Ma chanson du jour

J’ai souvent une chanson qui me trotte dans la tête. Il n’est pas rare qu’on attrape au vol un air et qu’il ne vous quitte plus de la journée. Pour le meilleur ou pour le pire. Car si une mélodie de Trenet peut vous accompagner tout le jour durant, il arrive aussi qu’on récupère au passage l’air de « la danse des canards », l’air probablement le plus bétifiant que l’on puisse rencontrer sur la planète et alors … impossible de s’en débarasser, impossible de le refiler à quelqu’un d’autre !

Aujourd’hui j’ai plus de chance, la chanson du jour est plutôt pas mal, elle m’est venue en tête en revenant de piocher mes patates.

Ma visite aux champs a commencé par une très mauvaise surprise : mes pommes de terres sont envahies de doryphores. Aucun pied n’est épargné, ils sont partout, et en plus ça baise sur toutes les feuilles, la chaleur ayant probablement donné des tas d’idées torrides à ces petites bestioles.

En me penchant et en observant de très près (mon oeil de naturaliste cherchant toujours la petite bête), je me suis rendu compte que pendant l’accouplement, les femelles continuent de grignoter leurs feuilles de pommes de terre, comme si de rien n’était. Le mâle est sur leur dos, mais tant pis, elles continuent de becqueter, becqueter … Cela dit, les mâles n’ont pas l’air d’y mettre beaucoup d’ardeur, on ne peut pas dire que ça gigote beaucoup sur les feuilles de patates, ceci explique donc peut-être celà … !

En revenant des champs, tout en souriant de mes observations entomologiques dont on ne trouve aucun mot dans les manuels, un air de Brassens m’est venu, allez savoir pourquoi, tout naturellement en tête. Il s’agit de la chanson « Quatre-vingt quinze fois sur cent, la femme s’emmerde en baisant, qu’elle le taise ou le confesse, c’est pas tous les jours qu’on lui déride les fesses… ».

Voilà, je l’ai ma chanson du jour !

23 réflexions au sujet de “Ma chanson du jour”

  1. Morte de rire moi aussi ! Mais aussi plein de respect pour ce Dupdup qui, après des générations d’entomologues aveugles qui ont écrit des tonnes de bouquins et de thèses sur nous autres coléoptères, a été le seul a remarquer combien nous, femelles de coléoptères, nous nous faisions chier en ce bas-monde !

  2. Et oui ! petite femelle de doryphore ! il fallait naitre humaine…
    Chez nous autres, les femmes sont tellement + satisfaites !!!
    Hein les mecs ? !!!

  3. Et moi, il me faut supporter sans rien dire les ébats libidineux de ces sales coléoptères, et en plus je me fais brouter la feuille.
    Purée, c’est pas une vie ça !

  4. Oui, ben de voir toutes ces tubercules se faire bouffer par des centaines de doryphores, j’en connais 1 qui doit se retourner dans sa tombe ! … c’est bien Parmentier … Quel hachis !

  5. Oui, comme tu le dis, quel hachis ! Mais si à cause des doryphores, on ne peut plus récolter les patates de Parmentier, il nous reste quand même la possibilité de manger du jambon de Parme entier !

  6. Les doryphorettes, elle s’ennuient tellement en baisant qu’elles en profitent pour becqueter ? Et si c’était le contraire ???????????????

  7. Les doryphores, quand ont les regarde, semblent porter un pyjama rayé … comme au bagne ! Dis-nous Dupdup, ils enlèvent leur pyjama avant de s’accoupler ? Et baiser, c’est le bagne pour eux ?

  8. Ca ne serait pas le bagne pour les femelles si les mâles avaient la patate ! et s’ils étaient chauds comme des baraques à frites ! surtout au moment d’envoyer la purée … !!!

    Plaisenteries mises à part, je pense que, malgré nous, nous venons tous ensemble de rendre sans le vouloir un certain hommage à l’ immense artiste qu’était Monsieur Raymond Devos et qui vient de nous quitter …
    C’était un grand magicien des mots et de la conjugaison … et surtout des jeux de mots ! Il était vraiment très fort !
    Salut l’artiste !

  9. Eh oui, Devos jonglait avec les mots de la langue française. C’était un artisan, un orfèvre, un ciseleur de mots. Le sens du travail bien fait. Tout comme Brassens avec qui il était d’ailleurs lié d’amitié.

