A vos plumes ! (5)

Un article proposé par Yves.
Voilà dix mots proposé pour le petit atelier d’écriture :
chemin , moisissures , abandonne , genoux , profond , ensemble , silence , désirs , celé , monde.
Une fois que chacun et chacune aura écrit un petit texte , je dirai d’où viennent ces mots . Un petit indice , ils viennent tout droit d’un poème de …. ?

39 réflexions au sujet de “A vos plumes ! (5)”

  1. Petit exercice dans l’ordre des mots proposés par Yves.

    Ce chemin est plein de moisissures, je l’abandonne. Il me fait trop mal aux genoux, il est trop profond. Nous ne le prendrons donc plus ensemble, il sera condamné au silence puisque je ne pourrai jamais assouvir mes désirs à vos côtés. Mon amour sera ainsi celé jusqu’à la fin du monde. Je vous aimais pourtant.

  2. Yes ! Alors voici le texte original, j’avais pensé immédiatement à l’un de tes poètes fétiches Emile Verhaeren :

    Asseyons-nous tous deux près du chemin

    Asseyons-nous tous deux près du chemin,
    Sur le vieux banc rongé de moisissures,
    Et que je laisse, entre tes deux mains sûres,
    Longtemps s’abandonner ma main.

    Avec ma main qui longtemps s’abandonne
    A la douceur de se sentir sur tes genoux,
    Mon coeur aussi, mon coeur fervent et doux
    Semble se reposer, entre tes deux mains bonnes.

    Et c’est la joie intense et c’est l’amour profond
    Que nous goûtons à nous sentir si bien ensemble,
    Sans qu’un seul mot trop fort sur nos lèvres ne tremble,
    Ni même qu’un baiser n’aille brûler ton front.

    Et nous prolongerions l’ardeur de ce silence
    Et l’immobilité de nos muets désirs,
    N’était que tout à coup à les sentir frémir
    Je n’étreigne, sans le vouloir, tes mains qui pensent ;

    Tes mains, où mon bonheur entier reste celé
    Et qui jamais, pour rien au monde,
    N’attenteraient à ces choses profondes
    Dont nous vivons, sans en devoir parler.

  3. Je ne sais pas trop ce que je vais pouvoir inventer avec ces mots mais je les aime déjà ces mots là.
    Et j’aime aussi la petite création de Bernard.
    Il faut dire qu’après avoir visionné 6 partie sur 10 de Latcho Drom (plus une ou deux autres choses personnelles), j’ai les sens quelque peu exacerbés.
    Il y a à peine deux minutes, Bergamote m’a téléphoné en me demandant quand le prochain « A vos plumes » sortirait.
    Je l’appelle vite pour lui dire que c’est maintenant !
    C’est pire que le beaujolais nouveau ! :biggrin:
    Allez, au boulot ! Faut cogiter maintenant :smile:

  4. Pétard, quand je disais que Christophe dégaine plus vite que son ombre !
    Je n’ai même pas eu le temps de chercher le poème contenant tous ces mots que Christophe l’a déjà trouvé …
    Bravo Christophe.

  5. Très beau le petit texte de Bernard !!
    :wub:
    Hé oui Christophe … Emile Verhaeren !!
    Hier soir j’ai lu Odilon-Jean Périer , un ami ma chaudement remercié de lui avoir fait connaître cet auteur , il a été très touché par celui-ci :
    Je ne peux m’empêcher de joindre à mes mots un de ses poèmes :

    Découverte de l’évidence

    La vie est simple. Je dis
    Que nous ignorons sa grâce,
    Masque transparent, visage
    Ridicule, tu souris.

    Toi, frère des champs, merci :
    La vie est à ton image.
    Parle donc, pour être un sage.
    Soyons plus forts que l’ennui.

    J’enferme les vieilles Muses,
    Car ces filles ont des ruses
    Terribles et sans beauté.

