La sterne caugek

OISEAUX DE TEXEL (23)
J’avais déjà évoqué il y a quelques années la sterne caugek rencontrée à de nombreuses reprises en Bretagne (voir ici le premier article consacré à cet oiseau). Nous la retrouvons aujourd’hui dans une série de photos que j’ai réalisée en juin 2010 sur l’île Texel aux Pays-Bas.
 Dès que j’arrive à Texel, que ce soit avec Joëlle ou avec des amis, une seule direction : « DE PETTEN » ! Car c’est à ce petit étang côtier, très proche du lieu de débarquement du ferry, que la première visite s’impose. C’est devenu plus qu’une habitude, presque un rituel !
 L’étang De Petten est petit, il est situé juste à proximité de la route et de nombreux ornithos mettent à profit ces facilités d’observation pour en prendre « plein les yeux ».

 En période de nidification, l’étang résonne de sons gutturaux kirrrèk kirrrèk (avec quelques variantes : kirriuk ou kèrrèk). Ce sont les sternes caugeks qui ont élu domicile ici. Impossible de les louper, il y a là des centaines de couples, c’est ici la plus grosse colonie de caugeks de l’île (à noter que l’espèce était autrefois beaucoup plus abondante et que Paul Géroudet, dans son livre, parle de 10 000 à 16 000 couples sur Texel).

Les nids sont situés très près les uns des autres, la forte densité augmentant les chances de s’en sortir face aux prédateurs (goéland argenté par exemple). Il n’y a qu’un seul oeuf par nid, parfois deux.

 Bien que la mouette rieuse puisse être à l’occasion prédatrice des oeufs et même des poussins, la colonie de sternes abrite quand même quelques nids de l’un de leurs ennemis. Mais peuvent-elles les empêcher de s’installer là ?

 (vous avez remarqué les deux sternes pierregarins en tout premier plan ?)

A l’époque où nous étions (début juin 2010), les sternes caugeks faisaient un aller-retour incessant entre la colonie et la mer.

La nourriture ramenée de mer est constituée de petits poissons.

Paul Géroudet dit que lançons, sardines et harengs constituent les 2/3 de la nourriture  et que le dernier tiers est composé d’autres poissons de petite taille (maximum : 15 cm de long) : merlans, épinoches, éperlans, anguilles, gobies, vives …

 Géroudet nous dit aussi qu’il est rare que la sterne caugek transporte plus d’un poisson. Rare peut-être, mais avec l’oeil avisé de Dupdup … !

 Les jeunes sternes caugeks seront nourries à un rythme incessant. Nous étions trop tôt dans la saison et seuls quelques poussins, restant invisibles sous le plumage des adultes, étaient nés en ce début juin.

 

Les sternes caugeks passent l’hiver sur la côte ouest africaine : entre le Maroc et le Sénégal mais aussi beaucoup plus bas, jusqu’au Cap. Elles peuvent vivre jusqu’à 23 ans mais peu d’entre elles atteignent l’âge de 15 ans.

39 réflexions au sujet de “La sterne caugek”

  1. 26 photos pour un article, c’est pas un record, ça? :smile: :heart:
    Ce WE, Bernard, nous avons bien entendu parlé photos. La dixième de la série correspond parfaitement à ce que je t’expliquais de mon attente des photos « nature »: un cadrage suffisamment serré pour l’identification et pas trop pour pouvoir sentir l’ambiance et percevoir correctement le biotope.
    Est-ce que ces petits étangs sont mis en réserve?

  2. Mais pas les Tangs.
    Du coup, ils ont disparu.
    Sur la photo 10 dont parle Luc, ce n’est pas un poussin qu’on voit en bas à gauche ?
    Un poussin de sterne caugek ?
    Ces sternes sont d’une élégance ! :wub:

  3. Sur la photo 10, on voit un poussin de mouette rieuse. Généralement, la mouette rieuse se reproduit plus tôt que les sternes (que ce soit la sterne caugek ou la sterne pierregarin).

  4. Je trouve effectivement que le côté très « profilé » (ailes fines et longues, tête pointue) donne un côté très élégant à ces oiseaux (bien que la caugek soit sans doute la plus massive des sternes).

  5. Il y a 10 jours, j’ai cru entendre une sterne caugek au loin dans la lagune de Venise. Mais bon, c’est pas facile tous ces oiseaux de mer. Entre les « kré kré », les « krèh krèh », les krih krih », les « kru kru », les « krrrah krrrah », … c’est dur dur. Un peu « krin krin » tous ces oiseaux de mer ! :angry:

  6. Une petite précision sur la sterne caugek : c’est un oiseau qui se reproduit exclusivement sur le littoral et qui ne niche jamais à l’intérieur des terres (contrairement à sa cousine Pierregarin qui vient se reproduire sur la Loire et même chez nous en Franche-Comté dans la vallée du Doubs).

