Variétés anciennes ou modernes ?

Les jardiniers d’aujourd’hui sont plein d’idées reçues. Parmi les lieux communs que l’on entend ici et là, il y a cette vérité criée sur tous les toits des jardiniers-écolo-bobos, à savoir que rien ne vaut les variétés anciennes.
Oui, peut-être que c’est assez vrai dans pas mal de cas.
Par exemple, aucune variété moderne de tomate n’arrive à la cheville de nos variétés anciennes qui avaient un vrai goût de tomate.

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Sans doute que la suprématie des variétés anciennes est valable aussi pour d’autres groupes de plantes comme les fruits des vergers (pommes, poires, cerises, prunes notamment) ou certaines plantes potagères comme les haricots en grain (appelés aussi « haricots à écosser »).

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Mais il y a d’autres domaines où cela n’est pas vrai.

Personne ne pourra trouver une seule bonne variété de haricot vert parmi les variétés du 19ème siècle, pour la simple et bonne raison qu’à l’époque les haricots étaient plein de fils.

IMGP1484Idem pour les salades : j’ai testé des dizaines de variétés de salades, anciennes ou nouvelles, et je pense que les meilleures laitues sont à rechercher parmi les variétés récentes qui présentent beaucoup d’avantages (dont celui d’être infiniment plus résistantes à la montée en graines).

IMGP1442Idem sans doute pour les poivrons dont les variétés modernes sont plus charnues.

IMGP8183Alors variétés anciennes ou variétés modernes ?

Une seule réponse pour moi : l’important est de ne pas avoir d’idées pré-conçues et de tester un certain nombre de variétés avant de se faire un avis personnel sur le sujet.

24 réflexions au sujet de “Variétés anciennes ou modernes ?”

  1. Normalement , les variétés modernes ont été créées pour gommer les défauts des anciennes … Non ?
    Malheureusement , c’est souvent la production qui a été primée au détriment du goût … mais ceci n’est pas l’apanage exclusif aux légumes !

  2. Je crois que sélectionner des plantes pour leur côté productif est une mauvaise chose (pour le jardinier amateur en tous les cas) car des plantes trop productives épuisent le sol et se fatiguent vite. Les tomates d’aujourd’hui ne sont-elles pas trop productives et, pour cette raison, plus sensibles au mildiou ?

  3. Je ne me considère pas comme un jardinier accompli, loin de là… Et cela ne fait que trois ans que je pratique ce sport… :smile: Lorsque ma première année j’ai eu quelques déboires avec notamment le mildiou, j’ai cherché sur internet à glaner quelques renseignements… Sur plusieurs blog je suis tombé sur des jardiniers « à œillère » qui pensaient et disaient que leur méthode était forcément la meilleure… (J’ai en tête un « chef » de blog qui à complètement cassé par sa réponse un commentaire de jeunes élèves d’un lycée agricole qui faisait des expériences intéressantes sur les tomates, en prétextant qu’ils n’utilisaient pas assez les variétés anciennes….) J’ai trouvé dans la « bande à dupdup » des commentaires intéressants (des articles aussi) et ce que j’ai apprécié c’est que la diversité des idées n’y était pas rejetée…
    J’ai donc cette année quelques variétés de tomates anciennes, des variétés de salades anciennes, mais j’ai mis dans chacun de mes « endroits » un pied (un seul :sad: ) de tomates F1 (des cerises) pour apprécier la différence. Pour les salades, j’ai des salades issues de semences achetées chez kokopelli et des salades dont je ne connais pas vraiment l’origine. Pour les salades, je peux affirmer que le mélange de ces variétés me donnent de bon compliments lorsque mes « invités » les mange. Pour les tomates, j’ai évidemment du retard sur Bernard, Yves et tous les autres, mais « mes » variétés anciennes me plaisent bien… Mes haricots sont bien sûr « modernes »