    Vite en cage ! – Moi, j’existe
    Et je vois avec fierté
    Qu’on ne saurait être triste
    Aux jardins que j’ai plantés.

  6. Voici mon texte avec ces dix mots :
    Dans cette ferme au milieu des blés , vint au monde Loïk Kerfran . Il passa une enfance heureuse dans sa campagne comme ces jours à garder les vaches après l’école . Les soirs d’été , seul assis sur un tronc un livre sur les genoux , les sens en éveils à écouter les moindres bruits qui brisaient le silence …Il était simplement heureux de vivre loin des villes près du bonheur . Puis à dix huit ans , au moment où arrivent les désirs des enfants de cet age , les folies de ce monde le plongèrent dans la guerre . Il prit le chemin des dames pour se plonger dans la boue et la moisissure . Un obus siffla ce soir de printemps 1917 , il ressentit au plus profond de lui la douleur d’une vie qui l’abandonne , à genoux face à l’horreur , son sort fût celé rapidement et il s’écroula tout contre son ami de toujours . Ils venaient tous les deux du même village , et ensemble , ils filèrent vers un monde de silence … Seul reste en souvenir de ces enfants des blés , deux noms gravés en lettres d’or sur un monument en granit , à quelques pas de l’école communale d’où résonnent encore , les rires des enfants d’un autre siècle .

  7. LE SILENCE DU LICHEN
    J’ai marché sur les chemins du monde entier mais je sens qu’ici, je dois m’arrêter parce que l’endroit a quelque chose à me raconter.
    Les genoux dans la mousse humide et moelleuse d’une clairière de la forêt boréale, je m’abandonne et j’écoute l’histoire que ces arbres, recouverts de toutes sortes de moisissures, me racontent …
    Il était une fois, au plus profond de la forêt, un vieux lichen bougon accroché sur son rocher depuis des millénaires.
    Dieu sait s’il en avait vu naître, grandir et mourir des bouleaux, des épicéas et autres arbres de la taïga.
    C’était son destin de survivre à tous ceux qui l’entouraient et ma foi, il avait bien fallu qu’il s’y habitue. Par la force des choses, il était devenu un peu insensible ou philosophe pourrait-on dire.
    Pourtant, un matin de septembre, la naissance d’un petit champignon juste au pied de son rocher l’émut particulièrement, sans qu’il sache bien pourquoi.
    Ce fut d’abord un simple boursouflement de la terre, puis un petit dôme tout lisse, d’un beau et chaleureux marron apparut, poussa, et s’étira vers le haut avec un soupir de satisfaction et d’émerveillement.
    « Comme c’est beau ! C’est donc ça la Terre ? Comme je suis heureuse. Je veux rester toujours ici. C’est si beau. »
    Eh oui, le petit champignon était en fait une petite champignonne, une adorable petite champignonne.
    Le vieux lichen tomba sous le charme et pour la première fois de sa longue vie fut amoureux. Amoureux fou.
    La jolie petite champignonne ne fut pas insensible à l’amour du lichen. Il faut dire que malgré son âge plus que respectable, ce lichen était encore d’une grande beauté et pour tout dire assez irrésistible.
    Bref, dans un bel ensemble, pendant trois jours et deux nuits, les arbres et même les étoiles retinrent leur souffle pour ne pas déranger cet amour improbable entre une champignonne et un lichen.
    Un amour plein de désirs inassouvis puisque ni l’un ni l’autre ne pouvait se déplacer.
    Trois jours et deux nuits d’une très belle histoire d’amour platonique.
    Mais, hélas, si un lichen peut vivre une éternité, la vie d’un champignon est bien éphémère et ce qui devait arriver arriva.
    Lorsqu’à la fin du troisième jour le soleil descendit sur l’horizon, la petite champignonne se sentit mal en point
    Toute la nuit, ses forces déclinèrent et au matin, elle était sans vie.
    Le lichen, anéanti, inconsolable se referma sur lui-même et plus jamais ne dit un mot.
    Ce terrible et trop longtemps celé destin du lichen m’a été conté par les arbres de cette clairière où je suis maintenant, la larme à l’oeil et les genoux dans la mousse humide et moelleuse.
    Je vous raconte à mon tour cette triste histoire pour que vous sachiez qu’il ne faut pas vous fâcher si, au cours de vos promenades en forêt, le lichen ne veut pas vous parler.
    Sourd à tout ce qui l’entoure, il est maintenant à jamais muré dans son silence.

