Au pays des vautours (3)

Le temps s’égrène lentement. Comme chaque fois, je ne m’ennuie pas dans mon affût (rester immobile des heures durant, c’est un peu une seconde nature pour moi). Les grands corbeaux continuent leurs allées incessantes et c’est la première fois de ma vie que j’arrive à faire des photos correctes de cet oiseau. Ils poussent des cris d’alarme en permanence. Je ne pense pas être l’objet de leur inquiétude car il ne fait aucun doute que dans ce cas-là ils ne viendraient pas sur le charnier.

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8H45. les deux vautours qui s’étaient perchés sur l’arbre à une quarantaine de mètres sont toujours là. Je vois à travers les branchages de l’affût que d’autres descendent au vol de plus en plus bas. J’entends quelques bruits d’ailes, lourds et pesants. Et puis soudain, à 8H55 précises, deux d’entre eux se posent et se mettent aussitôt à manger goulument, provoquant l’envol des milliers de mouches.

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D’autres vautours arrivent et le festin collectif peut commencer.

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Il n’y a plus beaucoup de place pour les grands corbeaux qui ne font alors que tourner autour des vautours ou attendre un peu à l’écart.

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Mais soudain, les cous se dressent, un vautour s’envole, puis deux, puis trois … et en moins de trente secondes il ne reste plus un seul vautour sur le site. La scène n’aura duré au total que cinq minutes.

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Je suis persuadé de n’avoir fait aucune erreur et je ne comprends pas ce départ soudain. Quand tout à coup apparaît devant moi le buste d’un promeneur (un amoureux des orchidées a priori). Il ne pouvait pas savoir …

personne
Il ne me reste qu’à espérer le retour de la troupe. A vrai dire, je n’y crois plus trop. Mais il n’est que 9H et il me reste encore 8 heures à attendre dans ce minuscule abri, avec la chaleur qui arrive et une puanteur qui commence à être plus que perceptible. Joëlle a prévu de venir me rechercher à 17H et il est évidemment hors de question que je sorte maintenant de manière intempestive et perturbe les oiseaux qui observent sans doute non loin de là. Je me recroqueville donc sur mon siège et me prépare psychologiquement à une attente qui pourrait s’avérer difficile et très inconfortable.

35 réflexions au sujet de “Au pays des vautours (3)”

  1. arrête, dupdup, tu me fends le coeur ! j’ai le coeur fendu par toi !
    et, en plus, au vu de la longueur de tes jambes, j’imagine mal la position « recroquevillé » autrement qu’inconfortable !!!
    bravo aussi pour le flou artistique sur la bouille du promeneur !

  2. Le passionné d’orchidées qui a involontairement fait fuir les vautours ne serait-il pas Luc de Belgique ?
    En tout cas, promis, juré, même si je suis pas mal allée à la chasse (photos) aux orchidées ces derniers temps, je n’étais pas dans ce coin là.

  3. Il ya une des photos qui est particulièrement intéressante et qui me plait beaucoup avec un beau contraste entre un arrière-train (en avant plan)d’une rare élégance et un devant (en arrière plan) tirant à soi un morceau de boyau, ce qui manque singulièrement d’élégance, vous en conviendrez.

  4. C’est rigolo, je trouve que les vautours ont un peu des têtes de gros dindons…

  5. Oui, moi aussi. Je pense que le côté décharné de la tête et du cou ainsi que la longueur du cou accentuent ce côté « dindon ».

  6. Non, non, c’est pas moi, je suis ici… :tongue:

    Mais milliard, elles « blairent » à travers l’écran ces photos… :blink:

  7. Jino, quand j’avais des vautours  » à la maison », je les appelais « nos dindons », avec une lourde charge de tendresse dans l’expression.
    Le soir, je sortais fermer les volets pour le plaisir de les entendre rouscailler et se disputer la place sur les perchoirs.
    Vous savez, ici, le Centre de sauvegarde est souvent appelé pour en récupérer sur les toits des maisons, des collèges. Une fois, un ami a même du en récupérer un dans une maison, sous la table de la cuisine.

  8. Ben non—, il est entré par la fenêtre de l’étage. L’occupante a paniqué et s’est mise à crier. Les ailes rabattues, il s’est sauvé par le couloir, a descendu cahin caha l’escalier pour entrer dans la cuisine où la « cuisinière » a paniqué elle aussi, et nous a téléphoné. On lui a dit de fermer les portes, que quelqu’un arrivait. Et quand le pauvre innocent a vu arriver le copain, il s’est réfugié sous la table, d’où il a fallu le sortir. C’était un jeune de l’année et il a été relâché dans les gorges du Verdon, ensuite, avec une vingtaine d’autres.

  9. Bravo pour les photos et merci de les partager avec nous. Ici (région parisienne) quand on regarde le ciel on a des fortes chances d’apercevoir un autre type d’oiseau beaucoup plus bruyant et beaucoup moins intéressant ; les avions. L’avantage c’est qu’on n’a pas besoin d’attendre longtemps pour les apercevoir.