  4. Pour ma part, je cultive des variétés anciennes quand elles sont locales et afin qu’elles ne se perdent pas: haricots secs, choux, pommes de terre, poireaux ….(Je suis dans la Manche). Pour les tomates, j’essaie d’adapter des vriétés qui ont été crées dans des conditions climatiques qui s’approchent des nôtres (humides !). Enfin, j’aime bien expérimenter: chayotte, goyavier fraise, oca, capucine tubéreuse, etc etc… Le plaisir est dans la diversité ! :tongue:

  5. On n’arrête pas le progrès…. ARIANE , la fusée bien connue et qui marche à tous les coups, a donné son nom à une variété nouvelle de pomme obtenue par l ‘INRA ; et j’avoue que j’ai craqué sur son croquant, ses arômes et ses couleurs ; ça vaut le prix démesuré de ce fruit qui paye les années de travail de sélection ; c’est un extra qui me change de toutes les variétés que je maraude dans les vergers en perdition !

  6. Oui, il y a aussi la RUBINETTE qui est une pomme moderne très bonne (en vente au magasin Costille à Rioz en Haute-Saône).

  7. Quelle est la date de référence dans l’histoire de la tomate, pour qu’on puisse dire qu’avant celle-ci une variété est ancienne et qu’après celle-ci elle est moderne ?

  8. Je pense que la réponse est impossible car il y a des variétés récentes (par exemple celles obtenues par Tom Wagner) qui sont dans la lignée des variétés anciennes, à savoir qu’elles sont à croissance indéterminée.
    Disons cependant que 1914 est une date de rupture dans l’histoire de la tomate car jusqu’à cette date, les variétés étaient toutes de type « liane » et grandissaient tout le temps. Voici ce que j’avais écris sur ce blog il y a fort longtemps :

    « En 1914 est apparu spontanément en Floride un nouveau type de tomate. Sur ce nouveau type, la sève s’épuise en grimpant dans la plante et la croissance du pied de tomate s’arrête à un moment donné. Ce nouveau type de pied de tomate permet d’avoir quatre ou cinq bouquets de fleurs qui apparaissent simultanément sur le plant. On a donc une production très groupée sur un laps de temps très court. C’est complètement inintéressant pour le jardinier amateur qui préfère une période de récolte plus longue mais c’est un très gros avantage pour le producteur qui peut cueillir toutes les tomates d’un même pied sur un temps très court. Malheureusement, beaucoup de variétés modernes dites « à croissance déterminée » sont des descendantes de cette mutation de 1914 et ce recentrage sur ce nouveau type de tomates, au détriment des variétés anciennes « à croissance indéterminée », a beaucoup contribué à l’appauvrissement génétique et à la baisse de la diversité des tomates cultivées. »

  9. Salut Bernard,

    En ce qui concerne les arbres fruitiers, il ne faut pas oublier que les anciennes variétés ont été découvertes ou obtenues avant la prolifération des produits phytos et engrais de synthèse ; ce qui fait qu’ils sont naturellement plus ou moins résistants aux différentes maladies, sinon, les anciens ne les auraient pas multipliés. Nos anciennes variétés, bien gérées, vivent, bon an mal an, sans trop de maladies ou s’en accommodent.

    Dans le cas des variétés modernes, on a souvent en effet essayé d’améliorer le rendement, la propension au transport, etc. Mais dans les pays de l’est, après guerre, certains chercheurs ont fait la démarche inverse, ils ont développé des variétés les plus résistantes possibles, les phytos étaient et restent souvent hors de prix là-bas ; c’est pourquoi on trouve aujourd’hui des vignobles en Belgique, hé oui tout arrive, avec ces raisins de qualité et peu malades, merci aux Tchécoslovaques. En même temps, on s’en fout de leur vin car nous on boit que de la bière et du cidre.

    Dans la nature, quand on cherche à gagner d’un côté, on perd toujours de l’autre, on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre, le sourire de la crémière, le cul de la fille de la crémière et …

    A bientôt Bernard, bonnes récoltes cet été.

  10. Je pense qu’effectivement quand on cherche à gagner d’un côté on y perd souvent de l’autre. Ainsi qualité fait rarement bon ménage avec quantité. Les grosses variétés de pomme de terre par exemple sont rarement les meilleures. Idem pour d’autres légumes.