  8. Tiens, tiens… Etonnant comment ces mots nous ont fait penser à la guerre, car voici ce que j’en ai fait.

    Il y eut le battement d’une aube qui tremble
    Et vous jette sur le chemin d’une vie qui piaille,
    Tant de désir qu’aucune faim ne vous tenaille,
    Car à chaque peine vous répondez ensemble.

    Mais dans le fracas, la guerre est en ce monde
    Abîme chacun, le meurtrit ou bien le cueille,
    Comme ces roses blanches décorant nos deuils,
    Nous voilà donc à genoux, sales et immondes.

    Ainsi s’éteignent en silence nos destinées,
    Au plus profond de nos vieilles âmes gelées
    Voilà comment le feu anime et abandonne.

    L’amour en nous, celé contre toute froidure
    Dans un frais terreau se repose et vous pardonne :
    Il renaîtra demain d’infimes moisissures.

  9. Impressionnants tous ces textes.
    Un lichen amoureux d’une champignonne, il n’y a que dans l’imagination d’Etincelle que pouvait naître une si folle histoire.
    Il semble que ces dix mots ne puissent être utilisés que pour des histoires tristes, de deuils ou de guerre, comme celles de Yves et de Christophe. Pour moi, rien de gai ne peut sortir de tels mots.

  10. Une autre petite contrainte que je me suis donnée, juste pour l’exercice : les mots dans l’ordre et à la fin de vers.

    Il est vraiment dur et long leur chemin
    Plein d’ornières et sans joyeux lendemains.

    Il est couvert de boue, de moisissures
    Leur bel amour n’est plus qu’une fissure.

    L’amour les fuit, l’amour les abandonne
    C’est cuit, c’est foutu, il y a mal donne.

    L’homme tombe, s’affale, se traîne sur les genoux
    La femme n’en peut plus : « Ah, pauvre de nous ! »

    Le fossé qui les sépare est profond
    De leur tristesse on n’en voit pas le fond.

    Ils savent qu’ils ne vieilliront plus ensemble
    Ils se le disent tout bas, tous deux en tremblent.

    Entre eux sinstalle un haut mur de silence
    Leurs doigts se dénouent, tout devient distance.

    Ils ne sont plus traversés de désirs
    Finis les ébats, finis les plaisirs.

    Leurs coeurs fermés restent à jamais celés
    Leurs corps sans vie restent à jamais gelés.

    Ainsi va la vie, ainsi va le monde.
    Destin des amants, cruauté immonde !

  11. Une jolie moisson, sans doute favorisée par la façon de choisir les mots, une gageure donc : en faire une version hilarante.
    L’histoire du lichen aurait pu le devenir, d’ailleurs comme il s’agit de l’alliance d’une algue et d’un champignon, je me permet de dire que son histoire platonique a tout de même un côté adultérin !

  12. Comme il est beau et bien écrit le poème sur le destin des amants ! :wub:
    Bernard, tu as un vrai talent d’écriture, je t’assure.
    Si tu rajoutais un titre à ton poème ?
    D’ailleurs, je me rends compte que j’ai oublié le titre à mon texte : « Le silence du lichen ». Si tu veux le rajouter Bernard, ce serait sympa.
    Et par la même occasion corriger la vilaine faute : mettre « pouvaient » au singulier dans la phrase « Un amour plein de désirs inassouvis … »
    Donc, le défi à relever maintenant est d’écrire un texte joyeux avec ces mots ?