  7. Joli sujet que celui-ci, et qui ne peut que toucher profondément ceux qui sont allés y voir, là, à De Petten ! :heart:
    Magnifique reportage photographique auquel il manque sans doute le va-et-vient incessant des oiseaux et le bruit de la colonie pour ressentir le choc, celui que j’ai vécu en découvrant pour la première fois cette année Texel au Printemps.
    C’est une limite de la photographie et à l’expérience multi-sensorielle !
    Alors ambiance sonore (bien moins saisissante qu’à Texel, mais on entend la colonie en arrière plan aussi bien que le moteur !)
    http://www.xeno-canto.org/sounds/uploaded/OH38YHKJBS/GroteStern_Kortedijk_Ouddorp_01052011_1430.mp3
    Et un documentaire très complet (un peu pompant…) pour le mouvement mais qui est fort riche…
    http://www.cerimes.fr/le-catalogue/contribution-a-lethologie-de-la-reproduction-de-la-sterne-caugek-sterna-sandvicensis-lath.html

    Cela dit, je partage à fond l’avis de Dupdup : ces oiseaux profilés pour le vol et la pêche sont d’une grâce extraordinaire et la caugek n’est qu’un vieux coucou à côté de la pierregarin ou encore mieux, la Sterne arctique, beaucoup plus fine et l’une des plus grandes migratrices de la planète.
    C’est sans doute cette performance de migration qui rend la sterne très attachante pour l’ornithologue : voyager loin et vite, ça coûte cher à l’homme et c’est encore gratuit pour les oiseaux… Disons vital ! :smile:

  8. C’est encore gratuit pour les oiseaux, dis-tu. Oui, sans doute. Jusqu’à ce que Das Kapital s’en mêle ! Il y a bien quelques énarques qui vont plancher sur le sujet si jamais ils lisent par hasard ce que tu viens d’écrire.

  9. Pas grand risque : tu connais la blague de l’énarque face à la nature…

     » Un touriste en train de faire une randonnée en montagne croise un troupeau de moutons avec son berger. Ils discutent de tout et de rien et sur la proposition du touriste en viennent à faire un pari : Le touriste parie qu’il peux donner en moins de 10 secondes le nombres exact de moutons que contient le troupeau. Le berger tient le pari en promettant au touriste de lui laisser un mouton s’il gagne le pari.

    Le touriste lance :  » Il y en a 847 !  »

     » Incroyable répond le berger, c’est tout à fait ça. je m’incline, vous pouvez choisir votre mouton.  »

    Le touriste met son mouton sur les épaules et s’apprête à partir lorsque le berger le hèle :
    – Attendez ! Je vous propose un  » Quitte ou double  » : si je devine votre métier, vous me rendez mon mouton, sinon, vous partirez avec 2 moutons…
    – Hé hé TENU ! Répond le touriste.
    – Vous êtes énarque ! lui sort le berger.
    – Ça alors, comment avez-vous fait? Ça n’est pas marqué sur ma figure…

    Et le berger lui répond:
    – Exact, mais vous avez embarqué mon chien au lieu d’un mouton… »

    :wink:

  10. Vu que sur les 10 dernières photos avec un poisson dans le bec, ça dîne et ça r’dîne … y’a déjà au moins une espèce de trouvée ! :wink:

  11. Et quand elles sont allongées sur le banc de cailloux, je dirais qu’on voit assez nettement qu’il y hareng.

  12. « dès que j’arrive à Texel avec Joëlle … »

    … Dès que j’arrive à taxi avec Rémi !

    Sûr que Yves va continuer la liste ! :wink:

  13. Quand j’irai à Texel, ce sera avec Marcel et personne d’autre :tongue:
    Sinon, je vais souvent à Sion :wink: avec Léon.

  14. A Texel je sais pas mais à la piscine … !!!
    Elle est tombée à l’eau notre Marie-jo
    J’arrive en catastrophe avec Christophe
    On plonge dans la piscine avec Christine
    Avec sa bouée canard il y a Bernard
    Un peu d’eau sur la nuque pour l’ami Luc
    Il a oublié son slip le bon Philippe
    Mais qui va la sauver nous dit Roger
    Là-haut sur le plongeoir il y a Grégoire
    Mais il a le vertige nous dit Edwige
    Allez prend moi la main lui dit Alain
    accroche toi à François et Nicolas
    Une fois sortie de l’eau notre Marie-jo
    Elle nous cria BRAVO les rigolos ….

    :smile:

  15. Très bon reportage Bernard, et photos superbes : du grand Dupdup !!!
    J’ai découvert Texel avec toi et Christophe en février 2010… Et c’est sûr, je vais y retourner au printemps : trop envie de voir et d’entendre ça…
    A bientôt.

