Louis Sclavis et sa bande

Il y a quinze jours, dans un article consacré à Michel Portal, j’ai écrit que le jazz français me semblait aujourd’hui moins inovateur et que, Portal mis à part, j’étais de moins en moins surpris, même si la musique restait toujours excellente.

Mais, même si je trouve que le jazz tourne un peu un rond, je me rends toujours avec délices aux concerts de Texier, Humair et Romano lorsqu’ils passent dans le coin. Hier soir, je n’ai pas failli à la règle et je suis donc aller écouter Louis Sclavis entouré de son septet. Et là encore, j’ai une nouvelle fois beaucoup aimé.

Première surprise : un quart d’heure avant le concert, un spectateur du premier rang se lève, se tourne vers le public, sort de sa poche une petite flûte et se met à jouer. Silence dans le public. Applaudissements chaleureux et nourris à la fin de la prestation qui n’aura duré que le temps de deux petits morceaux enchanteurs et très enjoués. Inattendu et spontané. J’aime ce genre d’imprévus.

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(toutes les photos sont de Joëlle)

Sclavis et sa bande arrivent enfin sur scène avec une formation très au point. Il y a évidemment Sclavis lui-même, aussi volubile que d’habitude, passant tour à tour de la douceur la plus émouvante à l’explosion de notes, jouant tour à tour de saxos et de clarinettes.

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Il y avait aussi Médéric Collignon, musicien accompli et délirant jouant aussi bien de la voix, de la trompette que des effets spéciaux. J’avais déjà eu l’occasion de l’écouter l’an passé lors d’un concert étonnant donné dans le cadre du festival des musiques improvisées, également en compagnie de Louis Sclavis.

Je rêvais depuis longtemps d’entendre sur scène Vincent Courtois et son violoncelle. Courtois passe d’un genre à l’autre, on y entend des réminiscences de musique classique pour se retrouver quelques secondes plus tard dans une ambiance très free. J’ai surtout été surpris de constater que le violoncelle pouvait devenir un instrument rythmique à part entière. Le violoncelle de Courtois, associé à la batterie de François Merville, ont parfois donné un rythme très hypnotique et très scandé que n’auraient pas renié les musiciens d’un groupe comme Magma.

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En Jazz, je ne suis pas très porté sur la guitare électrique et j’ai pensé au début du concert que Sclavis aurait pu se passer d’un guitariste. Mais au fil de la soirée, Hasse Poulsen a imposé son style avec des solos de moins en moins jazzy et de plus en plus rock (à un certain moment, on n’était pas très loin de Purple Haze d’Hendrix).

L’une des surprises de la soirée est venues du chanteur de rap Dgiz. J’ai beaucoup apprécié le rythme des mots et la présence sur scène mais je dois dire que je n’ai pas trop compris les paroles, sa voix me semblant moins bien sonorisée que les intruments des musiciens.

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Le concert portait le nom très évocateur de « éloge de la colère ». Le texte présentant le concert résume très bien ce qu’on a entendu : « Jazz, musiques italiennes, bouffées délirantes, fulgurances vocales et cuivrées, le septet atteint quasiment la vitesse et l’énergie d’un groupe de hard-rock avant de redescendre en piqué dans des tarentalles épatantes. Accrochez-vous, délire musical garanti ».

La machine était bien rodée. Bien sûr, le jazz est l’art de l’improvisation, mais on a trop souvent l’habitude aujourd’hui d’entendre des musiciens qui jouent les uns à côté des autres, de manière plutôt individuelle avec parfois l’impression désagréable qu’ils ne s’écoutent pas les uns les autres. Là, ce soir là, à Besançon, il se dégageait de la scène une espèce d’intelligence collective.

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Mais déjà le concert se termine-t-il qu’une autre soirée se profile en vue. Ce soir, toujours à Besac, il y a Michel Portal ! Que je ne louperai à aucun prix !

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