  13. Amour platonique certes, mais si le lichen et la champignonne s’étaient roulés dans la mousse, le tableau aurait été plus complet, botaniquement parlant. :wink:

  14. Dis Bernard, tu as dormi cette nuit ?
    Parce que pour nous proposer à 6 heures du matin un si beau poème :wub: avec les contraintes que tu t’étais fixées …
    Tu as fait très fort !

  15. Eh Ho ! Bergamote ?
    :smile:
    Pour une histoire plus gaie, j’aurais pu terminer la mienne autrement.
    Le lichen pourrait avoir eu tant de bonheur pendant trois jours qu’il n’est plus jamais bougon d’autant plus qu’il sait que tous les mois de septembre, sa petite champignonne reviendra vers lui. Certes, encore pour seulement trois jours mais, trois jours par an pendant une éternité, cela fait plus que tous les jours d’une vie humaine. Un amour éternel.

  16. Voilà un petit texte qui devrait vous arracher un sourire plutôt que des pleurs :
    L’aigle noir
    A genoux sur les dalles de ma terrasse, je m’escrime à nettoyer les moisissures accumulées durant l’hiver. Ce travail n’étant pas particulièrement enthousiasmant, je m’abandonne à ma rêverie.
    J’avance sur un chemin celé aux yeux des autres sauf aux miens. Les grands arbres se penchent vers moi et me chuchotent des encouragements à aller plus loin. Au bout du chemin, tout là-bas, une lumière apparait. Une lumière qui m’attire irrésistiblement, qui semble être la réponse à tous mes désirs.
    Je rêve d’un prince charmant au bout du chemin qui serait forcément beau et qui serait forcément amoureux de moi et nous partirions ensemble sur son noble cheval blanc pour un pays enchanté …
    Soudain, les oiseaux et les arbres se taisent. Un profond silence s’installe.
    Ce qui me ramène dans la réalité. Pas un bruit autour de ma terrasse. Les petits oiseaux qui égayent d’ordinaire ma cour ont disparu.
    Je lève la tête et je vois un grand rapace qui approche. On dirait un aigle noir.
    Le voilà mon prince charmant. Il descend majestueusement, tellement beau que je suis fascinée telle une Barbara.
    Lorsqu’il est juste au dessus de moi, Splash, il laisse tomber une grosse fiente et s’éloigne tout aussi majestueusement avec un grand cri moqueur.
    Le monde a bien changé ma brave dame …
    Même les princes charmants ne sont plus ce qu’ils étaient !
    :w00t:

    Ci-dessous les paroles de la belle chanson de Barbara :
    Barbara
    L’AIGLE NOIR
    paroles et musique: Barbara

    Un beau jour ou peut-être une nuit
    Près d’un lac je m’étais endormie
    Quand soudain, semblant crever le ciel
    Et venant de nulle part,
    Surgit un aigle noir.

    Lentement, les ailes déployées,
    Lentement, je le vis tournoyer
    Près de moi, dans un bruissement d’ailes,
    Comme tombé du ciel
    L’oiseau vint se poser.

    Il avait les yeux couleur rubis
    Et des plumes couleur de la nuit
    À son front, brillant de mille feux,
    L’oiseau roi couronné
    Portait un diamant bleu.

    De son bec, il a touché ma joue
    Dans ma main, il a glissé son cou
    C’est alors que je l’ai reconnu
    Surgissant du passé
    Il m’était revenu.

    Dis l’oiseau, o dis, emmène-moi
    Retournons au pays d’autrefois
    Comme avant, dans mes rêves d’enfant,
    Pour cueillir en tremblant
    Des étoiles, des étoiles.

    Comme avant, dans mes rêves d’enfant,
    Comme avant, sur un nuage blanc,
    Comme avant, allumer le soleil,
    Être faiseur de pluie
    Et faire des merveilles.

