Egarés en ce monde

Ce jour-là (27 octobre dernier), Luc, Dan et moi arrivions aux premières lueurs du jour sur la digue du lac du Der. Je ne sais plus trop si Dan avait déjà arrêté le moteur de la voiture, mais la silhouette qui se tenait devant nous était trop tentante. Alors, j’ai visé à travers la vitre du pare-brise, cadré et appuyé sur le déclencheur. Il y avait si peu de lumière que le temps de pose a duré … 6 secondes ! La photo est complètement floue (et cela n’a rien à voir avec les bières de la veille … quoique !) mais j’aime bien.

Combien de fois ais-je vu cette silhouette si typique de l’ornitho, rivé à sa longue-vue et scrutant inlassablement l’horizon !

Les ornithos, on en rencontre par dizaines au lac du Der (et par centaines certains week-ends de novembre). Des photographes aussi. Plus ou moins typiques. Plus ou moins atypiques. A quelle catégorie appartient celui-ci et que peut-il donc photographier ?

L’objet de la curiosité était un petit oiseau venu des zones arctiques : le bruant des neiges. Il s’agissait d’un adulte en plumage semi-hivernal. Il était là, égaré, loin de ses zones d’hivernage habituelles, très loin des côtes.

J’avais déjà parlé sur ce blog du bruant des neiges que j’avais observé et photographié à Texel en mer du Nord.

Mais revenons à notre bruant égaré au bord du Der. Il était là, passant ses journées (depuis plus d’une semaine je crois), sur le site de Chantecoq. Il volait mais revenait toujours sur l’une des deux touffes indiquées ici par une flèche. Lorsqu’il était au pied du poteau bleu, des centaines de personnes passaient et marchaient à moins de 50 cm de lui.

Ce bruant des neiges avait été détecté par un couple qui veillait jalousement à sa découverte et nous avons assisté à quelques échanges verbaux assez violents du genre : « si vous ne vouliez pas qu’on vienne le voir, c’était pas le peine de le mettre sur internet ». L’oiseau, lui, restait là, indifférent aux affaires des Hommes. S’il s’y était intéressé, sans doute aurait-il pu dire « chez eux aussi, ça ne vole pas bien haut ».

Dupdup n’aime pas les uniformes ! Alors, ne lui en voulez pas de revenir à notre photographe qui, visiblement, n’avait pas mis sa tenue militaire dans le but d’être camouflé mais au contraire pour attirer l’attention du public sur lui. Il en faisait un peu trop. Beaucoup trop même ! Il me faisait l’effet d’un martien au milieu de gens relativement normaux comme vous et moi.

Et je suis reparti en me demandant qui était le plus égaré dans cette affaire.

16 réflexions au sujet de “Egarés en ce monde”

  1. Bien vu !
    Pas de quoi nous réconcilier avec les dérives des ornithos extrémistes.
    En ayant eu la chance d’observer une nouvelle espèce il y a peu (tiens un autre bruant), nous avons échangé entre ornithologues raisonnables sur le partage des observations et les excès des cocheurs. J’ai appris que sur l’île d’Ouessant où s’égarent beaucoup d’oiseaux rares, notamment à l’automne, certains allaient jusqu’à secouer les buissons ! :angry:
    Heureusement, il reste des naturalistes normaux, respectueux du vivant… et des humains.
    En ce qui concerne le Bruant des neiges, il est comme beaucoup d’oiseaux nordiques très peu farouche : normal, dans sa toundra natale, il n’avait jamais rencontré la fine fleur de l’humanité !

