Optimisme et pessimisme, kif kif bourricot !

Le militant, qu’il soit associatif, politique ou simplement franc-tireur dans son coin, se bat. Pour ses idées. Pour une certaine idée du futur. C’est lui qui fait avancer le monde. Quand on regarde l’histoire de l’humanité, on s’aperçoit que tout ce qui a été acquis s’est fait à force de combats et que rien n’est arrivé à coups de baguette magique.

Et il y a ceux qui ne bougent jamais. C’est ce que l’on appelle la « majorité silencieuse » – la majorité tout court dirais je même – celle qui profite du travail des générations qui l’ont précédée et qui ne contribue en rien à changer le futur.

Et sans doute qu’il y a, même parmi les gens très actifs, de plus en plus de gens désabusés qui, en ces temps difficiles et incertains, peuvent avoir tendance à baisser les bras en se disant « à quoi bon ! » et à rentrer dans le triste rang de cette majorité silencieuse. J’ai parfois aussi l’envie de prendre de la distance, de me libérer de mes engagements, et de m’extraire au maximum de ce monde de fous.

Mais, sur ce sujet qui me travaille beaucoup, je suis tombé la semaine dernière sur un petit passage qui m’a fortement interpellé (c’est un extrait d’un article de Jean-Luc Mélenchon, mais ce n’est pas un texte partisan car il aurait pu aussi bien être écrit par un autre militant engagé, qu’il soit PS, UMP, ou militant d’une association d’éducation populaire) :

« Vous connaissez l’adage ? Pessimistes et optimistes sont les deux faces d’une même capitulation. L’optimiste pense que tout va s’arranger, le pessimiste dit que tout est foutu. Les deux s’en remettent au temps pour régler les problèmes. Les deux ne se reconnaissent aucun rôle dans la fabrication du futur. »

Beau sujet de discussion sur le blogadupdup, non ?

21 réflexions au sujet de “Optimisme et pessimisme, kif kif bourricot !”

  1. Penser que les choses vont s’arranger, ne veut pas dire attendre que cela s’arrange tout seul. Et de le faire avec optimisme, cela aide. :smile:

  2. Je pense que la phrase est vraie dans pas mal de cas. Mais il existe aussi des optimistes et des pessimistes qui bougent pour que les choses changent, même s’il est vrai que ce n’est pas la majorité.

  3. ce qui est grave c’est que beaucoup de gens ne soient impliqués dans aucune aventure collective
    le fait que ce soit des optimistes ou des pessimistes ne change rien à ce constat plutôt triste
    mais chacun a des excuses souvent légitimes
    faut faire avec!

  4. Effectivement, bon nombre de gens ne participent à aucune aventure collective. Mais parmi ceux-là, il en est qui participent quand même à faire changer les choses en agissant, non pas dans un collectif quelconque, mais à leur propre niveau individuel. Il y a 10 000 manières de le faire.

  5. « Le pessimiste se plaint du vent, l’optimiste espère qu’il va changer, le réaliste ajuste ses voiles. » (William Arthur Ward)

  6. Assez d’accord avec Eliane. Et puis avec l’idée que divers profils humains doivent être associés pour construire un scénario acceptable par tous.
    Des pessimistes, des optimistes, des réalistes, des ceci-cela, et même des extrémistes : ceux-là peuvent, doivent nous aider à situer des limites, et les associer évite de les voir tirer leur épingle d’un jeu pourri.
    C’est cela peut-être Bernard que tu souhaites dire et en tout cas une part de ce que je ressens : chacun devrait pouvoir (ou pourrait devoir ;-) être acteur du jeu collectif.

    Mais ce n’est pas simple car le respect, l’écoute et l’empathie ne sont pas des attitudes assez encouragées ou qui permettent des réussites rapides, exponentielles, exemplaires… de celles qui sont trop montrées.

    On dévalorise bien trop l’individu, la simplicité, l’action ordinaire, le résultat modeste quand on ne travestit pas tout ça en gloire exagérée.
    Ce qui manque peut-être, c’est une citoyenneté qui ne soit pas exemplaire mais qui donne seulement envie et fierté à chacun de participer à une société juste.

    Un truc simple et normal quoi !

    Bon j’espère ne pas être ni trop optimiste ni trop pessimiste. :wink:

    Pessimiste : femme qui pense qu’elle ne pourra pas garer sa voiture entre deux autres dans un espace visiblement trop étroit.
    Optimiste : l’homme qui pense qu’elle n’essayera pas.

