Au rythme des saisons

Ce matin, dès 9H30 des coups de fusil en série éclatent de l’autre côté de la rivière. Ah oui, j’avais oublié, le ball-trap hebdomadaire du dimanche matin recommence, et ce, jusqu’à septembre prochain (jusqu’à l’ouverture de la chasse à vrai dire). Qu’il est doux le son du fusil qui vient faire taire, le temps de quelques instants, le vacarme assourdissant des oiseaux qui nous cassent les oreilles. J’aime ces sons de 22 long riffle et de carabines qui marquent le rythme des saisons.

Le bruit des balles marque le rythme saisonnier avec une grande précision. Il suffirait que je ferme les yeux, en m’imaginant coupé du monde sans la moindre notion du temps, pour que j’arrive à deviner, grâce aux sons des fusils, quel mois, quel jour de la semaine et même parfois quelle heure de la journée on est. Des coups de feu qui recommencent après plusieurs mois d’absence ? Facile : nous sommes en septembre, la chasse à réouvert. Des coups de feu qui durent 24H sur 24 ? Nous sommes assurément en octobre, le Dédé est à la passe aux canards jour et nuit, même aux heures illégales. Ca tiraille de partout : aucun doute, c’est la fin janvier, les gars sont énervés car c’est le dernier jour de chasse et ils tirent sur tout ce qui bouge ! Des tirs continus deux jours consécutifs ? Ce sont les deux jours de tournoi de ball-trap du 15 août. Aucun tir dans la journée ? Nous sommes donc vendredi (jour de fermeture hebdomadaire de la chasse). Des tirs qui s’arrêtent brusquement ? il est 11H30, quelqu’un a dû crier “apéro !” au ball-trap.

D’autres personnes, écolos rêveurs probablement , affirment sans rire que le rythme des saisons est plutôt marqué par les cris et le chant des oiseaux. Fadaises que tout ceci : il arrive que la mésange se mette à chanter en septembre alors que l’on ne s’y attend point, que la poule d’eau se mette à crier en pleine nuit et que l’étourneau en mars imite le chant du loriot du moi de mai. Non, non, les oiseaux ne sont pas fiables, ce ne sont pas de bons indicateurs saisonniers. Alors qu’avec les armes à feu : la précision horlogère d’une mécanique bien huilée !

6 réflexions au sujet de “Au rythme des saisons”

  1. Tout ce que tu dis, Bernard, évoque pour moi plein de souvenirs, plus ou moins lointains, mais bien précis.
    Par exemple les réunions du ROC, et surtout l’accueil des chasseurs du sud-ouest lorsque les congressistes de la Fédération Française des Sociétés de Protection de la Nature organisaient leur congrès national à Bordeaux… Ils avaient, en toute impunité, tiré sur les bus qui voulaient « de visu » s’assurer qu’en pleine période de fermeture ces nemrods hors-la-loi tuaient les palombres du haut de leurs miradors… Nous avions constaté l’absence manifeste (et complice) de la maréchaussée sur tout le territoire truffé de constructions « traditionnelles » et quand nous sommes venus déposer plainte, leurs sourires goguenards qui semblaient dire « on prend note, mais on n’en fera rien ! Ici c’est comme en Corse, c’est la poudre qui parle et nous on ne veut pas prendre de plombs dans les fesses !!! »
    C’est sûr que dans l’Est de la France nous avons une majorité de chasseurs responsables, mais il y a encore une minorité obnubilée par le sacro-saint droit de chasser et par la Galinette cendrée….
    Ceci dit, mon oreille filtre les sons et les bruits et rien n’arrive à occulter les chants et les cris des oiseaux, sédentaires ou migrateurs… tiens, je viens d’entendre le Serin cini sur l’antenne de ma voisine… je vais aller le « déguiller » avec ma fronde pour voir s’il a toutes ses rémiges et si sa syrinx est symétrique !!!

  2. Bernard, te savais-tu « phénoménologue » ?, digne successeur d’ « Husserl » et « Heidegger » ?

    Désolé pour les « gros mots », je me doute en plus que tu te moques pas mal de ce « blabla » philosophico-pompeux (et t’as bien raison), mais depuis que je sais que ça peut faire venir ici des gens qui « visent » ailleurs, ça m’amuse trop ! En plus, là pour le coup ils tomberont « pile » ! On ne peut en effet mieux illustrer la méthode : penser les choses à partir des phénomènes, de leurs manifestations ! Chapeau ! Car ce n’est pas si simple (la tentation est de penser dans l’autres sens !) et là tu t’y emploies avec brio !

    En ville (là où j’habite), les saisons sont plus difficiles à percevoir : les divers signes botaniques, ornithologiques et… cynégétiques qui structurent le temps rural sont un peu moins abondants. D’autres phénomènes les remplacent dans l’inconscient urbain, il me semble. On est plus d’un, je crois, à être surtout sensibles aux « terrasses ».

    En quelque mots : le printemps débute véritablement à la première terrasse (toujours un peu frisquette mais tellement attendue !), l’été le jour où on choisit une place à l’ombre plutôt qu’en plein soleil, l’automne au premier frisson qui nous fait préférer boire à l’intérieur et l’hiver est tout bêtement la saison où l’idée même de terrasse ne nous vient plus en tête.
    (Je pourrais également évoquer l’importance des stridences des jeunes filles ou des tenues vestimentaires des Martinets – ou l’inverse – mais je risque d’être un peu long !)

    Une dernière chose sur le sujet :

    Le solstice d’hiver, pour un urbain, est de nos jours facilement repérable à cette sensation de gras sirupeux provenant de commerces vomissant une foule de dindes (ou de dindons) heureux se de fourrer de charité aux marrons. C’est une sensation très spéciale, étonnante à chaque fois (qui heureusement ne dure pas).

    Le solstice d’été est lui aussi particulier depuis quelques années : on ne ressent jamais aussi fortement l’envie d’aller dormir chez nos potes « de la campagne »… mais, pas de bol, ils sont alors rarement chez eux !

  3. Roland, tu dis qu’un serin est venu se poser sur l’antenne de ta voisine. De l’antenne de sa maison, tu veux dire ?
    Vincent, à la prochaine terrasse ensoleillée, tu passes un coup de fil qu’on se jette un godet ensemble ?

  4. Oui, évidemment, le serin était posé sur le-rateau-de-l’antenne fixé à la cheminée qui sort du toit de la maison de ma voisine !
    Tu imaginais quoi ? Une charmante sauterelle avec deux longues antennes, qui prend des bains de soleil, la tarière au vent, en attendant que je lui serine une chansonnette ?
    J’aime bien les Orthoptères mais tout de même…..
    PS : après la manif’ d’aujourd’hui les terrasses étaient pas mal prises d’assaut… surtout là où on boit des bonnes mousses ! Et au soleil, près du pont Battant, j’avoue que j’en aurais bien repris une autre !!!

  5. Roland, peut-être qu’à la terrasse de ton café, tu étais, sans le savoir, assis à côté de Vincent ! Faudra un jour que j’organise une petite rencontre entre mes deux bloggeurs les plus acharnés !

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