire, repose sur seulement 12 espèces végétales. La FAO estime que cet appauvrissement considérable est directement lié à la recherche d’une productivité toujours plus grande.

D’après cet organisme de l’ONU, cette érosion génétique de la biodiversité rend l’agriculture actuelle extrêmement vulnérable et incapable de relever les nouveaux défis qui se posent aujourd’hui. « Ce déclin de la biodiversité des principales sources de l’alimentation humaine concourt à rendre les approvisionnements alimentaires plus vulnérables et moins durables, notamment à l’heure du changement climatique avec la disparition annoncée, ou déjà constatée, de nombreuses races animales et variétés végétales comportant pourtant des traits uniques, comme la résistance aux maladies ou la tolérance aux conditions climatiques extrêmes. En conséquence, l’agriculture devient de moins en moins capable de s’adapter aux défis environnementaux que la planète doit relever (changement climatique, désertification, pénurie d’eau, etc.). »

15 réflexions au sujet de “Alimentation et biodiversité (1)”

  1. Il n’y a que regarder les champs autour de chez moi pour se rendre compte de cette pauvreté en espèces végétales , et cette course à la productivité !!!
    De plus , la grande partie de ces récoltes vont pour nourrir le bétail et non la population !!

  2. A l’automne 2007, s’est tenu a deuxième réunion de l’organe directeur du Traité International sur les Ressources Phytogénétique pour l’Alimentation et l’Agriculture (TIRPAA).
    Le TIRPAA se donne pour objectif de préserver la biodiversité des semences agricoles « pour une agriculture durable et pour la sécurité alimentaire »
    Extraits du discours de Guy Kastler pour Via Campesina (mouvement international qui coordonne l’organisation de petits et moyens paysans) au TIRPAA:

    « Très récemment à l’échelle historique, la communauté internationale s’est organisée pour conserver les ressources phytogénétiques dans des banques « ex-situ » que le TIRPAA appuie dans son plan d’action mondial, alors que la conservation « on farm » est délaissée. Mais le monde vivant ne s’est jamais conservé sans se renouveler et se diversifier pour s’adapter au sein de son environnement en perpétuelle évolution. C’est pourquoi nombre de ressources phytogénétiques stockées dans les banques sont menacées de disparition faute de crédit pour les remettre régulièrement en terre. Leur intégrité est aussi menacée par les contaminations d’OGM qui pénètrent aujourd’hui dans les centres d’origine et de diversification et dans les collections des banques.

    L’industrie semencière utilise certes ces ressources pour proposer de nouvelles semences, mais les variétés qu’elle commercialise sont toutes constituées des mêmes pools génétiques dépendant des engrais et des pesticides et elles sont incapables de s’adapter à la diversité des terroirs et aux changements climatiques. Leur vulnérabilité face aux nouvelles maladies et parasites provoque régulièrement des catastrophes d’autant plus grandes que, pour répondre aux exigences d’économie d’échelle de l’industrie, elles sont chacune cultivées sur d’immenses territoires.

    Le TIRPPAA a consacré un de ses chapitres aux « droits des paysans » de conserver, de ressemer, d’échanger et de protéger leurs semences et de participer aux décisions politiques de gestion des ressources génétiques. Mais il soumet ces droits aux législations nationales qui ne les respectent pas.

    Sans droits pour ressemer leur récolte, sans droits pour échanger leurs semences, les paysans ne peuvent plus conserver et renouveler leurs variétés qui disparaissent peu à peu, ce qui laisse la place vide aux semences de l’industrie et aux seules grosses exploitations disposant des moyens techniques et financiers nécessaires à leur culture.

    Dans les pays du Nord, les variétés paysannes ont presque totalement disparues des champs au point que les agriculteurs biologiques ne trouvent plus de semences traditionnelles adaptées à leur mode de culture. Comme ces agriculteurs ne peuvent pas non plus utiliser les semences du commerce trop stables et homogènes pour démarrer de nouvelles sélection, ils se tournent vers les collections « ex situ » existant encore. Or nombre d’entre elles leur sont fermées, contrairement au principe de « l’accès facilité des paysans » énoncé dans le TIRPAA. Soit parce qu’aucune description des variétés n’est disponible au-delà d’un numéro de code sans autre référence, soit au prétexte qu’ils produisent pour le marché et que la loi ne veut pas reconnaître qu’ils puissent par la même occasion faire de la conservation et de la sélection.

    Si elle se généralise à l’ensemble de la planète, cette situation pourrait être dramatique pour l’avenir de l’humanité. En effet, les sélections industrielles font brutalement évoluer les plantes hors de leur milieu environnant du champ où elles ne peuvent plus s’adapter sans béquilles chimiques toujours plus importantes. Les biotechnologies modernes remplacent la multiplication à l’infini d’une seule plante (lignées et hybrides) par la multiplication d’une seule cellule. Cet anéantissement de toute diversité intra variétale des cultures produit des plantes de plus en plus inadaptées aux changements, au contraire des variétés populations paysannes qui offre un potentiel de diversité qui se renouvellent dans le champ à chaque cycle. »

  3. Merci pour l’info. Je ne connaissais pas le TIRPAA. Je crois que ce texte aborde l’un des problèmes majeurs de notre époque : la main-mise des grands groupes agro-alimentaires sur le vivant. Derrière un discours alléchant a priori (du genre « des variétés plus productives pour produire en quantité pour toute la planète ») se cache une réalité plus machiavélique : l’asservissement de l’ensemble des pays de la planète (et notamment du tiers-monde) que l’on rend dépendants de ces grands groupes. Et qu’importe si des gens crèvent de fin. Le libéralisme, qui n’est autre qu’un capitalisme sans morale et sans gardes-fous, n’a que faire de tous ces morts : un sou, c’est un sou !