  11. Cédric a raison mais il existe une solution : cultiver les variétés à feuilles de Panacée.
    Je crois qu’il m’en restait quelques graines, mais pas remis la main dessus. :wassat:
    Je vais devoir m’en remettre à Bacchus, comme d’habitude.

  12. Je crois que le problème avec les variétés modernes, c’est qu’elles sont sélectionnées à l’intention des professionnels et non des jardiniers.
    Exemple des tomates : les variétés modernes sont à croissance déterminée, elles produisent donc un nombre de bouquets de fruits limité et tous les fruits peuvent être cueillis en quelques passages seulement. Par ailleurs, elles ont une peu épaisse pour résister au transport. Or, ces deux qualités sont à l’inverse de ce que recherchent les jardiniers amateurs. Le jardinier cherche à avoir une production étalée le plus longtemps possible (donc des variétés à croissance indéterminée) et à avoir des tomates dont la peau est fine (car plus agréable d’un point de vue gustatif).

  13. Petit témoignage d’un consommateur sans jardin. Je suis en Provence. Ah les
    marchés de Provence ! Les touristes japonais les mitraillent de photos ! Hélas,
    hélas, 3 fois hélas depuis belle lurettes les jolies tomates n’y ont plus aucun goût
    mais brillent de tout leur éclat « verni », jamais abîmées .Plus de tomates « pour la
    sauce » comme disait ma grand-mère. Nous les avons retiré de la recette de la ratatouille à qui elles n’apportent plus rien, simple purée acide sans intérêt.
    Et puis est arrivé la mode des « anciennes », « cœur de bœuf »( aussi chères que le steak), violettes, noires, etc… Les photos y gagnent. Pour le goût, tintin, pas mieux que les autres. Je me suis dit « peut-être que je deviens snob j’imagine une tomate idéale qui n’existe pas ».
    Heureusement qu’un jour, en Savoie, dans un repas de famille un vieux paysan (lointaine alliance) a apporté ses tomates, rondes, normales, bien mures. Il a simplement dit: « pas besoin de sauce ». On a donc préparé un très gros saladier nature.
    Un régal !Il n’est pas resté la moindre tranche après les entrées . Ah ça existe !
    Voilà ce qui explique aussi le succès récent des tomates-cerises avec du goût « nature », inégales d’ailleurs….
    Une autre anecdote. Une année on est parti en Camping car loué, en Croatie.
    Dans nos provisions de base, des têtes d’ail de Provence (ça donne vite du goût à des pâtes ou du riz cuit sur le gaz).Rien à signaler. Mais à un moment du voyage, vers Zagreb le Camping car s’est mis à empester l’ail, le jour et la nuit. Qu’est il arrivé? Il a chauffé? Resté au soleil? Non: simplement on était venu à bout de notre minuscule provision et j’avais acheté sur un marché à Zagreb quelques têtes d’ail à une petite vieille qui ne vendait que ça et des aromates sur une table de camping….
    Provence, qu’est tu devenue?

  14. Pour aller dans le sens de ce que tu dis, Frusquin :
    Je me rappelle avoir organisé en 2006, tout au début du blog, une dégustation de plusieurs dizaines de variétés de tomates à la maison. Vincent était venu avec des variétés anciennes qu’il avaient acheté en supermarché. Elles étaient dégueulasses et elles avaient fini dernières au classement qu’on avait essayé de faire. N’importe laquelle de ses tomates de supermarchés, même anciennes, étaient plus mauvaises que la moins bonne des miennes. Cultivée sous serre, bourrée au nitrate et cueillie bien avant maturité, une tomate même ancienne ne peut être bonne.
    Cela dit, je crois que les andines cornues, coeur de boeuf, etc … vendues en supermarché, ne sont pas les véritables andines cornues, coeur de boeuf, etc … :angry:

  15. José Bové, au secours ! aux armes !
    Parle leur du gras du jambon cru des cochons des Cévennes élevés au son,
    à la patate et aux châtaignes !
    Et la ventrèche !