    Excellente cette première image, j’aime beaucoup. :heart:

  2. Moi ce que je remarque tout de suite c’est que ce petit bruant se trouve sur belle petite touffe de renouée des oiseaux (Polygonum aviculare) dont les graines sont très appréciées de nos amis les petits oiseaux … :smile:
    Quant au photographe on dirait un sniper !!! :ninja:

  3. De retour du lac du Der … déjà l’envie d’y retourner!
    Assez épargnés par le temps malgré les prévisions; belle attente samedi matin du réveil de ces dames (les grues, je veux dire, qui se lèvent bien plus tard maintenant, ce qui nous a valu d’attendre de 6h30 à 7h15 avant que les premières décident qu’elles avaient assez faim pour aller voir ailleurs).
    Trois minutes d’extase au coucher du soleil, lorsque les derniers rayons embrasent les arbres jaunes et que les grues font une démonstration de leur savoir-faire en matière d’atterrissage.
    Une observation d’un jamais vu : le roitelet huppé. Pas farouche pour un sou.
    Et des oiseaux, des oiseaux, des oiseaux … : les vanneaux as du vol, les grandes aigrettes, les sarcelles d’hiver, les oies grises, les courlis, les hérons, etc etc.
    Un joli endroit de surcroît. :smile:

  4. Bravo pour la première image !!
    :wub:
    Pour le reste , rien à rajouter . Ce coin ne m’attire pas du tout , je ne suis pas à l’aise dans ce genre d »endroit . Plus je vois ce genre de scène , plus j’aime la solitude d’un matin d’hiver sur une plage au milieu des Sanderling ( comme samedi dernier , merveilleux moment ) .
    http://naturepassion.e-monsite.com/pages/balade-du-jour-1/le-10-novembre-2012.html
    J’ai passé une matinée il y a peu de temps au milieu d’un groupe d’ornithos , attention , des pointus les gars … Ils m’ont parlé pendant des heures d’oiseaux dont je ne connaissais même pas le nom et que l’on ne voit qu’une fois tous les 40 ans dans le coin . Ok , c’est bien , pendant un moment , mais savent-ils encore que le joli chant qui résonne dans le sous-bois juste derrière nous , est celui de l’Accenteur mouchet , et que l’oiseau qui fait son intéressant devant nous et que je suis le seul à observer se nomme Rouge-gorge familier ? Moi j’étais là , au milieu , un peu comme ce Bruant des neiges .
    Hier soir , vers 18h00 , j’étais dans le jardin les yeux rivés vers un ciel aux reflets rose -orangés … Entre 2500 à 3000 Goélands argentés volaient par groupes d’une centaine d’individus en direction de l’océan alors que les vanneaux huppés filaient dans l’autre sens . Ça n’était peut-être pas des grues , mais le spectacle était aussi merveilleux .
    :happy:

  5. On peut effectivement ne pas se sentir à l’aise avec autant de monde (je parle des centaines d’ornithos). Mais ce que je n’ai pas dit dans cet article (et que je dirai dans un autre article qui est prêt à être mis en ligne, sans doute lundi prochain), c’est que le lac du Der est très grand : il y a 77 km de rives ! Ce qui veut dire qu’on peut aller dans des endroits où il n’y a rigoureusement personne.

  6. Commentaire à cheval entre cet article et « calme plat au poste de nourrissage ».
    Tant qu’ à revoir la vidéo proposée par Christophe concernant la migration des « blue tits » à Falsterbo, je découvre au même endroit, la migration des rapaces. Démarrage de la vidéo sur un nombre impressionnant d’hornito. Je dirait même en réponse au commentaire de Yves concernant le Der: un nombre agaçant d’ornitho. D’accord. Mais quel spectacle!!! Résisterai-je encore longtemps à la tentation de voyager pour assister à ce genre de phénomène? Notre monde est ainsi fait… :smile:
    http://www.youtube.com/watch?v=9JTySmP-0eI

  7. A propos d’égarés, je viens de voir passer ma première ligne importante de la saison, de vanneaux huppés. Et alors me direz-vous? Ben, ils filaient plein sud-ouest. :angry:

  8. Yves va encore dire que c’est normal et gné gné gné… M’en fout, je râle! :angry:

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