  4. J’apprécie le lapsus « Et qu’importe si des gens crèvent de fin »… en espérant que c’en est un !

  5. Le libéralisme est-il vraiment à relier avec le fait qu’une partie de la population mondiale ne mange pas à sa faim, jusqu’à en mourir.
    La famine n’est pas un phénomène nouveau. De tous temps et en tous lieux, des gens sont morts de faim.
    Ce qui est inacceptable, c’est que ce soit toujours d’actualité alors que nous sommes capables d’envoyer des sondes sur Mars, de relier Paris et Lyon en moins de deux heures, etc …
    Que cette réalité soir due au libéralisme ?
    Je ne sais pas trop …
    En regardant une mappemonde, j’avais pourtant l’impression que dans les pays ayant adoptés une économie libérale, il y avait plutôt moins de gens qui mouraient de faim que dans les autres.
    Admettons … Je me trompe peut-être.
    Mais, ce n’est pas l’exclusivité du libéralisme.
    Juste un exemple :
    « Le grand bond en avant » chinois de Mao, qui a vu la mise en place, entre autres, de la collectivisation agricole a conduit à une famine qui a causé la mort d’au moins 15 millions de mort (certains avancent le chiffre effarant de 30 millions)

  6. Tous les analyses sur la situation actuelle que j’ai lues récemment vont toutes dans le même sens, à savoir que l’augmentation de la faim au cours de la dernière année est due essentiellement à la spéculation sur les denrées de première nécessité. Et il me semble que la spéculation a quelque chose à voir avec le libéralisme, non ?

    Concernant ton exemple de Mao, deux remarques :
    1 – entre le néo-libéralisme et la collectivisation qui est à l’opposé, il y a plein d’endroits où mettre le curseur, ce n’est donc pas le choix forcément entre l’un ou l’autre de ces deux modèles ;
    2 – Au cours de son histoire, la Chine a été le pays qui a le plus été exposé aux grandes famines, et ceci quelque soit les régimes politiques. Mais évidemment, Mao a eu une très grande part de responsabilité dans ce que tu racontes.

  7. Enfin du ciel bleu dans des temps moroses… :smile:

    Un article de la Gazette des jardins, qu’une fois de plus je recommande chaudement ! (on y apprends plein de choses et sa lecture est des plus agréable, souvent drôle!
    son sloggan : les jardiniers parlent aux jardiniers) :

    « …Qui aurait misé il y a à peine un mois sur l’avenir des semences anciennes? Baumaux venait de gagner son procès contre Kokopelli, le GNIS (=organisme d’inscription des semences au catalogue officiel) nous abreuvait de communiqués autosatisfaits tandis que Sygenta invitait les journalistes à de confortables voyages de presse. Pire, Baumaux parasitait tous les sites Internet consacrés au jardin par des publicités omniprésentes. A un point que le forum de la Gazette des Jardins dût se saborder (pour renaître ailleurs) afin de cesser de passer pour le porte-drapeau de cette propagande. En même temps que Bil Gates, Syngenta, Dupont/pioner et Rockfeller faisaient figure de bienfaiteurs de l’humanité en enfermant dans un coffre-fort norvégien la totalité des semences cultivées sur terre.
    La première bonne nouvelle de l’année nous fût annoncée par … Daniel Vuillon lors du 3ème congrès international d’Urgenci qui fédère les AMAP (=associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) les CSA anglo-saxons, les Reciproco portugais, lesTeikis japonais et tous les réseaux similaires existant dans le monde.Le prestigieux institut Vavilov de St-Petersburg propose de remettre en culture une grande partie de sa collection de semences anciennes. A charge pour les amapiens de tester, de goûter, de multiplier ces semences et de faire remonter les informations ainsi que les semences fraîches. Tout cela avec le soutien de l’Etat français et du … GNIS.
    Face aux menaces sur la biodiversité, le fonctionnement corporatif qui régit depuis Vichy le club des semenciers a vécu. C’est à chacun, dans son assiette ou dans son jardin, de participer au maintien de fruits et légumes issus de centaines de générations de paysans. Cette révolution paisible est une arme redoutable contre les quelques mégafirmes qui veulent s’approprier le vivant. »

  8. J’ai appris hier, lors d’un colloque, que la Drôme était le premier département bio de France, avec un max d’agriculteurs bio. Dis Etincelle, tu nous avais caché ça ! :wink:

  9. Et tu veux que je dise quoi ?
    Que les drômois sont les meilleurs ?
    Tout le monde le sait déjà, non ? :whistle:
    :biggrin:

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