  10. Quelques petites précisions sur le doryphore. Rappelons que cette espèce est américaine et qu’elle vivait au départ sur une plante solanacée sauvage, uniquement dans les Montagnes Rocheuses. Elle s’est ensuite adaptée aux champs de pomme de terre américains dans lesquels elle a fait beaucoup de dégats.

    Le doryphore est apparu pour la première fois en Europe en 1877 mais une lutte intense permit de le contenir dans cette zone pendant un certain temps. C’est au tout début du 20ème siècle qu’il fit son apparition en France, d’abord en 1900 dans les Pyrenées puis en 1922 dans la région de Bordeaux. L’invasion de la France fut alors très rapide.

    La femelle peut pond entre 500 et 2 500 oeufs. Quand je vous disais que ça baisait partout sur les feuilles de patates, vous imaginez le nombre de larves qui peuvent naître quelques jours plus tard … ! Pas étonnant que ces petites bestioles puissent détruire des champs complets de pommes de terre !

  11. Je doute qu’un article sur les doryphores et les pommes de terre ait suscité autant de commentaires … s’il n’y avait été question de « cul ».
    Personnellement, ce que je retiens de la chanson de Brassens est
    « S’il n’entend le coeur qui bat, le corps non plus ne bronche pas », « La femme est avant tout sentimentale ».

  12. Je crois qu’il faut prendre la chanson « quatre vingt quinze fois sur cent » avant tout pour une farce, Brassens étant un habitué de ce genre d’approche humoristique. Signalons aussi, dans une veine bien différente, cette autre chanson peu connue et extraordinaire, également consacrée au sexe féminin, qui s’appelle « le blason » et qui figure sur le même disque, paru en 1971. Du grand art !

  13. C’est marrant, moi je retiens surtout « …sauf quand elle aime un homme avec tendresse… elle s’emmerde [alors] sans s’en apercevoir »… Ben oui, si elles nous aimaient un peu plus avec tendresse, aussi !!!

  14. DORYPHORE = SOLDAT PORTE-LANCE : ça vient du grec, dit-on, et ça désigne un beau soldat nu portant son arme. Cette statue est, paraît-il, la référence pour les proportions de l’anatomie humaine ! On ne voit pas pourquoi on a donné un tel nom à cette bestiole qui a de bonnes mandibules certes, mais pas du tout d’épée ou de glaive au bout des tarses !!! On aurait mieux fait de l’appeler Cayenne ou Tataouine !
    Dans la Faune de France de Perrier, l’auteur nous dit : « il semblerait que les oeufs, pondus en amas d’un beau jaune sur les feuilles, la larve également jaune (!) et assez volumineuse et l’adulte brillamment coloré devraient permettre une chasse facile de cet insecte, bien visible à tous ses états et qu’on devrait ainsi, venir à bout aisément de cette nouvelle invasion, comme cela s’est produit pour les précédentes. Mais la multiplication est assez intense… »
    C’était en 1932.
    Et quand j’étais gamin on était de corvée de doryphores : on explorait toutes les feuilles, on les entassait dans une boîte de conserve puis on mettait un peu d’alcool ou de l’essence et on craquait une allumette.
    C’était en 1950 !!!

  15. Pour confirmer ce que tu dis, Roland : non seulement les enfants étaient mis à contribution pour aller « chasser le doryphore » mais il arrivait aussi que les paysans envoient leurs enfants aux champs ramasser les doryphores plutôt que de les envoyer à l’école … au grand mécontentement de l’instituteur du village. C’est ce que m’a raconté mon père. C’était dans les années 35-40. C’était d’ailleurs une pratique courante à l’époque : privilégier les travaux de la ferme plutôt que l’éducation.

  16. RAYMOND DEVOS nous a quittés.
    On lui a rendu un bel hommage lundi soir à la télévision.
    Et on lui a associé Georges Brassens, son ami, pour qui il a chanté « Dans l’eau de la claire fontaine », en s’accompagnant au piano et soutenu par un orchestre chaleureux…
    Raymond Devos plaçait toujours dans son spectacle un air de Brassens, en particulier « les gars de la marine » joué au mini-bandonéon… Instrument de troubadour, mais tellement émouvant dans ses aigus.
    Dans ma tête aujourd’hui, « je trouve en raccourci » quelques notes et quelques paroles de la poésie de Georges et de Raymond. Nostalgie,nostalgie !
    Notons que la presse n’a pas versé dans l’excès hagiographique : on a dit ce qu’il fallait, pas plus, pas moins. Et c’est tant mieux.
    Une image m’a beaucoup frappé : les applaudissements des gens sur le passage du cercueil.
    Qu’en pensez-vous ?