  16. J’ai passé de longues minutes à essayer de les voir mieux, comme les petits canards qui passent régulièrement, impossible de se faire une idée définitive de visu.
    Mais on entend le plus souvent les cris de la Sterne caugek, c’est elle aussi que l’on voit posée devant la caméra. J’ai un doute pour quelques oiseaux entendus ou passant trop vite, visiblement plus petits…

  17. En allant sur la page d’accueil, deux choix du menu, à gauche sont très utiles :
    Actuele waarnemingen, c’est l’accès aux données par le lien de Bernard
    Actuele Foto’s, les dernières images.
    Ce qui y est remarquable, c’est que pour chaque image, en cliquant sur la date en bleu, on a accès à la géolocalisation… Quand on connaît l’île, ç’est très appréciable.
    Dernier conseil, important : si comme moi vous ne connaissez rien ou presque au Hollandais, en haut à droite de la page d’accueil, paramétrez votre langue !
    http://www.vwgtexel.nl

  18. A propos de la Sterne arctique, qui se reproduit aussi sur l’île de Texel, un article fort intéressant et qui parle des oiseaux hollandais :
    http://www.birdguides.com/webzine/article.asp?a=3786
    Comprenez vous comme moi que certaines population de Sterne arctique hivernent à deux pas de l’île de Texel et que celles de Texel se cognent la moitié du globe ? :blink:
    Traduction grossière malgré quelques petites modifications puis abandon faute de temps, et pour que vous puissiez aussi profiter des joies de la traduction électronique, :smile: :

    Une nouvelle étude remarquable, publiée dans la revue néerlandaise ornithologique Ardea, a révélé que les Sternes arctiques qui se reproduisent dans la partie nord des Pays-Bas suivent des routes inconnues dans leurs aires d’hivernage en Antarctique. Sept sternes ont été équipés de géolocalisateurs en 2011 et tous les oiseaux ont été repris en 2012, grâce aux cinq appareils qui ont donné l’information, il a été révélé que deux individus avaient passé la côte sud de l’Australie et un autre avait même atteint la Nouvelle-Zélande avant de retourner au Sud Océan ! Le résumé de l’étude peut être lu ci-dessous:

    « Les Sternes arctiques Sterna paradisaea ont une migration à longue distance exceptionnelle, les voyages par an aller et retour entre l’Arctique et l’Antarctique. Les oiseaux du Groenland, l’Islande et les États-Unis ont récemment montré qu’ils passent la majeure partie de la période de non-reproduction dans la mer de Weddell, un petite partie de la vaste gamme Antarctique de Sternes arctiques. Basé sur les reprises de bagues et les observations de l’Ouest européen Sternes arctiques dans l’océan Indien et les eaux australiennes, on s’attend à ce que les sternes des Pays-Bas (la limite sud de l’aire de reproduction) habitent différentes régions de l’Antarctique pendant la saison de reproduction de leurs congénères du Groenland. Pour le savoir, géolocalisateurs ont été déployés sur sept Sternes arctiques capturés sur le nid en 2011 aux Pays-Bas. Tous les oiseaux ont été repris en 2012 et cinq dispositifs fourni des informations sur les itinéraires de migration. L’chenilles sternes ont dépensé en moyenne 273 ± 7 jours de Pays-Bas, et a visité les aires de repos connus dans l’Atlantique Nord et le Courant de Benguela, à la fois sur l’aller et au retour. pistes similaires ont été observés dans les sternes du Groenland. Toutefois, ci-après les sternes des Pays-Bas déménagé dans une zone de mise en scène jusque-là inconnue dans l’océan Indien central, entre 20-40 ° N et 65-100 ° E, et a passé la plupart de la saison de reproduction dans l’océan Austral entre 35-150 ° E. Un oiseau migré aussi loin que la Nouvelle-Zélande. Finalement, les cinq oiseaux ont passé l’été Austral en Terre de Wilkes, Antarctique, avant de reprendre l’avion pour les colonies de reproduction avec un petit détour à la même zone de transit de l’Atlantique Nord, ils ont visité lors de leur migration vers le sud. L’totale distance parcourue au cours de la période de non-reproduction était d’environ 90.000 ± 2000 km, ce qui dépasse largement les estimations précédentes pour cette espèce. Notre étude a révélé de nouvelles aires de repos en mer et un parcours encore inconnu à travers trois océans, la plus longue migration des oiseaux ainsi décrit loin. « 

  19. Etonnant ce qu’il nous reste à apprendre sur ce phénomène incroyablement mystérieux qu’est la migration des oiseaux.

  20. Très intéressent ce document !!
    Il y a une phrase qui m’a fait sourire :
    les cinq oiseaux ont passé l’été Austral en Terre de Wilkes, Antarctique, avant de reprendre l’avion pour les colonies de reproduction
    De nos jours , ils ne s’emmerdent pas les piafs dit donc !!!!
    :smile:

  21. C’est en voyant ce genre de perle que j’ai décidé d’arrêter d’améliorer la traduction !
    Sud océan = Océan austral, période de non reproduction = période internuptiale, etc.
    Mais Flying back traduit par reprendre l’avion… :tongue:

  22. Ben oui quoi, les temps changent. Les choses s’inversent.
    Autrefois les oiseaux volaient et les hommes politiques prenaient l’avion.
    Aujourd’hui les oiseaux prennent l’avion :smile: et les hommes politiques … volent ! :angry:

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