  16. Plaisanterie de plus ou moins bon goût (de gras).
    Mais je ne voudrais pas renforcer la fausse idée si répandue dans les médias que José Bové avec la Confédération Paysanne avait voulu lutter contre la « mal bouffe » en démontant le chantier du Mc Do de Millau en Aveyron en août 1999.
    La France venait de décider de ne plus importer des Etats Unis le bœuf élevé aux hormones. En rétorsion, les américains avaient décider de surtaxer à un taux décourageant tout achat, leur importation de Roquefort, Cognac et Moutarde, symbole
    de la gastronomie française et surtout grosse exportation pour nous.
    Les éleveurs de moutons du Larzac, en lien avec le Roquefort, s’en trouvaient frappés de plein fouet. Du coup il ne voyaient pas pourquoi ils laisseraient s’implanter un Mc Do chez eux.C’était uniquement symbolique, bien sûr.
    Les Américains étaient aussi très colère sur notre production de bananes des Antilles, subventionnée disaient-ils, en infraction à des accords commerciaux internationaux. Cela faisait de l’ombre à la production sud-américaine de la General Fruit ( nord américaine bien sûr).
    L’intérêt de ce petit rectificatif c’est que tout cela revient sur le tapis aujourd’hui
    avec le futur accord commercial Europe/ U.S.A. comprenant le retour du fameux bœuf!

    P.S., cochons des Cévennes, j’ai oublié dans votre menu le petit lait, pardon.

  17. Y a t-il encore des éleveurs qui nourrissent leur cochon de petit lait, châtaignes, son et pommes de terre ? J’ai l’impression que non …
    Peut-on encore manger en France du porc élevé naturellement ?

  18. Un article intéressent sur les résultats de trois exploitations porcines , qui ont une approche différente de l’élevage du porc .
    http://www.aveyron-bio.fr/fr/produisez-bio/documents/Fiche-porc-GAB-65.pdf
    La seule chose qui me chagrine dans ce genre d’article , c’est que le point sur la nourriture des porcs reste flou .
    J’ai fait quelques recherches là-dessus et j’ai observé que dans de grands élevages « BIO » , l’éleveur faisait beaucoup pour l’environnement du porc , son bien-être … mais pour ce qui est de la nourriture de l’animal , rien ne changeait vraiment par rapport aux autres élevages « Non BIO  » .

  19. Oui c’est vrai mes souvenirs des Cévennes datent un peu et puis il s’agissait
    de choses un peu artisanales dans des exploitations en polyculture. C’était plutôt
    destiné au clan familial et à des ventes restreintes de proximité; quand certains bouchers allaient encore directement dans des fermes.

  20. Quand j’étais gosse, en Lozère, mes parents n’étaient pas paysans. On habitait
    un quartier tranquille, locataires dans une grosse maison. Autour de nous des maisons avec des cours, des jardins, des remises, mais pas de fermes. Les fermes étaient à l’écart plus loin. Pourtant régulièrement, certains, dont notre propriétaire (qui habitait en ville)
    tuaient « le » cochon, sur place. D’où venait-il ?
    On entendait les cris enfantins. On pouvait même voir : égorgeage, ébouillantage … pas de censure. Après quoi il y avait pléthore de production de boudin puis de pâté (dans des verres) qui étaient généreusement distribués à tout le voisinage, pour ne pas gaspiller et entretenir cette convivialité de quartier toute naturelle, à cette époque. Tout cela semblait évident.
    Les gens concernés avaient chez eux, au frais, à l’ombre, un saloir (coffre en bois plein de gros sel).
    Donc, j’en conclue aujourd’hui, que certains paysans élevaient des cochons, surement réservés, pour cette clientèle là.
    Pas de doute, ils étaient bien bio ,nom de diouh!
    (Aujourd’hui d’aucuns font pareil avec le mouton, pour les musulmans.)

  21. Chez mes parents on tuait le cochon. Je n’en garde que de vagues souvenirs, je pense que la pratique s’est arrêtée à la fin des années 50 quand je n’étais âgé que de quelques années.

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