  10. La différence entre vautours et avions, c’est que les premiers ne cherchent pas à se poser en mer …
    Oui je sais, c’est d’un goût …
    :devil:

  11. Pas en mer mais sur vos tours ..
    Aux américains on avait dit  » Faites gaffe à vos tours  » et pourtant !!!
    Ok , c’est aussi de mauvais goût ….. :face:

  12. Hé là, faut qu’on arrête, on va finir par faire croire aux autres que le mauvais goût, c’est quelque chose de spécifiquement masculin … ! Ah bon, ça l’est réellement ? :cwy:

  13. De mauvais goût, Glorfindel, mais je me suis bien marrée. Dans le style « laissez venir à moi les petits enfants », c’est pas mal non plus …
    Du coup je me demande si le film va encore faire recette??

  14. Du mauvais goût et des « charognards ».
    Charb, je t’aime!

    POLÉMIQUE
    L’humour noir est au fond
    de la boîte noire
    Article mis en ligne le mercredi 3 juin 2009

    Le scandale ? Charlie Hebdo a fait du Charlie Hebdo! La une de cette semaine est «choquante», «provocante», «insultante», «de mauvais goût»… Ah, enfin! Les pleureuses professionnelles, les hyènes chialeuses, les baveuses chaisières se faisaient chier. Elles ont enfin trouvé une petite boulette à rouler entre leurs doigts moites. «On ne peut pas rire du malheur de ces familles qui ont perdu quelqu’un dans le crash du vol 447 d’Air France…»

    Apprenez à lire un dessin, analphabètes crétins! Comme s’il était question de se foutre de la gueule des victimes! Il s’agit de se foutre de la gueule de la mort! Il s’agit de tourner en dérision la manière dont nos confrères se repaissent du malheur des victimes d’un fait divers géant. Et rien que ça: un fait divers.
    L’héroïne de l’actualité était l’abstention aux européennes. Ça emmerdait tous les journalistes. Ouf! un crash pour revigorer les ventes et un prétexte pour ne plus parler de politique!
    Et quels sont les voyeuristes qui traquent chez les familles de victimes la moindre trace de larme, le moindre hoquet de désespoir pour l’étaler en quadrichromie? Les dessinateurs de Charlie? Les charognards ne veulent pas qu’on rie des victimes qu’ils dépècent… Mais ce ne sont pas des victimes qu’on rit, ce sont des charognards!
    Et on emmerde ces profs d’humour indignés qui n’ont jamais ouvert Charlie et qui découvrent la une de cette semaine sur des blogs à la con! Parmi ces croque-morts, il y en a pour pleurnicher que Charlie, «c’était mieux avant». Avant, c’était Hara-Kiri et sa fabuleuse une sur la mort du général de Gaulle: «Bal tragique à Colombey, un mort». Qui se souvient que le «bal tragique» faisait référence à un fait divers atroce survenu quelques jours auparavant? Un incendie dans une boîte de nuit avait fait des dizaines de victimes… Celui ou celle que la couverture de Charlie de cette semaine indigne s’indigne avec 40 ans de retard. On attendra bien encore 40 ans pour rigoler ensemble.

    Charb

  15. L’actualité nous parle beaucoup du petit village de Bugarach dans l’Aude.
    Ce que je n’ai pas dit dans cet article sur les vautours (à l’époque, je ne voulais pas pas dire précisément où était le lieu), c’est que toutes les photos de ces articles sur les vautours ont été faites à Bugarach grâce à mon ami Thierry qui y habite et qui m’avait alors permis de faire de l’affût sur ce charnier.

  16. Ah ! J’ai compris, ça y est !
    Alors les Dupdup, on flippe grave à l’idée de la fin du monde ? :wink:
    Ces superbes images de charognes auraient dû me mettre la puce à l’oreille, y’en a qui vont vivre tranquillement la fin du blog ! :devil:

  17. La seule chose sure dans cette histoire, c’est que les gens qui sont allés se réfugier sur la colline de Bugarach, ont dû, un jour ou l’autre, être frappés par une météorite ! :biggrin:

  18. Il y a un gros contresens à propos de l’origine du mot « apocalypse » :
    Emprunté au latin apocalypsis (« révélation »), lui même emprunté au grec ancien ἀποκάλυψις, apokálupsis (« découvert »). Provenant du verbe grec καλύπτω, kalúptô (« cacher »), précédé du préfixe de privation ἀπό ápó. Littéralement donc « dé-caché », et donc par extrapolation, « dévoilé au yeux », « retrait du voile », « le voile est levé ». Ce n’est que bien plus tard que les écritures religieuses assimileront le mot pour l’associer au jugement dernier et donc à la découverte de la vérité de Dieu.