    L’aigle noir dans un bruissement d’ailes
    Prit son vol pour regagner le ciel

    Quatre plumes, couleur de la nuit,
    Une larme, ou peut-être un rubis
    J’avais froid, il ne me restait rien
    L’oiseau m’avait laissée
    Seule avec mon chagrin

    Un beau jour, ou était-ce une nuit
    Près d’un lac je m’étais endormie
    Quand soudain, semblant crever le ciel,
    Et venant de nulle part
    Surgit un aigle noir.

  17. Monde, ô monde !
    Un mystère celé au fond de tes entrailles,
    Tant d’attentes, tant de désirs.
    Admirer dans le silence
    La lumière et l’ombre ensemble,
    Le noir profond du ciel,
    A deux genoux.
    Lors, j’abandonne
    Les moisissures
    Sur le chemin.

  18. « Cette fois-ci», se dit le Père Rondelet « il ne faudra pas que j’abandonne ». Il ferait tout le chemin sur les deux genoux. Alors, le vice qu’il maintenait soigneusement celé en lui disparaîtrait.
    Il fit comme il avait dit. Il suivit jusqu’au bout la foule qui s’ébranla dans un magnifique ensemble.
    A l’arrivée, à moitié mort de faim, son regard chercha la table. Il vit le gros fromage, ses belles moisissures bleues. Du plus profond de son être, il lui vint aussitôt d’irrépressibles désirs. Oubliant tout, il se précipita, saisit le fromage et l’engloutit en un instant.
    Autour de lui, le monde se fit brusquement silence.
    L’année prochaine, il faudra que le Père Rondelet recommence …

  19. Le chemin !
    Quel chemin ?
    Celui que vous voudriez que je parcoure est tapissé de moisissures.
    Je n’en veux plus de votre chemin, je l’abandonne.
    Je veux une autre vie. Une vie qui soit la mienne.
    Pas celle que la société me trace.
    Tant pis si le chemin que je choisis est parsemé d’embûches.
    Tant pis si je m’écorche les genoux.
    Je rêve d’un monde qui vous est inconnu.
    Ce monde, je l’ai au plus profond de moi, célé à jamais.
    C’est un monde fait de désirs. De chants d’oiseaux. De musique. De silence aussi.
    Il ne tient qu’à vous, ma belle, que nous le parcourions ensemble.

  20. L’amour est une grande source d’inspiration pour Bernard.
    :wub:
    Et je ne sais pas vous mais moi, je trouve que ce qu’il écrit est très beau.
    Christophe a dit plus haut que ces dix mots évoquaient la guerre (à Yves et lui-même) mais ils ont aussi évoqué l’amour (à Bernard et moi).
    Sans doute que nous avons été tous les deux conditionnés par le « Faites l’amour et pas la guerre » proclamé de partout durant notre jeunesse. :biggrin:

  21. Oui sans doute, et donc marqué par les témoignages des générations passées sur les deux conflits mondiaux et les événements d’Algérie ou la soi-disante décolonisation.
    Après, il y a aussi le cycle de la vie, avec le rôle de la terre dans la régénération qui paraît tout de même toujours magique, avec le rôle joué par exemple par les moisissures, et donc un questionnement naturel sur la mort, la renaissance, l’humus.
    D’ailleurs, ce monde reste bien particulier puisque les champignons (et les chmapignonnes !) après avoir été rangés parmi les végétaux constituent maintenant une caste à part dans la classification du vivant.