  17. Copieur ! Je l’ai déjà dis « salut l’artiste ! » un peu plus haut … (lol) , mais t’as bien raison BF 15, c’est un très grand monsieur !
    Et oui, les gens on rendu un dernier hommage en applaudissant au passage du cercueil et je pense que cela ne peut être que bien perçu…
    C’était un homme reconnu et aimé du grand public et ils sont venu applaudir une dernière fois l’artiste, son oeuvre, et l’homme simple qu’il était !

  18. Devos…

    Je ne sais pas vous, mais moi je n’ai jamais vraiment accroché à ses textes. Il faut dire que ne suis pas grand fan de calembours (qui a dit qu’ils n’étaient qu’un « pet de l’esprit » ? Freud, nan ?), or il me semble que son soit-disant « non-sense » est essentiellement basé sur des jeux de mots. Je me trompe ?

    J’appréciais avant tout le musicien (oui oui !) qui savait jouer, mal certes, mais… de tous les instruments ! Le poète un peu lunaire aussi, illustré par cette photo qui le montre en train de taper sur des bules de savon avec des mailloches de xylophone !

    Salut l’artiste, oui !
    … Quant à en dire autant pour « Coluche », heu… je sais bien que c’est politiquement incorrect en cette époque qui est à deux doigts de le canoniser, mais bon j’ai du mal !

  19. Aucun rapport à priori entre le doryphore et Raymond Devos, même si c’est la référence que je fais à la chanson de Brassens qui a pu permettre d’établir un lien, de faire le pont entre ces deux drôles d’animaux (car, entre nous, Devos était un drôle d’animal !).

    J’aime quand les commentaires faits à la suite de l’un de mes articles partent ainsi sur des chemins de traverse, vers quelque chose d’inattendu. On passe ainsi « du coq à l’âne » (le doryphore évidemment jouant le rôle du coq prétentieux perché sur sa femelle, Devos le rôle de l’âne sur scène).

    Il y aurait plein de choses à dire sur Raymond Devos. Je ne partage pas du tout le point de vue de Vincent, même si, comme lui j’aime le côté musicien de Devos, non pas parce qu’il joue de tous les instruments mais parce qu’il y a une grande sensibilité qui se dégage des notes (fausses d’ailleurs, comme le rappelle Vincent). La note qui sort du violon de Devos est ténue, pas du tout sûre d’elle, elle est suspendue dans les airs (c’est, ce que j’appelle une « note funambule »), on ne sait jamais trop si elle va s’écraser lamentablement sur le sol ou s’élever vers le ciel. Il y a une fragilité et une fêlure dans la manière de jouer de Devos qui me touche beaucoup.

    Je ne crois pas non plus que l’on puisse restreindre les jeux de mots de Raymond Devos à de simples calembours. C’est évidemment bien plus que ça ! Peut-être qu’il est difficile, à l’écoute de l’un de ses jeux de mot, pris en tant que tel, isolé de son contexte, de voir autre chose qu’un simle mot d’esprit. Mais ce jeu de mot est aussi la pièce d’un puzzle. Au fil de l’écoute des sketches de Devos, on finit par assembler certaines pièces du puzzle et je crois que se dessine progressivement, en filigrane, une certaine philosophie de la vie. Un peu comme chez Boris Vian dans certains écrits comme « l’automne à Pékin » où, derrière le côté absurde des situations des différents personnages, apparaît une certaine manière de voir la vie.

    Bien sûr, Raymond Devos est avant tout un jongleur de mots. Mais la jonglerie n’est-elle pas aussi une manière d’appréhender la vie, on peut jongler avec les mots, avec les sons, avec l’intonation de la voix, avec les sentiments, toutes les différentes nuances de la vie … et se construire un véritable monde avec tout çà !

    Derrière le comique de façade de Devos, de Coluche et de Desproges, ne regardons pas uniquement ce qui saute aux yeux, grattons un peu et cherchons l’Homme qui se cache derrière !

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