  19. Merci Gérard pour cette explication : j’adore la sémantique, elle est toujours éclairante.
    Aveuglante quand il s’agit de dieu ! :devil:

  20. :smile:
    Le vautour, nouvel auxiliaire de nettoyage des éleveurs pyrénéens
    Les éleveurs d’Aste-Béon (Pyrénées-Atlantiques) en avaient assez d’attendre que l’équarrisseur vienne les débarrasser de leurs brebis mortes. Ils viennent de s’adjoindre un nouvel auxiliaire de nettoyage, diligent, efficace, mobile, pas cher: le vautour.

    Ils n’ont pas eu à chercher loin: Aste-Béon se trouve dans le périmètre de la réserve naturelle nationale de la vallée d’Ossau, sanctuaire de la plus grande colonie française de vautours fauves.
    Et il est passé le temps où, dans les années 60-70, ce vautour, persécuté comme un oiseau de malheur, était menacé de disparition.
    Il y avait en 2007 dans les seules Pyrénées françaises près de 600 couples de ce remarquable planeur de plus de deux mètres d’envergure, à la tête couverte de duvet blanc, à la collerette blanchâtre, au plumage fauve qui lui vaut son nom.
    C’est donc naturellement que les quatorze éleveurs du groupement pastoral d’Aste-Béon ont pensé au volatile nécrophage, qui se nourrit presque exclusivement de cadavres, pour se faciliter la tâche.
    Avec la commune, l’Etat et le parc national des Pyrénées, ils viennent d’installer une « placette d’équarrissage », un enclos où déposer leurs bêtes mortes. Un grillage de deux mètres de haut soutenu par des pieux empêchera d’autres opportunistes que le vautour de venir se servir.
    En l’absence d’un tel emplacement, les éleveurs sont tenus par la réglementation de faire enlever leur bétail mort. Cela « peut prendre plusieurs jours s’ils (les équarrisseurs) ne sont pas dans la vallée », dit Patrick Pujalet, président du groupement pastoral. La première usine d’équarrissage est à Agen, à presque trois cents kilomètres et trois heures de route.
    La nouvelle placette, elle, est à un quart d’heure. Et les vautours ne sont pas très loin. « Juste au-dessus », dit le maire Augustin Médevielle, en parlant des falaises et éboulis calcaires qui surplombent la vallée et où nichent les vautours.
    Sans placette, « on fait 250 kilomètres avec un camion pour venir chercher la brebis morte, on va la faire cramer avec du pétrole alors qu’aujourd’hui, on est aux économies d’énergie, et cette même brebis, donnée aux vautours, en un quart d’heure il ne reste plus rien, et gratuitement », dit le maire.
    Le vautour fauve accomplira le gros de la tâche; les deux autres nécrophages volants présents, le vautour percnoptère et le gypaète barbu, beaucoup plus rares, pourront achever le travail.
    Le vautour a la particularité de constituer un « cul-de-sac épidémiologique », disent les spécialistes. L’extrême acidité de son estomac tue les éléments pathogènes qu’un dépôt sauvage de carcasse répandrait dans la nature.
    Il ne s’agit surtout pas de nourrir les vautours, insistent tous les partenaires. Ils sont certes protégés, mais ils n’ont plus besoin de ces charniers qu’on mettait autrefois en place pour augmenter leur population. Aucune carcasse ne sera déposée dans la placette en mai pour ne pas donner de mauvaises habitudes aux petits dans leur période de nourrissage.
    Il s’agit plutôt de restaurer un lien naturel entre deux utilisateurs de la montagne depuis des temps immémoriaux: le berger et le vautour, explique en substance le sous-préfet, Jean-Michel Delvert.
    C’est à ce même titre que des placettes d’équarrissage ont été maintenues dans les Cévennes par exemple, où elles avaient été initialement installées pour alimenter le vautour lors de sa réintroduction après avoir complètement disparu des Grands Causses.
    Dans un massif pyrénéen où les éleveurs ont du mal à cohabiter avec l’ours, la coexistence n’a pas toujours été facile avec le vautour. Le président du groupement pastoral d’Aste-Béon se rappelle que, quand les charniers à ciel ouvert ont été fermés à cause de la maladie de la vache folle du côté espagnol de la frontière, des vautours ont pu venir s’en prendre de ce côté-ci à des bêtes affaiblies. Il est favorable à cette relation entre le berger et le vautour, pour autant que les effectifs du vautour n’augmentent pas.
    Le sous-préfet évoque un « ressenti », aussi parce que le vautour, de plus en plus familier de l’homme, se rapproche des exploitations.
    La placette d’Aste-Béon sera expérimentale pendant un an. Mais on est là, dit Philippe Serre, de la Ligue pour la protection des oiseaux, devant « un exemple flagrant du bénéfice induit de la présence du vautour » et c’est « gagnant-gagnant pour l’éleveur ».

  21. On prête beaucoup d’importance aux mayas alors qu’en fait c’est juste des mecs qui jouent de la flute dans le métro :whistle:

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