  22. je me suis régalée avec vos textes!! :wub:

    voici le mien:

    Lors de l’une de nos nombreuses pérégrinations à travers le Maroc, nous avons découvert un petit restaurant dans le village de Bellota.
    D’extérieur, il ne paye vraiment pas de mine: la façade est grise et triste, l’enseigne délavée, la carte couverte de moisissures… Bref, l’ensemble n’est pas attrayant pour deux sous. Nous sommes un petit groupe de six personnes, certains veulent attendre de trouver mieux, d’autre à qui cela convient bien car ils ont vraiment faim…
    Pas facile de satisfaire tout ce petit monde! je propose donc de faire un petit tour supplémentaire l’histoire de réfléchir et de visiter les lieux . La village est désert, c’est le silence total! Pas une âme qui vive! Bien sûr, nous ne trouvons pas d’autre endroit pour nous repaître alors nous retournons dans ce petit boui- boui. Nous avons eu de la peine pour retrouver notre chemin jusqu’au restaurant. Une fois devant, nous poussons la porte: l’ambiance est, contre toute attente, chaleureuse quoique un peu … étrange. De grands voiles multicolores pendent du plafond, le sol est fait de tommette d’argile rouge et il y a au mur des toiles représentant des femmes pendant leurs activités quotidiennes. Un tableau attire particulièrement mon attention: le ciel est d’un bleu profond,on y voit des femmes, en vêtements traditionnel, en train
    d’ écosser des pois. Elles sont d’une beauté surprenante. Plus je le regarde, plus cette peinture me semble familière, sans que je puisse dire pourquoi.
    Un homme entre deux âge nous fait asseoir sur des coussins à même le sol, devant une table basse, octogonale. il ne nous demande pas ce que nous voulons. D’office, il nous amène un thé à la menthe, comme seul les marocains savent le faire. Suivi ensuite, des briouates de toutes sortes, un tajine de poulet avec de la semoule. C’est tellement délicieux! ça ressemble à la cuisine de ma femme… je chasse vite l’idée de ma tête, ce n’est pas le moment d’avoir le blues… L’homme satisfait nos désirs, sans que nous ayons besoin de parler!
    Avant le dessert, je décide d’allumer ma pipe que je bourre avec un mélange spécial…
    Je m’abandonne à la torpeur ambiante quand soudain je me rappelle!
    Ce tableau! Je sais maintenant pourquoi il m’est si familier! Je tombe à genoux! Un flot de souvenir me submerge! je croyais avoir celé à jamais cette partie de ma vie!
    Sur cette toile, il y a ma jeune épouse, disparut peu de temps après notre mariage! Certes, elle parait plus vieille , mais c’est bien elle! je l’ai cherché pendant des années, en vain, et voici que je retrouve sa trace, ici, à Bellota!

  23. Est-ce vraiment sa femme disparue ou est-ce le mélange spécial dont est bourrée la pipe qui produit cette illusion ?

    Et pour avoir une imagination aussi fertile et débordante, Bergamote n’a-t-elle pas elle aussi fumé la moquette ? :wink:

  24. Tiens, Bergamote s’est réveillée ! :tongue:
    Joli texte, comme d’habitude. :smile:
    Maintenant qu’elle est bien réveillée, qui sait si elle ne nous régalera d’une autre invention avec ces dix mots choisi par Yves. :whistle:

  25. J’ai aimé vos textes et poèmes à la fois de l’humour, du sérieux, de la sensibilité. Vous semblez bien vous connaitre et l’on retrouve une complicité qui fait chaud au cœur.
    Merci à vous pour ces bons moments de lecture.
    Voici mon texte que j’intitulerai

    États d’âme

    Il y a des mots qui s’envolent de notre esprit
    Comme un oiseau prit dans le courant d’air de la vie !

    Rien n’est jamais parfait sur le chemin,
    Rien n’est jamais celé !
    Tout n’est que mouvement
    Qui parfois rassure
    Et qui parfois se mure dans le silence.
    Mouvement désordonné comme une gageure.

    J’ai vue passer le temps d’une blessure, comme une moisissure.
    Et le temps s’est arrêté l’espace d’un profond soupir.
    Ensemble cependant le temps parait plus court
    Le temps des sourires et des rires.