    Grover Whalen

    :tongue:

  7. Je pense qu’il est difficile de classer les gens entre optimistes et pessimistes. Un optimiste du matin peut devenir au fil de la journée qui passe un pessimiste du soir. Et inversement. On ne peut pas être optimiste à longueur d’année. Ni être complètement pessimiste. C’est comme pour la croyance : un véritable athée ou un véritable croyant (c’est à dire qui ne doute jamais), ça n’existe pas.

  8. Bonjour,
    Une visite sur le blogadupdup depuis bien longtemps et ce post qui fait écho ici, en Bretagne, à un appel à agir pour soutenir Bretagne Vivante-SEPNB dans son combat pour la gestion de la réserve naturelle d’Iroise, dont le préfet du Finistère vient de l’évincer :
    http://tinyurl.com/petitioniroise
    Merci de votre soutien. Et… restons optimistes !
    bien à vous,
    Yann’

  9. On peut avoir une vision assez noire d’une situation sans être pessimiste mais parfois simplement réaliste. Par contre, je pense qu’il faut une dose d’optimisme pour s’engager dans une action pour changer cette situation. Ou peut-être est-ce simplement une attitude positive qui engage à agir?
    Je pense que la majorité des gens ont l’impression que ce n’est pas leur petite goutte d’eau qui alimentera le ruisseau qui grossira la rivière…
    Au-delà de l’optimisme, il faut avoir une conscience du collectif et se sentir membre de ce collectif.
    A moindre échelle, dans mon service, je constate que l’individualisme progresse et que le sens du collectif régresse. Pourtant je travaille dans le médico-social où l’empathie est une valeur nécessaire au travail , où le social et donc le sens du collectif devrait être présent puisque l’on travaille à y inscrire, à y inclure les personnes que l’on accompagne . Mais le sens du social à l’échelle de notre micro société, l’entité « service » se perd. Curieux paradoxe que j’ai du mal à comprendre et qui je l’avoue me met souvent en colère.

  10. Trop de « médico » et pas assez de « social » non ?
    C’est l’idée qui me vient à la lecture du constat de Maïvon et que je partage (même champ professionnel).
    A lire ce texte sur la page d’accueil du collectif des 39.
    http://www.collectifpsychiatrie.fr
    :sad:

  11. Merci de parler de la vie professionnelle. Car lorsqu’on parle de faire bouger les choses et de se battre pour un avenir meilleur, on pense à la voie associative ou à la voie politique. Mais c’est encore dans sa vie de tous les jours, et notamment au travail, que l’on peut mener le même combat.

  12. J’aime bien la phrase placée en exergue de l’article car elle me paraît juste.
    En tout cas en ce qui me concerne. :wink:
    « Tous les hommes naissent fous, libres et égaux en droit. »

  13. J’aimerais être un véritable adepte de « Mythe de Sisyphe » tel que compris par Camus. Nul n’est besoin d’espérer pour entreprendre…
    Extrait de wikipedia: Contrairement au Sisyphe que l’on présente habituellement dans la mythologie, Camus considère qu’« il faut imaginer Sisyphe heureux », une formule de Kuki Shuzo. Sisyphe trouve son bonheur dans l’accomplissement de la tâche qu’il entreprend, et non dans la signification de cette tâche.

    « Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile, ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. »

    Il fonde son raisonnement sur de nombreux traités philosophiques et l’œuvre de romanciers comme celle de Dostoïevski et de Kafka et que le bonheur revient à vivre sa vie tout en étant conscient de son absurdité, car la conscience nous permet de maîtriser davantage notre existence. :smile:

  14. Eclairage intéressant de la part de personnes brillantes.
    A l’autre bout du spectre, on prétend heureux les simples d’esprits, sous prétexte justement qu’ils sont incapables de saisir l’étendue de leur malheur.

    Je crois beaucoup à ce que dit Camus : d’abord parce que c’est une référence très utile mais aussi parce qu’un Sysiphe heureux ne relève pas du mythe ; réaliser un travail absurde et vain, c’est ce qui se produit chaque jour en France avec la politique nationale depuis des années. Chaque jour la pierre retombe… mais sur un autre. :tongue:

    Cela dit je ne suis pas certain que les optimistes soient plus heureux que les pessimistes, et je me rangerais volontiers dans le rayon des pessimistes heureux.
    Mais pas tous les jours : rester dans une case, c’est pas mon truc.

  15. « Un optimiste est un monsieur qui croit qu’une dame a terminé sa conversation téléphonique parce qu’elle dit « au revoir ». »
    (Marcel Achard dans « L’amour ne paie pas »)

  16. Mais pour vous, la question de l’espoir est-elle liée à celle de l’optimisme et du pessimisme? Et le bonheur là dedans?
    Bon, j’ai bien compris que pour pas mal d’entre nous, une bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, ça reste une bouteille à finir, mais quand même!!! :tongue:

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