    Il y a des pourquois qui s’enchainent aux tourments
    Des pourquois qui sombrent dans le néant
    Des pourquois qui s’effacent un moment
    Des pourquois qui abandonnent tous désirs de mourir
    Et des pourquois qui n’en finissent pas de souffrir !

    J’ai vue le temps s’arrêter de courir
    Mis à genoux par le désir
    Et le temps ne pas finir
    J’ai vue le temps qui se dépêcher de fuir
    Laissant mes pas derrière lui pour ne pas le saisir !

    Je ne suis rien qu’un peu de comment
    Et beaucoup de pourquoi.
    Je ne suis rien qu’un peu tourment et beaucoup de joie !
    Être, ce mot qui n’est rien pour le monde
    Et pourtant qui est tant ,mais que l’on abandonne au vent!

    Émilie

  26. Emilie, merci, une fois de plus, pour ce beau texte.
    Oui, il y a beaucoup de complicité sur ce blog.
    Sans doute est-ce là d’ailleurs un frein car il est parfois difficile de rentrer dans un cercle déjà constitué. Mais bon, le cercle finit par s’élargir quand même …

  27. Bonsoir Luc .
    Et oui les âmes vont et viennent…………mais toujours dans la bonne humeur!!! :biggrin:

  28. Le Blog à Dupdup, c’est un vrai tas d’âmes…!!
    Hey Luc , heureusement que t’as mis un « m » et pas un « n »aux âmes !!!
    :biggrin:
    Une âme sans haine
    Un âne qu’on aime
    Un animal
    Un ami mal
    Trop à miser
    Trop anisé ….

  29. Pierre Louki a dit une phrase du genre « J’aime les ânes car j’adore les chevaux et l’âne est un cheval qui n’a pas réussi » (ce n’est pas la phrase exacte mais c’est à peu près cela).

  30. Tu parles du grand Pierre Louki ( que tu m’as fait découvrir !! Merci Bernard) . J’étais justement entrain d’écouter Philippe Forcioli ( qui chante Louki dans une de ses chansons )

    Je n’ai pas trouvé de vidéo de cette chanson dont je vous mets le texte :
    à Pierre Louki
    Il aime les ânes, tous les ânes
    Parce qu’il aime les chevaux
    Et pour lui, l’âne est un cheval
    Qui n’a pas réussi

    Cette musique, ces paroles
    Comme elles sont tendres
    Comme elles sont drôles
    Et j’aime à me les répéter
    Quand c’est l’hiver en mon été

    Il aime les ânes, tous les ânes
    Parce qu’il aime les chevaux
    À l’écheveau de ce poème
    Il est un tisserand que j’aime

    Un drôle d’oiseau dans l’altitude
    Un doux Pierrot en son étude
    Et si l’on vous demande qui
    Vous direz « Mais c’est Pierre Louki! »

    L’en a écrit tant de bafouilles
    Et c’est de l’huile quand la vie rouille
    Et pour l’oreillette du cœur
    C’est pas méchant
    C’est bon, moqueur

    Il aime les ânes, tous les ânes
    Parce qu’il aime les chevaux
    Et pour lui, l’âne était cheval
    Au temps d’un paradis

    Tout de bonté et d’innocence
    Du malicieux esprit d’enfance
    Dans des chansons, dans des histoires
    Juste avant de dire bonsoir

    La vie va si vite, si vite
    Au grand galop nous précipite
    Au feu, grillons, petits sabots
    Le pas, le trot et les grelots

    Il aime les ânes

    Il aime les ânes, tous les ânes
    Même s’il hihane, il réfléchit
    Les ânes l’aiment
    Et moi aussi

  31. Tu as bien fait de laisser ce commentaire, j’étais passé à côté de Philippe Forcioli !
    Superbe, j’adore aussi.

  32. Je l’ai découvert dans cette vidéo … Et je suis tombé amoureux de l’artiste , chanteur conteur . Sa voix me fait pensé un peu à Nougaro .

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